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Une rencontre

Dans ce grand parc, au coucher du soleil, elle venait vers moi, elle se rapprochait. Sa silhouette, d’abord lointaine puis plus présente se dessinait fort agréablement.
Je ne vis, en tout premier lieu, que le contour des hanches et les longues jambes puis, à mesure, je distinguais les épaules et les bras. J’avais imaginé la tenir contre moi, sentir le balancement, ce louvoiement m’emmener si haut, si loin
Aurait elle voulu que je la serre fort ou au contraire que je la caresse du bout des doigts ?
Encore un pas.
Puis je vis les longs cheveux châtains, quasiment effleurant la poitrine, captant la lumière du soleil qui meurt.
Va-t-elle m’aimer ou me faire souffrir ? Vais-je trouver la force de l’adorer toute une vie ou n’est ce qu’une illusion éphémère ?
Sa vie devrait se mêler à la mienne sans équivoque, sans discussion juste deux parties qui se mélangent et vivent cette osmose rêvée, ce don de la vie, cette force rare.
Je quitterais tout pour elle, pour l’avoir près de moi toujours et encore, je renoncerais à tout pour lui donner cette partie de moi.
Elle sera mon ange, l’air que je respire, la vie simplement, la vie !
Encore un pas.
Et les yeux clairs m’observent, ils brillent déjà de l’amour que nous allons échanger. Les pommettes hautes, le nez fin complètent le tableau idyllique qui représente la plus belle femme que je n’ai jamais vu.
Elle ne se doute pas encore que sa route s’arrête devant moi et prends ce détour vers le paradis, la lumière…
Mes mains effleureront sa peau, se perdront dans ses cheveux avant de toucher ce corps brûlant de désir et de plaisir retenu.
Elle viendra vers moi, les bras nus, me donner ce qu’elle possède au plus profond. Elle viendra perdue, sans tabou, sans pudeur, se dévoiler dans mes bras et abuser du plaisir jusqu’au petit matin.
Encore un pas.
Et son souffle sur ma peau se fait court. Plus rien ne peut l’éloigner de moi. Elle m’a envoûté, capté comme dans son sillage. Je suis prisonnier, à sa merci, comme égaré, inexistant sans elle. Je ne vis que par son regard, par sa volonté et son désir.
Peut elle faire de moi ce qu’elle veut ?
Ma force c’est elle, mon amour c’est elle, ma déraison c’est elle, ma vie c’est elle…
Dans le matin, je m’éveillerais pour la regarder, je l’envelopperais du regard pour qu’aucun mal ne l’atteigne, ne l’égratigne. Je la protègerais du malheur en faisant un rempart de cet amour immense qui émane de moi. Personne ne saura l’aimer comme je le ferais….
Encore un pas.
Et elle passe sans un regard, sans un geste…
Je reste seul avec le néant, le froid et la tristesse.
Encore un pas.
Et je disparais de sa vie à tout jamais…..



Solitude

C’est l’hiver, le vent s’engouffre sous ma porte. Je suis seul !
Personne ne le sait encore, je vais mourir. Mais pas comme vous l’imaginez.
Je vais mourir de solitude !
Devrais-je ressentir une quelconque tristesse ? Devrais-je alerter quelqu’un à propos de mon funeste avenir ?
Qui pourrait comprendre que l’on puisse laisser un état d’âme décider de son sort ?
Je suis seul devant cette plage peuplée de chats, de chiens et de quelques personnages de la vie courante. Des familles entières attirées par les rayons du soleil unique.
Des filles en string dodelinant de la tête ou prenant quelques poses lascives ou même suggestives pour les jeunes adolescents à la recherche de pulsions sexuelles.
Quel drôle d’endroit pour ressentir le mal être mais est ce le mal être ou une vue de l’esprit ?
Les jours moroses forment comme une farandole, m’entourent, m’affaiblissent puis s’envolent me laissant amer et triste.
Que la terre s’arrête pour que je puisse en descendre maintenant !
Je suis seul et cela ne demande aucune force juste de l’abandon. Je suis seul et ne ressens rien, est ce possible ?
Mes blessures ne saignent pas ? Le crois-tu ?
La plage se vide quand le soleil descend et je reste là attendant mon heure. Rien ne me presse, rien ne m’oblige, rien ne me manque. J’attends seulement que le temps se renouvelle !
Je pourrais questionner la nuit et les étoiles, chercher la solution dans l’ivresse et le désœuvrement, il n’y a que le désespoir qui saurait me comprendre tout à fait ! Et la fuite pour échapper !
La fuite comme manière de vivre, la fuite pour aboutissement.
D’autres visages, d’autres langages remplissent ma vie, éclipsant ainsi ce mal profond qui germe en moi.
Ma solitude n’est que la partie immergée de cette iceberg de désarroi qui compose mon existence.
Comment un être sensible, intelligent pourrait ne pas percevoir cette injustice, cette inégalité, ce drame qu’est la vie quotidienne ?
Comment ne pas s’isoler, se replier devant les jours qui passent, les visages qui se rident et ces gens en courant d’air qui ne savent pas qu’un jour ils vont mourir ?
Je suis seul ! Et alors !
La solitude est une blessure à laquelle on s’habitue, qu’on aime caresser parfois pour se rappeler qu’elle est aussi une partie de la vie. Elle est invisible à l’œil nu sauf pour les rares personnes qui ont déjà expérimenté ce dégoût de la vie qui submerge les plus fragiles.
Je parle du vertige véritable non du chagrin passager. Je parle de cet abîme duquel on ne remonte jamais car, à ce moment, le virage est pris et rien n’est plus pareil !
La nuit a couvert l’étendue de sable et ne luisent au loin que les reflets des fenêtres et quelques lampadaires isolés.
Assis sur un rebord, mon bloc à la main, j’écris. Je livre mon âme aux tourments. Je me perds dans ce labyrinthe de questions sans chercher de réponses définitives.
La solitude est ancrée en moi si fortement, si profondément que même entouré d’une foule de proches ou d’anonymes, je reste seul devant l’éternité.
Est-ce que, à jamais, je manquerais à quelqu’un ?
Pourtant je dois avouer qu’il existe une forme d’exception !
Ce pays du bout du monde dans lequel j’évolue à mon aise, en douceur, en pleine harmonie avec la population.
Cette Thaïlande aimée, ce royaume de Siam qui sera sans doute mon dernier port avant le grand départ vers l’inconnu !
Encore seul !