Appel aux démocrates (Suite 4 et fin)

 

Par Martin EDZODZOMO-ELA

 

…Le peuple gabonais sait aujourd’hui que la condition actuelle qu’il subit n’est pas une fatalité. C’est le résultat en quelque sorte naturel de 32 ans de gabegie, de prédation, de détournements, bref l’accaparement des biens publics par une oligarchie familiale. Il sait qu’il peut s’en sortir grâce au projet réaliste, pragmatique, qui leur a été présenté en ce jour du 1er décembre 1998 par celui qui est devenu depuis lors leur “ Président de cœur, le Président des Makaya ”. Pour cela, il est décidé à s’engager avec lui sur la voie difficile et fragile de la démocratie, à lutter avec lui contre le despotisme, la corruption et la prédation des richesses nationales.

 

Lorsque le citoyen constate que son bulletin sert à quelque chose, que la compétition n’est pas jouée d’avance, autrement dit, que les dés ne sont pas pipés, il s’implique davantage. Voilà le désir le plus impératif du peuple gabonais, c’est ce pourquoi il sollicite l’aide active de tous ceux qui parlent des droits de l’homme, de tous ceux qui parlent de démocratie. Aujourd’hui, le peuple gabonais, avec leur “ Président des Makaya ”, attend des actes et non des discours pour l’aider à sortir de la dictature, du mensonge dans lequel il vit depuis plus de trois décennies.

 

Le peuple gabonais, qui s’est réveillé et qui se retrouve intimement au côté de “ son Président de coeur ”, M. Martin Edzodzomo, le “ Président des Makaya ”, souhaite que les hommes et les femmes de bonne volonté viennent en actes et gestes l’accompagner dans le processus de démocratisation, de réhabilitation de l’homme gabonais  qu’il a engagée.

 

De plus en plus, des voix s’élèvent pour penser qu’après l’exemple du Congo-Zaïre qui créa le mythe Kabila, le Niger de Maïnassara peut être un exemple que d’aucuns pourraient penser suivre dans le contexte actuel de notre pays. Pour eux, et à juste raison, ils pensent que dès lors qu’il n’existe aucune possibilité d’alternance démocratique, le changement pourrait arriver au Gabon par la “ méthode Niger ”.  Ce raisonnement est la conclusion inévitable dans le contexte d’un régime qui, par sa résistance farouche au changement, sécrète de telles issues.  Le conflit du Congo-Brazzaville ajoute aujourd’hui une autre menace au régime.  Le Gabon, pays  sans armée digne de ce nom n’est pas à l’abri d’une destabillisation provenant de Brazzaville : témoin la présence des 600 cocoyes qui ont élu domicile, avec armes et bagages dans une localité du sud du pays sans l’aval des autorités gabonaises.

 

En outre, avec la fin de Bongo qui s’apparente à celle de Mobutu, nous avons quelques raisons de craindre au Gabon le syndrome des deux Congo pour des raisons évidentes.  Il y a dans le cercle du pouvoir actuel des convulsions et des ambitions effrénées pour la succession dans le cadre du système.  Comme au Congo-Brazzaville, les gens qui sont supposés être en charge de la défense de nôtre nation s’entourent et organisent des milices parallèles.  En effet, de fortes tensions ont émergé dans le gouvernement  :  Les problèmes suscités par la guerre civile au Congo-Brazzaville, et l’implication personnelle du président de la  République dans ce bourbier,  ont des répercussions néfastes pour le pays ; le clanisme qui  a été longtemps développé par le régime dans le cadre de sa géopolitique clientéliste, et le fractionnisme des membres de la nomenclature qui, aujourd’hui, se regroupent en alliances diverses pour préparer chacune à sa manière, la prise de pouvoir après Bongo ;  Ali Ben Bongo, ministre des forces armées gabonaises par la volonté de son père, se comporterait déjà en “ petit président ” de la république, comme si son accession à ce poste à la mort de son “ père ” ne serait qu’une question de formalité.   

