Un
air de Sylphes
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Les éoliennes dans le vent (article extrait d’Eurêka mai 1999 n°43) |
" Pour produire de l’électricité, l’éolienne n’est pas seulement une solution d’appoint. Depuis quinze ans, la technique a évolué : désormais, une éolienne de 1,65 mégawat produit suffisamment d’électricité pour les besoins à domicile de 2 000 personnes. Pour tout savoir sur le fonctionnement de ces drôles de machines dont la hauteur peut atteindre 100 mètres et dont la conception emprunte beaucoup à l’aéronautique, rien ne vaut le site de l’association danoise des fabricants d’éoliennes, qui représentent plus de la moitié du marché mondial… " En anglais. Accès par : www.windpower.dk/tour/index.htm |
Les pollutions de l'air Selon JEAN-FRANÇOIS BROCHARD dans La Vie Naturelle mars 1997 Le traitement médiatique des pics de pollution
a permis
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Les Français commencent à prendre conscience que la pollution de l'air, notamment en ville, altère la santé. Les "alertes" récentes, suite à la mise en place des systèmes de détection et d'une échelle de mesure, ont fortement contribué à cette sensibilisation. Il s'agit là d'un effet positif de la "loi sur l'air" - le seul qui, pour l'instant, soit tangible. Mais ces mesures et cette échelle de pollution, si elles ont le mérite de sensibiliser bien des gens à un problème qu'ils négligeaient, restent très insuffisantes. L'origine des polluants, l'importance des diverses sources de pollution, leurs composantes et leurs effets réels sur la santé sont peu connus. |
Les "pics" de pollution Alors que dans beaucoup d'autres pays, des mesures partielles ont été prises depuis longtemps pour limiter ce fléau, en France, la prévention consiste à alerter les citadins lorsque surviennent des "pics de pollution" provoqués par l'absence devant pendant les fortes chaleurs ou les vagues de froid. On considère qu'au-delà d'un certain seuil, les personnes sensibles sont exposées à des accidents et les autres à des malaises. Tout cela fait croire qu'en-dehors de ces périodes, on ne court aucun risque. En fait, tout au long de l'année, la pollution affaiblit notre état général et prépare insidieusement des maladies futures. |
Des défenses naturelles insuffisantes Nos poumons sont adaptés à la composition naturelle de l'air, mélange d'azote, inerte vis-à-vis de l'organisme, d'un autre gaz inerte en faible quantité (l'argon), et d'oxygène indispensable à la vie, avec un peu de vapeur d'eau et, à la rigueur, très peu de gaz carbonique (moins de 0,05%). |
En outre notre système respiratoire possède des moyens de défense contre les poussières, les particules solides et, dans une certaine mesure, les gouttelettes en suspension dans l'air. Mais ces défenses peuvent être vite saturées et deviennent alors elles-mêmes sources de maladies. L’air que nous inspirons par le nez traverse un filtre assez efficace : les nombreux poils, invisibles, qui tapissent les replis des fosses nasales. Ces poils sont imprégnés d'un mucus, la morve, qui retient la plupart des poussières et dissout une bonne partie des gouttelettes polluantes. Quand la pollution particulaire est forte, la production augmente, et l'on éprouve le besoin de se moucher. Ce qu'il faut faire sans hésitation, faute de quoi, par la voie de l'arrière-gorge, les substances polluantes sont avalées puis absorbées dans le tube digestif. |
Le filtre nasal n'est vraiment utile que vis-à-vis des poussières et particules relativement grosses. Mais en présence de substances trop agressives, l’irritation gonfle les muqueuses au point d'obturer le passage de l'air ; on respire alors par la bouche, sans aucune filtration préalable. |
