SOUVENIR AU PRESENT © Xeen 23 juillet 2001 genre : Jack Sam romance, étrange. résumé : pendant un week end hors de la base de Cheyenne Mountain, le colonel O'Neill fait un drôle de rêve… spoiler : la 5ème race, la Tok'ra, et certainement d'autres à vous de me le dire ! disclaimer : Stargate-SG1 - Metro-Goldwyn Mayer Inc. / UA - MGM Worldwide Television - Gekko Corp - Double Secret Productions - Scifi Channel - all rights reserved avertissement : les personnages ne m'appartiennent pas, sauf ceux que j'ai créés et: je ne reçois aucune rémunération pour l'écriture de cette histoire. * 1...... Jack s'assit sur le bord de son lit et rejeta furieusement les couvertures. La nuit était calme, le vent soufflait doucement par la fenêtre entrebâillée. On pouvait entendre la rivière couler en contrebas et la lune se découpait dans l'embrasure de la porte qu'il avait laissée grande ouverte. Rien ne pouvait venir le déranger ici au milieu de la nuit, à part des ratons laveurs en maraude. Pas de menace extra-terrestre, il était seul, face à ses démons. Rageur, il bondit hors du lit en bataille et se mit à faire les cent pas, ses pieds nus foulant le sol à grandes enjambées nerveuses. Pourquoi faisait-il encore ce rêve ? Toujours le même depuis des années; l'événement qui avait brisé sa vie et anéanti sa relation avec Sarah. Il soupira et se mit à frissonner. La nuit était douce mais il était en nage et commençait à avoir vraiment froid. D'un air décidé, les lèvres pincées et le regard dur, il se dirigea vers la cuisine et sortit de la poche de son blouson un portefeuille fatigué, cadeau de son ex-femme. Sous la lumière violente et crue du néon, il resta là un moment immobile, respirant à peine, le portefeuille à la main, hésitant. Brisé par l'émotion, il s'appuya sur la table et reprit ses esprits lentement. Tout cela ne le menait nulle part. D'accord, il faisait et refaisait toujours le même rêve et ça changeait quoi ? Son fils était mort par sa faute. Rien ne pourrait le faire revenir. Il tapa d'un poing rageur sur la table. Son existence était absurde. Une fois de plus son major, SON major, l'avait laissé partir pêcher seul; au moment où il s'était retrouvé devant les portes de l'ascenseur en train de s'ouvrir, il avait songé à rebrousser chemin et à tout lui dire. Mais lui dire quoi ? Que lui, un militaire de carrière sur le retour, brûlait d'un feu inextinguible pour son major ? La jolie femme ne lui aurait certainement pas ri au nez. Elle était son amie après tout. Ils se connaissaient depuis des années et jamais elle n'aurait eu une attitude susceptible de le blesser. Il n'aurait pas supporté que son regard si limpide se pose sur lui avec compréhension et embarras. Il savait les mots qu'elle aurait prononcés et ne voulait à aucun prix les entendre. Grâce à sa présence lumineuse, il avait repris goût à la vie et il fallait qu'il s'en contente. Point final. Le règlement ne viendrait pas le contredire … Au moment où il allait jouer le tout pour le tout et retourner au labo, alors qu'il hésitait encore à sortir du complexe, il avait entendu un bruit de pas derrière lui. Empêchant les portes de se refermer, il s'était rué dans l'ascenseur. Si jamais quelqu'un l'avait vu dans l'état où il était, les rumeurs seraient allées bon train et le Général Hammond n'aurait pas manqué de le questionner. Plus le temps passait, plus il savait qu'il ne pourrait rester indéfiniment dans l'active. Inutile de lui donner un motif de le mettre sur la touche de SG-1 pour des raisons d'ordre psychologique. Il frissonna à nouveau et enfila son blouson. Quelle allure, pensa-t-il en voyant son reflet dans la fenêtre, non mais regarde-toi ! Qu'est-ce que tu espères ? Son corps pâle et musclé lui faisait face. Même en caleçon, il pouvait encore rivaliser avec les plus jeunes de ses hommes. Mais était-ce suffisant pour Samantha ? Avait-il le droit de gâcher leur amitié au nom de ce désir stupide que son cœur ne pouvait faire taire ? A quoi bon? Il avança la main pour éteindre la lumière trop brillante et échapper à son propre regard avant de s'effondrer sous le porche de la petite cabane où il s'était réfugié comme à son habitude. Son pied frôla quelque chose. Il tâtonna dans la pénombre et ses doigts rencontrèrent le portefeuille qu'il avait laissé tomber. "Décidément, Jack, marmonna-t-il, "tu deviendrais sénile que ça ne m'étonnerait pas." Lentement il sortit une petite photo de Charlie. Il passa tendrement le gras du pouce sur le visage de l'enfant et les larmes qu'il avait retenues depuis son réveil se mirent à couler sans retenue. La lune était voilée et lui seul pouvait savoir ce qu'il tenait à la main. Il n'essuya pas les larmes et laissa retomber sa tête dans ses bras repliés sur ses longues jambes. Il voulait que Charlie soit là, qu'il ne soit jamais rien arrivé, qu'il n'ait pas été assez inconscient pour laisser son arme de service à sa portée. A quoi bon… Il avait détruit la vie de deux personnes irrémédiablement et transformé la sienne en enfer. Accablé, il remit lentement la photo à sa place, se leva et alla s'habiller. Il ne pouvait pas rester là. Il lui fallait de l'action, tout de suite. Ses amis lui manquaient cruellement en cette minute mais jamais il n'avait abordé le sujet avec eux et ne le ferait jamais. Tirant la porte derrière lui, il partit à grands pas dans la nuit sans regarder en arrière. * Teal'c se tenait très droit comme à son habitude, le visage du Jaffa paraissait totalement inexpressif, du moins pour quiconque le voyait pour la première fois. Sa carrure imposante rendait le Dr Jackson frêle et chétif, même si le corps souple et musclé de l'archéologue déclenchait les regards appréciateurs de bon nombre de membres féminins de la base. Il regardait posément Daniel s'agiter devant la table