[ Samedi 27 Juin 2002 ] [ 09:56 ]

Je me réveillais toujours très tôt, ou presque, même lorsqu'on était samedi, dimanche. Samedi. J'ouvrais les yeux et dans la brume de l'aube à travers la vitre je sentais se pointer le soleil. Je crois bien que je devais sourire. Alors je posais un pied sur la moquette épaisse, et d'un geste encore ensommeillé attrapais mes lunettes. Je descendais les escaliers étroits qui menaient à la cuisine. Il y faisait frais, dans cette cuisine, puisque la fenêtre était restée entr'ouverte toute la nuit pour laisser aller et venir les chats. Il y faisait frais mais bientôt l'odeur du café et du pain grillé allait réchauffer l'endroit. Cette pièce, on aurait dit qu'elle eut été faite pour moi, hors du temps, peut-être laide vue d'un certain angle, mais tellement kitsch et si délicieusement séduisante de singularité. Alors je poussais la porte du salon qui glissait doucement sur la moquette, je posais la tasse sur la petite table près du téléphone, m'asseyais sur le sofa, les genoux repliés contre la poitrine, la télécommande du téléviseur en main. MTV, tv news, trop-plein d'images nécessaires pour m'éveiller au monde.
Et puis plus tard je remontais les escaliers, n'avais même pas peur du bazaar organisé dans ma chambre qui avait pris l'odeur de mon parfum et la couleur de mes photos sur les murs. Je me préparais pour cette journée. La journée du samedi. Et son soleil dans les arbres en chemin, irréel, irréel. Et ses centaines de personnes dans les rues, toutes si différentes les unes des autres, emportant avec elles leur mystère: d'où viennent-ils, ces gens, que font-ils, où vont-ils? Il m'est arrivé de les regarder et me demander Et elle, est-elle heureuse? Et lui, aussi ennuyant qu'il en a l'air? J'ai entendu parler les inconnus et me souviens. Je me souviens si instantanément des visages, des personnages, parfois complete strangers et pourtant je me souviens.
Parce que c'était ça aussi, la journée du samedi. Mélange d'activité et de passivité d'observation. A des kilomètres d'ici, ici n'existait pas. Et c'était bien. Alors je remontais la rue, sortais la clé, entendais la musique et les voix, posais mon sac, et parlais futilité, et parlais idéal, et parlais pour rien, pour tout, pour tout ce que c'était, la vie ailleurs. De celà il ne reste plus rien, ou presque. Il ne reste que les souvenirs, et cet absolu de circonstances dont je peux parler à défaut de pouvoir encore le vivre. La vie ailleurs.

the perfect song:

Lost property The Divine Comedy

Postcards and letters
T-shirts and sweaters
Passports and parkas
Mobiles and chargers
Two tennis rackets
Blue rizla packets
A new sheep-skin jacket
I lost it all
All through my life
There have been
Many rare and precious things
I have tried
to call mine
But I just cannot seem
To keep hold of everything
for more than a short time.
Possessions of a sentimental kind
They were mine
Now they're not.
Lost.
Gym-kits and trainers
Asthma inhalers
Silk-cuts and Bennies
Ten packs and twenties
C-class narcotics
The holes in my pockets
I lost it all.
All that I'd like
is to know
Just where do those lost things go
When they slip from my hands?
Then one night
In a dream
I passed through a sheepskin screen
to a green pleasant land
I found them
All piled up
into the sky
And I cried tears of joy.

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