Les poumons eux-mêmes possèdent un système de nettoyage et d'élimination des impuretés. L'air est distribué jusqu'aux alvéoles pulmonaires, qui assurent la respiration, parles bronches et bronchioles, un réseau arborescent de conduits de plus en plus fins. Les bronches sont recouvertes d'une muqueuse qui produit sans arrêt un mucus, fluide visqueux et collant qui piège les fines particules solides et absorbe les gouttelettes liquides. Cette absorption devient très efficace dans les bronchioles capillaires, de très faible diamètre, où l'air inspiré est en contact intime avec leur paroi. Ces muqueuses sont couvertes de minuscules cils vibratiles, sorte de petits poils constamment animés de mouvements analogues à ceux de rames. Ces mouvements, coordonnés, entraînent le mucus et lui font remonter le réseau respiratoire jusqu'à l'entrée de la trachée artère : c'est l'expectoration. Le mucus expectoré, chargé des poussières et impuretés, est ensuite avalé et passe dans le tube digestif, à moins qu'il ne soit craché. |
Dans le cas où ce système ne suffit pas à éliminer des déchets trop abondants, quand l'appareil respiratoire est menacé d'obstruction, intervient la toux : l'air accumulé dans les poumons est chassé brusquement par un ensemble de réflexes coordonnés, entraînant l'expulsion des éléments encombrants. |
Des agressions chimiques et mécaniques Ces "barrières" et "mécanismes" sont tout à fait suffisants et efficaces pour nettoyer les poumons des poussières non toxiques. Mais ils ne protègent pas des polluants, véritables poisons: ceux qui sont solubles passent facilement dans la circulation sanguine au contact de la très grande surface des muqueuses pulmonaires ; les autres, comme la plupart des déchets extraits des poumons, se retrouvent dans le tube digestif. Et ces particules solides insolubles peuvent provoquer des phénomènes allergiques ou des irritations des muqueuses, perturbant leur fonctionnement et les fragilisant, et à la longue, engendrer des cancers. Certaines particules minérales parviennent même à s'incruster dans les muqueuses, de telle manière que l'expectoration ou la toux sont impuissantes à les chasser. |
Un organisme réagit à la présence de ces corps étrangers par une sorte de phénomène de cicatrisation qui, s'il est multiplié durant de nombreuses années, peut avoir des conséquences très graves, comme la silicose des mineurs et surtout les cancers dus à l'amiante et à d'autres fibres. |
De plus le système respiratoire est très vulnérable aux gaz produits par l'industrie, auxquels l'évolution ne l'a pas adapté. Monoxyde de carbone, ozone, oxydes d'azote et de soufre, hydro-carbures légers… Tous pénètrent sans difficulté dans l'organisme. Or les grandes villes sont ceinturées de zones industrielles et sillonnées par un trafic automobile croissant, sources de multiples pollutions. |
Une pollution chasse l'autre Depuis qu'il utilise le feu, l'homme a toujours pollué l'air environnant son foyer. Mais la quantité de toxiques dégagés par les activités humaines était si modeste, jusqu'au début du siècle dernier, qu'elle se diluait aisément dans l'environnement, et qu'on s'en mettait facilement à l'abri en s'éloignant quelque peu. L'erreur des techniciens contemporains a été de croire que cette dilution avait des possibilités infinies, alors que l'atmosphère terrestre représente un volume fini, et que les vents qui assurent la dispersion des polluants n'ont pas non plus des capacités infinies. Les ressources de notre monde ne sont pas inépuisables. |
Les foyers domestiques et ceux des immeubles constituent une source importante de pollution aérienne. Les charbons contiennent des dérivés soufrés qui engendrent des oxydes de soufre ; ils produisent aussi des noirs de fumée et des suies. Ils ont souvent été remplacés par le mazout qui, moins riche en soufre, produit davantage de dérivés benzéniques. |
La multiplication de ces foyers, due à la concentration urbaine, en même temps que la recherche d'un meilleur confort, ont fait exploser la densité de ces gaz nocifs dans l'atmosphère des villes, et les centrales électriques ont accru cette pollution. D'autant que les carburants employés par ces centrales sont les moins chers et les plus impurs! C'est ainsi qu'en janvier, le dioxyde de soufre craché par les centrales de Vitry et d'Ivry, dans la proche banlieue parisienne, ont considérablement augmenté la nocivité des pics de pollution provoqués par la circulation automobile. |