de réunion, éparpillant les papiers et les reclassant. Il semblait souvent à Teal'c que les porte-documents de Daniel Jackson étaient sans fond, au regard des liasses impressionnantes qu'il en faisait sortir. La bouche charnue du Jaffa se plissa d'un sourire presque invisible quand il vit le mouchoir de son ami dépasser de sa poche. Il avait dû profiter de son absence du SGC pour arrêter le traitement anti-allergique prescrit par le Dr Fraiser, pensa-t-il. Cela prévoyait beaucoup d'amusement pour la prochaine mission… Absorbés par leur tâche respective, les deux hommes n'entendirent pas le major Carter arriver ni s'asseoir à son tour. Contrairement à son habitude, elle ait opté pour l'uniforme strict de l'armée de l'air. Quand elle croisa les jambes, les deux hommes se retournèrent vers le bruissement, surpris. Elle était rayonnante bien qu'elle ne fût pas sortie de la base depuis au moins quatre jours. "Wow, Sam, vous êtes fantastique," murmura Daniel avec un clin d'œil à Teal'c." Vous devriez nous montrer ces jambes plus souvent," ajouta-t-il en haussant le ton. "Absolument Daniel Jackson," opina Teal'c, très pince sans rire. "Quel dommage que Jack soit encore en retard !" Daniel pouffait maintenant. Le Jaffa haussa un sourcil interrogateur. "Pourquoi Daniel Jackson ?" "Oui pourquoi ?" commenta le Général Hammond qui faisait une entrée fracassante. Sam rougit sans raison apparente et Daniel se cacha le visage de la main, dissimulant son fou rire derrière une mèche de cheveux. Le général s'assit et alla tout droit au but. "Votre mission s'annonce sans grand intérêt. Nous n'attendrons donc pas le Colonel O'Neill. La sonde n'a rien enregistré qui puisse nous intéresser sur P3X-2345, mais je vous demande d'aller jeter un coup d'œil pour confirmer. Nous n'avons détecté aucune forme de vie animale ou humaine. Nous avons maintenant confirmation qu'une pluie de météores datant de plusieurs siècles a rendu l'écosystème fragile et les Goa'Ulds ont probablement transféré la population sur une autre planète. Cette clémence les honore bien qu'ils ne soient guère coutumiers du fait." "Il doit s'agir des Asgards, général," intervint Daniel avec précipitation. "Eux aussi ont transporté des populations entières sur d'autres planètes. Mais jamais ils ne les auraient livrées à un sort aussi funeste." Teal'c opina silencieusement. "Vous demanderez au Colonel de bien vouloir se rendre à la porte dans une heure," dit le général, coupant court aux explications de Daniel. "Vous pouvez disposer," ajouta-t-il d'un air pincé et se dirigeant vers son bureau sans un regard en arrière. Teal'c se leva posément et Daniel entreprit de ranger son abondante paperasse. "Où est O'Neill," demanda Teal'c. "Aucune idée," répondirent les autres en cœur. En haussant les épaules, Daniel fit dégringoler une partie de la pile qu'il tenait à la main sur le sol et Sam s'accroupit pour l'aider. "Mon dieu Sam, ne faites pas ça…" commença Daniel. "Pas de problème," sourit la jeune femme. -… devant Jack," termina Daniel en pouffant. "Il pourrait se faire des idées !" Sam piqua un fard et sortit précipitamment à la suite de Teal'c. Dans le couloir elle ralentit l'allure et laissa son esprit vagabonder. Elle savait qu'elle aurait dû accepter son invitation. Elle voyait bien qu'il ressentait plus que de l'amitié pour elle. Mais si elle se trompait ? Etait-elle assez bien pour lui ? Il la protégeait continuellement au cours de leurs missions. Par crainte qu'il ne lui arrive quelque chose ou parce qu'elle était une femme ? Ses états de services bien que remarquables pour une militaire de son âge ne pouvaient en aucun cas rivaliser avec la brillante carrière de Jack O'Neill. Elle répéta son prénom avec gourmandise dans sa tête et un sourire radieux illumina son regard azur et fit se retourner sur son passage les hommes de troupe qui la croisait à ce moment. En passant devant la chambre du colonel elle ralentit le pas, et s'arrêta presque pour frapper. Après tout, elle avait mis cet uniforme pour lui seul. Mais elle renonça. Tant pis, se dit-elle, les occasions ne manqueront pas. Le cœur léger, elle alla se préparer pour leur nouvelle mission. * Un raton laveur, attiré par le bruit d'une porte grinçant au vent entra prudemment dans le garde-manger de la cabane d'O'Neill. Celle-ci était déserte. Il se dépêcha de ressortir, sa crainte des humains reprenant le dessus quand il eut senti les effluves de l'odeur du colonel provenant de la chambre. Mais le lit défait était vide et la maison livrée à l'abandon. L'animal se réfugia sous la jeep et se lécha une patte. Pourquoi l'humain laissait-il cette abomination puante sur SON territoire même quand il n'était pas là ? Il se lécha la patte avec vigueur et redescendit vers la rivière proche en quête de son déjeuner, en faisant un large détour pour éviter de passer trop près d'un blouson d'aviateur et d'un jean abandonnés sur le sentier. * C'était le branle-bas dans la salle de la Porte des Etoiles. Les derniers préparatifs mis en place, le bruit de la porte en mouvement couvrait les voix. Dans la salle de contrôle le Général Hammond discutait avec un technicien et les ordinateurs clignotaient rapidement. Teal'c, son bâton bien en main, attendait ses compagnons de route avec pragmatisme. Daniel arriva en courant, bouclant les attaches de son barda, et se prenant les pieds dans les sangles. C'est un miracle qu'il soit encore de ce monde, pensa Teal'c avec philosophie en regardant le jeune archéologue se débattre avec l'équipement. Le major fit son entrée. Impeccable, détendue et souriante. "Où est le colonel," demanda-t-elle en jetant un rapide coup d'œil autour d'elle. "Nous ne l'avons pas encore localisé Major," intervint la voix inquiète du général Hammond. "Est-ce que l'un d'entre vous l'a vu