“ Le suffrage est universel, égal et secret ” (suite 1)

 

Par rapport au tableau 1 ci-dessus, il convient d’apporter quelques remarques qui valent la peine d’être faites.

1°) Si le nombre actuel de représentants à l’Assemblée nationale, c’est-à-dire 120 députés, est maintenu, la représentation et le découpage des circonscriptions ne doivent se faire que sur la base d’un député pour environ 4000 citoyens électeurs environ.


2°) Si le nombre avancé de 90 députés est retenu pour les prochaines législatures, il faut absolument que chaque élu le soit pour un corps électoral d’au moins 5.400 électeurs.


3°) Nous avons retenu un corps électoral national égal à 56% de la population totale. Dans un pays comme le Sénégal, où on peut avoir des raisons de croire à la fiabilité du chiffre d’électeurs appelés lors de l’élection à la présidence de la République, qui a lieu en ce moment dans ce pays, nous constatons que pour une population de 9,I millions, le corps électoral s’élève à 2,7 millions de personnes. Soit un taux d’environ 29,67% de la population totale. Comparé au chiffre de 659.000 inscrits du corps électoral avancé par le Ministre de l’Intérieur lors de la mascarade électorale du 6 décembre 1998, soit notre population devrait être égale à 2.306.615 personnes, soit le taux de personnes en âge de voter qui s’étaient inscrites est de 77% de la population nationale gabonaise. Estimations toutes grotesques et ridicules qui transforment l’expression du suffrage au Gabon en une véritable farce électorale.


4°) On voit ainsi comment la Loi N°22/96 du 15 avril 1996, portant fixation et répartition des sièges de députés par province, département et commune, est non conforme à l’égalité constitutionnelle des citoyens. Son application a conduit à la situation suivante :


a)    Quarante (40) circonscriptions électorales de moins de 2.000 électeurs inscrits ; soixante sept (67) circonscriptions de moins de 4.000 électeurs inscrits correspondant à la moyenne nationale pour 120 députés représentant un corps électoral de 479.799 électeurs.  Il est donc clair que la représentation du corps électoral dans l’Assemblée actuelle, par ses flagrantes inégalités, n’a pas respecté le principe constitutionnel de l’égalité du vote. Il n’est pas normal que certains députés représentent moins de 1000 électeurs, alors que d’autres sont élus par un corps électoral de plus de 10.000 électeurs. Pourquoi dans notre pays y aurait-il des citoyens ayant autant de souveraineté que 10 ou 20 autres ? Cette situation est inacceptable et ne devrait se pérenniser sous aucun prétexte. Une telle situation est ni plus ni moins un apartheid et un mépris flagrant pour le droit des autres citoyens qu’aucun gabonais ne saurait davantage tolérer. Et, répétons-le, c’est une injustice et une insulte pour les autres citoyens, source de possibles révoltes violentes.


b)    Treize (13) Députés, parmi lesquels le Secrétaire Général du PDG et le Ministre de l’intérieur, représentent chacun moins de 1.000 électeurs inscrits. Notre Ministre de l’Intérieur est Député de 521 électeurs inscrits avec 354 suffrages.

Haut Ogooué

1. Kami Jules (PDG, représentant de la Passa, siège canton Djoumou de 1184 électeurs inscrits, élu avec 454 voix)

2. Kawangh Daniel Charles (PDG, représentant le département des Plateaux de 792 électeurs inscrits, élu avec  698 voix)

3. Marat Abyla Luc (PDG représentant de la commune d’Akiéni  de 1707 électeurs inscrits, élu avec 535 voix)

4. Onkeya Félix (PDG représentant du département de Bayi-Brikolo de 1123 électeurs inscrits, élu avec 590 voix)

Ngounié

5. Digombé Lazare (PDG représentant le département de Bouye-Onoye de 518 électeurs inscrits, élu avec 299 voix)

Nyanga

6. Mboumbou Miyakou Antoine (PDG représentant le département de la haute Banio de 521 électeurs inscrits, élu avec 354 voix)

7. Moudounga Séraphin (PDG représentant le département de la Douigny-Moabi- de 919 électeurs inscrits, élu avec 290 voix)

8. Ngoma Angélique (PDG représentant le département de la Basse Banio de 877 électeurs inscrits, élu avec 290 électeurs)

Ogooué Lolo

9. Guedet Manzéla Simplice (PDG représentant le département de Mouloundou-Lastourville 3e siège de 1798 électeurs inscrits, élu avec 819 voix)

10. Indoumou Bernabé (PDG représentant le département de la Lombo-Bouénguidi canton Basse-Lombo de 950 électeurs inscrits, élu avec 319 voix)

11. Madounga Boudianga  (PDG représentant le département de l’Offoué-Onoye [Iboundji] de 1589 électeurs inscrits, élu avec 670 voix)

Ogooué Maritime

12. Magoundji Mahotès (PDG représentant le département de Ndougou [Gamba] 2e siège de 654 électeurs inscrits, élu avec 323 voix)

13. Wora-Yi-Ndenguino (PGP représentant le département d’Itimboué [Omboué] 2e siège canton Iguela de 408 électeurs inscrits, élu avec 172 voix)

De quelle légitimité populaire peuvent se prévaloir les députés pédégistes des circonscriptions ainsi sous-représentatives, élus par hasard dès le premier tour, par rapport à ceux qui représentent un corps électoral 10 ou 20 fois plus important en nombre. Sur la base de la loi n°22/96 du 15/3/96, 1 citoyen du canton Iguela pèse autant en souveraineté que 81 citoyens du 3e arrondissement de Libreville, pourquoi ? Et pourtant :


“ Le suffrage est universel, égal et secret ” Art. 4 (alinéa 1) de la Constitution

 

 

Continuez la lecture...