À mesure que la consommation d'énergie a augmenté, les centrales thermiques ont été éloignées des villes. Mais, dans le même temps, les usines d'incinération d'ordures ménagères et de déchets se sont multipliées dans les agglomérations proches, et leurs rejets (chlore, métaux lourds, acides ... ) sont beaucoup plus toxiques encore. Selon la direction des vents, ces fumées se dispersent ou se concentrent dans le centre ville, s'ajoutant aux autres polluants. |
Les polluants industriels Un emploi massif de solvants organiques par l'industrie, le bâtiment, et même les bricoleurs, constitue une importante source de gaz toxiques. En général cette pollution est limitée dans l'espace, au voisinage des lieux d'emploi. Mais elle présente des risques pour la santé qu'on sous-estime trop souvent : respirer quelques heures des vapeurs exhalées par des peintures ou vernis peut suffire à rendre très malade ou à provoquer des allergies graves. |
Les vapeurs de solvants organochlorés sont encore plus dangereuses. Il s'agit de composés de carbone, d'hydrogène et de chlore, comme le chloroforme et le trichloréthylène, substances tout à fait étrangères à la biochimie, auxquelles l'organisme est très vulnérable. |
Il en est de même du chlore, corps très toxique qui fut le premier gaz de combat employé durant la première guerre mondiale. De nos jours, il provient essentiellement de l'incinération de certaines matières plastiques chlorées comme le PVC. Très agressif et meurtrier pour les cellules vivantes, il provoque une destruction rapide des muqueuses pulmonaires et s'attaque également aux yeux et à la gorge. |
Si le chlore est présent dans l'air au voisinage d'installations industrielles ou d'incinération, on le rencontre aussi trop fréquemment dans la maison. En effet, l'emploi d’eau de Javel constitue une source méconnue d'intoxication par le chlore. Car ce produit désinfectant, dès qu'il est au contact d'un acide, se décompose en dégageant du chlore. Ainsi, beaucoup de travailleurs et travailleuses ménagers s'intoxiquent au jour le jour, diminuant peu à peu leur capacité respiratoire sans le savoir. |
Les usines d'incinération L'incinération des déchets et ordures ménagères peut également introduire des composés de métaux toxiques dans l'atmosphère, en raison de la présence de tels métaux dans un nombre croissant d'appareils et dispositifs mis au rebut sans précaution particulière, ainsi que de leur emploi dans certains colorants et charges des matières plastiques. Le sélénium, le cadmium, le césium, le molybdène, se retrouvent alors dispersés sous forme de poussières, comme bien d'autres substances plus complexes, de toxicité variable. |
Le fluor est un gaz chimiquement voisin du chlore, mais beaucoup plus dangereux encore. L'incinération de certains matériaux le répand dans l'atmosphère ; il en est de même pour les vapeurs de brome et d'iode autres substances corrosives de la même famille des halogènes. |
Des produits organiques, en particulier des poussières de matières plastiques provenant de combustions ou de certains usinages, peuvent aussi se retrouver dans l'atmosphère. Même si ces particules retombent assez vite, elles sont susceptibles de polluer de manière nuisible certains environnements, provoquant des irritations respiratoires ou des allergies. Certaines de ces substances, présentes dans l'air sous diverses formes, peuvent réagir chimiquement entre elles et former des grains solides par polymérisation, un peu à la manière dont sont fabriquées les matières plastiques. |
Le bâtiment, pollueur et pollué L’industrie, et plus particulièrement le bâtiment, utilisent des matériaux dangereux, telles les particules minérales, en particulier les tristement célèbres fibres d'amiante, mais aussi de verre ou de "roche", presque aussi dangereuses. A long terme, l'inhalation de ces fibres microscopiques, en suspension dans l'air, provoquent des cancers. Cependant, malgré les mesures légales, bien des bâtiments continueront encore longtemps à répandre de l'amiante, et les fibres de verre sont toujours largement employées… |
