L'oeuvre d'Evola a ete decouvert en Russie dans les annes 60 par le group tres restreint des intellectuels dissidents anticommunistes, dits "les dissidents de droite". C'etait le petit cercle des gens qui ont refuse consiemment la participation dans la vie culturelle sovietique et ont choisi l'existence souterraine. La contestation de la realite sovietique a ete chez eux tant totale qu`on cherchait les principes fondamentaux qui pourraient expliquer les racines de ce mal juge absolu. C'est par cettes voies du refus du communisme qu`on a decouvert certains travaux des auteurs antimodernes et traditionnalistes: surtout les livres de Rene Guenon et de Julius Evola. Deux personnages centraux animaient ce group -- le philosophe musulman Geidar Djemal et le poet nonconformiste Eugene Golovine. Grace a eux les "dissedents de droite" ont connu les noms et les idees de ceux grands traditionnalistes de notre siecle. Dans les annes 70 on a fait les premiers traductions des textes d'Evola (la "Tradition Hermetique") toujours dans les cadres du meme cercle et ils etaient distribues par les voies de samizdat. La qualite des premieres traductions etait tres mauvaise parceque elles etaient faites par les amateurs peu competents en marge du group des intellectuels traditionnalistes proprement dits.
Dans 1981 a paru dans la meme ambiance la traduction de "Heidnische Imperialismus", le seul livre qui a ete disponible a Bibliotheque de Lenine de Moscou. Cette fois la distribution par samizdat a ete assez large et la qualite de la traduction meilleure. Peu a peu s'est forme le veritable courant des traditionnalistes qui est passe de l'anticommunisme vers l'antimodernite, en etendent le refus total de la realite sovietique au monde moderne en tant comme tel en accord avec la vision traditionnaliste integral. Il faut noter que les idees des traditionnalistes en question a cette epoque etaient tres eloignees de l'autre branche des "dissidents de droite" qui etaient chretiens orthodoxes, monarchistes et nationalistes. Donc Evola etait plus populaire parmi les gens qui s'occupaient du spiritualisme au sens plus large -- yoga, theosophisme, psychisme etc.
Au cours de perestroika toutes les formes de la dissidence anticommuniste se sont apparu au grand jour et a partir des "dissident de droite" s'est cree le courant ideologique, culturel et politique de la Droite -- nationaliste, nostalgique, antiliberale et antioccidentale. Dans ce contexte et en suivant le developpement de glasnost les idees propremment traditionnalistes, les noms de Guenon et d'Evola se sont introduits dans l'ensemble culturel de la Russie. Les premiers textes d'Evola ont parus dans les annes 90 dans la presse dite "patriotique" ou "conservatrice" de grand tirage et le sujet du traditionnalisme est devenu le theme des polemiques virulentes et tres animes dans le camp de la Droite russe au sens plus large. La revues "Elementy", "Nach Sovremennik", "Mily Anguel", "Den" etc. ont commence a publier les fragments des ecrtits d'Evola ou les articles inspires par ses ouevres ou son nom etait maintes fois cite. Peu a peu le camp des "conservateurs" a ete structure ideologiquement et s'est produit la separation entre la Droite archaique, nostalgique, monarchiste et l'autre Droite plus ouvert, nonconformiste et moins "orthodoxe" -- en quelque sort "novye pravye" en russe, qu'on peut traduire comme "nouvelle droite", mais en precisant qu'il s'agit du phenomene tres originelle et tres differents de la ND europeenne. Cette deuxieme partie des "patriotes" on pourrait qualifier "terceristes", "national-revolutionnaires" etc. La ligne de la rupture passe precisement par l'acceptation ou le rejet des idees d'Evola ou plutot de l'esprit d'Evola qo'on peut qualifier non seulement comme "conservateur" ou "reactionnaire" mais comme celui de la Revolution Conservatrice, comme la "revolte contre le monde moderne".
Recemment le premier livre -- "Heidnische Imperialismus" -- a ete publie a grand tirage 50 000 ex. L'emmission de TV a ete consacre a Evola sur la premiere chaine. Donc on peut dire que la decouverte d'Evola par la Russie commence a large echelle. Ce qui etait le nucleus intellectuel hypermarginal avant la perestroika en Russie est devenu maintenant le phenomene ideologique et politique important. Mais il est evident que Evola ecrivait ses livres et formulait ses idees dans le contexte temporelle, culturel, historique et ethnique tres different. Donc se pose le probleme: qu'est ce qu'est valable chez lui pour la Russie actuelle et quelle partie de son oeuvre doit etre ou adaptee ou meme rejetee dans nos conditions? Ca demande au moins breve analyse des convergences et des divergences etre trationnalisme d'Evola et la tradition sacree et politique proprement russe.
Au debut il faut preciser que le refus du monde moderne profane et desacralise qui se manifeste dans la civilisation occidentale des derneirs ciecles est commun a Evola et a toute la tradition intellectuelle russe des slavophiles. Les auteurs russes comme Homyakov, Kirievsky, Aksakov, Leontiev, Danilevsky parmi les philosophes et Dostoevsky, Gogol, Merejkovsky parmi les ecrivains critiquaient le monde occidentale presque dans les memes termes qu'Evola. On trouve chez eux la meme haine a la regne de la quantite, au systeme de la democratie moderne, a la degradation spirituelle et le profanisme totale. On voit souvent aussi les correspondances etonnantes entre la definition des racines du mal moderne -- maconnerie profanisee, judaisme devie, l'advenement des plebeens, la divinisation de la raison -- chez Evola et dans la culture "conservatrice" russe. En quelque sort, la tendance reactionnaire ici est commune, donc la critique de l'Occident de la part d'Evola est completement comprehensible et acceptable pour la ligne generale des conservateurs russe.
