Présence de la nuit

La nuit, quand vient le calme plat
Et que de mon berceau d'étoiles je pense à toi,
Les anges me chantent une belle mélodie
Qui m'accompagne dans ma solitude, mon insomnie.

Et lorsque mes paupières se ferment sur ton visage,
Que mes lèvres se posent sur tes yeux clos
Je sonde ces moments, car j'ai peur qu'ils soient faux
Et je m'aperçois vraiment que ce n'était qu'un mirage.

Les astres me regardent éperduement
Et je leur demande en suppliant
De pouvoir sentir ta présence.
Ils ne me donnent pourtant que le chaos du silence.

Il n'y a autour de moi que des spectres,
Veillant sur moi pour le moment ou je sombrerai
Dans un sommeil d'encre pour me perturber.
Nuit, Ô belle Nuit, dis-moi comment faut-il faire,
Pour calmer cet amour qui gronde;
Dis-moi comment faut-il taire,
Ces étranglements de sanglots immondes;
Dis-moi comment s'aimèrent
Autant de gens sur ce malheureux monde.

Pourtant, lorsque je regarde vers les cieux sombres,
Je vois ma pâle lueur d'espoir;
Des étoiles étincelantes sorties des ombres,
Pour éclairer notre race qui a oublié qu'il suffit de croire;
De s'ouvrir aux plus belles lumières exhalées du noir
Car elles rappelent à des gens pessimistes comme moi,
Que l'amour existe encore.

Auteur : Derya Tekeli
Achevé le 6 juin 2005
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Tourments

Je cours à en perdre haleine
Vers un chemin dont je suis incertaine.
Je cours pour échapper à la haine
Qui m'abreuve de folie.
Je cours, je cours et je m'enfui
De cet amour qui n'a jamais existé;
De cet amour qui ne fait que me putréfier.
Je me défile de cet univers
Où je ne me retrouve plus;
Je m'évade de cette société artificielle
Où le singulier dédaigne le pluriel.
Je cours et je trébuche sur les obstacles;
J'apprend que la vie n'a jamais été un spectacle,
Que l'on regarde, que l'on visionne béatement,
Je comprends qu'il faut aller de l'avant,
Mais je cours pour ne pas déclarer forfait
Et je tombe, je tombe dans le gouffre des regrets,
Mais il faut me relever, cicatriser les béantes blessures
Et reprendre mon errance, accélérer l'allure.
Je cours, je déguerpis, je plis bagage;
Je ne veux pas changer, prendre l'amertume des âges.
Je cours pour me dérober de tout,
Telle une lâche, oui je l'avoue,
Mais j'ai peur, tellement peur que je m'accroche
À la nuit si noire et enténébrée.
Je cours, je cours, je cours.
Je laisse derrière moi ce passé inachevé
Et soudain,
Je m'arrête.
Elle est là devant moi .
Si belle, si fière
Dans toute son agitation .
Celle dont je porte le nom,
Moi, si différente d'elle.
Je la regarde se débattre dans son ardeur torrentielle;
Elle me chuchotte des mots doux directement dans l'âme.
Si la nuit porte conseil, l'océan étonne par ses mystères.
Oui je serai forte, j'en prête serment;
Peut-être même aussi forte que cette mer,
Mer de torrents et de tempêtes.

Auteur : Derya Tekeli (du turc, signifie mer de torrents et de tempêtes)
Achevé le 17 août 2005
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Boule d'énergie et d'amour

C'est une boule d'énergie
Derrière laquelle on court ,
C'est un cercle d'Amour
Que l'on attrape par instance ,
C'est une boîte à surprise
Qu'on ouvre les yeux ébahis .
Une balle qui roule, se mouille
Dans la pluie, dans la boue
Et qui s'use au fils du temps
Ne la rend-t-elle pas plus précieuse?
C'est un monde de bonheur ,
Du moment qu'on le trouve !
C'est une boule d'énergie
Que j'ai pêchée à la mare
Et qui flottais,
Flottais sur les eaux calmes .
C'est un amour que j'ai débusqué
Au fin fond d'un balluchon.