D'autres poussières minérales sont rejetées en grande quantité par les cimenteries. Cette pollution concerne surtout les environs de ces usines, mais ces poussières, causes d'irritations et de pneumopathies, portées par le vent, peuvent se déposer très loin. |
Et puis il y a les particules constituées de métaux lourds ou de composés de ces métaux. Tout d'abord le plomb, dégagé en grande quantité par les véhicules roulant au "super" ancien, encore très nombreux, mais qui peut aussi provenir de la combustion de bois de constructions anciennes, recouvert de céruse. |
La pollution automobile La multiplication des automobiles, en ville, a créé de nouvelles et surabondantes sources de pollution. Les moteurs modernes tournent de plus en plus vite, faisant subir aux mélanges de carburants et d'air qu'ils consomment un échauffement très rapide, suivi d'un refroidissement très brusque. Ce sont les meilleures conditions pour obtenir des radicaux libres qui, ensuite, se transforment en toutes sortes de substances partiellement oxydées ou partiellement "réduites", c'est-à-dire des produits très réactifs, susceptibles d'attaquer et modifier les molécules de la vie. |
C'est le cas de gaz comme l'ozone, l'oxyde de carbone, les oxydes d'azote et les hydrocarbures partiellement oxydés qui sortent des pots d'échappement. L'ozone, difficilement décomposé par les "pots catalytiques", est particulièrement nocif pour les asthmatiques. En outre, ces gaz d'échappement renferment des hydrocarbures imbrûlés ou imparfaitement brûlés, des suies et goudrons. Les moteurs diésel sont particulièrement concernés. Non pas à cause de leur principe de fonctionnement, mais à cause du fioule qu'on leur fait consommer. |
Car contrairement au moteur classique, le diésel est apte à fonctionner avec les carburants les plus variés. On l'alimente donc avec un mélange de fractions "lourdes" du pétrole, des hydrocarbures peu volatils et moins facilement inflammables. La combustion incomplète de ces produits dans les moteurs diesel engendre une grande quantité de micro particules de carbone et de goudron. En outre, ils ont souvent une teneur en soufre non négligeable. |
Des particules solides cancérigènes Le noir de fumée est connu depuis longtemps. Il est constitué de très fines particules de carbone (quelques centièmes de micron) engendrées par la combustion incomplète des matières organiques, notamment dans les moteurs. Du fait de leur dimension, ces micro poussières demeurent longtemps en suspension, et elles parviennent à traverser la plupart des filtres. Ces grains très fins de poussières ont des propriétés cancérigènes, d'autant plus que leur très petite dimension permet qu'ils s'incrustent entre les cellules. De plus le carbone a la propriété d'adsorber toutes sortes de substances, c'est-à-dire de les concentrer à sa surface. De sorte que le noir de fumée, qui présente une très grande surface active en raison de la finesse de ses grains, adsorbe une grande quantité de polluants qu'il met en contact, de manière concentrée, avec les parois internes des poumons. Les combustions incomplètes génèrent aussi des goudrons, également sous forme de grains très fins en suspension dans l'air. Tout le monde sait, ne serait-ce qu'à cause des effets du tabac, que les goudrons sont cancérigènes, en particulier pour les poumons, mais aussi pour l'estomac, où ils aboutissent par le mécanisme de l'expectoration. Cette propriété de déclencher des cancers est due à la présence d'hydrocarbures benzéniques très lourds. |