Plus que cela on trouve souvent chez Evola la critique formulee dans la maniere plus proche a la mentalite russe que a mentalite europeenne -- le meme gout des generalisation, l'evocation frequente des motives mystique et mythologique, le vif sentiment du monde spirituel interieur a partir du quel on ressent organiquement la realite immediate moderne comme la perversion et la deviation. En general, pour la tradition conservatrice russe le style de l'explication mytholoqique des evenements historiques et meme contemporains est presque obligatoire. L'appel au niveau suprarationnel ou a-rationnel se comprend parfaitement en Russie ou le raisonnement rationnel est plutot l'exeption.
On peut aussi noter l`influence des conservateurs russes exerce sur Evola: dans ses ouvrages il cite beaucoup Dostoevsky, Merejkovsky (qu'il conaissait personnellement d'ailleurs) et quelques autres auteurs russes. D'autre part, ces references frequentes a Malynsky et Leon de Poncins le faut partiellement rentre dans la tradition contre-revolutionnaire typiquement est-europeenne. On peut citer aussi ses referance a Serge Nilus, l'editeur des fameux "Protocoles" qui Evola a reedite a l'Italie.
En meme temps il est evident qu'Evola connaissait assez mal la culture conservatrice russe en ensemble qui d'ailleurs ne l'interessait pas particuleirement grace a son ideosyncrasie antichretien. A propos de la tradition orthodoxe il a dit a peine quelques mots insignifiantes. Donc l'affinite entre sa position envers la crise du monde moderne et l'antimodernisme des auteurs russes est due plutot a la communaute des reactions organiques -- exeptionnelles et "individuelles" dans le cas d'Evola et traditionnelles dans le cas des russes. Mais grace a cette spontanneite des convergences antimodernes le temoignage d'Evola devient encore plus interessant et plus precieux.
Quoi qu'il en soit, cette partie critique d'Evola rentre parfaitement dans les cadres du courant ideologique de la Droite russe et apporte beaucoup a cette vision de la degradation historique, en donnant les formules nouvelles parfois plus globales, plus radicales et plus profondes. Sous cet aspect les idees d'Evola sont tres positivement recues en Russie actuelle ou l'antioccidentalisme est le facteur ideologique et politique extremment puissant.
L'autre cote de la pensee evolienne est ressenti par les russes comme le sujet intime et extremment important: il s'agit de son exaltation de l'ideal imperial. Le Rome est pour Evola le point crucial de sa Weltanschauung. Cette force sacree, vivante et immanente qui se manifeste a travers l'Empire a ete pour Evola l'essence de l'heritage traditionnel de l'Occident. Les restes de la palace de Neron et des vieilles constructions romaines ont ete percu par lui comme le temoignage directe de la sacralite organique et concrete dont l'unite et la continuite sont ete brisees par le "chateau" kafkien de Vatican catholique gvelfe. Son formule ghibelline a ete claire: l'Empire contre Eglise, Rome contre Vatican, la sacralite organique et immenente contre les abstractions devotionnelles et sentimentales de la foi, implicitement dualiste et phariseenne.
Mais le complexe semblable se retrouve naturellement chez les russes, dont destin historique est profondement lie a l'Empire. Cette notion a ete dogmatiquement fixee dans le concept orthodoxe de starets Philophe -- "Moscou -- Troisieme Rome". Il faut noter que le "premier Rome" dans cette vision cyclique orthodoxe ce n'est pas Rome chretien, mais Rome imperial, parceque "deuxieme Rome" (ou "nouvel Rome") etait pour les chretien Constantinople, le capital de l'Empire Chretien. Donc l'idee meme de "Rome" chez les ortodoxes russes correspond a la comprehension de la sacralite comme de l'immenence du Sacre, comme la "symphonie" necessaire et inseparable entre l'autorite spirituel et le pouvoir temporel. Pour le traditionnaliste orthodoxe la separation catholique entre le Roi et le Pape n'est pas imaginable et releve de l'heresie, appele precisement "heresie latine". On retrouve dans cette conception russo-ortodoxe l'ideal purement ghibellin ou l'Empire est tellement teologiquement apprecie qu'on ne peut pas imagine l`Eglise comme quelque chose etrange et isolee de lui. Cette centralite de la sacralite de Regnum dans la tradition russo-orthodoxe se base sur l'epitre de Paul ou il y a la question de "katehon", "celui qui support", identifie precisement a l'Empire Sacre, la derniere obstacle contre l'irruption du "Fils de Perdition" -- equivalent des Gogues et Magogues bibliques. Donc la conception de Moscou Troisieme Rome, qui est en quelque sort cosubstantielle a la pensee traditionnaliste russe, correspond parfaitement a l'ideal evolien ghibellin. Plus que cela la denoncation du catholicisme et son role nefaste dans la degradation de l'Occident chez Evola est presque identique aux accusations des chretiens orthodoxes contre "l'heresie latine".
Cette fois aussi on voit la convergence parfait entre la doctrine d'Evola et l'attitude "normale" de la pensee conservatrice russe. Et encore une fois l'exaltation spirituel et lucide de l'Empire dans les livres d'Evola devient inestimable pour les russes en quete de son identite veritable et traditionnelle. "L'imerialisme symphonique" des russes ortodoxes reconait facilement son image dans "l'Imperialisme pagane" ou plutot "ghibellin" de Julius Evola.
