LE JARDIN DES DIEUX
                                                                                   (suite et fin)
                                                                            
© Xeen – 4 octobre 2001


[
back]

Royal Street - septembre 2001

"Alors, Daniel est à la Nouvelle-Orléans, vous êtes positif, monsieur ?" demanda Sam en se séchant les cheveux énergiquement avec une serviette qu'elle mit sur ses épaules pour dissimuler sa robe trempée.
"Oui, Carter, il est l'heureux propriétaire d'un magasin de divination ou de quelque chose d'approchant dans Decatur," répondit-il le regard baladeur.
"Mais c'est tout près ! Comment se fait-il que je ne l'ai jamais rencontré ?!"
"J'allais vous le demander."
"Je n'en ai aucune idée ! C'est surréaliste."
"Heu… on peut dire ça, je présume. Le général Hammond devait nous rejoindre, il ne vous a pas contactée ?"
"Pas encore, monsieur."
"Bon, de toute façon, habillé comme ça, je ne sortirais pas d'ici, Carter, même sous la menace."
"Vos vêtements seront bientôt prêts, ne vous inquiétez pas."
"Est-ce que j'ai l'air de m'inquiéter ? Dites-moi plutôt où vous en êtes ? Mariée? Des enfants ?" Il connaissait déjà la réponse et guetta sa réaction.
"Je crains que l'occasion ou le larron ne se soit pas encore présenté."
La tristesse qu'il voyait dans ses yeux démentait son sourire.
"Mon horloge biologique tourne mais j'ai deux neveux adorables et tant pis si je n'apporte pas ma contribution au peuplement de la planète !"
"Vous êtes bien affirmative Carter…"
"A mon âge, il faudrait que je me dépêche mon colonel ! Excusez-moi, Jack, j'ai vraiment du mal à perdre cette habitude ! Laissez-moi un peu de temps et je suis sûre que j'y arriverai."
"J'ai bien peur que le temps soit ce qui nous manque le plus Sam," commença O'Neill. "Je ne sais pas si je vous l'ai dit, mais j'habite Londres. Enfin, techniquement."
"Oh… Je l'ignorais."
"Je suis négociateur Sam, dans le secteur du K&R… Autant vous dire que je suis rarement chez moi," dit-il avec un petit rire destiné à faire disparaître l'angoisse qu'il lisait sur le visage de Sam. "Vous parliez de … d'horloge ?"
"Oui. Comme on dit, j'ai une petite quarantaine. Même si je rencontrais l'homme de ma vie aujourd'hui, le temps de faire connaissance, de me forger un jugement sur lui et de… faire un essai, elle baissa la tête et rougit, disons deux ans ? Puis planifier une grossesse, en admettant que ça marche tout de suite… J'ai bien peur qu'il soit trop tard à ce moment-là…"
Les yeux brillants, elle évitait de croiser ceux de son ancien supérieur. Mais Jack n'avait pas l'intention de se contenter de cette réponse.
"Et dans vos connaissances Carter ? Personne qui ferait l'affaire ?" insista O'Neill.
"Je ne crois pas, Jack. Je veux dire, j'en suis sûre ! Mes connaissances se limitent à Andrew qui tient le magasin à côté, vous savez, celui qui vous a prêté ces vêtements," dit-elle vaillamment. "J'ai aussi quelques amis très… gais… Quant à mes fans, ils sont trop jeunes."
"Vos fans ?"
"Je… J'écris de la science-fiction pour ados, Jack. George ne vous l'a pas dit ? Et puis, il y a George !"
"Le général est un peu vieux pour vous Sam ! Et Daniel ? Maintenant que je l'ai retrouvé ?"
"Daniel est mon petit frère, Jack. Vous le savez bien."
"Il y a moi…"
"…"
"Moi aussi, je suis trop vieux !?"
"Excusez-moi. Je préférerais changer de sujet. Je n'ai pas envie de parler de l'échec de ma vie sentimentale avec vous," dit-il d'un ton sec.
"Je suis aussi votre ami Sam." Il lui prit la main. "Même si je me suis éloigné de vous ces dernières années, Sam… Vous savez que vous pouvez compter sur moi."
"Je le sais," dit-elle en l'embrassant rapidement sur la joue. "Merci."
Il hésita. Est-ce qu'il fallait qu'il fonce ? Qu'il vide son sac au risque de gâcher cette amitié ? Attends un peu, Jack. Tu y es allé un peu fort à l'instant.
"Sam, j'ai mis pas mal d'argent de côté ces dernières années. Beaucoup d'argent, en fait."
Elle le regarda surprise par le changement de ton.
"Assez pour relancer le programme de la Porte. Je pourrais disposer de fonds d'autres investisseurs privés. Etes-vous intéressée Samantha Elizabeth Carter ?"
"Comment allez-vous faire pour sortir la Porte du site 51 ?"
"Ce ne sera pas un problème. Elle est déjà virtuellement en Suisse."
"En Suisse ?"
"La Société Archéologique de Genève a le bras long," sourit Jack, "je vous expliquerais si vous acceptez. Donc c'est un oui ? Vous seriez chef de projet, Sam. C'est une responsabilité énorme et un job à plein temps et … enfin, vous devinez…"
"Vous êtes venu chercher Daniel ?"
"Oui. S'il est d'accord."
"Et George ?"
"Le général Hammond aurait un poste de consultant. N'oubliez pas qu'il est général de l'armée américaine en retraite."
"Bien sûr… Et vous Jack ?"
"Et bien, j'apporte les fonds, la logistique, mon savoir-faire."
"Je vois. Quelqu'un doit faire bouillir la marmite…"
"A moins que votre équipe ne trouve des mines de platine ou de diamants sur un site, oui, Sam. Alors ? Je ne vous demande pas de répondre tout de suite. Seulement d'y réfléchir…"
"Je vais y réfléchir."
La porte des étoiles sans Jack, ce n'était plus la porte. C'était diablement tentant ! Il avait l'air vraiment sûr de lui. Elle les imagina franchissant le miroitement bleu. Daniel, peut-être. Mais pas elle, si elle héritait du poste d'Hammond. Pas Jack. Pas Teal'c…
"Ca ne va pas ?
"Si, si ! Je repensais au SGC, je suis désolée, je ne suis pas une compagnie bien gaie aujourd'hui."
"Mais si Sam, vous êtes parfaite ! Comme d'habitude !" Il fit une de ses petites grimaces pour détendre l'atmosphère. "Si on allait chercher mon costume, major ?"
"Vous allez sortir comme ça finalement ?!"
"Et bien quoi ? On est à la Nouvelle Orléans, non ?"