depuis jeudi soir ? Il n'est pas rentré à la base et son portable ne répond pas. Avez-vous des suggestions ?" Sam avança dans la lumière de la salle de contrôle. "Il allait pêcher, mon Général ! Il doit être sur le chemin du retour…" "Il a peut-être crevé," nasilla Daniel, coincé dans son barda, son mouchoir à la main. "Dr Jackson," l'interrompit une voix féminine, "où en êtes-vous de votre traitement ?" Devant l'air penaud de Daniel, elle ajouta. "Vous vous rendrez à l'infirmerie dès votre retour de P3X-2345 ! Je vous attends." "Il peut vous y rejoindre tout suite, Dr Fraiser," gronda le Général ainsi qu'il le faisait chaque fois qu'il était inquiet pour ses hommes. "Nous devons mettre la main sur le Colonel O'Neill. La mission est ajournée." Les trois compagnons échangèrent un regard troublé. Pourquoi ai-je refusé son invitation, pensa Sam. Pourvu qu'il n'ait pas décidé de mettre à exécution ce qu'il avait l'intention de faire lors la première mission sur Abydos… Déterminée, elle tourna les talons pour échapper au regard inquisiteur des personnes présentes. * Les hommes du SGC ne perturbaient en rien la vie animale autour de la maison du colonel. Les sonneries stridentes du téléphone cellulaire avaient depuis longtemps chassé dans leur retraite tous les habitués des lieux. Carter cherchait fébrilement dans la maison une trace de son colonel. MON Colonel… combien de fois avait-elle prononcé ces mots. Elle essayait parfois d'exprimer ses sentiments à son égard dans simples mots mais elle savait être vigilante et ne s'était allée à ce petit jeu que quand ils étaient seuls. Elle repensait à ses bras autour d'elle, la protégeant pendant les combats ou la dissimulant des regards dans l'antre d'Hathor, ils n'avaient pas vécu tout cela ensemble pour qu'il mette fin à ses jours seul près de cette rivière. Elle ne le supporterait pas. Elle entra timidement dans la chambre de son supérieur et regarda soigneusement autour d'elle. Des photos encadrées, des vêtements soigneusement pliés sur un petit coffre en bois, une carafe d'eau et un verre sur un chevet, une longue vue devant la fenêtre entrouverte, pointée vers les étoiles, ces étoiles où ils étaient allés ensemble. Ensemble… Etouffant un sanglot, elle s'assit sur le lit et passa la main sur les draps froissés. "Jack, où es-tu ? Ne m'abandonne pas," dit-elle doucement. Elle enfouit son visage dans l'oreiller et crut que son cœur allait éclater. "Vous m'avez parlé Major ?" demanda le Major Norton sur le seuil de la pièce. "Non, du nouveau ?" articula Sam avec des tremblements dans la voix, en se redressant précipitamment. Elle évitait de le regarder. "Pas que je sache, Major, mais nous quadrillons le périmètre. Le colonel ne peut pas être loin. Sa jeep est là derrière sous l'appentis. Son sac de voyage est posé sur le siège avant. Il a probablement voulu faire un tour avant de retourner à la base." Devant l'inquiétude qui se lisait sur le visage du major Carter, il eut un pincement de cœur. Cette merveilleuse jeune femme lui appartient corps et âme. Quel imbécile ! Il est bien le seul à ne pas le remarquer. "Nous avons la situation bien en main, Major," ajouta-il d'un ton neutre. Il aurait voulu la prendre dans ses bras et lui dire qu'elle pouvait compter sur lui. Mais le règlement le lui interdisait et il ne la connaissait pas assez pour passer outre. Sans rien ajouter, il tourna les talons en laissant la jeune femme effondrée sur le lit. Toute énergie l'avait quittée. Enfin, elle était dans SA maison et Jack avait disparu. S'il lui était arrivé quelque chose, elle ne s'en remettrait jamais, pensa-t-elle en laissant libre cours à ses larmes. Le Major Norton qui franchissait le seuil entendit les sanglots et baissa la tête. Il allait retrouver le Colonel. D'un geste sans réplique, il barra l'entrée à Daniel et l'entraîna à sa suite à la recherche de Jack. * Jack sortit de sa torpeur. Il avait parlé à Charlie. Il était vivant ! Ils avaient discuté longuement des problèmes que l'enfant rencontrait à l'école, du fait que son père était rarement là et bien trop sévère quand enfin il leur faisait l'honneur d'être avec eux. Il lui avait dit à quel point sa mère souffrait de ces absences et combien elle regrettait qu'ils ne puissent partager tous les trois un bonheur paisible. Jack avait expliqué qu'il ne pouvait changer sa vie et abandonner sa carrière mais aussi qu'il les aimait tous les deux et qu'il ferait tout pour le comprendre mieux et ne plus le soumettre à cette discipline quasi militaire qu'il lui imposait. L'enfant avait souri et au lieu de monter dans sa chambre comme après leur dispute était parti avec deux copains qui passaient à ce moment-là vivre sa vie de petit garçon. Jack se souvenait d'avoir ramassé la balle et rangé le gant. Tout cela avait l'air tellement réel… Il se rendit compte qu'il s'était endormi dans sa barque. C'était un rêve bien différent, songea-t-il. Les sonneries de son téléphone l'avaient réveillé. "Foutu engin," marmonna-t-il en reprenant lentement ses esprits. Il faisait jour et le soleil était déjà haut. Emmitouflé dans la vieille couverture qu'il laissait toujours là, il avait sombré dans le sommeil après avoir consumé son désespoir et s'être épuisé à nager à contre-courant pendant ce qui lui avait semblé des heures. Il ne se souvenait même pas de s'être endormi là et encore moins de s'être déshabillé. Où diable avait-il laissé ses vêtements ? Il s'assit et entreprit de regagner la berge car le courant avait éloigné la barque du rivage. Renonçant à se haler, il mit pied à terre et fit quelques brasses. L'eau était délicieusement froide. Soudain dégrisé, il se rendit compte qu'il avait manqué le briefing de 9 heures et sans doute la mission. Il jura entre ses dents et sortit de l'eau. Le corps ruisselant, il remonta au pas de course. Quelque chose n'allait pas, tous ses gens autour de chez lui, que se passait-il ? Anxieux, il accéléra la cadence. Personne ne semblait remarquer sa présence au milieu du chemin en pente. Ne le voyaient-ils pas ? Quelque chose cloche, grimaça-t-il contrarié. Il s'arrêta pour attraper ses vêtements au passage mais sa main traversa le tissu sans effort et se referma sur le vide. Il se redressa, tout son corps en alerte. Oui, il y avait vraiment quelque chose qui clochait. 