PAS SI VITE

 

 

CHOIX

 

Les intellectuels se trompent, c'est bien connu !
En cela, ils sont comme tout le monde, si deux intellectuels vivent en couple, il doit bien arriver qu'ils soient infidèles !

Mlle Agnès : Il paraît que Simone de Beauvoir s'est beaucoup fait tromper ! !… Moi je dis ça…
Jackie : Tu veux dire que Raymond Aron était un peu volage ?

Comment ?

Mlle Agnès : …C'est possible…

Ah ! Ca ne veut pas dire ça les intellectuels se trompent !
Quand on entend cette expression, il faut traduire par : Les intellectuels ont fait de mauvais choix politiques !
Par exemple, on entend souvent dire que Sartre s'est trompé parce qu'il a soutenu le communisme.
En revanche, on entend jamais dire que Heidegger s'est trompé parce qu'il a été nazi !

Mlle Agnès : On entend que ça ! Chacun y va de son livre dans cette affaire ! !
Jackie : Ah non ! Mais on lui reproche de jamais s'en être expliqué mais… pas de s'être trompé !

Donc quand un intellectuel se trompe, il fait le mauvais choix… Pas le pire !
C'est une affaire compliquée, y a t il en politique des choix mauvais ou bons ?
Certainement ! Mais à condition de penser qu'on a le choix !
Sartre pouvait-il ne pas soutenir les communistes, pouvait-il ne pas soutenir l'indépendance de l'Algérie, pouvait-il ne pas fonder le journal Libération… Il ne s'agit pas de choix mais d'Engagement !

Mlle Agnès : Ah ! tu te souviens… Quelqu'un avait écrit à propos des gens de Libération… Des journalistes qui se croient encore jeunes parce qu'ils sont mal payés…
Jackie : Ah bien Sartre aurait pu fonder Le Figaro, mais il avait pas le choix… Il fallait s'engager !

Je ne sais pas si Jean Paul Curnier est un intellectuel, mais de Sartre… Il a toujours le prénom !

Mlle Agnès : C'est déjà ambitieux !

Se trompe-t-il ?
Il ne fait pas partie de ceux qui disent que les intellectuels se trompent !
Je ne sais pas non plus s'il est philosophe, mais je le prends comme tel parce que j'ai le choix !

Mlle Agnès : Oui ! Puis ça t'engage à rien !

Quand on le lit, on a l'impression de lire une carte météo ou une courbe de tremblement de terre !
Jean Paul Curnier a écrit sur des faits divers, sur la politique, sur notre vie quotidienne…
… Ce serait un philosophe de la vie ordinaire qui après avoir regardé les nouvelles à la télé, se mettrait à écrire au lieu de regarder le film qui suit !
Et s'il écrit, c'est qu'il sent une destinée commune échapper, un monde s'effondrer, et surtout une profonde tristesse… Une tristesse mondiale s'étendre…

Mlle Agnès : Le troisième millénaire sera triste !… Ou ne sera pas ! !

Il y a justement quelque chose dans son livre : " Aggravation " qui éclaire notre phrase obscure : Les intellectuels se trompent !
Curnier note que jamais, peut-être, nous ne nous sommes sentis aussi libres… Il ajoute aussitôt :
" Nous sommes libres de tout, sauf de mettre en doute que nous ne l'avons jamais été autant. "

Mlle Agnès : Si c'est d'être si libre qui nous rend triste, on comprend que … que Kant avait dit : " La liberté, pourquoi faire ? "
Jackie : C'est un film érotique : Hiroshima mon amour ?

Cette liberté consiste dans le choix, le libre choix.
Ce choix ne concerne pas seulement nos manières de vivre, mais aussi nos technologies…
Un distributeur d'argent nous donne des choix !
Il concerne surtout nos moyens d'information et de décision.
Par exemple, toutes réalités représentées par les moyens d'information, nous offrent un choix !
Le plus célèbre est la guerre du Golfe !
On a choisit la version douce et sans massacre de cette guerre !

Mlle Agnès : … Tu veux dire sans photo de massacre !

L'art de la propagande, écrit Curnier, n'est plus vraiment de persuader ou de cacher, mais de donner à choisir ce qui sera la vérité !
En matière de politique… Le Choix est l'inverse de l'Engagement !
Ceux qui aujourd'hui déplorent les erreurs des intellectuels… dénoncent le fait de leur engagement, de leurs dépenses, de leurs passions…

Mlle Agnès : … En plus, il aurait pu tomber de son tonneau !
Jackie : …

Curnier, quant à lui, voit dans notre civilisation du choix, le signe de notre servitude !
Il prend donc le risque de mettre en doute le fait que l'on ait jamais été aussi libre !
Il se donne un sacré handicap !
Il n'est pas prêt de passer à la télévision ! ! !

Mlle Agnès : Ca y est, t'as fait ton choix ?
Jackie :… Un film engagé !

………………………………………Musique de "Les sept mercenaires".

 

 


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