*

Quelque part à la Nouvelle-Orléans - septembre 2007

Daniel se précipita dans l'escalier. C'était son téléphone qui sonnait. Il entra en courant dans l'appartement et décrocha avant que le répondeur ne se mette en marche.
"Général Hammond ?
"Non, Daniel Jackson."
"Teal'c ?" demanda Daniel incrédule. "C'est vous Teal'c ?"
"En effet. Samantha Carter m'a demandé de vous appeler."
"Sam !!!"
"Pourriez-vous nous rejoindre à son appartement ? Le général Hammond est en route."
"Mais où êtes-vous Teal'c ?"
"Chez Samantha."
"Je veux dire… heu… vous me donnez l'adresse ? C'est à la Nouvelle-Orléans ?"
"Absolument ."
Daniel entendit un rire féminin. Quelqu'un cria derrière le jaffa.
"Ramenez vos fesses ici tout de suite Danny boy ! Je commence à avoir vraiment faim !"
"Jack ?!"
"En effet O'Neill est présent."
"J'arrive tout de suite Teal'c, le temps de prendre un taxi."

*

Le French Quarter - septembre 2007

"Non merci Sam !! Je n'en peux plus…" dit Daniel en frottant son estomac douloureux. "Je ne suis pas habitué à faire bombance, vous savez…"
"J'aurais pu le dire rien qu'à vous voir Daniel. Vous devriez vous occuper de vous !" répondit la jeune femme en se levant pour débarrasser.
"L'hôpital qui se moque de la charité !" grommela O'Neill.
"Il a raison Sam, vous n'avez pas l'air en forme…"
"Ca fait des années que je ne suis pas en forme Daniel. Est-ce qu'on pourrait parler d'autre chose ?"
"Jack a les cheveux tout blancs," s'exclama l'archéologue.
"Et alors ? Teal'c a bien des cheveux !"
"Thor m'y a contraint O'Neill."
"Oh ! Vous ne pourriez pas m'appeler Jack, comme tout le monde ?"
"Si cela est votre souhait," dit le Jaffa en inclinant la tête.
"Ah vous m'avez manqué Teal'c ! Comment va la petite famille ?"
"Elle va bien, je vous remercie, O'Neill. Pourrions-nous aborder la raison de ma visite sur votre monde ?"
"Tout de suite Teal'c ! Mais d'abord, Sam ?"
"Oui ?"
"Vous n'auriez pas une petite poire ? Un armagnac, un cognac, n'importe quoi pour faire passer… cet excellent repas ?"
"Si, si bien sûr !  Un café Daniel ?"
"Très bonne idée ! Je vais le faire !"
Les deux jeunes gens sortirent de la pièce les bras chargés de vaisselle. O'Neill entendit Daniel qui expliquait à Sam les particularités architecturales du quartier français.
"Teal'c, parlons peu mais parlons bien."
"C'était mon intention."
"Thor vous a certifié que son marteau pouvait être activé sur Terre ?"
"En effet. Il m'a remis cet objet. Il est destiné à remettre en état le mécanisme."
"Faites voir… Mmmm… On dirait un… décapsuleur ?"
"Il y a une ressemblance.
"Et on fait quoi avec ce truc ?
"Il nous faut trouver l'endroit où Odin a installé le dispositif.
"Et Thor vous a donné une idée ou il faut qu'on cherche… partout ? Vous voulez rire Teal'c !"
"Absolument pas. Il m'a indiqué le secteur, mais il ignore sa localisation exacte."
"Ben voyons !"
"Il m'a cependant assuré que l'objet est forcément dans le jardin des dieux."
"J'allais vous le dire ! Bon, je crois que mon idée est bien meilleure mon ami !"
"Et quelle est-elle ?"
"De quoi parlez-vous ?" demanda Sam qui revenait avec un plateau.
"Comme d'habitude Samantha Carter. De la meilleure façon de sauver votre monde," répondit Teal'c l'œil brillant.
"Vous avez fait une blague Teal'c ?! C'est ça ?" s'écria O'Neill. "Je suis fier de vous," ajouta-t-il en lui donnant une bourrade sur l'épaule.
"Jack," dit Sam en tendant un verre, "je suis désolée mais c'est tout ce que j'ai."
"Vodka ? Très bien ! Je suis le seul ? Bon, à la vôtre !"
"J'ai entendu Teal'c parler du Jardin des Dieux ou j'ai rêvé ?" demanda l'archéologue qui s'asseyait en essayant de ne pas renverser son café.
"En effet Daniel Jackson. Ce sont les paroles de Thor."
"Asgard…" murmura Daniel.
"Daniel ?"
"Heu, excusez-moi Jack… Je réfléchissais. Vous savez tous que asgard signifie le jardin des dieux n'est-ce pas ?"
"J'ai bien fait de venir ! Pourquoi personne ne m'en a jamais parlé ?"
"Je ne sais pas Jack, je pensais que vous le saviez, se défendit Daniel. "Dans la mythologie…"
"STOP ! Ca ne va pas recommencer ! Teal'c expliquez-leur !"
Sam s'installa sur le canapé, à côté de Jack et se mit à écouter les trois hommes. Teal'c n'avait pas changé. Stoïque, patient, il répondait de son mieux aux interrogations de Daniel qui ne pouvait s'empêcher de digresser en s'agitant. Jack ponctuait la discussion de quelques blagues.
C'est curieux qu'il ne leur parle pas de son projet… pensa-t-elle. C'est bien pour cela qu'il est venu… Si la porte était remise en service… Elle avait peine à croire que l'aventure pouvait recommencer ! Elle se pencha pour poser sa tasse sur la table. Son bras effleura son ancien supérieur. Il fit comme si de rien n'était. Elle se rassit en prenant appui sur sa cuisse. Toujours pas de réaction. Il continuait à discuter avec les deux autres. Elle fixa Daniel et se cala dans le canapé le plus près possible de Jack. Son bras, posé sur le dossier glissa naturellement autour de ses épaules. Elle sentit sa main qui la caressait doucement. Elle se retourna et son regard croisa les yeux chocolat. Il sourit. Puis se tourna vers Teal'c et reprit la discussion.