Pour la même raison, on alimente souvent les appareils et installations de chauffage, ainsi que les centrales thermiques, avec des fioules et mazout, sources de pollution.Pourtant, depuis plusieurs dizaines d'années, l'industrie pétrolière maîtrise la technique chimique du craquage qui permet de transformer les grosses molécules des fractions lourdes du pétrole en produits plus légers. Mais, bien sûr, la mise en œuvre massive de ce procédé coûterait cher. Alors qu'il est si simple de vendre du mazout, résidu principal de la distillation du pétrole... Seule une pression massive de l'opinion publique permettrait d'imposer l'emploi de carburants moins polluants, comme le GPL (gaz de pétrole liquéfié). Il faudrait que les autorités nationales et européennes prennent des mesures de taxation qui obligeraient les pétroliers à modifier leurs installations pour mettre sur le marché, en grande quantité, ces carburants. Une politique qui ne devrait pas se limiter au seul domaine automobile, mais à tout ce qui brûle des produits pétroliers. |
Les pots catalyptiques À mesure que le "super carburant" est abandonné, la teneur en plomb diminue dans l'atmosphère des villes, mais d'autres métaux lourds apparaissent: les catalyseurs employés dans les pots catalytiques destinés à parfaire la combustion des gaz d'échappement des voitures. Ces métaux catalyseurs se présentent sous la forme de filtres très finement divisés, de manière à être le plus efficace possible ; l'usure de leurs supports les libère donc dans l'atmosphère sous forme de très petites particules. or des études alarmantes semblent indiquer que ces poussières métalliques sont toxiques à moyen ou long terme. De sorte que les pots catalytiques, s'ils réduisent l'émission de certains gaz nocifs, risquent d'introduire de nouvelles sources de pollution... |
La pollution dans tous ses états
Les substances qui dénaturent l'air que nous respirons empruntent donc les trois états de la matière : gazeux, liquide ou solide. Quand il s'agit de gaz, ils sont simplement mélangés intimement, dissous dans les gaz naturels de l'air. Les liquides se présentent sous forme de très fines gouttelettes qui demeurent en suspension dans l'air, comme les gouttelettes d'eau qui constituent les nuages et le brouillard ; on parle alors d'aérosols. Du reste ces gouttelettes polluantes sont souvent constituées d'eau dans laquelle des substances toxiques sont dissoutes. |
Il existe aussi des aérosols non aqueux : ce sont des gouttelettes d'huiles, d'hydrocarbures lourds provenant des machines et des moteurs, ainsi que de la combustion imparfaite du mazout. Il s'agit là encore de substances irritantes et qui peuvent être cancérigènes. Les polluants solides sont constitués de particules de très petites dimensions des poussières minuscules, qui constituent des suspensions. |
Qu'il s'agisse de solides ou de liquides, les éléments minuscules qui souillent l'air pollué ont une taille le plus souvent comprise entre quelques millionièmes et un millième de millimètre. Ce qui explique leur capacité à demeurer longtemps en suspension, mais aussi leur possibilité de pénétrer un peu partout. |
Les conditions particulières de l'air pollué ne sont pas stables : des échanges se produisent entre les gaz et les gouttelettes liquides des aérosols. Des réactions chimiques plus ou moins lentes peuvent se produire, notamment des oxydations. Ces transformations subies par les polluants pendant leur existence aérienne accroissent pour un temps leur toxicité. Les gouttelettes ou les particules solides finissent par se déposer, mais peuvent être remises en suspension par le vent ou les courants d'air. Puis, inéluctablement, la pollution aérienne contamine la terre, les eaux de surface et les nappes souterraines. Ce qui ne veut pas dire que l'air redevient pur ! Tant que les sources de polluant continuent de fonctionner, les poisons de l'atmosphère sont renouvelés et suivent le même cycle. |
Le smog, une réalité urbaine Des réactions chimiques plus ou moins lentes peuvent se produire, notamment des oxydations. Ces transformations subies par les polluants pendant leur existence aérienne accroissent pour un temps leur toxicité. Même chez les personnes peu sensibles, ces brouillards provoquent une irritation de la gorge, du nez, des yeux, des poumons, parfois de la peau. ils font souvent tousser et favorisent les infections. Et ils peuvent rendre très malades ceux qui sont sujets aux allergies. |
