Stargate-SG1 - Metro-Goldwyn Mayer Inc. / UA - MGM Worldwide Television - Gekko Corp - Double Secret Productions - Scifi Channel - all rights reserved |
[back] SOUVENIR AU PRESENT (suite) © Xeen 23 juillet 2001 * 4.......... Quelque part au Minnesota. Samantha rêvait. Ses paupières bougeaient doucement, ses yeux roulaient dans les orbites et sa respiration était irrégulière. "Mon Colonel, où étiez-vous ?" "… "On vous a cherché partout!!" "… "Mon Colonel ? Ça va? Répondez-moi !" "Alors Dorothée ? On est arrivé au bout de la route en briques jaunes ?" Jack se fendit d'un sourire sarcastique à son adresse. "Mon Colonel ?!" "Vous avez perdu Toto ?" "Toto, mon Colonel ?" "Ben oui le chien!! Allez, réveillez-vous Carter, on n'est pas en avance." Et le colonel la dépassait sans ralentir et remontait vers la cabane. Désorientée, elle le suivit et le retrouva au volant de la jeep. "Je vous emmène Carter ou vous rentrez à pied ?" "Mais mon Colonel !" "Allez Carter, on y va ! Arrêtez de bégayer comme ça. Un peu de route et ça ira mieux," ajoutait Jack avec une mimique en mettant le contact. "Le vent va vous réveiller. Il lui fit un clin d'œil." "…" "Pour une fois que vous m'accompagnez à la pêche, vous n'allez pas faire toute une histoire parce qu'on est un peu en retard pour rentrer à la base !" "??!!!" "Ça vous a plu au moins ?" Sam s'installa et la jeep démarra en trombe. Arrivée à la jonction du chemin et de la route principale, elle rebondit dans un nid de poule. Sam se réveilla à moitié. On avait frappé. "Daniel ?" appela-t-elle. Seul le silence lui répondit. Elle se retourna et se rendormit. * CHEYENNE MOUNTAIN COMPLEX "Chevron 5 enclenché…" "Chevron 6 enclenché…" Le major général Hammond, observait les préparatifs de départ de SG-7 d'un air absent. La Tok'ra n'avait pas donné signe de vie. Le colonel était toujours manquant. "Chevron 7 enclenché…" Norton avait fait un rapport circonstancié à son retour à la base et ne pouvait lui fournir aucune explication un tant soit peu valable. Les autres membres de SG-1 étaient restés sur place. "Ouverture de la porte ! Le vortex est en place, mon colonel," ajouta l'homme à la console. Ils vont peut-être trouver quelque chose. Laissons-leur un peu de temps. "Vous pouvez y aller SG-7," lança Hammond dans le micro. "A la semaine prochaine !" D'un air las, il regagna son bureau sans regarder autour de lui. * "Réfléchis, Jack ! Réfléchis !" se répétait O'Neill. Il était retourné s'asseoir devant le feu mourant. Les coudes posés sur les genoux, la tête appuyée sur ses poings serrés, il serrait les dents et s'impatientait. Jamais il n'aurait dû demander à Thor de lui enlever toutes ses sornettes de son crâne. Il aurait pu y trouver quelque chose d'utile… maintenant. Une bûche craqua dans l'âtre et Jack releva la tête et vit une flammèche s'envoler dans le conduit. Mais oui !! "Daniel ! Pourquoi est-ce que je n'y ai pas pensé plus tôt ! Il leva la main pour taper sur l'épaule de Daniel endormi mais ce ravisa. Peut-être pas après tout," marmonna-t-il. Seulement, il va falloir que je trouve un moyen de m'habiller, sinon… Est-ce que c'est assez large au moins ? Joignant le geste à la parole, il passa la moitié du corps dans la cheminée sans se soucier de la chaleur. Il se retenait au manteau pour voir le plus loin possible sans risquer de tomber. Oui, ça devrait aller… Il se râperait au passage, mais il pouvait y arriver. "Daniel ? Qu'est-ce que vous en pensez ? Si je m'habille c'est mi…" Un scintillement blanc l'enveloppa. "…eux ou pas ?" Il se retourna vers Daniel mais tout avait disparu. Il était de retour sur le vaisseau de Thor. * Teal'c sourit dans la pénombre. La huitième prophétie s'accomplissait sous ses yeux. Ainsi, tout n'était pas que mysticisme et affabulations sur Chulak. Difficile de faire la part des choses quand les Goa'Ulds vous maintiennent sous leur joug et entretiennent les croyances. Il se tourna vers