On peut ajouter encore un detaille important. On sait que l'auteur de "Troisieme Reich" Artur Mueller van den Bruck a ete influence profondement par les ecrit de Dostoevsky pour lequelle l'idee de Troisieme Rome etait centrale. On retrouve chez van den Bruck la meme vision eschatologique de l'Empire Finale, en correspondance symbolique avec les idees "paracletiques" des montanistes et les propheties de Ioachim de Flora. Mueller van den Bruck, dont les idees sont ete parfois evoquees par Evola, a adapte la conception de Trosieme Rome de la tradition russo-ortodoxe a l'Allemagne, en elaborant le projet politico-spirituel repris apres par les national-socialistes. Le detail interessant: Erich Mueller, le disciple de Nikisch, qui a ete tres inspire par van den Bruck, a suggere que si le Premier Reich allemand etait catholique, Deuxieme Reich protestant, le Troisieme Reich devrait etre precisement ortodoxe! Mais Evola lui-meme participait largement dans les debats intellectuels des cercles conservatif-revolurionnaires allemands ("Herrenklub" de von Gleichen, dont il etait membre, etait la continuation de Juniklub fonde par Mueller van den Bruck) ou les sujet pareils etaient tres vivement discutes. Voila l`autre voie intellectuelle qui unit le courant conservatif russe et la pensee d'Evola. Evidement on ne pas pas parler ici des conceptions identiques, mais il y a quand meme une affinite extraordinaire et des raprochements "naturels" ettonants qui expliquent entre autre la facilite de l'assimilation du message d'Evola en Russie ou ses vues paraissent beaucoup moins "extravagantes" que en Europe ou le conservatisme traditionnel reste pour la majorite catholique et nationaliste au sens moderne et tres rarement imperial et encre dans le Sacre.
Chez Evola il y a l'autre aspect tres interessant qui se manifeste dans les premiers et les derniers etapes de sa vie. On qualifie ca parfois "anarchisme de droite" qui est evident dans ses oeuvres artistiques de jeunesse et surtout dans "Chevaucher le tigre". En meme temps sa position antibourgeoise coherente et permanente l'isole considerablement de la Droite conventionelle occidentale. D'autre cote meme au sein de la Tradition il etait toujours attire par les domaines peu habituels qui rentrent plus ou moins dans la perspective la Voie de la Main Gauche. Indubitalement, dans l'ensemble de ses ecrit l`aspect "revolutionnaire" est tres saillant ce qu'on pourrait tenter d'appeller "la gauche" du message evolien. Le nonconformisme totale avec la realite moderne occidentale, la contestation radicale des valeurs bourgeoises rapprochent Evola a certaines branches de la gauche. Ce phenomene n'est pas la manifestation de sa nature personnelle. Il y a ici le cote symptomatique extremment important.
La Revolte evolienne contre le monde moderne possede les cotes distructives comme toute la revolte, d'ailleurs. Son radicalisme intransigeant le pousse a la rupture avec le conservatisme habituel qui defend par l'inertie les valeurs de hier contre les valeurs d'aujourd'hui. Pour Evola "hier" n'est pas ideal du tout. Son orientation va beaucoup plus loin, vers le mythe primordial, vers l'Hiperboree perdue, vers la Transcendance, vers le Present Eternel. Ce recherche de l'absolu ici et maintenant oblige a depasser les limites conventionnelles et meme a briser les formes secondaires de la Tradition adaptee a kali-yuga. Evola n'accepte pas la partie du Sacre, il veut le Tout, immediatement. Cette Revolte le fait prendre certaines positions "anarchistes", contester la legitimite des formes traditionelles videes de la vie. C'est d'ailleurs la position authentique de l'adept de Tantra ce qu'il a lui-meme explique parfaitement dans "Yoga de la Puissance". Mais paradoxalement le meme antinomisme est propre au courant de gauche radical et la phenomenologie existentielle et esthetique de deux revoltes, pourtant differentes, leur unit dans certains cas assez parfaitement. La revolution, la guerre, la crise, le bouleversement sociel provoquent toujours un traumatisme profonde qui necessairement oblige l'etre humain de rencontrer la realite ontologique profonde qui depasse les cliches profanes de la vie "normale". Ernst Juenger, auquel Evola s'interessait beaucoup, a developpe dans ses romans et ecrits politiques ce probleme de rencontre de l'homme moderne, profondement aliene, avec la realite superieure dans les situations de la crise extreme. D'ailleurs, Evola a passe lui -meme par les periodes des crises personnelles a la limite du suicide. Donc la soif de l'absolu est en rapports logique avec les experiences "negatifs" et parfois meme "antinomiques". Cettes considerations expliquent aussi l'interet d'Evola a certains personnages juges par les autres traditionnalistes (Guenon, Burkhardt etc.) nettement "contre-initiatiques" -- Alister Crowley, Juliano Kremmerz, Gustav Meyrink ect.
Dans la gauche, surtout dans l'extreme gauche, on retrouve facilement le meme complexe, la meme passion, la meme exaltation de l'experience traumatique et en meme temps le meme refus du conformise, la meme haine viscerale par rapports aux normes et conventions, le meme revolte contre l'habituel. D'autre cote, la culture ideologique de la "gauche revolutionnaire" n'est pas privee des raprochements esoteriques qui parfois sont les memes comme dans le cas des traditionnalistes et "revolutionnaires conservatifs". Citons a titre de l'exemple Theodore Reusse, l'activiste de la gauche et l'initiateur maconique de Guenon lui-meme!
