[ mardi 6 juillet 2002 ] [ 22:15 ] [ pesante solitude ]
Effrayante solitude. Celle-là même, ici, maintenant. Celle qui n'accuse rien ni personne. Qui ne demande rien, qui n'en veut à personne. Cette solitude-là, toute conne. 'pas pourquoi. Pas sûre de la vouloir, pas sûre de l'apprécier celle-là. Peut-être parce que j'ai peur, où je m'en vais, où je m'en vais? Peut-être parce que prise par ce sentiment que nulle part est ma maison. Ce sentiment de n'avoir atteint aucun idéal. Solitude toute conne qui me fait peur ce soir.
Et pourtant il y a un peu de ce que j'aime. Les vieux volets, la fenêtre ouverte, les lumières de la nuit, le bruit de la pluie, toujours une matière mouvante pour me rappeler à la vie. Et ces objets qui rendent le quotidien appréciables. Mais le sens des bonheurs simples m'abandonne. Et j'ai mal d'être seule ce soir.
Je n'irai pas où je souhaite être. J'irai dans cette autre ville, seule, et je déteste ces gens, je déteste déjà quelques unes de ces personnes que je ne connais pourtant même pas. Une haine en bloc sans fondement comme une gamine entêtée.
Là-bas. Je ne sais si je vais rire, si je vais pleurer, aimer, je n'en sais rien, mais je vais bien devoir vivre. J'attends tout et ne m'attends à rien. Peur au ventre, lorsque tu ne me lâche pas. Je n'irai pas où je souhaite être, c'est un état de fait. Je ne sais pas où je souhaiterais être, c'est un état de disgrâce. Une fille comme moi, une simple fille comme moi, incapable de définir, ce soir, très exactement ce dont elle rêve. Ni lieux ni voix. J'imagine tout, pourrais tout prendre, mais ne sais pas, divague dans encore un autre mal-être.
Solitude, j'en ai fait mon habitude. Et pourtant solitude qui ce soir prend une autre dimension, froisse mon être comme si elle me prenait par surprise.
Mes espoirs prennent des couleurs sombres, mauvaise augure. Mes espoirs je ne les reconnais plus. Ils se chevauchent, s'emmêlent, s'entêtent, cherchent en vain mon identité pour se définir. Qui serais-je cette fois, dans cette autre vie là-bas? Mes espoirs prennent des couleurs sombres lorsque je lutte contre le pessimisme, me force à croire, me force à croire encore. Mais je ne suis pas bien sûre d'y arriver encore, pas ce soir, pas ce soir. Sais pas pourquoi. Mes espoirs prennent les couleurs de l'hiver, comme celles de ce que l'on appelle l'hiver de la vie. Parce qu'il n'y a plus d'attentes qui sauraient être comblées, je crois que je deviens légèrement blasée...