sa droite et sourit à nouveau en inclinant la tête. "Attendons, mes amis," dit-il solennellement. Seul un bruissement imperceptible lui répondit tandis que l'air se troublait. * VAISSEAU DE THOR "Heu… Y a quelqu'un ??" Jack se pencha et regarda de tous les côtés mais le Gris n'était nulle part en vue. "Hé Thor ? C'est moi !! Je suis rentréééé…. Qu'est-ce qu'on mange…" Il fut interrompu par une voix douce. "O'Neill, je vous ai fait venir car je vous dois une explication." "Oh vous êtes là ! Merci ça va et vous ??" "Vous devez accomplir votre destin plus tôt que prévu." "Ah oui, mon destin, bien sûr." "Nos ennemis ne nous laissent aucun répit et ceci est peut-être le dernier acte que nous pourrons accomplir pour sauver la Tauri." "Sauver la Tauri ??" "Votre fils est l'élu, Jonathan." "Charlie ? Mais il est mort!! Vous n'allez pas me tourmenter avec ça aussi. Je l'ai tué." "Dans votre réalité, il s'est tué par accident, Jonathan, mais dans les autres réalités il est toujours en vie." "…" "Il ne s'agit pas de Charlie." "Allons bon !" "Mais du fils à venir." "Oooh, je vais être papa, hein ? Et vous allez me présenter la future maman c'est ça? Je vous préviens, pas de blague, je ne…" "S'il ne naît pas, vous perdrez votre fils dans toutes les réalités. Et la Tauri risque de disparaître." "… veux pas recommencer encore une fois. Le fils de cette Reetou est mon seul "fils" vivant et sans la Tok'ra, je l'aurais perdu aussi." "Votre fils est l'élu Jonathan, rappelez-vous." "Quoi ? Attendez un peu ! J'ai pas tout suivi. L'élu ??" Un scintillement blanc l'enveloppa à nouveau "Quel élu ?" Mais il était de retour sur Terre. Seulement il avait progressé. Il était dans sa chambre et Samantha Carter dormait dans son lit, agrippée à son oreiller. * LE BUREAU DU GENERAL HAMMOND Le général se concentrait sur son rapport et ses doigts couraient sur le clavier à toute vitesse. On frappa. Se retourner, il releva la tête et dit d'une voix forte. "Oui, entrez !" Il replia sèchement le couvercle de son ordinateur et se tourna vers la porte qui s'ouvrait à la volée. "Général, nous avons capté un transfert d'énergie au-dessus de la zone des Grands Lacs." "Humaine ou extra-terrestre, sergent ?" "Impossible de localiser son origine, mon Général !" "Vous avez décrypté les banques de données ?" "Oui mon général, mais les spécialistes s'interrogent." "Expliquez-vous sergent !?" "Il semblerait que les données enregistrées par notre satellite géostationnaire ont été effacées et réécrites, mon général." Le général s'impatienta. "Envoyez-moi tout de suite le lieutenant Simmons. C'est bien lui qui travaille sur ses données ?" "Oui mon général, tout de suite mon général." Sans attendre, le soldat referma la porte sur un bref salut et partit dans les coursives au pas de gymnastique. Pensif, Hammond s'adossa dans son large fauteuil et plissa le front. Etait-ce les Asgards qui tentaient d'aider Jack ?? * Gylla se leva pour se dégourdir les jambes. La jeune Nox commençait à trouver le temps long. Elle se rapprocha du Shol'va avec circonspection. Ainsi c'était lui l'ancien Primat d'Apophis qui avait sauvé la mère de l'Elu ? On disait que sa relation hors norme avec Jonathan était exceptionnellement forte. Etrange de savoir que le Jaffa et le Tauri aient développé cette solide amitié, basée sur le respect mutuel et la confiance. Mais le Conseil était formel. Teal'c aurait défendu Jonathan au mépris de sa vie, l'occasion se fût présentée. A ce moment, le Jaffa la regarda droit dans les yeux et lui sourit. "Attendons, mes amis." En hâte, elle rejoignit les deux autres Nox et ils continuèrent d'attendre sous la lune que le rêve commence. * Jack avait longuement hésité. Il ne voulait pas troubler le sommeil de Sam qui dormait maintenant paisiblement. Il avait contemplé son visage éclairé par la lune et avancé la main pour dessiner le contour de sa bouche. C'était tout ce qu'il avait osé faire. Il