Appel aux démocrates (Suite 2)

 

Par Martin EDZODZOMO-ELA

 

…Aujourd’hui, le pays est dans une totale impasse politique. Le processus de démocratisation enclenché en 1990 est sérieusement menacé. Après ce que nous avons connu autour, en dessous et au-dedans des élections locales, législatives et sénatoriales depuis 1991, on peut dire qu'un monde politique s'est écroulé : des naufrages après des trahisons des prétendus partis de l'opposition n'en finissent pas de se succéder; les partis dite de la majorité présidentielle au pouvoir n’en finissent pas de s’extirper.

 

Nous assistons à un effondrement de la confiance du peuple envers les représentants des partis politiques toutes tendances confondues. Heureusement dans le même temps, beaucoup parmi nous ont commencé enfin à se relever de l'état de choc provoqué par les dernières manipulations grossières de la vie politique dans notre pays, lors des consultations électorales qui ont eut lieu jusqu’ici, dans le cadre de la démocratie multipartite définie par la "Paristroïka". Ils se sont délivrés de leurs derniers restes d'illusions sur la capacité du régime néo-colonial à se réformer et à se convertir honnêtement à la démocratie. Ils se sont mis à penser librement, et ont commencé à se rendre compte qu'ils ne pouvaient plus se contenter d'attendre indéfiniment que quelqu'un d'autre déclenche (d'en haut ! de l'extérieur !) un réel processus de démocratisation et de changement de méthode de gestion de l'État, auquel aspire notre peuple. Ils sont "fatigués de leur fatigue" d’attendre que le salut leur vienne des grands hommes providentiels. Beaucoup d'entre nous, dégoûtés de jouer toujours le rôle d'objets passifs, éprouvent aujourd'hui le besoin de redevenir, dans la mesure du possible, les sujets actifs de l'histoire, de leur propre histoire, celle de leur pays.  Étouffant à la longue dans l'atmosphère pourrie de leur "relégation intérieure", ils se sont à nouveaux ouverts à un sentiment de co-responsabilité dans le sort de leur nation gabonaise. Ils refusent et s'élèvent contre l'encanaillement auquel a été conditionné, depuis des décennies, l'ensemble de la population gabonaise. Car, comme nous l'avons exposé plus haut, l'encanaillement n'est rien d'autre que l'acceptation, en tant qu'état habituel et normal, d'une irrégularité, d'une chose qui continue d'apparaître anormale, mais que l'on continue d'accepter. Or, comme il n'est pas possible de convertir en une saine normalité ce qui, dans son essence même, est criminel  et anormal, l'individu décide de s'adapter lui-même à la faute essentielle et de devenir ainsi "partie intégrante" du crime et de l'irrégularité qu'il entraîne.

 

Il faut mobiliser, non les réactions de partis, mais plutôt toutes les capacités à dominer et à transcender les  réactions, ainsi que d'autres comportements d'exclusion comme l'ethnicisme, le régionalisme, le tout afin de permettre le désenclavement tribal et le décloisonnement politicien partisan.  La nouvelle voie visera en quelque sorte à l'isolement des résistances conservatrices de tout ordre, et les pôles de crispation dogmatique ou clientéliste, par un large débordement de leurs positions.

 

C'est ce que nous proposons pour engager une action de démocratisation véritable de notre société, une action qui ne peut être dans les circonstances actuelle que révolutionnaire dans le sens pur  de ce mot.

 

C’est l’objectif que se fixe l’ AGEEP et vers lequel elle convie les Gabonais.

 

Un des problèmes qui se pose à nous dans notre pays, ce n’est pas l’apprentissage de la démocratie.  Le peuple gabonais a démontré à plusieurs reprises par son civisme, son sens de la discipline qu’il n’avait rien à envier à l’électeur de toute autre société démocratique. Le vrai problème est davantage comment sortir de tant d’années de totalitarisme et de tyrannie en nous débarrassant des séquelles psychologiques de la peur, des habitudes de la délation et tous les défauts ancrés en chacun de nous sous le règle du monolithisme en pleine déconfiture.

 

C’est pourquoi, la nouvelle voie, celle de la Renaissance nationale gabonaise, ne passe pas par le clivage classique et formel, partis de la mouvance présidentielle et pseudo-partis de l’opposition formelle.  Elle a pour vocation de dépasser, bousculer et déborder cette ancienne donne pour élaborer un projet qui les transcende tous…

 

 

(à suivre)

 

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