"Vous ne croyez pas Sam ?" demanda Daniel. "Ca serait une drôle de coïncidence, mais ça vaudrait le coup de le tenter !"
"Je… Je suis désolée Daniel," dit-elle en bâillant, "mais j'ai décroché après l'histoire de l'exode…"
"Aahh !" s'exclama Jack en serrant sa jambe contre la sienne, "pas moi ! Pour une fois, j'ai tout suivi ! Je crois qu'on peut tenter le coup Daniel !"
"Je le crois aussi Jack O'Neill."
"Jack tout court ! Teal'c ! On procède comment ?"
"Et bien… heu… il faudrait que j'aille chercher cet artefact et que je vois s'il réagit en présence de celui que Teal'c a rapporté. Je suis pratiquement sûr que les deux s'emboîtent parfaitement !" dit-il en observant Sam qui rougissait de plus belle.
"Parfait !! On fera ça demain matin à la première heure !"
"Heu… D'accord… Vous avez raison, il est tard… Je… Il faut que je rentre. Je vais passer au magasin ce soir chercher l'objet et je mettrais une pancarte en même temps. Pas la peine que les clients frappent pour rien demain. Il faudra que je prévienne… Excusez-moi… Vous venez Teal'c ?"
"Samantha Carter m'a proposé de dormir sur son canapé, Daniel Jackson."
"Vous serez plus à l'aise chez moi ! J'ai une chambre d'ami… Enfin, il faudra ranger un peu, mais c'est tout à fait habitable."
"Cela ne contrarie pas vos plans Samantha ?" demanda le Jaffa.
"Je suis persuadé du contraire Teal'c," dit Daniel en se levant. "Ne vous dérangez pas tous les deux, on trouvera la sortie. Très jolie maison Sam !"
"A demain, Samantha, Jack," dit Teal'c en inclinant la tête.
"Je vous raccompagne," répondit la jeune femme.
Elle embrassa ses deux vieux amis et ferma la porte. Elle se retourna et s'adossa sur le battant. Jack n'avait pas bougé. Il aurait dû partir avec eux. Pourquoi est-ce que tu n'as rien dit ? Tu n'as pas assez souffert il y a sept ans ? Tu veux que ça recommence ? Ce type n'est pas pour toi… Tu le sais ! En sept ans, vous aviez le temps de vous retrouver, vous n'étiez plus militaires, ni l'un ni l'autre….
Jack était debout devant l'évier en bras de chemise, les manches retroussées.
"Je me suis servi un autre verre ! J'espère que ça ne vous embête pas ? Vous savez comment sont les vieux célibataires ! Bon alors ? Qu'est-ce qu'on fait ?"
"Pardon Jack ?"
"Vous essuyez ou je lave ?"
Sam éclata de rire. "Je vais essuyer ! Mais je vais me servir un verre aussi. Pourquoi n'avez-vous rien dit ?"
"Il est encore trop tôt Carter. Je vous en ai parlé parce que vous êtes la seule personne que je connaisse qui puisse s'occuper de ce projet. Je ne veux pas donner de faux espoirs à Daniel…"
"A cause de Shaa're ?"
Il hocha la tête. "Oui."
"Vous êtes bien attentionné mon colonel !
"Ne l'ai-je toujours pas été Carter," dit Jack dans un murmure en se tournant vers elle, une assiette mouillée dans les mains.
"Je… Si."
"Ah ! Vous le reconnaissez finalement ?"
"Si vous voulez. Je sais que j'ai été dure avec vous quand le SGC a été dissous. Mais je n'avais pas le choix. C'était une question de survie."
"De survie ? Vous ne croyez pas que vous y allez un peu fort Carter ?"
"Non mon colonel. Quand la porte a été condamnée, j'ai perdu mon père, et vous savez que je ne vois presque plus mon frère."
"Je l'ignorai Carter, je suis désolé."
"Ce n'est pas grave," reprit-elle les yeux embués."Vous trois, vous étiez presque ma famille. Teal'c ne pouvait pas revenir non plus, Daniel avait disparu… et…"
"Et moi je vous ai laissé tomber," conclut Jack le regard dur.
"Oh non ! Ce n'est pas ce que je voulais dire ! "
"Pourtant, vous devriez… J'ai eu peur Carter."
"Peur ? Peur de quoi, mon colonel ?"
"Peur que vous me rejetiez encore une fois."
"Oh… Je ne peux pas vous blâmer. Je l'aurais sans doute fait."
"Pourquoi ? Est-ce que vous le savez au moins ?" dit Jack qui luttait contre l'emportement.
"Oui."
"Et… ?"
"Je… Je ne peux pas vous le dire. C'était il y a longtemps, mon colonel, je ne veux pas reparler de tout ça."
"Comme vous voulez Carter," dit Jack d'un ton sec en entrechoquant les assiettes. "Voilà ! J'ai fini ! Je vais vous laisser. Excusez-moi de vous avoir questionnée… Je n'aurais pas dû."
Il se retourna d'un bloc en reboutonnant ses manches. Sam le regarda faire les bras ballants. Il vit qu'elle pleurait mais résista à la tentation de la prendre dans ses bras. Quel bien pourrait-il en sortir ? Il ne voulait plus qu'elle souffre à cause de lui.
"Vous devez avoir plein de choses à faire !"
"Non.
"Allons Carter, on discutait juste comme ça," lança-t-il lâchement. "Vous me permettez d'utiliser votre téléphone ? Mon portable ne capte rien ici. Il faut que j'appelle l'hôtel."
"Vous êtes à l'hôtel ?"
"Je vous le dirai dès que j'aurais passé ce coup de fil." 
"Vous pouvez dormir ici mon colonel, puisque Teal'c ne profite pas de mon canapé," dit Sam vaillamment sans essuyer les larmes qui roulaient sur ses joues.
"Vous êtes sûre ?"
"Oui," murmura-t-elle, "je vais aller chercher des draps."
"Je vous aide !"
"Non ! … Je veux dire, merci mon colonel, je préfère pas…" répondit Sam en sortant de la pièce.