avait pensé à s'asseoir sur le bord du lit et à rester là à la regarder dormir jusqu'à son réveil, mais il avait finalement préféré s'installer sur le fauteuil devant la fenêtre. Avec nervosité, il essaya d'orienter la lunette d'observation. "Jack, tu es un véritable crétin !" s'exclama-t-il avec dépit avant de se jeter un coup d'œil vers le lit. La forme allongée n'avait pas réagi. Le rythme d'une respiration régulière répondit à sa sortie. "Bon, pas la peine de t'apitoyer sur toi-même. Thor a fait ce qu'il pouvait mais manifestement la balle est dans ton camp, mon grand !! Allez ! Sinon tu vas te transformer en homme de Fer Blanc!" dit-il pour lui-même dans un murmure. Il sourit malgré lui et se mit à ajuster la lunette. Après tout, ce ne serait pas la première fois qu'il passait la nuit à regarder les étoiles. Et ça l'aidait généralement sinon à prendre des décisions du moins à réfléchir au moyen de les prendre. Ses doigts agiles effectuaient les réglages avec la précision de l'habitude. Voilà, pensa-t-il, tout ce que je suis capable de faire. Faire joujou avec une lunette. Je peux combattre les Goa'Ulds, survivre dans les prisons irakiennes et négocier des traités, mais je suis incapable de la séduire. Son divorce avec Sarah avait fait de lui un homme incapable de gérer ses relations avec les femmes. Il pouvait se laisser embarquer dans des relations éphémères, mais ne faisait jamais le premier pas. Il se rendait bien compte qu'il n'aurait pas eu à forcer la chance pour avoir dans son lit beaucoup de jolies femmes, mais il avait passé l'âge de s'étourdir de conquêtes faciles. Non qu'il recherchât la stabilité, mais son cœur était pris ailleurs. Pourtant dieu sait s'il avait regimbé quand on lui avait imposé la présence de la brillante capitaine Carter du Pentagone au sein de SG-1. Au fond de lui, il savait que c'était pour la forme. Son attitude cabocharde et hardie l'avait immédiatement conquis. Non seulement, elle savait le remettre à sa place mais aussi contester ses ordres à propos. Il reconnaissait bien volontiers en son for intérieur qu'elle avait imprimé un humanisme éclairé à leurs missions. C'était elle qui était dans le vrai. L'armée ne pouvait plus fonctionner de la même manière depuis la découverte d'autres formes de vie. Seuls des imbéciles comme ce salopard de Maybourne continuaient à raisonner comme au temps de la guerre froide. Lui le dur à cuire avec une femme comme elle sous ses ordres ? Et intelligente pour ne rien gâcher. Mon dieu, il se sentait comme un petit garçon à côté d'elle. Vaincu, il se leva et alla s'allonger auprès de son major en prenant bien soin de ne pas faire de mouvements brusques et en retenant sa respiration. La fraîcheur de la couche le surprit et il retint à grand peine un frisson. Après tout, il n'avait toujours pas pu s'habiller. Le plus doucement possible, il souleva le drap et se blottit comme un enfant contre le corps tiède du major qui soupira et se retourna l'entourant de son bras. Contre toute attente, le colonel s'endormit aussitôt. * Les Nox s'étaient levés. Gylla fit bouffer ses cheveux arc-en-ciel et s'étira paresseusement. Ils joignirent leurs mains frêles et commencèrent leur incantation d'une seule voix pleine et claire qui résonna dans la vallée et s'envola au-dessus du lac sans ride. "Maîtres du rêve, venez à nous, venez maintenant et que la prophétie s'accomplisse !" 