Bien que ce ne soit pas les plus préoccupants, il faut y ajouter les polluants solides d'origine végétale : fibres de laine et de textiles divers. Certes notre organisme est habitué de longue date à respirer de telles poussières, mais la vie citadine et certaines activités industrielles en ont multiplié la densité au point de les rendre nuisibles à la santé des personnes les plus sensibles. Quant aux fibres issues des textiles synthétiques, notamment celles qui proviennent des moquettes, elles sont encore plus nocives. Toutes ces fibres hébergent des acariens, minuscules insectes ou articulés, invisibles à l’œil nu. Ils nichent volontiers et en grand nombre dans les tapis, tissus, matelas, tentures, moquettes... Leurs déjections et les débris de leurs cadavres se retrouvent facilement en suspension dans l'air, et lorsqu'on les respire, cela peut provoquer d'importantes réactions allergiques |
Et, bien sûr, on trouve dans l'atmosphère, surtout en ville, de nombreuses bactéries, seules, accrochées à des poussières ou immergées dans des gouttelettes en suspension. Le danger infectieux qu'elles représentent est multiplié lorsque les conditions de chaleur et d'humidité prolongent leur survie, et quand des agressions chimiques fragilisent déjà les muqueuses respiratoires. Ces polluants solides et liquides peuvent s'agglomérer pour former des particules de mélanges complexes additionnant et multipliant les effets nocifs de leurs composants. |
Une altération lente de la santé
Suivant la nature et l'importance des polluants présents dans l'atmosphère, l'agression subie par l'organisme est brutale ou insidieuse. L'asphyxie, la destruction des muqueuses ou les brûlures graves ne surviennent que lors d'accidents ou de catastrophes. ils ne sont malheureusement pas exceptionnels et entraînent la mort ou des infirmités. Lorsque la pollution, sans atteindre ces proportions catastrophiques, est très importante, elle provoque chez bon nombre de gens des maladies broncho-pulmonaires ou ORL et des troubles respiratoires. On se remet assez rapidement de ces malaises quand leur cause est dissipée par le vent, mais leur répétition compromet la santé générale et peut à la longue induire des pathologies graves: anémie, bronchite chronique, cancers.. |
Un taux de substances toxiques "faible" ou moyen, tel qu'on le rencontre fréquemment dans les grandes villes, ne provoque, chez la plupart des gens, que des troubles légers, un peu de toux, des rhumes et autres irritations bénignes, en même temps qu'une plus grande fatigabilité. Généralement il passe complètement inaperçu. Mais les dégâts s'accumulent peu à peu, altérant progressivement la santé, affaiblissant les défenses contre les infections bactériennes et virales, préparant aussi parfois des cancers. L'organisme s'use prématurément, vieillit avant terme. Les conséquences graves peuvent se faire attendre vingt ans, trente ans, comme c'est le cas pour les cancers dus à l'amiante. Et même si elles ne prennent pas une tournure aussi dramatique, la qualité de vie s'en trouve fortement altérée. Un nombre croissant de gens est victime d'allergies moins importantes, se traduisant par des rhumes, des maux de gorge, voire des irritations des yeux ou même de la peau. |
En outre, même en inhalant des quantités réduites de polluant, on peut toujours être victime de phénomènes allergiques : une très faible dose de toxique peut déclencher une réaction de défense excessive de l'organisme, qui provoque des inflammations, des oedèmes et des troubles circulatoires. Au niveau pulmonaire, la crise d'asthme en est la manifestation la plus fréquente. Chez les personnes sensibles, ces crises peuvent être fatales lors des "pics de pollution" : des études épidémiologiques estiment qu'ils provoquent plusieurs centaines de décès par an. L'ozone est principalement mis en cause, mais de nombreux autres polluants sont sans doute impliqués. |