Le cote "gauche" d'Evola rappelle le paradoxe politique de la Russie actuelle ou les neo-communistes antiliberales font le front commun avec les conservateurs russo-ortodoxes. Qu`on songe aussi de certains aspects du bolchevisme russe historique ou se sont developpe par les voies heterodoxes et contradictoires les tendences profondes de la sacralite russe-ortodoxe -- la haine pour le monde occidentale bourgeois, le recherche du Regnum, les facteurs eschatologiques, l'experience directe, revolutionnaire et immediate de la Verite. Plus que cela il y avaient a l'aube du courant communiste russe les raprochements esoteriques extremment curieux avec les representants des courants spirituels locaux et europeens.
On peut dire que entre Evola et la Russie existent non seulement les correspondances au niveau du courant ideologique "conservateur", "de droite", mais aussi certains cotes de "la gauche" russe, dans sa dimension profonde et paradoxale, peuvent etre compares avec les ecrits d'Evola et meme eclaires grace a sa methode de recherchede la structure des phenomenes traumatiques. Le fait meme que le communisme a vaincu dans le pays plus conservatif et plus traditionnaliste de l'Europe nous oblige a reviser les schemas habituels conservatives a propos de la nature profane et moderne du communisme, comme l'etape avance de la degradation de la civilisation actuelle. D'ailleurs, les previsions des conservateurs et contre-revolutionnairs (tel Leon de Poncin) concernant la necessite de la victoire de la quatrieme caste proletaire dans toute la planete sont dementies par le triumphe actuel de la civilisation bourgeoise (presummee troisieme caste) dans la Russie postsovietique.
Evola lui-meme a commis la meme erreur en acceptant la position radicalement antisocialiste et anticommuniste, propre aux conservateurs reactionnaires avec lesquels au niveau methaphisyque il etait en plein desaccord, du a la difference profonde entre la Voie de la Main Gauche qui etait la sienne et la Voie de la Main Droite qui (parfois) inderectement et partiellement inspirait les conservateurs conventionels. En autres termes "la gauche methaphysique" chez Evola n'a pas pu trouver la manifestation doctrinale coherente au niveau politique et le cote "anarchiste" et "esoterique" restait en quelques sort surajoute assez contradictoirement a sa fidelite a la "reaction" politique. Le meme equivoque existait dans ses relations avec fascicme et national-socialisme ou il critiquait l`aspect gauche politique et essayait en meme temps renforcer l'aspect "gauche methaphysique" (en insistant par exemple sur paganisme contre les relations avec Vatican).
L'histoire politique des annes 80-90 montre que le communisme n'etait pas la derniere forme de la degradation des castes. Donc Evola avait tort de predire la victoire des soviets et par consequence de prendre la position radicalement anticommuniste et de meconnaitre le cote paradoxale et en quelque sort tres traditionnelle de la Revolution. Malgre son interet particulier pour "le Travaileur" de Juenger, Evola a identifie faussement, en suivant la logique de la Droite nonrevolutionnaire, les castes traditionnelles avec les classes de la societe occidentale. A ce propos on peut evoquer le remarque extremment importante de George Dumezil consernant le fait que dans la societe traditionnelle indo-europeenne, donc aryenne, les travailleurs appartenaient a la troisieme caste et non a quatrieme. Plus que cela, les marchands (donc les proto-capitalistes) n'appartenaient du tout au systeme des castes dans telle societe et toutes les fonctions des distributions des biens et de l'argent ont ete l'apanage des guerriers, des kshatryas. Cela veut dire que la classe des marchands ne corresponds pas absolument a la structure de la societe aryenne et est historiquemenet surajoute a elle avec le melange culturelle et racial. Donc la lutte antibourgeoise des socialistes possede implicitement la dimension traditionnelle et indoeuropeene, ce que explique parfaitement les tendences "antijudiques" (voir antisemites) du gradnd nombre des theoriticiens socialistes a partir de Fourrier, Marx et jusque Staline. Cette consideration montre la justification de l'element socialiste (et meme national-communiste) dans les courants de la Revolution Conservatrice -- nottament chez Spengler, Sombart, van den Bruck, Junger et jusque Nikisch. Il est hors de doutes que avec ce milieu allemand d'entre-geurre Evola avait les meilleurs relations intellectuelles, ce que n'a pas aide a lui, helas, a nuancer ses positions et rectifier ses vues dotrinales et traditionnalistes.
Cette contradiction chez Evola est saillante si on compare "Orientamenti" et "Oumo e le rovine" d'un cote, et "Cavalcare la tigre" d'aute cote. "Evola de gauche" n'est pas encore decouvert et reconnu. Mais encore une fois -- la Russie et son histoire conservatrice et revolutionnaire, paradoxale et revelatrice, ancienne et moderne nous aide a comprendre Evola dans ses idees explicite et surtout le sens implicite de son message qui reste a decouvrir et assimile. Non seulement en Russie, mais dans ce dernier aspect en Occident aussi.
Ce que pose plus des problemes dans l'assimilation des ecrits d'Evola en Russie est son attitude resolument antichretienne. Selon lui la tradition chretienne toute entiere est l'expression de la degradation cyclique, une racine de la decadence de l'Occident traditionnel et la "subversion" de l'esprit du Sud, de la mentalite "semitique" projette au Nord europeen aryen. C'est dans cette question ou il y a les aspects inacceptables des son message pour le contexte du traditionnalisme russe.