5.......... QUELQUE PART AU MINNESOTA Daniel se retourna dans son sommeil. Le feu s'était éteint et il avait un peu froid. Il enfonça son chapeau sur sa tête, enleva les lunettes qu'il avait toujours sur le nez et se rencogna au plus profond du canapé. Il se demandait où pouvait se trouver Teal'c mais il faisait confiance au Jaffa. S'il avait dit qu'il veillait, il veillait. Il ne semblait pas inquiet au sujet de Jack, donc tout allait certainement s'arranger. Sans y penser davantage, il se rendormit du sommeil du juste. S'il avait regardé à l'extérieur, le spectacle l'aurait certainement pris de court. Le vaisseau féerique des Nox bouchait une partie de l'horizon cachant la lune à son déclin. Le grand Jaffa se leva et adressa un signe de connivence aux trois Nox. Il s'inclina ensuite cérémonieusement et tourna les talons pour reprendre sa faction devant le porche. Mais les elfes avaient déjà disparu. Et avec eux le vaisseau qui un instant plus tôt projetait cette ombre gigantesque sur la cabane de Jack. Teal'c s'étendit plus confortablement et se plongea dans le kelno'reem. * "Maman, viens. Il est l'heure." Le visage de Sarah rongé de douleur se leva vers celui de son fils qui le dominait de sa petite taille. Elle était effondrée dans le véhicule officiel. Elle ne pouvait pas aller au bout de tout cela. Assister aux funérailles, serrer des mains, faire bonne figure. Elle l'avait cru. Cru qu'il reviendrait toujours. Il lui avait promis. Mais il n'avait pas tenu sa promesse. L'armée y avait veillé. Elle avait fait sa connaissance quand il était jeune aspirant. Il avait tellement fière allure au bal de sa promotion. Elle y était venue par hasard. Son amie Heather ne voulait pas de cavalier attitré ni s'y rendre seule. Elle avait suivi. Elle avait rompu avec Colin des mois plus tôt et c'était sa première sortie. Jonathan O'Neill l'avait éblouie. Il était tout ce qu'une femme pouvait souhaiter, spirituel, charmant, grand et joli garçon !! Elle avait résisté une semaine à ses assauts et deux mois plus tard ils étaient mariés. Cette période de trois mois avait été la plus heureuse de sa vie. Ensuite l'armée l'avait arraché à elle, souvent, la laissant chaque fois dans l'angoisse. Elle ne vivait que pour lui et son fils. Comme elle aurait voulu que Charlie lui ressemble mais il était tout le portrait de son propre père. Au fil des années, leur lien était resté fort et sincère, mais Jack s'était durci après avoir passé ces mois prisonnier en Irak. Elle sentait qu'il s'éloignait d'eux. Avant de partir pour sa dernière mission, il avait longuement joué avec Charlie, lui demandant de pardonner ses absences et d'être parfois trop sévère avec lui. Il avait ajouté que bientôt il serait avec lui plus souvent, qu'on lui proposait une opportunité, un travail de bureau. Sarah avait peine à le croire, mais Jack avait saisi sa main et lui avait juré que c'était la dernière mission qu'il effectuait. Et il avait rejoint cette base près de la frontière canadienne. Quand elle avait reçu la visite de son supérieur, elle avait compris que tout était fini. Explosion, mission ultrasecrète. Elle ne voulait pas en savoir davantage. Elle se leva et rejoignit son fils qui l'attendait devant la voiture. Elle regarda les rangées de tombes des soldats tombés au champ d'honneur. Une cinquantaine de mètres en contrebas, le catafalque de Jonathan O'Neill, colonel de l'Armée de l'Air des Etats-Unis d'Amérique, recouvert du drapeau, attendait qu'on lui rende les honneurs. Elle prit la petite main de Charlie en ravalant ses larmes et descendit jusqu'au cercueil pour prendre place entre les officiels au premier rang. Un général salua son arrivée discrètement et la cérémonie commença. Elle sursauta quand les premières salves furent tirées et sortit de sa torpeur pour recevoir le drapeau plié dans ses bras. Fixant le vide, elle serra plus fort la main de Charlie et murmura. "Jack, je t'aime, je t'aimerai toujours. * Jack s'agitait dans son rêve. Quand il vit Sarah dans sa robe de bal, son cœur sauta dans sa poitrine. Le souvenir des jours heureux lui revint en mémoire et avec lui celui des missions, des tueries, des échecs et des joies. Et puis revenir chez lui, retrouver ce havre de paix. Mais lui était changé, plus dur, plus exigeant. Il entendait Sarah pleurer dans la salle de bain quand elle le croyait endormi. Et il repartait encore et encore. Quand il fut fait prisonnier en Irak, il survécut grâce à