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DOSSIER : la traduction juridique et assermentée (Juillet 1999)

 

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Le droit, une affaire d'interprétation des mots

Article de Gabrielle Smart, membre AAE-ESIT.

La traduction de tout document technique pose des problèmes de terminologie que l'on résout généralement par la recherche documentaire et les questions nécessaires posées à la personne experte du domaine. La traduction juridique, en revanche, pose des problèmes plus sérieux dans la mesure où, parfois, la traduction du document produit des effets juridiques (is legally binding), par exemple une relation contractuelle qui implique un engagement soit moral, soit financier. Le traducteur est toujours responsable (the translator is always liable) de sa traduction, mais dans le cas d'un document juridique, le montant des dommages-intérêts (damages) à payer en cas de faute grave peut être élevé. Tout le monde connaît l'histoire, que l'on espère apocryphe, du traducteur qui par erreur ajoute dans sa traduction un zéro au montant que son client doit payer, et dont la partie adverse exige le paiement sur la foi de la traduction agréée par les deux parties…

De toute façon, il est difficile de traduire un document juridique sans connaître un minimum de droit dans les deux langues concernées, tout comme il est difficile pour un juriste de bien traduire un texte juridique sans une maîtrise parfaite de la langue d'arrivée, afin de rendre toutes les nuances du sens si possible à l'identique, car le droit est toujours une affaire d'interprétation des mots.

C'est aussi le problème des concepts différents, voire inexistants dans le droit de la langue d'arrivée. Il est difficile de traduire en anglais "juge d'instruction" quand on sait que le personnage n'existe pas en Angleterre : en effet, le système anglais est fondé sur le principe accusatoire (chaque partie, que ce soit en civil ou en pénal, présente ses arguments et le juge sert d'arbitre ou bien le jury décide si la preuve a été faite), et non, comme dans la procédure pénale française, sur le principe "inquisitorial" où le juge a l'initiative de l'enquête et du déroulement du procès. De même, il est très difficile de traduire en français une phrase dans un contrat telle que "[…] the parties shall have no legal remedy in the event of dispute arising from this contract. The injured party shall apply for injunctive relief from (etc)". Si le traducteur ne connaît pas toutes les acceptions du mot "legal" (qui n'a l'air de rien, comme cela), il peut se demander comment la partie lésée peut obtenir réparation dans une cour de justice… D'autres pièges anglais dans le genre "faux amis" sont bien connus : "jurisdiction", par exemple, ou "notice", "discretion", "charge", etc.

En outre, il faut veiller à employer les formules consacrées, sous peine de voir, par exemple, casser un verdict parce qu'une expression jugée plus compréhensible pour les jurés (par exemple : "si vous avez un doute honnête, ne déclarez pas l'accusé coupable" plutôt que " condamnez si la culpabilité vous paraît au-delà de tout doute raisonnable") a été utilisée dans la traduction.

Pour le côté pratique, les dictionnaires bilingues, bien sûr, ont un intérêt certain, quoique limité, car (comme dans les domaines techniques que l'on ne connaît pas) il faut souvent savoir ce que l'on cherche. Il faut alors chercher dans les dictionnaires de droit unilingue dans les deux langues de manière à vérifier le sens exact du terme et obtenir une définition, pour aboutir éventuellement à une confirmation de la proposition bilingue, ou alors trouver un équivalent. Les dictionnaires classiques sont, en français, le Vocabulaire juridique de Gérard Cornu (Association Henri Capitant, PUF 1987) et en anglais, The Dictionary of English Law (Sweet & Maxwell, Londres 1959), ou bien Stroud's Legal Dictionary (4è ed. Sweet & Maxwell, Londres 1974). Le meilleur dictionnaire bilingue que j'aie trouvé reste l'incomparable Harraps en deux volumes de 1962 (!) car il contient tous les termes archaïques du droit anglais qui sont toujours utilisés aujourd'hui. Enfin, des livres sur le droit, du type Introduction to English Law (Philip S James, Butterworth, London 1985), Legal English (Cujas, 3è ed. 1995), ou bien Introduction générale au droit (F. Terré, Précis Dalloz, 1991), permettent d'en apprendre un minimum sur les systèmes. Pour le reste, c'est bien entendu le lent travail d'accumulation de documents, la constitution d'un fonds d'expressions "équivalentes" ou bien d'explications tenant la route, qui permet au traducteur de textes juridiques de s'en sortir (parfois) dans certains domaines.

© Copyright 1999 - Association des Anciens Elèves de l'Ecole Supérieure d'Interprètes et de Traducteurs de l'Université de Paris - Tous droits réservés.

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