2...... Les trois Nox se regroupèrent autour de la table que Jack avait installé dehors en prévision de la venue de Sam. Ils observaient l'agitation qui régnait autour la petite cabane avec placidité. "Elle nous avait prévenue," dit Akdyla. "Mais je ne voulais pas les croire. Comment peuvent-ils prétendre siéger au Conseil avec les Anciens ? Ce sont des brutes à peine sorties de l'âge de pierre," ajouta-t-il avec mépris. "Ne sois pas aussi rigide Akdyla," répliqua Gylla, "ils sont jeunes encore, mais pleins de promesse, c'est pour cela que l'on nous a demandé de venir en aide à Jonathan O'Neill, il est d'une grande sagesse…" "Oui, ne les juge pas si vite et observe-les. Tu comprendras vite, Akdyla," acquiesça le troisième Nox. "Ils méritent que l'on considère leur candidature au Conseil." "O'Neill le mériterait peut-être mais les autres semblent loin d'être prêts, Tyava. Je serais patient," conclut Akdyla en hochant la tête en signe d'apaisement. "Lui permettre de voir son fils vivant dans la deuxième réalité a peut-être été une erreur. S'il découvrait le moyen d'y revenir ailleurs qu'en rêve, le chaos en résulterait inévitablement. Et tout espoir serait perdu pour la race des Tauri." "Mais il devait savoir que son fils vivait, cela devait être dit," sourit Gylla, "l'avenir de notre propre race en dépend aussi, les prophéties sont claires. Si l'enfant de Samantha et de Jonathan ne vient pas au monde, toutes les races risquent de disparaître. Nous devons à tout prix leur venir en aide," plaida encore la jeune Nox. "Taisons-nous et observons. Jonathan a son destin entre les mains à ce moment et il doit trouver seul la voie. Le rêve l'aidera à trouver son chemin dans l'obscurité qui a envahi sa vie…" * Les hommes se regroupaient devant la cabane. Personne n'avait trouvé trace du colonel. Un des hommes portait à la main les vêtements que le colonel avait abandonnés dans le chemin. L'air sombre, Teal'c explorait du regard la petite vallée, méthodiquement. Daniel essayait de réconforter Sam, qui avait repris contenance mais faisait pâle figure. Le secteur avait été passé au peigne fin sur deux kilomètres carrés sans résultat et les troupes devraient bientôt regagner la base sous peine d'attirer la curiosité des autochtones. "Aucune trace du colonel O'Neill, oui mon général, bien mon Général," aboya le Major Norton. "A vos ordres mon Général ! Nous rentrons à la base," dit le major en se tournant vers Teal'c et Daniel. Il haussa les épaules en signe d'excuse : il ne faisait qu'appliquer les ordres. Jamais il n'avait eu l'occasion de partir sur le terrain avec O'Neill mais il tenait de ses camarades que le colonel était un gradé vraiment hors du commun. En dépit de la présence du major Carter et du Dr Jackson, c'était bien souvent le colonel qui avait sorti tout le monde des plus mauvais pas. Pour ne pas dire toujours. Il jeta un coup d'œil au Major Carter, son désarroi faisait peine à voir. Jamais il n'avait vu la jeune femme dans un tel état. Les rumeurs doivent être vraies, pensa-t-il. Tant qu'elles n'arrivent pas aux oreilles de Hammond… Sam s'était détournée. Le visage ravagé par l'angoisse, elle retournait les paroles de Jack dans son esprit. "Alors Major!! Qu'allez-vous faire pendant ces quatre jours ? Une partie de pêche? Ça vous tente ? Avec moi!! En amis, bien sûr !" "Heu… c'est à dire mon col…" "Bon à lundi alors Major, amusez-vous bien avec vos piles à machinchouette et vos déclencheurs de trucmuche!!" Et il avait tourné les talons. Elle avait hésité, avait essayé de le rappeler mais une fois arrivée dans le couloir, elle l'avait vu s'engouffrer dans l'ascenseur comme si sa vie en dépendait. Elle avait alors pensé qu'il avait vraiment besoin de repos… …pourvu que… Pourquoi abandonnaient-ils la partie aussi vite était au-delà de son entendement. Elle ne voyait pas les yeux attristés des hommes sur elle, ne les entendait pas qui parlaient entre eux à voix basse, désorientés par son chagrin. Ils pouvaient chercher encore ! Draguer la rivière, fouiller les bois ! Elle voulait le revoir, même mort. Jamais elle n'avait envisagé de le perdre de cette façon, sans avoir pu lui dire à quel point il était devenu important pour elle, sans pouvoir le serrer dans ses bras et lui dire qu'elle l'aimait. Elle y avait souvent pensé et au cours des missions les plus critiques, elle s'était préparée à tout lui avouer, mais l'occasion ne s'était jamais présentée. Ou plutôt si, mais elle n'avait pas pu franchir le pas…. L'amertume emplissait son esprit. Elle avait été incapable de les aider dans leurs recherches et maintenant elle leur reprochait d'abandonner. Elle était trop injuste. Elle avait surtout été injuste envers Jack, car elle avait refusé de lui accorder sa confiance en refusant de lui dévoiler ses sentiments. Mon dieu, qu'avait-il dû ressentir quand son fils avait disparu. Une douleur fulgurante la traversa et elle hoqueta. Avec sollicitude, Teal'c l'entoura d'un bras protecteur et la fit rentrer dans la cabane tout en continuant de scruter les environs. * Le soldat imperturbable ramassa les vêtements du colonel et entreprit de fouiller les poches. Jack lança le bras pour les attraper à nouveau mais sans succès. "Hé là, c'est à moi!! Qu'est-ce que vous faites!" protesta Jack. "Vous croyez que