eux. Il pensait à eux jour et nuit, leur écrivait des lettres dans sa tête. Quand la faim et la soif le tourmentaient, il les imaginait tous les trois dans la petite cabane au bord de la rivière, Charlie trempé et Sarah riant aux éclats et les complimentant pour leurs exploits de pêcheurs du dimanche. Une fois libre, il resta deux semaines loin d'eux pour reprendre figure humaine, il leur aurait fait peur s'il était rentré dans cet état. Il s'était assuré que tout allait bien pour eux, qu'on les avait mis au courant des tractations et de sa libération. Puis il avait demandé sa retraite de l'active. C'est alors que s'était présenté cette opportunité unique de travailler au complexe ultrasecret que bâtissait l'Armée de l'Air. Ils n'auraient même pas à déménager. Les déménagements étaient la hantise des femmes de militaires. Elles les redoutaient presque autant que les missions. Il rentra chez lui. L'armée lui avait accordé un repos de quatre mois. Et il organisa leur nouvelle vie. Le jour où il vit Sarah pour la dernière fois fut idyllique. Il partit le cœur léger pour Cheyenne Mountain. La suite, il ne se la rappelait que trop bien. La Porte des Etoiles, le voyage vers Abydos, cette ineptie de faire participer à la mission un civil peu rompu aux techniques de survie. Et par-dessus le marché, la décision incroyable des autorités militaires de faire reposer sur les épaules de ce jeune archéologue le sort de ses hommes. Il avait pris la seule décision possible quand l'armée du dieu Apophis les avait attaqués. Condamner la porte. Ses ordres étaient formels : protéger la Terre. Mais que pouvait la Terre contre ces étranges aliens aux voix profondes et aux yeux brillants ? Une fois la charge désactivée par Apophis, lui et ses hommes avaient passé des semaines au cachot. Ils étaient appelés les uns après les autres. Jamais aucun ne revenait. Jack se rongeait les sangs à la pensée des risques inconnus qui menaçaient la Terre. Jusqu'au jour où son tour arriva. Le jour où il comprit ce qui était arrivé à ses hommes. Ce jour-là, on lui implanta une jeune larve Goa'Uld. Une curieuse croix fut tracée sur son ventre et il vit l'odieux serpent investir ses entrailles et le sentit se lover en son sein. Aussitôt, son esprit, embrumé par les drogues alien, bascula dans le néant. Il jura allégeance au faux dieu et prêta serment devant son Primat, Teal'c. Jonathan O'Neill n'existait plus dans le monde des Tauri. Et pour tous, il devint Halyek, jaffa d'Apophis, le faux dieu. * Samantha aussi rêvait, mais elle rêvait de Jack et n'avait nulle envie de se réveiller. Elle sentait le corps de Jack contre son corps, respirait son odeur, caressait son ventre dur. Le rêve était trop réel. Sam se réveilla brusquement. Elle reprit immédiatement ses esprits. En militaire entraînée, elle resta parfaitement immobile, contrôlant sa respiration, bandant ses muscles souples pour parer à l'attaque. Où était-elle ? Elle resta les paupières mi-closes et tout lui revint brusquement en mémoire. Le Minnesota, la cabane, la chambre du colonel. Elle n'avait aucun souvenir de s'être endormie, ni comment elle était arrivée dans ce lit. La brise qui soufflait par la fenêtre entrebâillée derrière son dos lui caressait la nuque et faisait voleter ses cheveux courts. Elle ouvrit lentement les yeux. Scrutant la pénombre, elle ne décela rien de bizarre ni de menaçant. Comme elle avait chaud ! Elle avait dû s'agiter en dormant le lit était brûlant. Elle se redressa sur les coudes et sentit une résistance sous son bras droit. Elle se retourna brusquement. Rien. Mon bras devait être sous moi quand je me suis réveillée, je me suis retournée. Par acquit de conscience, elle tâta son bras à la recherche d'un point d'impact d'aiguille, d'un bleu… Au cadran lumineux de sa montre il n'était que 3 heures mais elle avait l'impression d'avoir dormi quelques minutes. Evidemment Daniel ou Teal'c (??) ne l'avait pas