Lundi 10 Juin 2002
*11h18*
La paresse a celà de mortel que, dès qu'on en triomphe, on la sent qui renaît.
-Jules Renard-
Ca y est, c'est plus très drôle. D'accord, ça ne m'a pas tant dérangé de travailler des sujets qui m'intéressent, d'accord ça ne m'a pas dérangé de lutter contre le sommeil pour avancer dans mes révisions, ça m'a même arrangé de me dire que j'avais des choses à faire qui me tiraient de mon ennui, mais maintenant, ça y est, c'est plus drôle. Dans deux jours c'est l'exam, et si je suis intellectuellement préparée, je ne me sens pas du tout psychologiquement à l'aise par rapport à ça. Mais alors, pas du tout. Réussir me semble relever du miracle cette semaine. Mais faut pas que j'me laisse aller, faut pas que j'me laisse aller.
MOTIVATION!
Nous étions invités à dîner chez ce couple qui vivait dans un appartement bien clair sur les hauteurs d'une petite ville. La jeune femme avait l'air heureuse dans sa vie, elle prenait soin de son image, de son avenir et de son homme. Lui avait le visage plutôt sévère, mais je me doutais que ce n'était qu'une apparence. Il y avait une terrasse au soleil. Au loin on pouvait voir la mer. Tout à l'horizon était un camaïeu de vert et bleu. J'avais oublié que la pluie et son ciel de grisaille pouvait exister. Je ne voyais que la lumière du soleil, je ne voyais que le bleu de la mer. J'avais oublié la complexité de ma propre relation. J'avais oublié que tout ne m'avais pas été donné, à moi, pas tout celà. Un bonheur simple qui pour moi était un de ces bonheurs impossibles. Je me suis prise à rêver, ce soir-là. Que tout était possible, qu'un jour il me serait donné de vivre dans cette paix dont la jeune femme semblait profiter. Je n'avais plus besoin de chercher d'exemple pour fonder mes aspirations, c'était celà que je voulais avoir. Un appartement avec vue sur la mer côté pile, vue sur l'amour côté face. J'avais rêvé qu'un jour je laisserai entrer le soleil dans ma vie, et mon homme dans mon avenir. Un jour je serai celle qui a l'air si heureuse et apaisée des chagrins passés. Un jour nous aurions tout celà, puisque d'autres le vivaient, ce bonheur simple devait être simplement possible. Il était juste question de temps.
Me sera-t-il donné de le réaliser? Reste-t-il assez d'amour pour que ce soit notre tour? Les années ont passé, et je me retrouve en haut de cette vague, à ma portée les grands départs! A ma portée les grands projets! A ma portée toutes ces choses que je n'ai pas osées jusqu'à présent! Peut-être, rien que des peut-être. Peut-être cette image d'un simple paradis sur terre sera mienne, sera nôtre, bientôt, à l'issue des semaines, des mois à venir. Peut-être enfin j'accomplirai ce que j'ai voulu si fort à des années d'ici, peut-être qu'elle sera loin, la négation de mes espoirs, peut-être je me donne déjà le droit d'y croire, peut-être je n'aurais plus peur, peut-être enfin je vivrai,
vue sur la mer, vue sur mon homme, vue sous un ciel plus clément que celui de mon passé. J'ai du mal à y croire, mais si celà doit être possible, s'il est possible que ce soit le bonheur vers lequel je marche, alors sur cette dernière ligne droite je ne peux que trouver la force de me battre, la force de réussir, la force d'encore lutter contre le sommeil le soir, et de lutter contre ma paresse le matin. Je ne peux que prétendre que le ciel est déjà bleu, même s'il est encore gris, même s'il me reste à surmonter plus d'une épreuve du feu. Je ne peux que trouver en moi ce qui me manque parfois, ce sans quoi l'on n'est rien, l'optimisme. La motivation. Pour cette une chance sur deux d'atteindre enfin le bonheur. Il serait trop bête de se laisser abattre au moment où l'on réalise qu'enfin tout est possible.