 

Prenant le contre-pied de la théorie absolutiste de Thomas Hobbes, John Locke se fait le défenseur du parlementarisme et écrit :

 

“ L'exercice de la souveraineté revient essentiellement à des représentants du peuple. Elle assure une certaine sélection du personnel politique et fournit des garanties quant à la sérénité des débats. Elle actualise également le contrat initial en lui permettant d'évoluer. Puisque toute souveraineté réside essentiellement dans le peuple, celui-ci en dispose en nommant ses représentants politiques. Les élections régulières viennent confirmer cette délégation de pouvoir et donne un sens à la notion de consentement. Par le biais du processus électoral, le peuple manifeste sa confiance dans le pouvoir politique. En mandatant les magistrats qui le représentent, le peuple les autorise à agir en son nom pour l'intérêt commun. Le fait important devient donc que chaque pouvoir soit mandaté. ”

 

Nous pensons fermement comme John Locke que seule la démocratie qui implique la participation des citoyens responsables, peut épargner au petit peuple gabonais les drames comme ceux qui ont lieu en ce moment dans quelques États frères de la sous-région.

 

Nous nous refusons à envisager dans le contexte actuel une telle issue, c’est ainsi que, ou justement parce que ce qui se passe à nos frontières nous apporte au contraire des raisons positives d’agir avec sagesse pour le bien de notre petit peuple gabonais. Cependant, nous insistons sur le fait “ que cela n’arrive pas qu’aux autres ”.

 

Aux hommes et aux femmes de paix, aux démocrates et aux amis du Gabon, nous disons :

 

Donnez- moi  un point d’appui,

Et je soulèverai le monde ...[1]

 

Mario SOARES, ancien président du Portugal, dans son intervention lors du colloque sur la corruption internationale, organisé le 22 octobre 1998 à la Sorbonne par Le Nouvel Observateur, déclarait avec justesse :

 

“ ...Nous recommandons de façon étrange à ces pays de faire de la démocratie, sans qu’y existe une société civile. De ce fait, même quand des élections ont lieu, plus ou moins correctes, les partis de l’opposition, qui n’ont pas accès au gouvernement, n’ont pas d’argent. Comment font-ils alors pour faire de la politique sans argent ? Ils peuvent peut-être bénéficier d’aides étrangères. Mais quelles sont exactement ces aides ? ”[2]

 

Aider les peuples africains en général, et le peuple gabonais en particulier, à se choisir des pouvoir légitimes, qui sauront gérer et développer les ressources locales dans l’intérêt collectif.

 

C’est le sens qu’il faut donner à l’interpellation de l’Afrique à l’Europe et au monde riche de l’Occident. C’est le sens de cet appel que nous lançons aux vrais démocrates.  Fodé et Yaguine ont engagé leur vie pour vous le faire comprendre, “ Excellences, messieurs les membres et responsables de l’Europe ”.

 

La démocratie seule peut mettre fin aux guerres dites “ ethniques ” ; la démocratie seule peut permettre l’éclosion d’une société civilisée en Afrique ; la démocratie seule peut mettre fin à la situation que nous vivons aujourd’hui en Afrique et qui est une véritable tragédie sociale.

 

Appuyer toute expérience de démocratisation partout où elle est tentée en Afrique c’est répondre à l’appel de ces deux martyrs de la régression du continent africain sous la férule de potentats criminels.

 

“ Si vous voyez que nous nous sacrifions et exposons nos vies, c’est parce qu’on souffre trop en Afrique et qu’on a besoin de vous pour lutter contre la pauvreté et mettre fin à la guerre en Afrique ”

 

 

 

Le Président: Martin EDZODZOMO-ELA

& Association Gabonaise pour les Études Économiques et Politiques &

&  A G E E P  &

Association, Loi N°35/62 du 10 décembre 1962

 

“Dans tous les pays démocratiques, la science de l’association est la science mère, le progrès de toutes les autres dépend de celle là. ” (Alexis de Tocqueville).

 

AGEEP

B.P. 3238

Tél. /.Fax : (241) 74.74.59.

LIBREVILLE ( République Gabonaise)

 

 

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AGEEP

25, rue Bonaparte, 75006 PARIS

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Fax. (33-1) 43 26 12 95

 

 

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[1]Archimède.

 

[2]Mario SOARES, ancien président du Portugal, lors du colloque sur la corruption internationale, organisé le 22 octobre 1998 à la Sorbonne par Le Nouvel Observateur :