déshabillée. Enfin ils lui avaient enlevé ses chaussures, sourit-elle. Bel effort. Elle ôta les treillis souillés au cours de la journée de recherche, la chemise épaisse, les chaussettes et son soutien-gorge de sport. Elle jetait les vêtements au fur et à mesure sur le sol, loin du lit. En caraco et slip, elle se pencha pour attraper le verre et la carafe et but longuement. Elle se leva pour remplir la carafe dans la petite salle d'eau attenante et en profita faire quelques ablutions. Elle se força à rester sous la douche jusqu'à ce que son corps se raidisse sous l'effet du jet glacé. Les événements de la journée précédente lui revinrent alors à l'esprit et elle éclata en sanglots. Les yeux brouillés par les larmes, elle attrapa à la volée une grande serviette éponge et s'enveloppa dedans. Elle sortit lentement de la douche. La lune s'était couchée. Elle remit à contre cœur ses sous-vêtements sales. Non, pas possible ! Elle les ôta et se drapa dans la grande serviette de bain. Elle traversa la pièce sombre et se dirigea vers la sortie à la recherche de ses compagnons. La main sur la poignée, elle renonça. La lune éclaira à nouveau la pièce, comme si un nuage l'avait voilée et avait continué son chemin. Il faut que je les laisse dormir. Pas la peine de me donner en spectacle. Elle se recoucha sans faire de bruit. Et resta longtemps les yeux grand ouverts à fixer le plafond remâchant de sombres pensées. * Un moustique volait dans la chambre du colonel. Il s'approcha du major Carter puis se mit à la recherche d'une meilleur proie. Indécis, il voleta au-dessus de la forme indécise qui se dessinait sous les draps aux côtés du premier corps. Il hésita, tourna, retourna, puis fonça en piqué. Il percuta une large masse invisible et fut écrasé sans pitié par une large main d'homme. * Les yeux de Jack roulaient dans leurs orbites. Il reçut une décharge de zat et se frotta le bras avec énergie pour rétablir la circulation. Son symbiote ferait le reste. Il fallait obéir au moindre geste de l'instructeur Jaffa. Une main explorait la poche ventrale où se trouvait le symbiote et il s'efforça de respirer le plus régulièrement possible. Quand le serpent était dérangé, la douleur pouvait être intolérable. Il l'avait appris à ses dépends quand il avait voulu l'extraire de son abdomen une fois dissipé l'effet des drogues qu'on lui avait administrées. Pourtant étrangement, la main ne provoquait aucune douleur. Elle était douce et ferme. Insistante aussi. Il sut qu'il était réveillé. Alors, c'était ça la réalité alternative. Son fils vivant et lui mort. Enfin pire que ça. Il aurait préféré la mort au sort que lui et ses compagnons d'armes avaient eu à subir. La présente situation le dégrisa brusquement et colère et dégoût désertèrent son esprit. Il était dans sa chambre, dans son lit et le Major Carter le caressait dans son sommeil. "Carter… Carter ? Réveillez-vous !" aboya-t-il. Malgré lui il avait utilisé sa voix de commandement. La découverte lui avait causé un tel choc que son instinct de soldat avait repris le dessus. Il regretta aussitôt son emportement. Il avait l'impression d'avoir crié. Il savait qu'il avait crié. Quel choc. Ainsi, elle pouvait poser ses mains sur lui et le toucher. Mon dieu, faites qu'elle ne réveille pas, ajouta-t-il in petto. Si elle me trouve là avec elle, que va-t-elle penser ? se dit-il en plein désarroi. Il était pétrifié. Samantha se rapprocha de lui et enfouit son visage dans ses cheveux. Sa main continuait à explorer son ventre et sa jambe s'enroulait autour des siennes. Non, ce n'est pas possible, pas comme ça. Ca n'allait pas recommencer. Au retour d'une mission, SG-1 avait régressé au stade primitif et Carter lui avait sauté dessus dans les douches. Elle en avait été tellement confuse après coup qu'ils évitaient soigneusement le sujet. Pourtant, elle l'avait choisi, LUI, et pas un autre, à ce moment où le virus avait fait tombé tous