[ mercredi 15 janvier ]

Je suis d'ici. Et cette liste de parce que, je n'en ferais rien non. Je suis d'ici maintenant, je le sais lorsque je rougis un instant en beau milieu d'un après-midi solitaire, vu de l'extérieur un instant solitaire, vu de l'extérieur. Je suis d'ici, c'est lorsque mes jours comme un film zappent les écrans blancs, les passages à vide, n'en gardent que les chutes, c'est quand mes jours comme un film mettent au premier plan des scènes de consistance, scènes de circonstance.
Je suis d'ici, c'est étrange comme ce hasard qu'on dirait mis en scène, lorsque les plans s'enchaînent, voix après voix, de sourires en coin en coins de table, je suis d'ici maintenant et c'est étrange comme le temps, le temps nous dessert et sert nos lieux pourtant.
Je suis d'ici par deux trois mots, à la maison. Je suis d'ici maintenant, ce sont ces rues qui me mettent au courant, puisque je n'apprend plus à les reconnaître mais à en connaître les arrière-cours, les faces cachées, et à me cacher derrière les rayons des bibliothèques, tout comme là-bas, tout comme je me cachais des amoureux discrets sur un vélo rouillé, tout comme là-bas je suis d'ici, maintenant.
Tout comme là-bas verrouiller mon coeur et passer la tête par la fenêtre, inspirer un peu d'air, qu'on ne me le vole cet air, que je m'envole encore, grand ciel! Tout comme là-bas je suis désolée, si, vraiment, excusez-moi, je n'aurais pas dû, passer ainsi dans votre rue, nous ne nous connaissons pas. Tout comme là-bas, verrouiller ma tendresse et jeter la clé, pour qui en veut, pour qui en veut eh bien jeter la clé. Tout comme là-bas, j'irai la repêcher, peut-être, au fond de l'eau pour qui n'en voudra pas. Tout comme là-bas.
Se sentir à l'abri, lorsque l'on s'échappe de leurs regards, de leurs désirs, se sentir infiniment soi, ici à l'instant où l'on se sauve des bras des garçons trop honnêtes, des garçons qui me disent pas nette, pas nette...
Je suis d'ici, c'est lorsque les lieux portent mes jours, mes jours comme un film, écrivent des pages de mon histoire, jamais la grande histoire la grande histoire je m'en moque elle est gardée dans des livres la grande histoire. La mienne n'est que pages qu'écrit cet endroit d'ici, pas moi juste cet endroit d'ici.
Alors oui, presque une évidence, je suis d'ici maintenant. Parce que se fondre dans la masse sans plus de curiosité craintive. Parce que les gâteaux-cannelle pour réchauffer la maison, la maison.
Et derrière encore d'autre voyage, d'autres voyages, des soleils absents sûrement, et pourtant ce même empressement de dévorer l'être d'ailleurs, de ne jamais se reposer, toujours attendre d'être d'ici pour cheminer vers l'être d'ailleurs, et savourer les départs à venir. Et maman qui dit que va-t-on faire de toi. Et moi je voudrais que ça dure ainsi toute la vie.

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