Elle alla dans sa chambre comme une automate et choisit une paire de draps qu'elle jeta sur son lit. Elle prit un oreiller sous son bras et referma les portes du placard. Quand elle se pencha pour ramasser les draps, elle s'effondra en sanglotant.
Pourquoi est-ce que tu ne peux pas lui parler ? Pourquoi est-ce que tu t'obstines ? Parce que tu lui en veux ? Ce n'est pas à lui qu'il faut en vouloir ! C'est à toi ! Avec ton ego démesuré, ton orgueil, tes principes ! Tout ce que tu es capable de faire, c'est de t'apitoyer sur ton sort encore une fois ?! Regarde-toi !
Secouée par les sanglots, elle prit les draps et l'oreiller contre elle et se recroquevilla sur elle-même.
Soudain, elle fut soulevée de terre et lâcha ce qu'elle tenait.
"Carter ! Si vous me disiez ce qui ne va pas ?" dit Jack dans son oreille.
"Tout va bien, mon colonel…"
"Oui je vois ça."
"C'est juste que… Je suis tellement désolée !" dit Sam en sanglotant de plus belle.
Jack s'assit sur le lit et la prit sur ses genoux. Il se mit à la bercer doucement en murmurant des petits mots pendant qu'elle s'agrippait à lui comme une enfant. Il lui caressa les cheveux et l'embrassa tendrement au coin des yeux.
"Ca va mieux ?"
"Oui."
"Bon."
"Mon colonel ?"
"Oui."
"Est-ce que vous voulez bien dormir avec moi ce soir ?"
"…
"Oh ! Ce n'est pas ce que je voulais dire !
"Je sais, ne vous inquiétez pas Carter.
"Alors c'est oui ?
"C'est oui. Prenez la salle de bain la première. Je vous borderai et j'attendrai que vous soyez endormie pour faire mes ablutions !"
"Merci mon colonel," sourit Carter. "Ne me regardez pas, je dois être affreuse !"
"Comme d'habitude Carter ! Allez ! Au trot !"

*

A l'aube, Teal'c se redressa dans son lit et se rappela de sa mission. Après quelques étirements, il se rendit dans la cuisine et entreprit de trouver du café au milieu du capharnaüm.
"J'ai dormi comme un plomb," annonça Daniel en tombant sur une chaise. "J'ignorai que vous saviez faire le café Teal'c !"
"Le colonel O'Neill m'avait montré. Le major Carter en faisait une grande consommation. Et le colonel n'était pas toujours là pour le lui apporter."
"A vraiment ? Je l'ignorais…"
"Devons-nous rejoindre O'Neill et Samantha ?"
"Nous allons d'abord déjeuner Teal'c ! Il n'est que 6 heures ! Ensuite nous vérifierons si ma théorie est juste !"
"En effet. Vous deviez aussi utiliser votre téléphone."
"Je ne peux pas réveiller mes clients à cette heure-ci Teal'c !"
"Je comprends."
"Dans la matinée, nous appellerons également le général Hammond."
"Je serais heureux de le revoir," répondit sobrement le Jaffa.
"Moi ça m'a fait un choc !! Je ne vous ai pas raconté ? Non, bien sûr."
"Bien sûr."
"Alors voilà," commença Daniel en mordant farouchement dans une tartine, "j'étais au magasin…"