les interdits. Il préférait ne pas penser aux explications du Dr Fraiser, sur le désir de pérennité de l'espèce et le choix du meilleur partenaire pour y parvenir. "Mon dieu, Sam arrêtez, je vous en prie !" ordonna-t-il à nouveau. Mais sa voix n'était plus qu'un murmure. Il sentait le désir l'envahir. Il ne pouvait pas rester là à ne rien faire. Il s'assit d'un bond et saisit la main de Samantha toujours posée sur lui et tenta de se lever. "Mon Colonel ? Mon Colonel, c'est bien vous ???" dit Sam en se dressant à son tour sur son séant. "Carter ? Vous pouvez me voir ?" répondit-il. "Enfin !! Il leva les bras en signe de victoire. Oui !!" Elle se jeta dans ses bras sans réfléchir. Au contact de son torse nu, elle réalisa l'incongruité de la situation et se dégagea rapidement en baissant les yeux. Elle rougit, pensa Jack. C'est bon ou mauvais signe ? "Où étiez-vous mon Colonel, on vous a cherché partout !" questionna-t-elle en attrapant le drap avec précipitation devant l'embarras de son supérieur qui avait pudiquement détourné les yeux. "Je sais Carter, j'étais là tout le temps," répondit Jack du tac au tac en ajoutant une de ses fameuses mimiques. "Apparemment, c'est une espèce d'épreuve ou je ne sais quoi, de dimension parallèle, d'élu, je sais pas trop ce que Thor a voulu dire…" "Les Asgards vous ont enlevé, mon Colonel ?" "Non, non, j'ai vu Thor, c'est tout, une petite visite de courtoisie, vous savez…" Il se rengorgea en prenant un air faussement modeste. Elle éclata de rire. "Je suis tellement contente que vous soyez là, mon Colonel ! Il faut réveiller les autres, venez !" dit-elle avec enthousiasme. Elle le prit par le bras et lâcha le drap qu'elle serrait contre elle. "Attendez Sam, vous ne trouvez pas que la situation est bizarre ?" "Comment ça bizarre, mon Colonel ?" "Pas mon Colonel, s'il vous plaît," répondit Jack d'un ton excédé. Elle leva les yeux vers lui, interdite. "Mon Colonel ?" "Arrêtez de me donner du Colonel, Samantha ! Nous sommes tous les deux dans ce lit, à moitié nus, et vous étiez en train de me caresser. Appelez-moi Jack… s'il vous plaît ?" ajouta-t-il d'une voix plus douce en penchant comiquement la tête sur le côté pour atténuer la dureté de ses révélations. Il faisait son possible pour la regarder dans les yeux. A la mine déconfite de Sam, il comprit que celle-ci n'avait pas le moindre souvenir de ce qui avait pu se passer quelques minutes plus tôt. Elle ne bougeait plus, la lèvre tremblante, les yeux écarquillés. Jack, tu ne peux pas apprendre à te taire ? Comment vas-tu t'en sortir ? Incapable de décider de la conduite à tenir, il attendit que Sam reprenne la parole. "Vous avez raison, mon Co… Jack," répondit-elle avec un pauvre sourire, sans songer à se cacher derrière le drap. "Qu'allons-nous faire mon Colo… ?" "Je ne sais pas, Sam. Voulez-vous que je m'en aille," demanda Jack d'un ton neutre. "Je… je ne crois pas… Oh Jack ! J'ai eu tellement peur de vous avoir perdu !" De m'avoir perdu ? Ce fut comme si Jack avait reçu un grand coup de poing dans le ventre. Avant qu'il ne puisse lui répondre, elle se jetait dans ses bras en sanglotant. Il hésita une fraction de seconde et l'entoura de ses bras en enfouissant son nez dans ses cheveux. Si cette minute pouvait durer des heures, il n'en demandait pas plus. Cependant, avant que leur étreinte ne devienne embarrassante, il la relâcha à contre cœur et s'assit sur ses talons sans la regarder. Il ne pouvait pas entamer une relation avec Carter. Le règlement le leur interdisait. "Viens," dit-elle en lui tendant les bras. Et il se laissa glisser contre elle sous les draps en désordre. * Des bruits de casserole dans la cuisine réveillèrent Daniel. Il s'étira et fit tomber ses lunettes sur le sol. Il enleva son chapeau de brousse et se dirigea vers le bruit en zigzaguant. Une marque rouge lui barrait le front. Il se gratta frénétiquement et s'ébouriffa les cheveux. Teal'c avait