Auteur : Derya Tekeli
Écrit le 10 décembre 2005
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Il pleuvait.

Il pleuvait .
Elle regardait le ciel ,
Envoutée par les tons de bleus et de gris .
Elle dégageait son fiel .
Enfin, au moins essayait-elle ...
Il pleuvait
Comme sur la vallée qui s'étendait sur son visage ,
Longeant les plaines qui formaient ses joues
Et brûlant au passage,
La petite montagne orgueilleuse
Entre les steppes rougies.
Ses gouttelettes, porteuses de tout son fardeau ,
Messagères de son regard lointain,
Semblables aux larmes tombant des cieux.
Il pleuvait .
Elles s'écrasaient sur le sol
Se fracassant en d'autres versions d'elles-mêmes .
Elles s'écrasaient
Comme celle qui les regardait.
Ses songes qui glissaient
À travers
Sa voix se brisant
Dans la brume du soir .
Il pleuvait ,
Dans sa mémoire .
Seulement, autant qu'elle pouvait se rappeler ,
Il avait toujours plu
Dans sa mémoire .
Regards entendus des gens sur le trottoir
Comme complices de ce qui lui arrive;
Sa vie est décidée pour elle.
Ils le savent tous , pense-t-elle.
Elle ne peut pas fuir ;
Elle a beau tout inventer ,
Elle a beau tout dire ,
Les contredire
N'est jamais assez .
Un jour elle ravalera sa salive ,
Lèchera comme une guenon
Le crachat qu'elle aura répandu avec orgueil
Comme des convictions infracassables .
Les gens disent vrai .
Elle ne veut pas croire
Que sa vie est déjà établie .
Elle ne veut pas croire
Que dans son coeur
Il pleuvait
Pendant que tout ce
En quoi elle avait cru
Pleurait en silence
De sa disparition prochaine .

Elle les damna toutes ,
Les petites larmes des astres.
Elle les rejetta toutes ,
Celles qui lui rappelaient
Sa défaite.

Auteur : Derya Tekeli
Écrit le 19 janvier 2006
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Poème en Prose - La Lune

Desfois, je regarde la lune et j'ai le goût de l'embrasser. Oui je cache mes sombres pensées. Elles ne sont ni plus honteuses, ni entâchées de laideurs. Elles me portent. À confusion comme au bonheur. Elles me portent à la réflexion. Comme la lune m'entraîne parfois vers des sentiers rocailleux. Je dois marcher, sans empiéter sur les pierres, mais j'ai parfois mal, j'ai parfois peur. Souvent, je ris, rarement je pleure. Mais avec elle, je fais tout. Mais avec sa lumière, je vois tout. Dans les silences, aucun malaise. Dans les soupirs, rien n'évoquant une défaillance. Et elle qui me raconte et me fait rire. La lune susurrant ses conseils et ses folies, murmurant ses malheurs et ses merveilles... Oh Lune, m'en voudras-tu ? Si je te confie aussi mes secrets ? M'en voudras-tu si je te dévoile mon admiration ? Ils ne les voient pas, mais tu as des filaments noirs, glissant sur ta chair, cadrant ton visage. Ils ne le voient pas, mais tu as un sourire. Desfois, je te regarde et j'ai le goût de t'embrasser. Parfois je t'observe à la dérobée, sous une nuit bien noire, enrobée de tes étoiles et je t'envie. Et j'étends mon bras pour te toucher. Tu es lointaine, inaccessible. Interdite. Je ne sais comment tout ça est arrivé, de là à vouloir te décrocher du ciel.  Je ne sais d'ou sont venus ses sentiments aussi profonds liés à ton être mystique. Pour le moins, j'ai ton image un peu floue, pour le meilleur, ton amitié. J'aimerais ne pas espérer plus.

Auteur : Derya Tekeli
Écrit le 5 mars 2006
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