je vais me présenter au rapport en petite tenue!! Qu'est-ce que c'est que cette blague," commença–t-il, mi-figue mi-raisin, "je vous ai dit que c'était à…" " Nous avons retrouvé les effets du colonel," hurla le soldat, "Major Norton, c'est bien à lui, il y a un portefeuille avec ses papiers d'identité…" "Je vais voir s'il n'a pas laissé une note ou une lettre," acheva le major en se rapprochant. Il baissait le ton en jetant des regards au major Carter à la dérobée. Il avait fait partie de la première mission sur Abydos et tout le monde savait que le colonel avait eu l'intention de la transformer en mission suicide à son profit. Il avait été surpris de le voir sortir de sa retraite pour y participer et heureux de voir que son supérieur reprenait goût à la vie en compagnie des membres du SG-1. Enfin, surtout grâce au major. Ce n'est pas le moment, songea-t-il en fronçant les sourcils, pourvu que je ne trouve rien. "Mais enfin, arrêtez Major, je suis là," hurlait maintenant Jack en balançant les bras avec force grimaces pour récupérer le portefeuille, "n'y touchez pas, c'est à moi, vous n'avez pas à fouiller dans mes affaires !" Peine perdue. Personne ne le voyait ni ne l'entendait. Dépité et furieux, il s'attaqua à la dernière portion du chemin. Bizarre, il n'avait ni chaud, ni faim, ni soif... Est-ce que je suis mort ? pensa-t-il. Et de se pincer. "Aie ! Non, je ne suis pas être mort. Hé ouvrez les yeux je suis lààààà… De rage, il marcha tout droit et traversa le corps d'un des hommes de troupe. Sans s'arrêter, il se rua à l'intérieur de la cabane. Il allait pêcher ça le calmerait, mais d'abord il devait s'habiller. Il n'allait quand même pas passer la journée en boxer short ! Il se précipita dans la chambre oubliant que son sac était resté sur le siège de la jeep. Il s'arrêta interdit à la vue de Sam qui examinait les photos posées sur la commode. Que faisait-elle là occupée à regarder les photos de son fils ? Il se figea en la voyant sourire et caresser le petit visage de Charlie. Il s'avança pour lui parler, lui dire que Charlie était vivant, qu'il l'avait vu, touché. Plus il y pensait, plus il savait que ce qui s'était passé la nuit précédente était la réalité. Peut-être pas la sienne, mais une réalité. C'était tout ce qui lui importait. "Pourquoi pas après tout, ce n'est pas moi le scientifique, Major," continua-t-il à haute voix. Mais le Major ne tressaillit même pas et continua d'inspecter les lieux. Elle s'assit devant la lunette et regarda le ciel, si bleu, si limpide. "Tes yeux sont comme ce ciel, Sam," murmura Jack en se penchant doucement vers elle, "ils sont l'azur dans lequel je me noie." Aucune réaction. Heureusement, pensa-t-il in petto. Débiter des fadaises pareilles à mon âge. Je suis peut-être mort finalement et mon fantôme revient la hanter. Il sautillait sur place très mal à l'aise, sa fameuse grimace se transformant graduellement en rictus. Joignant le geste à la parole, il entoura la taille de Sam de son bras droit et remit en place une petite mèche rebelle. Etonnamment, son bras ne la traversa pas comme cela avait été le cas du soldat, et il pouvait même sentir son cœur battre et le sang pulser dans les veines de son cou. Il embrassa doucement sa tempe et se pencha pour lui baiser les lèvres mais elle se leva avant qu'il n'atteigne à son but. Elle passa la main dans ses cheveux et la petite boucle retomba rebelle sur son front. Jack soupira. "Major, vous ne voudriez pas m'expliquer ce qui se passe par hasard ? Et cette fois-ci, j'aimerais bien comprendre, alors appliquez-vous !" Sam regarda dans sa direction mais son regard passa loin derrière lui comme s'il n'existait pas. C'est seulement à ce moment-là, qu'il commença à avoir peur. * "Il faut arrêter l'expérience Akdyla, Jonathan a peur, je sens qu'il va se perdre. Pourrons-nous le rattraper hors de ce monde s'il échoue ?" dit Tyava d'une toute petite voix. "Non, c'est au-delà de nos pouvoirs," répondit-il. "Nous ne pouvons que le laisser agir sans réagir. Il doit passer l'épreuve." * Jack était désarçonné, c'était un moment à la fois délicieux et terrible. Il aurait pu faire tout ce qu'il voulait, raconter les pires bêtises, mais il n'avait pas le cœur à ça. Comment lui faire comprendre que je suis là ? pensa-t-il, totalement désemparé. Sam s'approcha du lit et il tenta de lui faire face, de pénétrer ses pensées. Mais en pure perte, il la voyait, pouvait la toucher mais elle ne le voyait pas, ne le sentait pas. Etait-il dans une autre dimension ? Est-ce qu'il rêvait à nouveau? Il souleva le petit coffre et le laissa retomber sur son pied. Les vêtements empilés se déplacèrent légèrement et il se mit à hurler de douleur en sautant à cloche-pied en se tenant le pied. IL ne passait pas au travers de tout… "Merde, ça fait mal!!" hurla-t-il, sans faire réagir le moins du monde Carter. Déséquilibré, il chuta sur le lit défait au moment où Samantha se décidait à s'asseoir. Sa main fine le caressa au même moment qu'elle lissait les draps défaits et il oublia la douleur pour la regarder. Elle pleurait, ou elle avait pleuré… Se peut-il qu'elle tienne à moi ? pensa-t-il, même un tout petit peu ? Oh mon dieu, mais…. elle pleure vraiment??!! Il sentit son cœur sauter dans sa poitrine et se redressa à demi pour l'embrasser. "Jack, où es-tu ? Ne m'abandonne pas," murmura Sam au même moment avant de s'abandonner contre lui. Il la vit qui enfouissait son visage ravagé par la douleur dans l'oreiller et crut qu'il allait mourir de bonheur. "Je suis là, Sam chérie, je t'…" "Vous m'avez parlé Major ? demanda le Major Norton qui s'apprêtait à entrer. Sam se redressa avec embarras et il faillit tomber du lit. "Non, du nouveau ?" Jack entendit avec délice sa voix se briser et passa doucement ses doigts sur ses lèvres. "Pas que je