*

Le général invita les quatre amis à s'asseoir.
"Ma belle-sœur m'a obligeamment prêté sa maison cette après-midi," commença Hammond. "Docteur Jackson, êtes-vous sûr de ce que vous avancez ?" dit-il en reprenant naturellement le contrôle de la situation.
"Vous n'avez pas perdu la main mon général," dit Jack en riant.
"O'Neill a raison."
"Mes enfants, mes enfants ! Excusez-moi ! Mais j'aimerais que cette affaire appartienne au passé."
"Vous voulez dire que vous êtes impatient  de retourner aux Bahamas, George ? Je vous ai à peine vu !"
"Non Samantha," la rassura Hammond. "D'ailleurs, si tout se déroule comme prévu, nous serons à Paris ce soir ! Grâce aux contacts du docteur Jackson, je crois que nous avons retrouvé le marteau de Thor !" annonça le général. "Et il n'est plus à Azov !"
"Où est-il ?"
"Dans le nouveau pavillon du musée du Louvre," répondit Daniel. "Ils l'ont exposé là quand le musée a été agrandi. J'ai le catalogue quelque part chez moi. J'ai appelé quelques vieux amis et ils sont impatients de nous voir !"
"Vous n'avez pas dévoilé le but de notre visite Daniel Jackson ?"
"Evidemment non ! J'ai… inventé une histoire à dormir debout ! En y réfléchissant, si j'avais dit la vérité, je crois que ça n'aurait rien changé !" conclut-il en haussant les épaules.
"Les artefacts fonctionnent Daniel ?" demanda Sam.
"En tout cas, ils sont fait l'un pour l'autre !" répondit Daniel en dévisageant Sam et Jack.
O'Neill grimaça d'un air gêné et à la grande joie de Daniel, Sam se mit à rosir délicatement.
"Et bien, il ne nous reste plus qu'à régler les détails !
"J'ai un vol réservé pour Sam et moi," annonça Jack. "Pour Londres. Nous vous rejoindrons demain. Nous avons nous aussi quelques détails à régler."
"Parfait ! Daniel, Teal'c et moi seront au George V."
"Je préfère l'hôtel Meurice. J'ai retenu deux chambres," précisa Jack avec une lueur de défi dans les yeux.
Sam passa du rose au cramoisi. Daniel ouvrit la bouche mais Jack lui intima l'ordre de se taire d'un geste. Teal'c resta impassible comme à son habitude. Quant au général, il se fendit d'un large sourire. Ces deux-là ne changeraient jamais.
Mais il avait bon espoir.

*

LONDRES - septembre 2007

"Je vous préviens tout de suite que je n'ai pas fait le ménage depuis… longtemps," dit Jack en ouvrant la porte de l'appartement.
Il actionna l'interrupteur et s'effaça pour laisser passer l'élégante jeune femme. Elle s'avança précautionneusement en étudiant les lieux. Son tailleur prune mettait en valeur sa silhouette élancée. Avec les talons, elle était sensiblement de la même taille que son compagnon. Elle poussa le courrier que Jack avait jeté là sans l'ouvrir et posa son sac à main sur la petite console en verre. Puis elle laissa tomber son sac de voyage sur la moquette.
Le désordre était indescriptible. Jack se précipita dans la pièce en récoltant au passage des brassées de vêtements et sous-vêtements abandonnés qu'il emporta dans la salle de bain. Il jeta un coup d'œil. La baignoire était propre. Il ne se souvenait même pas quand il l'avait utilisé la dernière fois. Il sortit des serviettes propres et jeta les sales avec le linge qu'il venait de mettre dans la corbeille. Et soupira. Le plus dur restait à faire.
"Vous voulez une bière ?"
"Volontiers !"
"Vous n'avez pas eu trop froid en arrivant à Heathrow ?"
"Ca surprend, je vous l'accorde, mais je m'y ferai ! Merci," dit-elle en prenant la bière. "Heu… Vous n'auriez pas un verre mon colonel ?"
"Si vous vous entêtez à vous croire encore dans l'armée Sam, je n'en vois pas l'utilité."
"Je pourrai avoir un verre Jack ?"
"Je vais voir ce que je peux faire," sourit-il.
Jack préparait une salade en sifflotant. Les pâtes étaient bientôt cuites.
Carter était dans son appartement, dans sa salle de bain et elle l'appelait Jack.
Il rectifia l'assaisonnement de la sauce tomate et apporta les plats sur la table.
Est-ce que je mets des bougies ? Allez ! Pourquoi pas !
Il déboucha la bouteille et alla frapper à la porte de la salle de bain.
"Sam ! C'est prêt !" cria-t-il en l'écoutant chanter sous la douche. "Vous chantez toujours aussi faux major ! Sam ?!"
" … "
"Sam ! Tout va être froid !" dit-il en frappant encore.
Il hésita, fourra les mains dans ses poches, retourna à la cuisine, prit une autre bière. La voix de Sam lui parvenait, étouffée. En se mordant les lèvres, il s'approcha de la porte.
" …"
"Sam," dit-il en entrant, "je vous pose une bière sur le lavabo, si vous voulez venir manger, c'est prêt !"
"Oh ! Excusez-moi je viens tout de suite, vous me passez la serviette, s'il vous plaît ?"
"Tenez," dit-il platement sans la regarder.
"Vous ne pouvez pas savoir comme ça fait du bien !" dit Sam en sortant de la douche enveloppée dans la serviette.
Elle essuya la vitre embuée et se passa les mains dans les cheveux qu'elle essora en les tordant. Jack était paralysé.
"Vous pouvez me trouver un peigne ? Dans la précipitation, j'ai laissé la moitié de mes affaires à la maison," s'excusa-t-elle en riant. "Cela fait tellement longtemps que je n'ai pas bougé que je ne suis pas très opérationnelle je crois !"
"Un peigne, je vais vous trouver ça," dit Jack en faisant un écart pour ne pas la toucher.
Il se mit à fouiller dans un tiroir. Un peigne, un peigne… Sam sortit de la pièce et il se releva.
Sors de là Jack ! Donne-lui son peigne et TIRE-TOI !
Sam revenait.
"Tenez Sam," dit-il en lui tendant l'objet."Je vous laisse la bière…"
"J'en ai pour une minute. Est-ce que nous devons ressortir ce soir ?"
"Heu… Je ne sais pas… Ca vous ferait plaisir ?"
"Pourquoi pas ! En fait c'est juste pour savoir comment je m'habille. Je me sens un peu mal à l'aise dans ces vêtements," dit-elle en désignant le tailleur.
Jack essaya de ne pas voir les sous-vêtements et les bas.
"Si on reste chez vous, je pourrais peut-être mettre quelque chose de plus confortable."
"Faites pour le mieux Carter ! J'ai faim !" répondit-il en sortant en coup de vent.

