Jackie : (qui tousse) …
Mlle Agnès : (en colère et qui fait sa valise) …


 

PAS SI VITE

 

MOI !

 

Avoir raison revient souvent à apporter une preuve, quelque chose qui emporte le sentiment.
Cela est très courant dans nos conversations et dans nos débats.
En philosophie, l'affaire est beaucoup plus complexe…
Je prends un exemple…

Jackie : Et quand un mec bat sa femme, on demande jamais si elle méritait les coups ou pas ! !
Mlle Agnès : Pourquoi, t'as l'intention de me battre maintenant ?
Jackie : Ah ! Ah ! Tu veux qu'on appelle " SOS Femmes qui mériteraient d'être battues " ?

Je tombe sur un philosophe qui prouve que nous avons une identité personnelle, un Moi… Et qui démontre que sans idée personnelle, je ne pourrais pas savoir qui je suis quand je me réveille d'une longue nuit de sommeil ! ! !
Bon ! Je suis convaincu qu'il a raison !

Admettons à présent que je tombe sur un autre philosophe qui prouve que nous n'avons pas d'identité personnelle ! Pas de Moi ! Pour la bonne raison que lorsque je cherche ce Moi, je bute toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d'ombre, d'amour ou de haine, de douleur ou de plaisir…
Je ne peux jamais me saisir de ce Moi, sans une perception… Et je ne peux rien observer que la perception !
Je puis me dire : Bon ! Je suis convaincu qu'il a raison !

J'aurai donc lu successivement deux philosophes, … Et je serai passé successivement d'une conviction à son contraire !

Mlle Agnès : Ah ! C'est bien toi ça !
Jackie : (qui siffle) …
Mlle Agnès : Ouais ! Siffle ! … C'est ça !

Ne vous moquez pas ! Ca arrive et c'est grave ! Ce qu'il y a de grave, c'est que je n'aurai ni dans un cas, ni dans l'autre, compris le sens de la preuve !

Mlle Agnès : Ah, ça y est ! On va apprendre que la preuve ne prouve rien !
Jackie : Ouais ! C'est ça !

Il est rare en philosophie que l'on prouve pour remporter une conviction.
Hume n'est pas de ces philosophes qui prouvent pour avoir raison !
Parfois, il se met à l'épreuve…
Par exemple, il pense que toutes nos idées viennent de nos impressions !
Pour certaines idées très abstraites, comme celle du temps par exemple, il pressent des objections !
Alors, il dit au lecteur : Ecoutez, si vous n'êtes pas convaincus, montrez-moi une idée, et je montrerai l'impression qui y correspond !

Mlle Agnès : (qui continue à faire sa valise) …

Parfois, Hume met le lecteur à l'épreuve…
Par exemple, c'est lui qui, tout à l'heure, montrait que nous n'avons pas d'idée de notre Moi !
Et il écrit : Si quelqu'un me dit qu'il a une idée de son Moi, qu'il peut percevoir quelque chose de simple et de continue qu'il appelle " Lui "… Alors, il m'est impossible de percevoir cette chose simple et continue qu'on appelle " Moi " !

Mlle Agnès : … Et Moi ! … Il m'est impossible de continuer comme ça ! … Ca suffit ! ! !
Jackie : Ben c'est bien, je vois que tu suis !

Hume en tire une conséquence : Je ne suis pas rationnellement certain d'avoir un Moi ! … D'un autre coté, je suis bien obligé d'y croire !
Ainsi la réflexion philosophique ébranle à la fois les principes de ma raison, et les fondements de ma croyance !
Et cela cause une profonde mélancolie dont, heureusement, la nature nous délivre !
Je dîne, je joue au trictrac, je parle et me réjouis avec des amis !

Mlle Agnès : C'est ça ! Va jouer au trictrac avec tes amies ! ! !
Jackie :… Eh ! T'oublies tes fleurs !
Mlle Agnès : C'est un cactus et ça PIQUE ! ! !

Mais qu'est ce qui fait qu'après cet amusement, Hume se remette à la philosophie ?
Rien d'autre qu'une certaine inclination, on est philosophe comme on croit que le feu chauffe…
Ca nous coûterait trop de peine de penser autrement !
A cela près que suivre la pente de cette inclination n'est pas facile !
Un philosophe est avant tout quelqu'un qui ne peut pas faire autrement.
Et la philosophie, dit Hume, n'a rien à opposer à la paresse ou à la mélancolie !
Elle attend la victoire plus du retour d'une disposition sérieuse et bien inspirée, que de la force de la raison et de la conviction !

Jackie : Tu pourras me rapporter des cigarettes ?
Mlle Agnès : … (qui claque la porte !)
Jackie : (en aparté) Sa mère tient un bureau de tabac !
Mlle Agnès : CON !

 


This page hosted by Get your own Free Homepage