sache, Major, mais nous quadrillons le périmètre. Le colonel ne peut pas être loin. Sa jeep est là derrière sous l'appentis. Son sac de voyage est posé sur le siège avant. Il a probablement voulu faire un tour avant de retourner à la base." Le visage du Major Norton se crispa. Il sait, pensa immédiatement Jack. Son secret n'était donc pas si bien gardé. Il s'était douté que Daniel le soupçonnait mais il n'avait jamais envisagé d'être le sujet des ragots de la base, surtout si ces ragots impliquaient le major. Quel imbécile il était. Il aurait dû tout lui dire et tant pis pour ce foutu règlement ! Il s'aperçut que le major faisait partie de l'équipe d'Abydos et se rasséréna. Peut-être que pour quelqu'un qui connaissait le O'Neill d'avant Sam, espéra-t-il… Le major continuait essayant d'être imperturbable devant les larmes de la jeune femme. "Nous avons la situation bien en main, Major." Jack aurait voulu la prendre dans ses bras et la rassurer, lui dire qu'elle était tout pour lui. Cette fois, fini le règlement, il l'épouserait et il démissionnerait s'il n'y avait pas d'autre solution. Pour ce que l'armée lui avait apporté ! Il ne pouvait plus se passer d'elle. … et Charlie est vivant !! Il faut que je le dise à Sam. Il se retourna mais elle avait éclaté en sanglots. Désespéré, il l'entoura de ses bras et la couvrit de baisers. * "Jonathan ne doit pas apprendre que dans l'autre réalité il a perdu la vie sur Abydos…" "Jonathan doit le savoir." "Les réalités sont multiples, mais elles existent toutes au point d'origine." "Pour les connaître elles doivent être acceptées, sinon le chaos s'en suivra." "Taisez-vous maintenant," ordonna Akdiva. "Je veux être sûr que le Jaffa ne va pas contrarier nos plans." * "Daniel Jackson ?" "Oui Teal'c." "O'Neill est là." "Quoi?! Où ?" "Je sens sa présence." "Où Teal'c !? Je ne vois rien." "Il faut voir avec les yeux du cœur Daniel Jackson." Daniel poussa un soupir à fendre l'âme et ferma les yeux. 3........ CHEYENNE MOUNTAIN COMPLEX " Alors où en êtes-vous de vos recherches Major Norton ?" demanda le Général Hammond sur un ton peu amène. " Aucune trace du colonel O'Neill…" "Aucune trace ?" coupa le général abruptement. C'était impossible. Si O'Neill avait voulu se supprimer, il savait qu'ils ne retrouveraient jamais son corps. "Vous avez circonscrit tout le périmètre ? Et 100 hommes ne peuvent en retrouver la trace du Colonel O'Neill ? Etes-vous sûr que vous n'avez rien négligé ?" "Oui mon général…" "Abandonnez les recherches, nous ne voulons pas attirer l'attention sur nous." "Bien mon Général !" "Et repliez-vous en couvrant votre passage. Pas de convoi. C'est bien compris Major ?" "A vos ordres mon Général ! Bien mon Général," aboya le Major Norton. "A vos ordres mon Général!" Nous demanderons de l'aide aux Asgards, pensa le général. Il connaissait le lien étrange qui unissait Jack au peuple des Gris. Jamais ils n'avaient élucidé ce qui s'était réellement passé entre le colonel et les Asgards lors de leur première rencontre. Le cerveau de Jack saturé par la technologie alien avait effacé tout souvenir exploitable. Mais il avait, contre toute attente, établi une relation durable avec les gris. Sans doute ont-ils le même sens de l'humour. Jack lui en avait parlé au moment des négociations menées avec les Grands Maîtres. Il avait peine à le croire, mais après tout, pourquoi pas ? Il faut de tout pour faire une galaxie, lui avait dit le petit alien, comment s'appelait-il déjà ? Il faut que je retrouve son nom. Les Asgards accepteraient d'aider le SGC s'ils savaient O'Neill en danger. Du moins il l'espérait. Il soupira et décrocha à nouveau son téléphone et appela son aide de camp. Soucieux, il claqua le combiné et fit pivoter son siège vers la sortie. Il allait demander à Jacob si la Tok'ra pouvait les aider à contacter les Asgards. Jacob comprendra, se dit-il. Il a bien vu les sentiments que sa fille nourrit envers son supérieur. Et ceux du colonel. C'est un secret de polichinelle. Il n'aurait quand même pas dû jouer les entremetteurs ? Bon sang, mais pourquoi ont-ils attendu si longtemps, pesta Hammond en franchissant le seuil de son bureau comme un boulet de canon. Si Jack était porté disparu, il allait perdre les deux meilleurs éléments du SGC sans compter deux amis. Il se hâta vers la porte des étoiles. * Au dehors, les recherches continuaient et Jack s'évertuait à désigner des indices aux hommes chargés de le retrouver en faisant force mimiques et gesticulations. L'impatience commençait à le gagner. Maintenant qu'il connaissait les sentiments de Sam à son égard, il lui tardait de retrouver le chemin de la "maison". En voyant un soldat piétiner une trace de ses pas, il leva les bras au ciel, rejeta la tête en arrière et se mit à jurer en se tapant sur les cuisses. Il résolut de les laisser faire et de trouver un autre moyen de communiquer. Dommage qu'il n'ait pas les talents de ce type à la télé, comment il s'appelait déjà ? Un nom écossais. Ca allait lui revenir. McGyver ! C'est ça McGyver ! Ce type aurait pris un bout de ficelle et une bouteille vide et du sparadrap et en deux coups de cuillère à pot, il se serait téléporté dans la bonne dimension ! Non ça, c'est Star Trek… ou Quantum Leap ? "Oh ! Et puis merde ! Où sont Daniel et Teal'c, curieux que je ne les ai pas encore vus…" Désœuvré, il partit donc à leur recherche. Il vit que Norton interdisait toujours l'entrée de la maison. Il faudra que je le remercie, songea Jack, après… Peut-être que non après tout, pensa-t-il en faisant le tour du propriétaire à grandes enjambées. Il ralentit en passant devant la table qu'il avait installée dehors pour prendre ses repas ou simplement boire une bière au soleil. "Tiens ! Je boirais bien une bière !!" C'était bon signe, presque 18 heures s'étaient