[ samedi 8 décembre ][ 00:38 ]
J'aurais au moins essayé, une rencontre et la mer en-dessous, des paroles et le soleil au-dessus, des silences et des couleurs tout autour, étincellantes. J'aurais au moins essayé, essayé d'y croire un peu, quelques heures jouer le jeu, faire semblant de croire aux tours de magie, et aux tours du hasard. J'aurais au moins essayé, mais ce n'était tellement pas assez. Il y a tant à donner, et tant à recevoir, d'une histoire nouvelle, autre que celles que je connais bien, hors de la nôtre aussi, mon ami... Il y a tellement à donner, et hors de nous, entre nous, c'est trop pour moi à donner.
Et pourtant tout était là, la mer en décembre, je n'avais jamais vu la mer en décembre, pas celle-là, pas comme ça, et le soleil haut de décembre, et puis vent, ce vent qui balaie tout, et si souvent les idées sombres...
Seulement ce vent m'a ramené doucement, imperceptiblement vers mes terrains connus, m'a retenu les deux bras pour que je ne m'élance pas en terre inconnue.
Rien qu'en regardant au loin, l'horizon maginifique, magnifique en décembre comme il ne saurait l'être plus en avril, rien qu'en regardant au loin, c'était déjà trop tard, tu aurais dû le savoir, toi l'absent, toi soit-disant si innocent... Alors j'ai dit mon meilleur ami... et c'était déjà trop tard. Te faire rentrer de cette façon dans le réel, dans une journée qui t'es inconnue, cette journée, la mienne et celui d'un autre à mes côtés. Mais j'ai dit les histoires de coeur sont bien loin de moi... et c'était déjà trop tard.
Il manquait quelqu'un, et j'avais chaud du silence qui se refermait sur moi, il manquait quelqu'un, et j'avais froid de l'absence que me renvoyaient d'autres yeux sur moi.
J'ai pensé que je me disais parfois la même chose autrefois, lorsqu'autrefois c'était tes yeux, tes yeux qui me renvoyaient l'absence d'un autre, qui masquait sans cesse ta présence, m'empêchait de sentir, de voir ta présence...pourtant si nécessairement importante...cette erreur, mon erreur. Alors pour la centième fois, et comme depuis des mois, les regrets me serrant la gorge je m'en suis voulu, mordu les lèvres et le coeur de pierre qui, il y a des années maintenant, nous a détruit, le mien, le mien mon ami, je m'en suis voulu, qu'avais-je fait de nous, qu'avais-je un jour fait de toi?
Mais l'horizon était radieux, et ma mélancolie douce, réchauffée par ton souvenir, toi qui m'empêchais encore une fois de vivre au présent, toi qui aurais dû être là, toi qui aurais dû voir ça. Comme cette journée était belle, comme je me suis haïe de la vivre sans toi, comme je me suis haïe de la vivre avec un autre. Alors j'ai dit mon meilleur ami et j'ai su que les espoirs ne resteraient qu'en surface, les espoirs d'autres amours rien qu'à la surface de l'eau...mille étoiles la déchiraient, si tu avais vu ça, comme c'était beau...
J'aurais au moins essayé, tu vois, tu aurais été fier de moi. Se laisser aller sur le courant n'était pas suffisant, tu vois, mais j'aurai essayé. Mais même essayer de vivre de vivre de belles choses, et de les vivre un peu pour toi, ce n'était pas assez, tu vois.