Il faut quand meme distinguer ici deux cotes diffirents du probleme.
1) D'un cote Evola connaissait surtout la forme catholique de la tradition chretienne -- celle qui etait propre a l'Occident. Ici la critique severe d'Evola du role du christianisme occidental dans le processus de la chute de la civilisation europeenne est assez juste (quoique non sans certaines generalisations peu fondees). Plus que cela dans l'optique de l'Eglise Orthodoxe, et surtout dans l'optique de l'Eglise Russe apres la chute de Constaninople et de l'adheration du Patriarchat de Constantinople a l'Unie catholique, on trouve souvent les memes motives dans la denoncation de l'"heresie latine". Le devotionalisme, le rationalisme scholastique et le papisme de Vatican sont les objets de la critique constante de l'Orthodoxie contre le catholicisme avec presque les memes conclusions concernantes la responsabilite de la "deviation catholique" dans la desacralisation de l'emsemble europeen qui a abouti par le rejet presque totale de la tradition et l'advenement de l'ere laique.
La tradition chretienne ortodoxe differe beaucoup de la tradition catholique dans les points essentiels dogmatiques, ritueliques et (ce qui est plus important dans notre cas) metaphysiques. L'esprit ortodoxe est contempatif, apophatique, hesychaste, communautaire et resolument antiindividualiste. Le but nettement declare de l'Orthodoxie est "la deification" de l'homme par la voie ascetique decrite dans les termes purement esoteriques et utilisant les procedes initiatiques. Cette voie de la deification est absolument autre chose que le mysticisme exoterique occidental ou l'humanisme exalte. Il s'agit de la vision traditionnelle de la realisation methaphysique. En autres termes Orthodoxie n'est pas la religion dans le sens de Guenon (repris ensuite par Evola), parceque il ne vise pas tellement "le salut de l'ame individuelle", mais la realisation purement spirituelle et metaphysique -- donc supraindividuelle et suprapsychique. L'Ortodoxie n'est pas l'exoterisme necessitant l`existance des societes initiatiques exterieures pour parvenir a la realisation complete spirituelle (l'absence historique des societes initiatiques hors de l'Eglise dans les pays ortodoxes le temoigne d'une maniere frappante). C'est plutot la tradition complete englobante l`esoterisme et l'exoterisme comme dans le cas de l'Islam. L`exemple plus proche de cette particularite de l'Eglise Orientale on trouve dans le chiisme iranien ou il n'y a pas non plus la distinction nette entre le domain esoterique et exoterique (a ce propos voir Henry Corbin "L'homme de la lumiere").
La difference essentielle entre la tradition catholique et la tradition ortodoxe rend la position anticatholique et "antigvelf" d'Evola pleinement comprehensible et acceptable. Plus que cela certaines objections formulees par Evola contre l'insuffisance metaphysique de l'attitude de l'Eglise Occidentale aident beaucoup a ortodoxes de retrouver consiemment dans sa propre tradition ce que manque fatalement au catholicisme.
2) L'autre aspect de ce probleme consiste dans le rejet de la part d'Evola de la tradition chretienne primordiale, dans son mepris de la nature du christianisme d'origine qu'il qualifiait toujours "plebeen", "semitique", meme "antitraditionnel". Il s'inscrit definitivement dans la tradition romaine prechretienne et antichretienne en repetant en traits generaux les accusations de l'Eglise de la part des philisophes payens et neoplatoniques. Certains elements il a puise des sources maconiques anticlericales a travers Arturo Reghini etc. Il tend d'identifier la tradition chretienne avec la tradition judeo-chretienne ce que est exacte seulement en partie et historiquement s'applique surtout a l'origine et a la particularite de la tradition proprement catholique, tandis que l'Eglise orientale (ou les Eglise Orientales) doit etre qualifiee hellino-chretianisme. (L'analyse exellent de cette diferrence fondamentale se trouve dans les auteurs russes comme Nikolaev "V poiskah sa Bojestvom", V.Lossky "Theologie mystique" et plus recemment chez les auteurs francais Jean Bies "Voyage au monte Athos" et Michel Fromaget "Corps, ame, esprit").
La tradition de la devotion passive, du recherche du salut individuel, l'egalitarisme posthume etc. ne caracterisent pas l'essence de la Tradition Chretienne contrairement aux affirmations d'Evola. Mais c'est le sujet trop serieux pour le traiter ici. On peut constater seulement que aux yeux des chretiens orientaux cet aspect de la critique d'Evola n'est pas non seulement acceptable, mais reste peu comprehensible, parceque les motives proprement judeo-chretiens sont assez rares et assez marginaux dans L'Ortodoxie. L'Eglise byzantine et apres sa chute l'Eglise russe ont herite la partie plus sublime de la tradition hellenique en l'incorporant dans l'ensemble harmonique de la Revelation evangelique. Dans l`Eglise orientale les apotres "gnostiques" et contrejudaiques sont specialement veneres -- il s'agit de Saint Paul, de l'apotre Jean, d'Andre (le patron de l'Eglise Russe) etc. Au contraire Saint Pierre ou Saint Jacob (les poles judeo-chretiens du christianisme d'origine) ont les roles secondaires. L'esprit de l'Eglise orientale reste tres marque par le marcionisme ou monophysitisme implicite. Le Christe est ici surtout Pantakrator et le Tsar, le Dieu de la Deuxieme Venu terrible et omnipotent. C'est aussi l'esprit aristocratique et ascetique actif et heroique. Le point culminant de l'affirmation consciente de cette nature de l'Eglise Orientale etait la sanctification de Saint Gregoire de Palama, l'esoteriste chretien emminent dont la doctrine hesichaste de la Lumiere Incree et de la deification a scandalise tant les catholiques et aussi le secteur philocatholique de l'Ortodoxie. Cee meme hesichasme est propre a la majorite des saints russes -- saint Serge de Radohej, saint Nil Sorsky etc, jusque les artistes des icones -- Andrei Roubliev recemment canonise comme le saint par le concile de l'Eglise Ortodoxe russe.