écoulées et il avait enfin envie de boire quelque chose !! Ne tentons pas le diable, se dit-il, je ne suis même pas sûr de pouvoir ouvrir la glacière. Il s'arrêta net. Il avait vu quelque chose. Non plutôt entendu quelqu'un parler. Il dépassa la table puis revint sur ses pas pour en faire le tour, indécis, passa les bras en cercle dans toutes les directions, puis reprit son chemin vers la jeep en secouant la tête. Il fit volte-face brusquement mais rien. Il avait dû rêver… Combien de dimensions peuvent se superposer ainsi, pensa-t-il ? Peut-être que je suis juste … déphasé ? Il faut que je demande à Carter, se dit-il aussitôt avant de se souvenir que c'était impossible à moins qu'il trouve une solution à son problème. Non pas qu'il comprît les réponses qu'elle apportait à ses questions (pourtant il essayait, juré), mais il aimait bien la voir lui expliquer ses trucs de scientifique. Il la trouvait encore plus jolie quand elle s'emballait et développait toutes ces grandes théories auxquelles il ne comprenait goutte. Le plus souvent il ne savait même plus ce qu'il avait demandé quand elle avait fini… Il commençait à en avoir vraiment assez de cette histoire. Qui pouvait lui jouer un tour pareil ? Il s'approcha de la voiture et trouva Daniel au volant de la jeep qui conversait avec éloquence avec l'immense Jaffa. Manifestement les deux hommes avaient préféré laisser Sam seule à moins que le major Norton n'ait joué au garde du corps avec elle et empêché tout contact. "Si vous ne pouvez rien faire, alors qui le pourra Teal'c ?" disait Daniel. "Etes-vous sûr que les Goa'Ulds ne peuvent pas avoir attenté à la vie de Jack ? Il a dû être enlevé…" "Ohé Daniel, c'est moi !" dit Jack en agitant la main. "… ou il s'est noyé ou, je ne sais pas moi !" s'emporta Daniel en martelant le sac de voyage de Jack avec conviction. "Je vous ai manqué ? Daniel ? Hé ! Attention, il y a mes lunettes là-dedans ! Si vous les cassez, il va falloir que je recommence tout ce cirque et s'ils s'en aperçoivent en bas je suis bon pour la casse !" "Daniel Jackson ?" "Oui Teal'c." "O'Neill est là." "Quoi ?! Où ?" Daniel se tournait et se retournait sur le siège, mais il ne voyait rien. "Je sens sa présence. "Où Teal'c !? Je ne vois rien !" "Il faut voir avec les yeux du cœur Daniel Jackson." Impressionné, Jack donna une bourrade sur l'épaule du Jaffa et se fendit d'un large sourire. "Ben voyons ! Facile à dire Teal'c! Alors comment on fait ça ? * " Le Jaffa ne dira rien, Akdyla, il est perspicace." "Oui, mais Jonathan l'est aussi… s'il découvre notre plan… Taisez-vous maintenant ! Il nous a presque vus en passant tout à l'heure." * "Je ne peux rien faire général," dit Selmak. Un bref éclair blanc traversa ses yeux clairs et s'éteignit. Le Général comprit qu'il était plus inquiet qu'il ne voulait l'admettre. "Les Tok'ras ne peuvent intervenir dans les décisions du Conseil." "Quoi ?! Jacob, parle-moi, s'il te plaît ! Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Est-ce que tu sais quelque chose ?" Le Tok'ra baissa la tête puis la releva en souriant doucement. "Non George, je ne peux rien, et personne n'y peut rien. Le colonel est tout seul sur ce coup. Mais je peux te donner l'assurance que la vie de personne n'est en danger." "Facile à dire, on n'a retrouvé que quelques vêtements sur place." "Je te dis de ne rien tenter, George, fais moi confiance." "Mais explique-moi au moins ! J'ai déjà rappelé la troupe. Seuls les membres de SG-1 sont là-bas." "C'est bien," dit Jacob. "Il ne faut en aucun cas intervenir. Espérons qu'il n'est pas trop tard." Selmak reprit la parole. "Cela nous est interdit, général. Sachez seulement que le futur de la 5ème race en dépend." "Vous voulez dire que nous avons enfin des chances d'être acceptés à siéger au Grand Conseil ?" "Oui général, et bien plus encore. Mais le colonel O'Neill doit trouver la voie seul," ajouta le Tok'ra. "C'est tout ce que je suis autorisé à vous expliquer pour l'instant…" "Selmak, il faut prévenir Samantha, qu'elle arrête de se torturer," dit Hammond en décrochant son téléphone. La main du Tok'Ra se posa brutalement sur celle du militaire. "A votre place, je n'en ferais rien, général." Et le général sut qu'il ne s'agissait pas d'une menace mais d'un constat. Il soupira et posant les coudes sur son bureau en joignant les deux mains. "Espérons que je ne vais pas le regretter, Jacob." Son vieil ami le fixa droit dans les yeux et répondit en souriant. "Elle est aussi ma fille, George, ne l'oublie pas." * Teal'c était allé à la pêche, Daniel noircissait des feuilles de notes pendant que Carter regardait pensivement les bûches qui brûlaient dans la cheminée. Le soleil éclairait la pièce principale d'un éclat particulier. Comme elle a l'air perdu, songea le Colonel O'Neill en regardant la lumière du couchant jouer dans ses cheveux blonds. Et épuisée. Il l'avait vu battre les broussailles et draguer la rivière, abattant plus de terrain que 10 hommes réunis. Si seulement je pouvais lui faire comprendre que je suis là. Lui faire un signe… Ils vont bien trouver le moyen de me sortir de là, bon sang ! Il se mit à arpenter la pièce. Quels éléments avaient-ils ? Rien, absolument rien ! Il faut que je trouve quelque chose. "Une idée Carter ?" dit-il. Il se campa comiquement devant le major mais même sa propre plaisanterie le mit mal à l'aise quand il vit le visage ravagé de Sam. La porte de la cuisine claqua et Daniel leva les yeux au-dessus de ses lunettes. En éternuant à plusieurs reprises, il rejoignit le Jaffa dans l'office et entreprit de nettoyer les prises. Pour une fois qu'ils viennent, je ne peux même pas aller à la pêche ! C'est pas vrai ! J'espère que Teal'c n'a pas détruit le matériel ! Et Jonathan sortit comme une flèche pour vérifier l'état de ses cannes à pêche. Il