LE DEMON DANS L'ÎLE
(1983)
Ce film fut pour moi une expérience
très curieuse. Je retrouvais Claude Zidi, qui avait été
le chef-opérateur de mon premier court-métrage, dans le cadre
d'une école d'acteur qu'en 1962 j'avais initié rue Dauphine,
dans le Quartier Latin. Un ami comédien à l'époque
possédait un petit cabaret-théatre rive-gauche LE DIABLE
A QUATRE qu'il voulait rentabiliser dans la journée. L'idée
d'une école d'acteur dirigé par Claude CHABROL germa dans
mon jeune esprit. C.C. n'était pas à l'époque au mieux
de sa carrière, il accepta pour " mettre du beurre dans les épinards"
comme il disait en vrai creusois. Claude Zidi était alors second
assistant-opérateur de Jean Rabier dans le film " LANDRU" où
je m'étais moi-même engagé comme stagiaire.
Zidi était un type charmant et toujours prêt à donner
la main. En fin d'année le cours offrait aux élèves
de participer à un tournage. Le court-métrage ne fut pas
terrible, Zidi en garda un meilleur souvenir que moi. En 82, je le retrouvais
rue Lincoln autour d'un flipper. Il voulait assister à un
de mes tournages. Il eut de la chance : c'était le dernier
porno de la grande époque
" Ma mère me prostitue".
Il trouva la méthode de travail rapide et efficace. Il voulait que
je la mette au service d'un vrai film dont il trainait l'idée
depuis longtemps sur la révolte des objets. Et voilà comment
nous avons passé 3 mois à écrire le scénario,
2 mois de doutes sur le tournage, 1 mois de préparation, ... et
1 mois très court de tournage. Zidi rêvait au Grand
Prix d'Avoriaz, nous n'eûmes que le Prix du Suspens. Il fut déçu.
Et quand à moi, malgré le succès planétaire
de "EMMANUELLE
4" que je tournais après la sortie du DEMON, je ne fis
plus aucun film avant 92 (REVES DE CUIR). Comme me le dit un distributeur
(Alain Vannier) : " Que tu fasses du cul, ça passe encore, mais
de l'horreur ça dépasse tout !" En France faut rester dans
une case et ne JAMAIS toucher à l'horreur ou au fantastique... Roback,
Mocky
et d'autres ne me démentiront pas !
Dernier jour de tournage, préparation
de l'accident. Mon fils qui s'accroche à mes basques fera "le mort",
Zouzou le super-régisseur l'autre mort, le mari de Anny Duperrey.
Je connaissais l'histoire d'Anny et la mort tragique de ses parents dans
un accident de voiture, lorsqu'elle avait 8 ans. Cette scène avait
été réservée pour la fin. Blocage d'un autoroute.
Anny se met à hurler ! Scène très forte. A midi elle
s'écroule dans mes bras. Elle a une migraine terrible. Va-t'elle
pouvoir reprendre ? Et dit "Oui". Effort de volonté : elle termine
la scène l'après-midi. On remballe. Le spectacle se termine,
un autre va commencer. Ainsi va notre vie au-delà de tous les sentiments.
Quand quelques années plus tard, Anny a sorti son livre sur ses
parents, j'ai voulu lui écrire. Et puis à quoi bon ? Nous
avions remué suffisamment de souvenirs, sur un autoroute normand,
ce mois de Juillet 82.
SUITE
RETOUR
B.D.
BOUQUINS
FILMS
NOUVEAUTES
TEXTES
LIENS