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Culture | ||||
BANDE DESSINEE: QUELQUES PISTES POUR AMATEURS…La bande dessinée n'est pas un art mineur. Malgré que l'âge d'or des écoles de Marcinelle, Bruxelles ou Paris soit derrière nous, il existe encore des trésors à découvrir ou à faire découvrir. Cet article n'a pas pour ambition de vous distiller une analyse de spécialistes mais bien de vous présenter brièvement quelques séries intéressantes et pouvant révéler à l'amateur éclairé d'agréables surprises. Nous ne cherchons pas ici à être systématiquement politiquement incorrect. Certains connaisseurs, proche d'un milieu de pensée nationaliste, pourrait peut-être nous en faire le reproche mais il s'agit d'un choix délibéré. Nous optons volontairement pour un aperçu non exhaustif de séries soit historiques, soit mettant en avant notre riche patrimoine de légendes; elles ont été choisies en raison de leur thématique, de la qualité du graphisme et du sérieux du scénario. D'autres suivront dans les prochains numéros. Un cheminement dans l'Histoire et les mythes à travers l'image …
En l'an 530 de l'ère chrétienne, l'empreinte de Rome s'efface et se déforme. La Pax Romana agonise sous les coups de boutoirs des tribus barbares. Dans le fracas des combats, un empire se meurt. A l'aube des ténèbres, un héros de légende apparaît... Fougueux et naïf, batailleur et innocent, Perd-Cheval va croiser le destin d'êtres d'exception: Artu, fils du roi Penn Dragon, l'homme vert des forêts que certains surnomment Merlin, et Vivianne, la jolie sauvageonne. Six albums (Perd-Cheval, La Grande Ourse, Mark de Cornwall, L'Esprit de vermine, Blanche Fleur et La Faim des Illusions) pour conter, grâce à un dessin parfait et à un scénario fidèle, la geste arthurienne. Mettons en avant les tomes 3 et 4 pour les splendides illustrations de Stonehenge et pour l'extrême beauté des couleurs utilisées; il s'agit de purs chefs-d'œuvre. Les dessinateurs (Rouge puis Tarral) reproduisent avec perfection l'ambiance, les costumes et le mode de vie du VIème siècle. Le scénariste, Patrick Cothias, confirme qu'il est un maître incontesté. Edité chez Glenat. Mémoire de Cendres ![]() Qui n'a pas encore fait un pèlerinage à Montségur se doit de réserver quelques jours de sa vie pour aller respirer l'air pur du pays cathare et s'imprégner de la beauté majestueuse des contreforts pyrénéens. Nos amis de Terre et Peuple et d'Unité Radicale y ont d'ailleurs célébré leur solstice d'été. Mémoire de Cendres est un cycle d'aventures dont 7 des 8 albums sont actuellement parus. Il a pour premier décor, le pays de Carcassonne, les Corbières, et leurs célèbres châteaux cathares. Si la lutte entre les Français et les Occitans constitue l'arrière-fond de la trame d'aventures vécues par Héléna, baronne de Lorac, le scénariste-dessinateur Philippe Jarbinet, fait voyager son héroïne du Languedoc en Toscane. Il s'agit là d'une superbe manière de découvrir les paysages européens du XIIIème siècle. L'album Montségur est une grande fresque en l'honneur de l'identité occitane…il met parfaitement en valeur ce que peut être une mémoire de pierre. Sept albums parus chez Glénat (Héléna, Cœur de pierre, Rémy d'Orient, Les Loups de Farnham, La Danse des géants, Montségur, Calimala).
Aperçu légendaire: sur fond de cité engloutie et de Haut Moyen-Age Bran Ruz (corbeau rouge), paru dans la collection "A suivre…", nous narre la légende de la cité engloutie de Ker Is en Bretagne. Un jeune garçon roux, que l'on surnomme "Le Rouge" grandit au sein d'une tribu païenne. Pour subvenir à leurs besoins, ils attirent, pendant les tempêtes, les bateaux en détresse vers les rochers. A la suite d'un incident, "Le Rouge" fuit les naufrageurs et entame une quête initiatique. Jouant dans une mare salée, il capture le roi-poisson qui lui demande de le relâcher. En échange, il ouvre son esprit sur la trame du monde. Par après, il pénètre subrepticement dans la ville chrétienne d'Is qui domine la région. Le roi d'Is est un séide des chrétiens, mais il couche avec sa fille Dahud et ses sujets sont aussi débauchés que leur souverain. Bran rencontre Dahud et, avant que les gardes ne l'expulsent, il l'engrosse par enchantement. Il reprend son errance bientôt rejoint par Dahud et son fils, tandis qu'à Is s'ourdissent des complots. Après avoir rencontré une vieille sorcière et l es druides qui lui donnent son animal totem, un corbeau, Bran Ruz conquiert Is à la tête d'une troupe de païens. Les deux peuples auraient pu vivre en bonne entente, mais un groupe de fanatiques chrétiens tuent sa femme et enlève son fils. Les voyant prendre le large, Bran Ruz provoque la fureur des flots qui submergent l'orgueilleuse cité d'Is. L'ouvrage a été édité à l'initiative d'une association de nationalistes bretons (le début et la fin présentent un texte en regard français/celte). Les dessins à l'encre de Auclair/Deschamps, qui a réalisé la série des "Simon du fleuve", sont à la fois d'une grande précision et d'une profonde poésie. Ils apportent au récit sa dimension mythique. Les images réalistes et oniriques s'entremêlent comme les volutes d'un triskel pour notre plus grand émerveillement. Les Compagnons du Crépuscule ![]()
Avec les "Compagnons du Crépuscule", Bourgeon atteint les sommets de son art. Le chevalier X est rongé par la rancœur. Défiguré lors d'un tournoi, il s'est ensuite fait mercenaire et exerce sa vengeance sur les nobles, pillant leurs châteaux et massacrant leurs gens. Au cours de ses pérégrinations, il rencontre une ribaude rousse et un jeune garçon qui accompagneront son parcours.
Il s'agit d'un ouvrage à double lecture. C'est d'abord une aventure médiévale, agrémenté de quelques scènes cocasses. L'auteur utilise un français "vieilli" qui donne du relief aux dialogues et, surtout, Bourgeon est un virtuose de la planche à dessins. Quant au scénario, il est d'une diabolique subtilité, un véritable labyrinthe où le lecteur s'égare avec plaisir. En effet, les légendes, symboles et mythes celtiques sous-tendent l'histoire. Le chevalier, au départ vêtu de rouge, acquiert par la suite un blason noir et blanc; il rencontre trois femmes/ondines (une noire, une blonde, une rousse); un personnage qui a l'apparence d'Odin semble présider aux événements. A un moment, nos trois personnages glissent insensiblement dans un monde de rêve habité, entre autres, par des lutins anthropophages. Le récit se déroule donc sur deux plans parallèles, l'un réel, l'autre symbolique, et il tire sa richesse de cette ambivalence.
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document original : [revue DEVENIR - numero 18 - automne 2001] | ||||
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