fait du café et cherchait une poêle. "Alors, bien dormi, Daniel Jackson ?" "Oui Teal'c, merci !" répondit Daniel en se frottant les yeux énergiquement. "Du café Daniel Jackson ?" proposa le Jaffa. "On n'attend pas Sam ?" s'étonna le jeune homme. "Je ne crois pas Daniel Jackson." "Mais si, elle serait furieuse qu'on ne l'ait pas réveillée ! Je vais la chercher !" "Comme vous voulez Daniel Jackson, mais si j'étais à votre place, je boirais un café avant," répliqua Teal'c le pot de café fumant à la main. Sans attendre, Daniel entra dans la chambre du colonel O'Neill en se cachant les yeux. "Vous êtes décente, Sam ?"demanda-t-il. "Je ne crois pas, Daniel," répondit O'Neill. Daniel regretta alors d'avoir retiré sa main. * Sur le chemin du retour, la tension entre les trois humains était telle qu'on aurait pu la couper avec un couteau à beurre. Le colonel O'Neill perdit patience et d'un geste brusque arrêta la jeep sur le bas côté. La jeep dérapa et s'immobilisa dans un nuage de poussière. Daniel boudait, recroquevillé dans son siège, Samantha essayait de se faire aussi petite qu'une souris et Teal'c regardait O'Neill d'un air impassible. "Un problème O'Neill ?" demanda le Jaffa. Un sourire brillait au fond de ses yeux sombres. "Oui Teal'c ! Nous avons un problème !" "Quel est-il O'Neill ?" demanda le Jaffa pour voir jusqu'où il pouvait provoquer le colonel sans le faire sortir de ses gonds. "C'est lui le problème !" dit Jack. Il se tourna d'un bloc vers Daniel en agitant la main. "Moi je suis un problème ?" s'offusqua Daniel en se redressant. "Oui, vous êtes un problème ! Pourquoi entrez-vous chez les gens sans frapper ?" "Mais je ne savais pas que vous étiez là !" protesta Daniel. "Et pourquoi avez-vous enlevé votre main ?" cracha O'Neill en se rapprochant dangereusement de l'archéologue, un rictus aux lèvres. "Je n'ai pas enlevé ma main !" protesta Daniel. "Si vous l'avez enlevé !" hurla Jack "Non !" "Si !" "Non !" "Si !" "Non !" "… Bon très bien," conclut O'Neill. "Alors nous n'avons pas de problème !" Et il démarra à tombeau ouvert sans regarder Sam. * Quand il apprit que SG-1 regagnait la base au grand complet, le Général Hammond poussa un soupir de soulagement. Des heures de décryptage de banque de données n'avaient apporté aucun éclaircissement sur le transfert d'énergie et il avait fini par renvoyer le lieutenant Simmons dans ses quartiers avant qu'il ne s'effondre sur son bureau. Il se hâta dans le couloir à la rencontre de son équipe. "Alors, colonel ? De retour parmi nous ? Nous avons droit à des explications, je pense !" commença-t-il. "Et bien, c'est à dire mon général, je ne me souviens de rien…" "Une explication, major Carter ?" demanda le général abruptement pivotant vers la scientifique. "Aucune mon général," répliqua-t-elle en rougissant comme une pivoine en jetant un regard éperdu au colonel avant de se mettre à regarder ostensiblement ses pieds. "Teal'c ?" "Aucune, général Hammond," affirma le Jaffa avec un léger signe de tête. "Et vous Daniel ?" "Je ne crois pas général. Je n'ai rien vu, "déclara Daniel. "Et bien sans doute faudra-t-il nous en contenter, n'est-ce pas colonel ?" "Absolument monsieur !" répondit O'Neill avec un large sourire. "Vous passerez par l'infirmerie, Colonel ! "Mais, Monsieur…" protesta Jack pour la forme, un sourire flottant sur ses lèvres. Il haussa les épaules, fataliste. "J'imagine que je n'ai pas le choix Monsieur ?" Ses yeux noisette brillaient d'un feu nouveau. "En effet Colonel ! Bien, n'hésitez pas à me prévenir si quelque chose vous revient en mémoire, d'accord ? Vous pouvez disposer SG-1," ajouta Hammond à l'intention des autres membres du groupe. Il regarda le colonel s'éloigner vers l'infirmerie. Enfin ! pensa-t-il. J'espère qu'ils seront discrets ! Et il se campa au milieu du couloir, les poings sur les hanches avec un sourire satisfait. FIN |
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