Danc dans le rejet absolu du christianisme en tant comme tel Evola pose l'obstacle serieux de son assimilation de la part du traditionnalisme russe. L'acceptation litterale de son appel au retour au paganisme donne seulement les effets ridiculs grace a l'absence totale en Russie des restes de la tradition slave prechretienne et les meilleurs partie de cette derniere on trouve plutot dans la particularite de la tradition orthodoxe specifiquement russe que dans les fragments incoherents des mythes et des cultes dont le sens et la logique sont oublies par completement.
L'adaptation de l'antichristianisme d'Evola a la realite russe peut se produire par l'acceptation de sa critique du catholicisme, de l'esprit judeo-chretien avec le recherche simultane des aspects positifs -- heroiques et virile -- a l'interieur meme de la tradition ortodoxe et surtout dans le domain esoterique de celle-ci, dans le symbolisme des icones, dans l'hesychasme, dans les procedes initiatiques de la deification. On peut etre d'accord avec la refutaion de l'esprit "semitique" et l'eloge de l'esprit "aryen" et "hellenique". Mais en Russie tout ca est oblige de rester dans les cadres de l'Ortodoxie chretienne, parceque telles sont les conditions historiques et "sacral-geographiques" de la civilisation russe.
Il y a chez Evola le cote extremment important concernant les origines hyperboreens de la Tradition. On trouve la meme idee chez autres traditionnalistes surtout chez Guenon et B. G.Tilak et aussi chez le savant allemand Hermann Wirth. D'ailleurs Evola evoque Guenon et Wirth comme deux de trois personnages qui l'ont influence plus que les autres (troisieme etait Guido da Georgio). C'est le point fondamental de sa doctrine. Le grand merit d'Evola consiste dans le fait qu'il essayait de reanimer le mythe hyperboreen, le proposer comme la realite spirituelle concrete, comme l'orientation par exellence non seulement dans les recherches esoteriques, mais aussi en tant comme le facteur metapolitique et presque existentiel. Cette reactivation du sujet de la Hyperboree est un aspect plus frappant de sa Weltanschauung.
Encore une fois cette idee d'Evola s'apparait extremment proche au traditionalisme russe, parceque le peuple russe etant le peuple indo-europeen, donc aryen, doit necessairement prendre conscience de son passe plus lointain pour reaffirmer son identite et trouver en soi meme l'essence spirituel. Il faut reconnaitre que malgre l'importance fondamental cette question n'etait presque jamais posee d'une maniere serieuse dans le traditionnalisme russe, sauf quelques intuitions assez vagues des savants prerevolutionnaires qui s'occupaient des origines des slaves. La vision traditionnelle des origines presuppose la connaissance des lois cycliques et les correspondances cosmiques. Dans ce cas l'oeuvre d'Evola nous donne beaucoup des informations precieuses sur la sujet. Evola lui-meme etait plus interesse par l'etude des influences hyperboreennes dans l'Europe occidentale et dans le Proche Orient, en applicant les methodes de Guenon, de Bachoffen et de Wirth pour reconstruire la typologie cyclique des civilisations a partir de l'age d'or jusque nos jours ("Rivolta contro il mondo moderno"). Dans ses ouvrages consacres au probleme des "races spirituelles" il a concretise certains donnes traditionnels consernants les types des hommes europeens dans ses particularites physiques, psychiques et spirituels. Partout il soulignait la centralite du type "hyperboreen", "nordique", "apollonien". Ces recherches aident a comprendre les relations qui existent entre la dynamique historique (comprise dans la perspective traditionnelle) et status quo critique de notre situation moderne. Il a dessine les grands lignes de l'itineraire des courants hyperboreens en correspondances avec les ethnies et les regions europeennes.
Evidemment tout ca s'applique surtout a la realite ouest-europeenne ou mediterraneenne. Les espaces ethniques et georgaphiques de l'Eurasie nord-orientale restent hors des cadres de ses recherches. Mais le methode et les pricipes du recherche elabores par Evola aussi que l'exemple de leur applications a la realite concrete nous donne la possibilite d'accomplir le travail semblable par rapport a la Russie et a ses liens avec la tendences hyperboreens. On peut affirmer qu'Evola est dans cette question extremment important pour la Russie parceque il ouvre les voies inconnues et meme insupoconnees avant lui du recherche des origines primordiales. C'est l'autre raison de grand interet pour Evola en Russie ou il inspire largement "les etudes hyperboreennes" appliquees a la Russie et a l'Eurasie. (A titre de l'exemple on peut citer A.Dughin "Continente Russia", Parma, Ed. del Veltro, 1991, meme auteur "Rusia -- Misterio del Eurasia", Madrid, Grupo libro 88, 1992, ou on essaye de definir les lignes de l'etude "hyperboreenne" de l'Eurasie).
