Nous voilà donc en 1999, l'avant-dernière année de ce millénaire. Ce millénaire aura vu d'innombrable guerres à travers le monde, de plus en plus destructrices, de plus en plus meurtrières. Le glaive devenant de plus en plus tranchant, la cuirasse devient de plus en plus dure, les matériaux et les concepts théoriques évoluant en même temps que les moyens d'attaque.
La course aux fortifications prend son envol avec Vauban et ses descendants spirituels qui édifient en France des dizaines de forteresses. Cependant, ce n'est qu'à la fin du 19° siècle que le génie militaire entre dans l'ère technologique dont les fortifications allemandes édifiées entre 1870 et 1916 sont un remarquable exemple.
Le dernier maillon construit par la France, et qui restera certainement dans les annales de l'humanité comme le système fortifié le plus puissant de l'histoire, est la fameuse Ligne Maginot. Le combat mené en 1939-1940 dans des conditions dépassant largement le cadre de sa mission a montré son aboutissement technique, bien que ses détracteurs en aient fait le bouc-émissaire (à tort ou à raison) de la cuisante défaite de la France.
La remise en service du système fortifié de 1940 par l'armée française et dans le cadre de l'Alliance Atlantique a montré son intérêt dans l'ère de la guerre atomique. Après le retrait de la France de l'OTAN en 1966, l'armée se désintéresse de la Ligne Maginot à quelques exceptions près. La guerre froide aura-t-elle été le dernier combat du fleuron de l'art militaire français de 1940 ? Non ! Si certains de ses nouveaux occupants préfèrent l'utiliser comme cave à vin ou champignonnière, d'autres ont des intentions moins respectables en attaquant les fortifications armés de chalumeaux et en dépouillant les ouvrages de leur métal.
Les nombreux accidents qui ont été à déplorer les dernières années témoignent de l'inconscience de visiteurs "sauvages" qui ont souvent d'autres motifs que d'étudier les fortifications. L'armée a donc d'abord entrepris de les condamner de manière bien éphémère puis de les remblayer. La nature ayant repris ses droits avec le temps, les édifices se fondaient dans le décor des champs et des forêts. A présent, il disparaissent du paysage dont ils faisaient partie intégrante pour tous les habitants des zones concernées. Les militaires et les politiques de l'entre-guerres ont remué ciel et terre pour mettre sur pied ces fortifications. A présent, elles disparaissent sous des monceaux de terre comme elles ont disparu peu à peu de la mémoire des français.
Les associations mises sur pied dès le début des années 1970 ont su protéger tant que faire se peut une partie de ce patrimoine qui peut être visité soit lors de visites organisées, soit suivant un accord préalable avec le propriétaire pour les ouvrages n'ayant pas d'horaires d'ouverture réguliers. Il est donc possible de voir un éventail assez large des éléments constitutifs de la Ligne Maginot. Mais malgré tout, le désintérêt de l'armée pour la Ligne Maginot ne doit pas être à l'origine de sa destruction, qu'elle soit physique par le fait des ferrailleurs, ou qu'elle soit virtuelle par le remblayement pur et simple des fossés Diamant et des façades.
Les amateurs de fortifications s'insurgent, qu'ils fassent partie d'une association ou qu'ils s'adonnent à leur passion indépendamment de tout organisme. Si ceux d'entre eux qui vivent dans les régions concernées peuvent avoir des contacts (pas toujours fructueux) avec les autorités, d'autres vivant plus loin refusent également l'inaction.
C'est pour cette raison que s'est créé le MAGINOT Net sous l'action de Clayton Donnell. Rassembler à travers le monde les internautes passionnés par la Ligne Maginot pourrait être le point de départ d'un regroupement d'associations et d'individuels ayant le même objectif : sauver ce qui peut encore être sauvé et persuader les autorités de laisser la possibilité de pouvoir étudier le système.
Est-ce un voeu pieu ? La détermination des "Maginophiles" laisse espérer que ce projet ne restera pas vain et verra quelque aboutissement. Cela dépend de vous...
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