Qu'est-ce qu'elle veut ? Vas-y Jack, rends-toi ridicule ! C'est toi qui es entré ! Elle n'est pas venue te chercher…
Il retourna à la cuisine et égoutta les pâtes. Il posa le dessus de l'index sur les spaghetti et poussa un petit cri en se brûlant le doigt. Furieux, il avala une gorgée de bière et se passa la main sous l'eau froide.
C'est la tête que tu devrais te passer sous l'eau !
"Ca a l'air délicieux mon colonel, je vous sers ?"
"Absolument !" dit-il en se faisant volte-face.
Il avala sa salive. Sam portait un vieux jean et un tee-shirt noir échancré. Un petit pendentif brillait dans le creux de son cou. Ses cheveux mouillés étaient attachés à la diable et une mèche rebelle s'échappait sur son épaule.
"Si on m'avait dit que je serais à Londres avant hier ! Ca fait des années que je n'étais pas venue en Europe ! Mmmm… Vous devriez venir, ça refroidit. Je ne m'étais pas rendu compte que j'avais aussi faim !"
"Je vous ai fait venir pour vous montrer les plans du projet. Si vous devez diriger le complexe, j'aime autant qu'il soit à votre goût, Carter," plaisanta Jack.
"Je n'ai pas encore pris de décision Jack."
"Raison de plus. Quand vous aurez tous les éléments, vous ne pourrez pas refuser !"
"Je ne sais pas. Je n'ai pas envie de m'expatrier…"
"Vous ne voulez pas revoir Jacob ?"
"Si…"
"… partir en vacances chez Teal'c avec vos neveux ?"
"Bien sûr que si ! Vu sous cet angle, le projet est séduisant, mais…"
"Mais ?"
"Mon colonel, j'aurais dû vous le dire tout de suite. Je ne veux pas diriger un projet dont vous ne faites pas partie."
"Dont je ne fais pas partie !? Vous savez combien va me coûter ce joujou ?"
"Vous ne serez pas là Jack, c'est ce que je veux dire !"
"Bien sûr que je serais là !" répondit-il en la regardant avec ravissement changer d'expression. "Dans les bureaux, au niveau -13. Le commandement n'est que 6 étages plus bas… La porte sera au niveau -24. On n'a pas pu creuser plus loin ! Mais ces vieux tunnels routiers sont une vraie aubaine !"
"Le complexe est dans les Alpes ?"
"Oui. Sous le Mont-Blanc. A nous le ski et la varappe Carter !"
"Je suis très tentée Jack…"
"Alors acceptez ! Je vous montrerai les plans et je peux même vous y emmener ce week-end si vous voulez !"
"C'est entendu ! Un petit café pour étudier ces plans ? J'ai besoin de quelque chose de plus fort, mais je peux vous faire un expresso…"
Jack apporta la tasse sur la table basse et se cala dans le canapé son verre à la main. Sam était agenouillée sur le tapis, les coudes par terre, la tête dans les mains. Elle étudiait les plans.
"Vous avez raison, c'est l'heure de faire une pose ! Mmmm, votre café m'a manqué Jack. C'est extraordinaire! Cette base est exactement conforme à toutes les spécifications que j'avais recommandées dans le Colorado !"
"J'espère bien !"
"Comment cela ?"
"J'ai eu assez de mal à me procurer vos rapports du Pentagone major Carter !"
"Je me disais bien aussi !" Sam éclata de rire. "C'est étonnant… comme si mon rêve devenait réalité."
"Vous voyez Dorothée, tout s'arrange. Je suis certain que quand vous y serez samedi, vous ne voudrez plus en repartir."
"La porte arrive quand ?"
"Elle n'arrive pas, Sam. Elle est déjà là-bas…"
"Quoi, dit Sam en bondissant sur ses pieds. Comment avez-vous fait ?"
"Thor m'a aidé…"
"Thor ?"
"Oui… Vous vous souvenez quand ils ont fermé le programme ? Quelques jours avant j'avais pris contact avec la Tok'ra. Pour qu'il vienne avec ce cargo, vous savez celui qu'on avait utilisé avec Teal'c pour aller chercher Jacob sur Netou ?"
"Oui…"
"On a fait un petit tour de passe-passe."
"Vous avez utilisé les anneaux de transport !?"
"Exactement. Les Tok'ras ont téléporté la porte sur le vaisseau de Thor qui a réalisé une copie très ressemblante."
"Celle qui est au Nouveau-Mexique…"
"En effet."
"Et vous avez téléporté la porte en Suisse."
"A l'intérieur d'un tunnel désaffecté."
"Très ingénieux…"
"N'est-ce pas ? Ca vous étonne Carter ?"
"Pas vraiment mon colonel."
Un silence gêné s'installa. Sam replia les plans, porta le verre et la tasse dans l'évier.
"Vous n'allez pas me faire l'affront de faire la vaisselle Sam !"
"Oh non, je suis bien trop fatiguée. Elle sera encore là demain. Si je me souviens bien, vous êtes toujours debout avant moi… Alors avec un peu de chance, je n'aurais même pas à y toucher !"
"En parlant de se lever Sam, il faudrait se mettre au lit. "
"Je n'avais pas réalisé qu'il était aussi tard. A quelle heure est notre avion ?"
"Pas d'avion Sam ! Nous allons prendre l'Eurostar, c'est bien plus commode."
"Le train qui emprunte le tunnel sous la Manche ? Quelle bonne idée ! Est-ce que vous savez que les ingénieurs qui…"
"STOP ! Je suis toujours moi vous savez…"
"A vos ordres mon colonel !" sourit Sam en faisant un petit salut.
"J'aime mieux ça. Bon… Vous prendrez mon lit, je dormirai sur le canapé."
"Jack ?"
"Oui Carter."
"Ca vous ennuie si nous dormons encore ensemble cette nuit ?"
"Heu…"
Jack mit les mains dans ses poches et hésita. Puis il se lança.
"Pourquoi ?"
"Disons que j'ai encore besoin d'un ours en peluche cette nuit, Jack, et vous êtes le seul que j'ai sous la main," dit-elle en rougissant.
"Je ne sais pas Sam."
"Dites oui mon colonel ! Je ne ronflerai pas !"
"Mais je l'espère ! Bon. Mais cette fois, je prends la salle de bain en premier. "
Jack laissait le jet d'eau chaude lui masser le dos.
Ce qu'il attendait depuis qu'il l'avait vue pour la première fois dans cette salle de réunion du SGC arrivait enfin et il n'avait pas le droit de la toucher. Il avait à peine dormi la nuit précédente de peur de se laisser entraîner dans son sommeil à faire quelque chose qu'il regretterait. Elle dormait déjà quand il s'était couché à côté d'elle en retenant sa respiration. La tension provoquée par les quelques heures passées immobile dans le lit de Sam avait été si grande qu'il sentait que ses muscles étaient encore noués. Sa jambe le faisait toujours souffrir le martyre.
Il sortit de la douche et attrapa une serviette. Il grimaça en se regardant dans la glace. Il remit un sparadrap sur son sourcil. Un coup frappé à la porte le sortit de ses pensées.
"Je peux me brosser les dents ?" appela Sam derrière la porte.
"Absolument ! J'ai…"
"Merci. Je commence à tomber. Je ne pourrais plus me relever si j'attends cinq minutes de plus," déclara-t-elle en entrant.
"… terminé."
"Oh, excusez-moi".
"De quoi ?" dit-il en mettant une serviette autour de sa taille. "Ce n'est pas la première fois que nous partageons une salle de bain Carter," répondit Jack plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu. "Revenez," dit-il à Sam qui battait en retraite.
Elle le fait exprès ou quoi ? Qu'est-ce que c'est que cette tenue ! Je vais être obligé de m'allonger à côté d'elle et elle met un débardeur microscopique et un… caleçon ? Les Simpson ? Je rêve ! Elle a un caleçon Simpson !
"Merci Jack. Je croyais que je pouvais entrer."
"Pas de malaise, tout baigne. Je dois prendre des affaires à côté de toute façon."
Où est ce foutu pyjama ? J'ai dû finir par le jeter…
Il enfila en hâte un pantalon de survêtement et se précipita dans le lit en laissant la serviette sur le sol.
C'est là qu'elle était couchée, évidemment il a fallu que je prenne le mauvais côté !
Il s'empêtra dans les draps en essayant de changer de côté et finit par se retrouver au milieu du lit défait.
Sam sortait de la salle de bain.
"Je peux éteindre la lampe de chevet ?"
"Bien sûr. Bonne nuit Carter. Et pas de ronflement !"
Il entendit un petit rire et sentit le matelas qui bougeait sous son poids.
"Bonne nuit mon colonel," murmura-t-elle en déposant un baiser au hasard sur son visage.
Elle s'allongea et se coucha contre lui comme si elle avait toujours dormi avec son supérieur. Le bras de Jack l'encercla tout naturellement et il enfouit son nez dans sa nuque.
"Vous portez toujours le même parfum Carter."
"Je crois."
"Mon bras ne vous gêne pas ?"
"Non mon colonel."
"Vous êtes sûre de ce que vous faites ?"
"Je n'ai jamais été aussi sûre."
"Dans ces conditions, je ne peux pas vous promettre de me comporter comme un ours en peluche."