L'adaptation des idees d'Evola a la Russie et la decouverte par son methode traditionnaliste de la sacralite russe pose la serie des questions interessantes sur la dotrine de la Troisieme Voie en generale comme au niveau metaphysique aussi au niveau geopolitique et politique. Ce deux niveau sont toujours intimemment lie en realite et la vie meme d'Evola temogne l'importance absolu de decouvrir cette correspondance "naturelle" et sacree que le monde moderne tend toujours ou nier ou occulter.
Dans l`engagement politique d'Evola il n'y a rien de casuel ou conventionel. Ses idees esoteriques et ses options politiques sont en harmonie parfaite. Il est l`exemple extraordinaire de coherence et de fermete d'esprit en front du chaos moderne qui cherche toujours depister les hommes dans leur recherche de la verite.
On peut dire que il y a la logique remarquable entre le traditionnalisme metaphysique d'Evola et sa defence de l'ideal politique imperial, antimoderne, "hyperboreen" et europeen. Sa position ideologique decoule directement de l'indivuduation de deux formes de la degradation spirituelle d'Occident dans le capitalisme americain (le pole occidental) et le communisme sovietique (le pole oriental). Donc politiquement il est contre le monde bourgeois et le monde socialiste, geopolitiquement il est contre l`Extreme Occident (Les Etats Unies, Frances, Angleterre, donc pays atlantistes) et contre l'Orient communiste (le bloque euroasiatique socialiste). De la suit logiquement certaine sympatie indeniable quoique tres nuancee pour le fascisme et le national-socialisme au niveau politique et la defence de l'Europe Centrale germanique au niveau geopolitique. Dans cette vision tres coherente la Russie (et le monde slave) politiquement, geopolitiquement et meme racialement occupe la place de l'ennemi naturel d'ou cette affirmation extreme que "les slaves n'avaient jamais la tradition" ("Heidnischer Imperialismus"). On peut supposer que cette vision geopolitique avait les fondements chez Evola dans la geographie sacree ou plutot dans certaine version de la geographie sacree propre a l'Occident imperial premierement hellinique apres romain et enfin germanique qui voyait dans les espaces eurasiennes les terres de la barbarie peuplees par les untermenschen slavo-tartars. Cette meme conception a ete tres tot reprise par la cattolicita occidental, surtout apres le schisme. Cette tercerisme d'Evola (ni 'Occident, ni l'Orient, -- l'Europe) est intimmement lie aux autres aspects deja mentionnes qui empechent d'integrer pleinement et sans nuances sa doctrine dans le traditionnalisme russo-otrodoxe. L'appreciation du socialisme comme quelque chose d'essentiellement antitraditionnel va en pair avec la sousestimation de la civilisation slave. Ceux deux aspects sont intrinsequemment lies.
Si dans le cas d'Evola il y a la correspondance directe entre la vision metaphysique et la dotrine politique, il y avait d'autres representants de la meme tendence politique qui suivaient la meme ligne sans aucune reference esoterique, mais en pleine conformite avec les principes qui eux meme ignoraient totalement. Le tercerisme geopolitique et politique de Troisieme Reich (celui, helas, non de van den Bruck, mais d'Adolf Hitler) et dans la moindre mesure de l'etat fasciste italien a fonde sa propre ideologie en traits generaux sur la meme base doctrinale. D'ou l'attaque contre l'URSS et la guerre contre les pouvoirs atlantistes - - Angleterre et Etats Unis. On peut dire que la meme vision est propre jusque maintenent aux milieux d'extreme droite europeenne independemment du fait si ses representants lisent ou non "Orientamenti" ou "Uomo e le rovine" sans parler de "Rivolta contro il mondo moderno".
Il est interessant d'evoquer le cas extremment interessant de l'evolution politique de l'ideologue de "Jeunne Europe" Jean Thiriart qui appartenait a ce mouvement terceriste d'extreme droite au sens large apres la guerre, en essayant d'appliquer la patrie cette position a la realite concrete de l'Europe democratique et denazifiee. Thiriart des annes 60 represente la version "secularisee" et "rationnalisee" de la doctrine d'Evola, privee des ses cotes metaphysiques, mais en conservant la coherence purement politique. Evola lui-meme cite Thiriart dans "Uomo e le rovine". Thiriart a commence par la formule stricte "ni Occident, ni Orient --Europe Imperial", donc par la formule identique a la vision d'Evola. Au cours des annes 70 et 80, apres avoir retire des luttes politiques, Thiriart est arrive a la conclusion que deux termes negatif de cette formule ne sont pas egaux. Il a reconnu dans le systeme socialiste sovietique beaucoup plus d'affinites avec ses propres ideaux que dans le monde capitaliste. La meme chose il a trouve dans les courants de la Revolution Conservatrice allemande, dans le fascisme de gauche europeen et italien, dans la Republique social et meme dans le national-bolchevisme russe etc. A partir de ca il a declare le slogan quelque peu provocateur de "L'Empire euro-sovietique de Vladivostok jusque Dublin", en affirmant par ca la compatibilite politique et geopolitique du tercerisme europeen avec le socialisme eurasiatique. Ces idees ont influence beuacoup la secteur national-revolutionnaire dans les courants politiques europeens. Il faut noter que tout ca a ete fait dans l'esprit du pragmatisme politique plus froid sans aucune appel a la Tradition.
