Canapé vert...
Mlle Agnès... Jackie... Ebats Amoureux...

 

 

 

PAS SI VITE

 

DIALOGUE...

Le dialogue est une forme philosophique bien connue !
Même si aujourd'hui, elle n'est plus guère employée !
La philosophie ne se dialogue plus !
Pourquoi ?

Je ne sais pas !
Peut-être le savez-vous ?
En tout cas, le dialogue a disparu corps et biens !
Comment ? Dans quelles circonstances ?

Je ne sais pas non plus !
La disparition du dialogue ne ressemble pas au naufrage du Titanic, ça ne fait même pas de bulles à la surface des flots... ... Des flots de paroles, bien entendu !

Mlle Agnès : T'aime bien te regarder monologuer !
Jackie : Oof... ... Y parait que James Cameron est en train de tourner "le naufrage du dialogue " et que ce sera le film le moins cher de l'histoire d'Hollywood !
Mlle Agnès : ...
Jackie : C'est ce qu'on m'a dit !

Quel est le dernier philosophe qui s'y soit aventuré ?
Est-ce Malebranche ? Leibniz ? Diderot ?
Toutefois, Malebranche, Leibniz, Diderot, Berkeley sont arrivés à bon port !
Ils furent les derniers... Mais le dialogue n'a pas sombré avec eux !

Voilà qui est mystérieux, le dialogue philosophique n'a pas disparu avec les derniers dialoguistes !
De la disparition du dialogue, on ne sait rien !
Enfin, je ne sais trop rien...
Et pourtant les conséquences de cette disparition sont nécessairement plus essentielles que le naufrage du Titanic !
Pour s'en rendre compte, il faudrait remonter à son apparition !

Mlle Agnès : L'apparition du Titanic ?
Jackie : Non ! Du dialogue...
Mlle Agnès : Ah ! ... Je connais pas ce bateau...

L'inventeur du dialogue s'appelle Zénon !
Zénon d'Elée !
Mais, on ne le connaît pas pour ça !
Il est célèbre pour ses paradoxes !
Celui de la flèche, par exemple, qui n'avance pas de l'arc à la cible parce qu'elle aurait à parcourir la moitié de cette distance, et la moitié de cette moitié, et ainsi à l'infini...

Jackie : Alors toi tu ris, et moi je suis plongé dans l'incrédulité !
Mlle Agnès : D'accord !
Mlle Agnès : Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! Ah ! ... Ouh ! Ouh ! Ouh ! Ouh ! Ouh ! Ouh !
Jackie (incrédule) : ...

Les arguments de Zénon font rire ou plonge le lecteur dans l'incrédulité !
On a peine à y croire !
Elle avance cette foutue flèche !
Et si je me jette par la fenêtre, je vais m'écraser parterre !
J'aurai donc parcouru une distance ? Et sa moitié ? Et la moitié de la moitié ? Etc...
Zénon n'a donc pu dire une telle ineptie !
Qu'est-ce qu'il a dit ?

Il a simplement dit :
On ne peut pas penser le mouvement !

Un peu comme, plus tard, Heidegger dira que l'on ne peut pas poser la question :
Qu'est-ce que le temps ?
Car, alors, on pose aussitôt le temps comme Etre !

Mlle Agnès : Mais ça n'a rien à voir ?
Jackie : Ben c'est vrai, d'un coté c'est une question de langage et de l'autre pas ! C'est pour savoir si tu suivais !

Donc, le mouvement est impensable !
En d'autres termes, si je vois un mouvement, je ne peux pas penser ce que je vois !
Mais si je me mets à le penser, je suis obligé d'arrêter ce mouvement !

Jackie (avec la flèche) : Des qu'on pense le mouvement de la flèche, elle s'arrête avant d'avoir parcouru la moitié de la moitié ! Avec les paradoxes de la pensée, plus rien n'avance !
Mlle Agnès (avec l'arc) : On est bien avancé ! ....................... CHTONG !

En effet !
Et c'est cette impossibilité qui est décisive et qui va hanter toute l'histoire de la philosophie !
Penser, c'est nécessairement penser quelque chose de stable, d'immuable, d'identique à soi-même, une idée, une essence, l'un, le même, etc...
Le devenir, le changement, le mouvement sont, à la lettre, impensables !

Mlle Agnès : Ben qu'est-ce que je dois dire là ?
Jackie : Ben tu dis : Pourtant y'a des mouvements de pensée !
Mlle Agnès : Pourtant y'a des mouvements de pensée !

Et comme vous le dites, pourtant il y a des mouvements de pensée !
Par exemple, si j'argumente, si je passe d'une idée à une autre...
Et, de plus, la pensée peut être portée par un discours !
Le langage est une sorte de mouvement !
Alors, comment faire pour que la pensée, elle-même, ne bouge pas ? ... Malgré le raisonnement, malgré le discours...
Car le problème est là !
Comment faire pour que la pensée ne bouge pas ?
... Pour qu'elle ne soit pas dans un élément impensable ?
Une chose, est de montrer que le mouvement est impensable...
... Une autre, est de le montrer sans mouvement !
Comment faire ?

Jackie : Hein ? Comment faire ? Tu vas répondre oui ?
Mlle Agnès : Ouais ben je peux pas t'aider ! C'est ton boulot ! ... Tu deviens tyrannique ! ...

Zénon s'est rebellé contre le tyran d'Elée !
Il est arrêté, torturé...
Le tyran lui demande quels sont les noms des conjurés...
Et Zénon répond... S'il y en avait encore, serais-tu encore tyran ?
En fait, cette réponse est du même ordre que l'argument de la flèche !

Ou bien, tu es tyran et personne ne peut avoir l'idée de te renverser !
Ou bien, tu n'es pas tyran et tu ne peux pas me torturer !

Ou encore :

Ou bien, tu es tyran et il n'y a pas de conjuré !
Ou bien, tu n'es pas tyran et il n'y a pas de conjuré !

Ou encore :

Tu ne peux pas me demander le nom des conjurés !
Si tu me le demandes, tu n'es pas tyran !
Tu es donc, en me demandant cela, tyran et pas tyran !

Voilà comment le dialogue est né ! ...
... Par une réponse à la question d'un tyran !

 

... ... CLAC !

Jackie : Elle s'est tirée !

 

 


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