La plage...
... Petites fleurs sur sable vert...
Mlle Agnès...
Jackie... Lectures...
Malgré son origine méditerranéenne, la
philosophie n'est pas une occupation de plage !
Dans aucun dialogue, de Platon, Socrate ou les autres interlocuteurs,
ne revienne des bains de mer !
Pourtant, le loisir est là !
Le temps est venu d'étudier !
C'est donc à un sévère programme que je vous
invite :
Lire des romans policiers !
Pourquoi donc lire des romans policiers est une expérience
de la philosophie ?
Je vous en donnerai deux raisons... ... Différentes !
La première, je l'ai trouvée chez Deleuze !
Mlle Agnès : Ben qu'est-ce
que t'as été faire chez les Deleuze ?
T'avais besoin de déranger ces gens ?
Jackie : Je suis allé voir
s'ils avaient des œufs !
Le roman policier, dit-il, est une trouvaille de philosophe
!
Deleuze avait noté que les philosophes empiristes...
CONSULTEZ LE WEB ........................... www.imaginet.fr/deleuze/TXT/scala.html
... avaient inventé un personnage conceptuel, celui
de l'enquêteur !
...Ainsi, par exemple, "l'enquête sur l'entendement
humain " de Hume !
Faire de la philosophie revient à enquêter !
L'enquêteur, d'une certaine façon, répond
à une définition de la philosophie comme recherche
!
Mais il s'agit d'une recherche un peu spéciale !
La vérité n'est pas cherchée au-delà
du monde réel, dans les Idées par exemple, la recherche
ne consiste pas à s'élever au-delà des apparences,
mais à trouver des relations, des rapports entre les choses...
Jackie : Selon M Deleuze, il
y a plus d'affinités entre un bœuf et un cheval de
trait qu'entre un cheval de trait et un cheval de course !
Mlle Agnès : ...
On a une bonne illustration de ce type d'enquête chez Agatha Christie...
Dans un de ses romans...
AGATHA CHRISTIE "MORT SUR LE NIL "
... Elle compare sa méthode à un puzzle !
Et l'enquête revient à mettre ensemble ce qui parait
dispersé par la seule force des lois de l'entendement !
Ce qu'Hercule Poirot appelle ses "petites cellules grises
" !
La seule exception, peut-être, à cette origine
empiriste de l'enquêteur, vous la trouverez chez le lieutenant
Columbo, dont la méthode et l'attitude sont entièrement
socratique !
Il a l'ironie de celui qui sait qu'il ne sait rien !
Mlle Agnès : Qu'est-ce
qu'il en sait qu'il sait rien ?
Quelle prétention !
Jackie : Ca peut se voir comme ça
!
Il ne dit jamais la solution ou la vérité, mais il la fait accoucher et il fait rire tout le monde parce que, comme Socrate, il veut chercher la vérité tout en étant incapable de la trouver pour ce qui le concerne en particulier !
La seconde raison, je l'ai trouvée chez Robin Cook,
impérissable auteur des "... mois d'avril sont meurtriers
"...
Il dit que le lien entre le roman noir et la métaphysique
réside dans le fait que l'expérience jugée
primordiale par l'une ou par l'autre, est la place de la mort
dans la vie !
D'un certain point de vue alors, lire des romans noirs seraient
une bonne introduction à la philosophie de Heidegger !
Mlle Agnès : Pourquoi ?
D'abord, la philosophie n'a pas considéré que
la place de la mort était primordiale !
L'effort de la philosophie antique a été justement
de montrer, sous différentes formes, qu'elle n'est rien
et que l'attitude philosophique, par excellence, revient à
la traiter comme rien, à ne pas la craindre, à y
être indiffèrent !
Et ce jusqu'à Spinoza pour qui la philosophie est une méditation
de la vie... Et non de la mort !
Jackie : C'est "branché
" de s'intéresser à la mort !
Mlle Agnès : On dit "tendance
" !
C'est véritablement avec Heidegger que la place de la mort dans la vie est primordiale dans l'expérience humaine... Comme l'écrivait Robin Cook !
Il y a cette table !
Cette table est quelque chose !
Une chose qui est table et non chaise !
Heidegger dit : " C'est un étant !
Mais si je me demande : Qu'est-ce que l'Etre ?
Cette question de Heidegger est une manière d'oublier l'Etre
quand je la pose à partir de ce qui est !
Mlle Agnès : "
... Il veut dire que l'Etre n'est pas ? ... Autant dire que le
non-être est !... Lui dit l'inspecteur... "
Jackie : " ... Et que le non-être
est un étant ! ... Ajoute le commissaire... "
Mlle Agnès : Ah ben on en
est au même endroit !
Jackie : Mm...
L'Etre n'est pas un étant !
Il doit donc y avoir une différence entre l'Etre et l'ensemble
des choses qui sont ceci ou cela !
Le temps non plus n'est pas quelque chose !
Et l'homme, seul, parmi ce qui est, est capable de poser la question
de l'Etre et de l'oublier, en la posant, à partir de ce
qui est ceci ou cela !
C'est que l'homme, dans le temps, dans sa quotidienneté,
en proie au souci, à l'angoisse, au sentiment d'abandon
dans le monde, à celui d'être livré à
soi-même... L'homme n'est pas comme une chose, il est voué
à se découvrir être pour la mort !
Il est quelque chose ! ... Mais l'unique chose capable de devancer la mort...
Jackie : C'est tout le roman
noir ! ...
... Bon ! Qu'est-ce qu'on mange ?
Mlle Agnès : Ben t'as ramené
des œufs !
Jackie : Oups ! ... Je les ai oubliés
chez les Deleuze ! ! !...
Oh ! Là ! Là ! Là ! Là ! Là ! Là ! ! !