*

PARIS, Musée du Louvre - septembre 2007

"Ne vous inquiétez pas général. Je suis certain qu'ils vont arriver. Jack m'a téléphoné à l'hôtel ce matin. Le train a sans doute du retard."
"Je ne m'inquiète pas Daniel. Disons que j'ai un pressentiment."
"J'ai aussi un pressentiment général Hammond," déclara le Jaffa.
"Je pense que nous avons tous le même. Eric !! Comment vas-tu ? Ca fait un bail !" continua Daniel en français.
Bonjour messieurs, je suis Eric Brochant. Enchanté de faire votre connaissance. Si vous voulez bien me suivre. J'ai parlé à notre conservateur et il a hâte de vous rencontrer."
"Nous attendons encore deux amis…"
"Daniel ?
"Eric, pourrais-tu parler anglais ? Mes amis ne parlent pas ta belle langue," s'excusa l'archéologue.
"Evidemment ! Je suis confus messieurs. Daniel me dit que nous attendons encore quelqu'un ?"
"Ils ne devraient plus tarder. Un contretemps sans aucune doute. Je suis pourtant sûr de leur avoir indiqué le numéro de la salle."
Le Jaffa s'était éloigné discrètement. Il détaillait les objets exposés. Le marteau d'Odin, identique à celui qui gardait la porte des étoiles de Files\Fichiers communs occupait le centre de la grande salle. Aucun doute n'était possible.
"Très belle copie," dit le Français. "Nous avons dû malheureusement garder l'original en sous-sol pour éviter qu'il ne continue de se dégrader."
"Jack, Sam ! Je vous présente Eric, un vieil ami."
"Enchantée."
"Bonjour. Désolé, mais vous venez d'entendre tout mon français monsieur," dit Jack en lui serrant la main.

