Mlle Agnès... Jackie...
Musée d'Art Philosophique...
BEAUTE...
Je voudrais vous parler d'un texte de Plotin, un petit traité
de la "première Ennéade " qui s'intitule
:
" Du Beau ! "
Plotin commence par cette remarque :
" Le beau se trouve dans la vue... "
Jackie... Regard...
" ... Il est aussi dans l'ouïe "
C'est très simple... Et tout est dit !
Donc le beau n'est pas dans le toucher... Ni dans le goût...
Ni dans l'odorat...
Ainsi, pour qu'une chose soit belle, encore faut-il qu'elle soit
à une certaine distance !
Mlle Agnès... Jackie... Regards...
... Sculpture
Mais si la distance est absolument nécessaire à
la beauté, on ne voit pas pourquoi une odeur ne serait
pas belle !
Or, les odeurs ne sont pas belles !
Elles peuvent nous plaire ou nous déplaire, être
agréables ou désagréables, mais pas, à
proprement parlées, belles ou laides !
Pourtant, l'odorat semble être, comme l'ouïe et la
vue, un sens de la distance !
Et Kant, qui détestait la musique, disait qu'elle est comme
une mauvaise odeur que l'on respirera contre sa volonté
!
Sonnette à musique !
Jackie... Qui sonne !
Il y a donc là une difficulté !
Pourquoi le beau n'est-il pas dans l'odorat ?
Sans doute, parce qu'une odeur est inséparable d'une présence
et d'un contact !
On ne sent pas une odeur comme on écoute un son !
Même si l'odeur vient d'aussi loin que le son !
Un parfum, par exemple, devient désagréable ou mélancolique
s'il ne sort pas avec Elle de l'ascenseur
!
Un parfum ne doit jamais ne s'éloigner de notre corps !
Pot de peinture fraîche sur colonne...
... Odeurs... Mlle Agnès...
Jackie...
C'est pourquoi d'ailleurs, les parfums nous procurent des sentiments
liés à la présence ou à l'absence...
Jamais des sentiments liés à la distance...
Il n'y a donc plus de difficultés !
Le beau se trouve surtout dans la vue !
Il est aussi dans l'ouïe !
La distance est, par conséquent, nécessaire à
la beauté !
Mais quelle distance ?
Mlle Agnès... Son appareil
photo...
... Jackie qui recule... Pour la
photo...
Mlle Agnès : Encore... Encore... Encore... Encore, encore, encore...
... Qui fait tomber une idée ! ........... CRASH ! ! !...
Mlle Agnès : Oups !
Un verre de vin est beau quand je le tends à la lumière
et que j'en devine les reflets !
Plotin note que la beauté sensible la plus parfaite est
le feu !
Car la matière est obscure, opaque...
C'est la forme qui la fait voir !
Le feu est beau en lui-même, écrit Plotin...
Beau en lui-même, donc pas relativement à nous qui
le trouvons beau !
Derrière un écran
de télé !
Mlle Agnès : Ca m'étonne pas de lui !
Qui regardent le feu...
Jackie : Ca par contre, c'est
encore bien !
Mlle Agnès : Eh ben dis donc
!
Pourquoi le feu est-il beau en lui-même, alors qu'il
est un corps, et que la beauté des corps est relative ?
D'abord, dit Plotin, parce que la matière est obscure !
Schelling dira, quelques siècles plus tard, que l'obscur
est la matière du peintre !
Le feu est donc un corps débarrassé de matière
!
Ensuite, tous les corps acceptent le feu...
Tandis que le feu n'en accepte aucun...
Le feu peut tout réchauffer !
Il est tout... Ou rien...
Il est donc simple !
Jackie qui touche l'écran...
... Qui se brûle !
Jackie : Ouh ! ... Hé ! ... T'as vu ? ...
Une manière pour les corps d'accepter le feu, c'est,
par exemple, d'être coloré !
La couleur enflamme les choses !
Si donc ce verre de vin, tendu à la lumière, me
paraissait beau, c'est que ce verre recevait quelque chose du
feu !
Si la distance est nécessaire à la beauté...
Si l'on a bien compris cela des beautés visibles...
Si l'on a saisi que le visible est beau en tant qu'il participe
du feu...
Et que le feu nous tient par nature à distance...
En est-il de même pour le beau que l'on entend ?
Verre de vin sur colonne...
Mlle Agnès,
Jackie... Qui sursautent !
... Visiteuses impromptues ayant
sonnées !
La pensée de Plotin devient, ici, obscure !
Je le cite :
" Ce sont les harmonies musicales imperceptibles aux sens
qui font les harmonies sensibles "
Je risque une interprétation :
Si la beauté visible est relative à la distance
entre la vue et l'objet, la beauté audible est relative
à une autre distance...
... Celle qui sépare les harmonies imperceptibles des harmonies
sensibles !
Ainsi, l'on entend dans toute mélodie, par exemple,
la distance qui sépare la musique des harmonies musicales
imperceptibles !
Ce peut être le chant de la terre !
Et Plotin le disait autrement :
" C'est la musique qui fait le musicien et non le musicien
qui fait la musique "
Mlle Agnès : Bon allez viens, on s'en va...
Jackie... Qui pique la sonnette !