L'amour par terre
Le vent de l'autre nuit a jeté
bas l'Amour
Qui, dans le coin le plus mystérieux
du parc,
Souriait en bandant nalignement
son arc,
Et dont l'aspect nous fit tant
songer tout un jour!
Le vent de l'autre nuit l'a
jeté bas! Le marbre
Au souffle du matin tournoie
épars. C'est triste
De voir le piédestal,
où le nom de l'artiste
Se lit péniblement parmi
l'ombre d'un arbre,
Oh! c'est triste de voir debout
le piédestal
Tout seul! Et des pensers mélancoliques
vont
Et viennent dans mon rêve
où le chagrin profond
Évoque un avenir solitaire
et fatal.
Oh ! C'est triste ! - Et toi-même,
est-ce pas ! es touchée
D'un si dolent tableau, bien
que ton œil frivole
S'amuse au papillon de pourpre
et d'or qui vole
Au-dessus des débris
dont l'allée est jonchée.
Paul Verlaine
©Jacques Lemaire, 1999, 2000
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