lui fallait un dérivatif à son angoisse. Samantha se redressa, aux aguets, se retourna en direction de la porte d'entrée. Elle soupira avec lassitude. Elle entendait des voix maintenant. Elle était sûre que Jack était dans la pièce, qu'il lui avait parlée. Elle l'avait vu, non pas vu, se dit-elle en secouant la tête, plutôt senti. C'était la fatigue. Elle se leva à son tour pour rejoindre ses deux compagnons dans la cuisine. L'odeur du poisson qui cuisait lui souleva le cœur et elle entreprit de mettre de l'eau à chauffer pour se faire un thé ou un café bien fort. Elle fouilla dans les placards impeccablement rangés et son cœur se serra un peu plus. J'aurais du venir mettre un peu de désordre plus tôt, songea-t-elle. * Les Nox avaient quitté leur poste d'observation et regardaient les Tauris qui mangeaient en silence, perdus dans leurs pensées. "Le Jaffa sait, mais il ne continuera à se taire. Jonathan est son ami," murmura Gylla. "Je le crois aussi," répondit Tyava. "Soyons patients. Nous serons vite fixés." "Où est Jonathan ?" "A la rivière, il nage." "A-t-il abandonné ?" "Non, mais son esprit est troublé. Laissons-le réfléchir," conclut Akdyla. * Jack fit quelques brasses paresseuses et regagna la berge debout dans l'eau en traînant les pieds sur l'épaisse couche de vase. Pourquoi pouvait-il marcher, nager, et pour autant traverser les gens et les objets ? Comment donc Teal'c avait-il fait pour revenir avec tout ce poisson sans utiliser son matériel ? Peut-être avec le zat' ? Non, décida-t-il, il ne lui avait vu aucune arme aujourd'hui. Bof, encore une question supplémentaire, se dit-il. Il remarqua que le jour était tombé sans qu'il s'en aperçoive et qu'il frissonnait en sortant de l'eau. Bizarre. Il n'avait eu ni froid, ni soif, ni faim de la journée. Est-ce qu'il était revenu? Soudain, il réalisa qu'il s'était baigné et séché dans la couverture sans problème. Peut-être les effets de… quoique ÇA pouvait être étaient dissipés. Plein d'appréhension et d'espoir, il remonta la côte à petites foulées souples. * Les trois amis s'étaient réfugiés devant la cheminée et restaient murés dans leurs pensées. Daniel, se passa les mains dans les cheveux et soupira à fendre l'âme. Il allait proposer à Sam de la ramener chez elle, ils n'avaient plus rien à faire ici. Il se retourna et posa sa main sur le bras du major. Il se rendit compte qu'elle avait succombé à la fatigue. Ce n'est pas le moment de la réveiller, songea-t-il. Il fit discrètement signe au Jaffa et lui demanda par gestes de la transporter dans la chambre de Jack. Sans effort, Teal'c souleva la jeune femme épuisée et alla la déposer sur le lit. Il se retira sur la pointe des pieds laissant Daniel lui enlever ses chaussures et la recouvrir. "Ne t'en fais pas Sam, on va le retrouver," chuchota Daniel à l'oreille de Samantha. "Il ne peut pas être bien loin." Le major gémit dans son sommeil. * Quand Jack entra dans la grande pièce sombre, il ne vit personne mais entendit des bruits dans sa chambre. Il se précipita à l'intérieur sans déclencher aucune réaction. "Ohé!! Je suis là !" cria-t-il en virevoltant autour de Daniel et Teal'c au risque de réveiller Sam. Il entendit Carter gémir. Est-ce qu'elle l'entendait ? Oh bravo !! Ils l'avaient mise dans son lit ! Que cherchaient-ils? Le torturer encore davantage ? Il se précipita hors de la chambre en coup de vent. La savoir allongée là lui était presque insupportable. Il sentit son estomac vide se contracter violemment et se plia en deux sous l'effet de la douleur. Daniel et Teal'c sortaient silencieusement de la chambre. A voix basse, ils décidèrent de leur campement pour la nuit. Daniel resterait près de Sam à l'intérieur sur le vieux canapé et Teal'c monterait la garde à l'extérieur, son symbiote lui permettrait de veiller sur les deux terriens endormis. Daniel ne discuta pas, il tombait de sommeil et il s'installa sur le canapé sans protester. Il était endormi avant même d'avoir enlevé ses lunettes. Le Jaffa sortit à pas lents de la maison et tira la porte derrière lui. Sa haute silhouette se découpait devant la lune. Jack s'assit devant la cheminée qui rougeoyait encore, mais plus le temps passait plus il se rendait compte qu'il ne pourrait résister à l'envie de retourner auprès de Samantha. Après tout où était le mal ? Il l'avait cent fois regardée dormir à l'infirmerie ! Plus il y pensait, plus il s'agitait sur la chaise. "Mais, au fait ? C'est comme si je n'étais même pas là…" murmura-t-il. Désorienté par cette idée, il se leva d'un bond et secoua Daniel. Enfin il essaya. Car sa main passa désespérément au travers du bras du jeune archéologue. Il jura entre ses dents. Il ne se trouvait plus d'excuse pour reculer. "Oui, c'est ça ! Vas-y Jack," se morigéna-t-il. "Allez, vas-y mon vieux, du courage…" Il observa Teal'c à la dérobée et s'approcha avec hésitation de la porte de la chambre. "Allez, un petit effort, tu y es presque," dit-il entre ses dents. Et il posa la main sur la poignée en laiton. Son bras traversa la porte jusqu'au coude. Qu'à cela ne tienne, ce serait encore plus simple ! Il entreprit de traverser la porte mais son corps rencontra une résistance. Comme une couche spongieuse et caoutchouteuse. Il tenta de forcer. Rien n'y fit. En bon militaire, il prit du recul et fonça sur la porte mais rebondit et se retrouva assis par terre. "Aie!! Ça fait mal !" Il crut entendre la voix de Sam appeler Daniel et retint sa respiration. Et bien voilà, je suis coincé avec lui. Il faudra que je lui dise de prendre ses médicaments. Je déteste les hommes qui ronflent. * "Crois-tu qu'il va trouver le passage ?" demanda Gylla. "Il le faudra bien, sinon NOTRE futur est aussi en danger," répondit Tyala d'une voix étouffée. [suite] |
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