*

Jack pestait.
Des ronds de jambes et encore des compliments et des phrases creuses. Qu'avait bien pu leur raconter Daniel ? Quand vont-ils se décider à leur montrer le marteau ? Si seulement il pouvait se rapprocher de Daniel et lui faire comprendre que les dernières fouilles en Egypte n'étaient pas vitales pour leur mission. Il fallait toujours que ça prenne des heures dès qu'il s'agissait de laisser faire l'archéologue.
Le général commençait aussi à perdre patience. Il affichait un sourire mécanique.
Sam grignotait des petits fours d'un air absent, les yeux fixés sur O'Neill.
"Daniel me met hors de moi ! On ne va tout de même pas passer la journée dans les salons du conservateur !"
"Faites comme moi mon colonel, pensez à autre chose," sourit-elle en clignant de l'œil.
"Major ! Vous êtes sûre de ne pas encore avoir attrapé un virus ? Je vous trouve bien grivoise."
"Ca vous déplaît, Jack ?" ronronna-t-elle en entrouvrant les lèvres.
"Sam ! Je t'en prie ! Ne me fais pas ça," supplia O'Neill.
"Quoi donc ? Ca ou ça ?"
"Tu es infernale !"
"Mais non," dit Sam en lui fourrant un petit four dans la bouche. "Je vais parler à Daniel. La plaisanterie a assez duré."
"Il semblerait que Samantha Carter a enfin réussi à vous séduire O'Neill," dit la voix de basse de Teal'c dans le dos de Jack.
"Teal'c ! Vous m'avez fait peur."
"Ce n'est pas une réponse O'Neill."
"Ca ne vous regarde pas Teal'c ! Oui, elle a réussi," ajouta-t-il avec un grand sourire.
"Je vous présente mes félicitations O'Neill. Je croyais ne pas vivre assez vieux pour connaître cet instant."
"Depuis quand faites-vous des blagues idiotes mon ami ?"
"Depuis mon retour sur Chulak. Les plaisanteries idiotes se montrées tout à fait satisfaisantes pour remonter le moral des Jaffas."
"Ah !"
"Je dois vous remercier de m'y avoir initié O'Neill."
"Pas de quoi. Je crois qu'il est temps de parler de la fondation Phoenix au représentant du gouvernement français…"
"De quelle fondation s'agit-il ?"
"Je vous raconterai…"

*

Quelque part en Italie - septembre 2007

Au petit jour, Sam et Jack avaient laissé derrière eux le nouveau complexe du Mont-Blanc. La brume qui dissimulait les neiges éternelles s'effilochait laissant présager une journée splendide.
"Je ne comprends toujours pas comment vous avez fait pour installer le marteau d'Odin sur le nouveau site mon colonel."
"La Phoenix Foundation For Research a le bras long, je vous l'ai déjà dit. Tant que la France reste persuadée qu'il s'agit d'un emprunt, nous mettons le monde en sûreté. Mon personnel est en train de plancher sur la réplique."
"La réplique ?"
"Que nous leur restituerons en décembre."
"Je vois."
"Ce sont les meilleurs vous savez ! Ils ont travaillé avec Spielberg et Disney."
"C'est incroyable !"
"Ca m'a pris surtout un temps fou Sam. Mais je suis content d'être arrivé à mettre sur pied ce projet et à le rendre opérationnel."
"Je peux vous demander quelque chose ? D'où sortez-vous le nom de cette fondation ? Je suis sûre d'en avoir déjà entendu parler."
"Le contraire m'étonnerait ! Le monde entier en a entendu parlé Carter. Vous vous rappelez de cette vieille série qui s'appelait MacGyver ?"
"Je me disais bien," dit Sam en éclatant de rire.
"Voilà on est arrivé !" annonça Jack. "C'est une voie que j'ai ouverte il y a quelques mois, je suis certain que ça va vous plaire, elle n'est pas très difficile. Je vais vous assurer et vous n'aurez qu'à me suivre. Si jamais vous dévissez, n'oubliez pas qu'il vaut mieux éviter de gesticuler major."

"Jack, c'est magnifique !"
"Je vous avais dit que ça vous plairait. Sam, avez-vous pris une décision ?
"Je crois oui."
"Et… ?"
"Je dirigerais votre complexe Jack. Mais j'ai carte blanche n'est-ce pas ?"
"Absolument," répondit-il en la prenant dans ses bras.
"Tu en as parlé à George et Daniel ?"
"Ils arrivent la semaine prochaine. Ils veulent se faire une idée avant de me donner une réponse."
"Et Teal'c ?"
"Teal'c sera notre consultant offworld ma chérie."
"Bien. Il ne me reste plus qu'une dernière chose à vous demander."
"Je vous écoute major."
"Avez-vous déjà fait l'amour en Italie à 3500 mètres d'altitude, mon colonel ?"


FIN
Stargate-SG1 - Metro-Goldwyn Mayer Inc. / UA - MGM Worldwide Television - Gekko Corp - Double Secret Productions - Scifi Channel - all rights reserved