Mais on peut, theoriquement au moins, trouver la correspondance metaphysique exacte avec l'operation geopolitique de Thiriart. Ca signifierait la revision de la pensee evolienne de point de vue "eurasiste" et dans l'optique du traditionnalisme russo-ortodoxe. Comme Thiriart a reste fidele a son impulse premiere de l'engagement politique (il etait, d'ailleurs, combattant de SS) tout en changeant sa vision geopolitique, on peut reste aussi fidel a l'essence profonde metaphysique du message d'Evola en adaptant certains ses aspects a la vision "euroasiatique" avec toutes les implications necessaires. Thiriart et aussi certains representants de la ND europeenne et des courants NR ont opte resolument pour la designation de l'ennemi absolu unique qui est le capitalisme cosmopolite et la domination geopolitique des Etats Unis. Le camp socialiste a ete percu plutot comme "l'allie possible". Si on ferait la transposition de cette evaluation politique sur le niveau spirituel plus haut on arivra a l'appreciation sommairement positive de la tradition russo-ortodoxe, a la decouvert du composant slave de l'ensemble indo-europeen et mem a la reconnaissance dans le bolchevisme russe des tendences antimodernes et en quelque sort traditionnelles. Dans ce cas on arrive a la formule: "l'Orient contre l'Occident", "le socialisme et socialisme national contre le capitalisme", "les eurasistes contre les atlantistes", "la Russie avec l'Europe germanique et continental contre les Etats Unis et les pays anglosaxons" etc. Parallelement s'opere la revision des idees d'Evola qui correspond exactement a la lecture "russe" de ses ecrits (plus l'accentuation de son cote revolutionnaire, "de gauche").
Troisieme Rome, Troisieme Reich et Troisieme International s'apparaissent d'emblee comme les symboles intimmement lies entre eux comme les trois formes differentes, mais complimentaires de la Revolte contre le monde moderne -- pas toujours conscientes de ses implications transcendentes et parfois deviees et meme parodiques. Mais peut etre dans l'age sombre ou nous sommes, dans ce kali-yuga on ne doit pas esperer de la realite exterieur les realisations rayonnantes et sublimes des verites traditionnelles. Certains aspects repoussants des ideologies contemporaines et surtout leur mise en practique peuvent parfois cacher les tresors spirituels ainsi que les "guardiens du seuil" dans la tradition tibetaine, monstruex et agressifs, gardent le depot precieux de la Tradition (cette metaphore a utilise une fois prof. Claudio Mutti a propos de l'aspect exterieur des regimes communistes; il faut preciser que lui meme est traditionnaliste guenonien et evolien, russophil et en meme temps admirateur des idees de Jean Thiriart!). On peut ajouter que malgre beaucoup des raproches par rapport au cote esoterique de national-socialisme et beaucoup des mots severes a son egard Evola lui-meme a accepte la participation dans la lutte intellectuelle precisement dans ce camp ideologique, en essayant "corriger les noms" (selon l'expression esoterique de la tradition chinoise) et ouvrir les perspectives du traditionnalisme authentique non pas du dehors, mais du dedans de mouvmenet qui representait, soit aproximativement, la Revolte pour l'Absolu. Donc "les guardiens du seuil" de neo-spiritualisme ariosophiste n'ont pas empeche a Evola de se mele activement dans le combat spirituel au cote des national-socialistes.
Il faut reconnaitre que Evola lui-meme n'a pas accompli l'evolution semblable a Thiriart. Quoique reste le fait que son dernier livre doctrinal s'est quand meme "Cavalcare la tigre" et non "Orientamenti".
L'Empire euro-sovietique de Vladivostok jusque Dublin, le camp de la Revolte paradoxale des "brune-rouges" eurasistes en quete de Regnum totalement oppose a la modernite, -- a cette modernite qui se concretise eschatologiquement dans "la domination absolu du capital" et de la "mentalite semite-marchande", dans l'advenement final de type sociel qui n'appartient pas ni a troisieme, ni a quatrieme caste traditionnelle indo-europeen -- tout ca on peut deduire de la lecture "russe" d'Evola, de la lecture "revolutionnaire" d'Evola qui brise la scolastique traditionnaliste impuissant, universitaire et recomfortante et revifie son esprit qui n'est pas, d'ailleurs, mort.
Julius Evola etait l'homme genial. Plus que cela il etait l'homme-archetipique qui a vecu dans son destin personnel le sort de la Tradition au milieux des tenebres eschatologiques. Son heritage est plus que preciex. Ses erreur sont aussi charges de sens comme ses revelations veritables. Il a temogne la qualite de la realite actuelle, il a montre heroiquement l'orientation qui mene au-dela. Son message est necessaire pour l'Europe. Il est aussi necessaire pour la Russie qui passe par son moment historique crucial ou la question de son identite traditionnelle et sacree se pose dans chaque ame russe. Grace a la lumiere de ses idees, qui ne nous conviennent pas toutes, nous pouvons restaurer notre propre tradition metaphysique, trouver les cles oublies ou perdues. Ca explique la popularite d'Evola en Russie actuelle. Ca explique aussi la raison des polemiques passionnees qui provoquent les traductions de ses livres et des articles. Le rencontre de la Russie avec Evola ce n'est pas la question de l`erudition, de l'extremisme politique marginal ou l'affaire des "spiritualistes". Les aspects qui touche Evola sont les realites vivantes, les forces sacrees qui se reveillent dans l'attente de "Action Transcendente" delaquelle Evola a parle prophetiquement dans ses premieres livres.
Evola est le dernier hero de l'Occident. Mais on sait que dans l`optique eschatologique "le dernier est toujours le premier". Donc le message d'Evola conclue certain cycle, mais ouvre l'autte -- esperons que ca sera le cycle de la Revolte Absolu contre le monde moderne.
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