Pour protéger la santé des citoyens exposés aux méfaits des pollutions de l'air urbain, il ne suffit pas de prendre des mesures ponctuelles et spectaculaires dans des périodes de crise. D'autant que les seuils de pollution que l'on prend en considération sont beaucoup trop élevés! Il est indispensable de restreindre ou même d'interdire la circulation des véhicules privés dans les périodes de haute pollution. Mais ce sont des mesures d'urgence - encore faut-il qu'elles soient mises en œuvre - qui ne résolvent en rien le problème de fond. Il faut, comme cela a été bien souvent répété, développer les transports collectifs, produire en grande série des véhicules électriques qui pourraient être mis à la disposition des citadins par un système de location et proposer des véhicules mixtes, thermiques et électriques qui, en ville, seraient astreints à n'utiliser que leur propulsion électrique. |
Ces moyens techniques existent déjà et sont au point; seule manque la volonté politique de les mettre en œuvre à grande échelle. Mais les transports ne sont pas seuls en cause. L'incinération des ordures ménagères et autres déchets, souvent dénoncés, doit être remplacée par des méthodes de recyclage sélectif, et n'être utilisée, à la rigueur, que pour des déchets sans dangers, soigneusement triés. En ce qui concerne le chauffage il faut cesser d'employer le mazout et autres carburants polluants, et opter pour le gaz naturel (soigneusement désulfurisé), les gaz de pétrole liquide et les hydrocarbures légers, en attendant que les combustibles issus de la biomasse prennent la relève. Quant au chauffage électrique, à condition qu'il ne soit pas d'origine nucléaire mais produit à partir de ces carburants ou des sources d'énergie renouvelables (hydraulique, solaire, éolienne, géothermique ), il pourrait devenir une bonne solution. |
Que faire pour se protéger ? On commence à voir apparaître en France un accessoire depuis longtemps répandu au japon, le masque respiratoire. Pour l'instant, il est employé par des cyclistes et motocyclistes dont les poumons sont particulièrement exposés quand ils circulent en ville. Il faut espérer que cette solution extrême ne s'imposera pas bientôt à tous les citadins soucieux de leur santé... D'autant que les cartouches filtrantes de ces masques ne sont pas toujours très efficaces contre tous les polluants. Quant à la méthode consistant à circuler en respirant à travers un foulard, il faut le dire tout net, elle est totalement inefficace ! Alors que faire ? Éviter, autant que possible, de sortir aux heures de forte circulation, quand la pollution est maximale. Si on est dans la rue, il faut éviter les efforts importants, marcher lentement, ne pas courir. Car tout ce qui accroît le rythme respiratoire augmente les effets de la pollution aérienne sur l’organisme. Il est évidemment tout à fait déconseillé de faire du jogging en ville, même aux heures creuses. Comme la plupart des sports, il doit être pratiqué dans des lieux où l'air est relativement pur. Il ne faut pas circuler en voiture dans les embouteillages, quitte à emprunter des transports en commun et modifier ses horaires. Pas seulement parce que cela contribue à augmenter la pollution, mais aussi parce qu'on en est la première victime. À défaut, il faut couper le chauffage ou la ventilation, qui ne sont pas munis de filtres purifiant l'air extérieur et accumulent ces poisons mortels dans l'habitacle. |
DANS LA MAISON Il est préférable, quand on en a le choix, d'habiter un appartement situé à un étage élevé, et dans les parties les plus hautes de la ville. La pollution de l'air y est moindre. Il existe des appareils purificateurs d'air. Certains s'avèrent relativement efficaces, d'autres ne sont que des gadgets. Les ioniseurs sont également utiles, mais ils ne peuvent faire des miracles. Quant à la présence de plantes vertes dans les intérieurs, elle permet de diminuer le taux de dioxydes de carbone, mais son effet détoxifiant ne va guère plus loin. Et les autres polluants font souvent dépérir prématurément ces plantes. |
Il faut donc, chaque fois que c'est possible, sortir de la ville pour séjourner dans des lieux où l'air est encore pur. La capacité du corps humain à se débarrasser des toxiques est importante, et très efficace quand on lui en donne des occasions suffisantes. On doit alors pratiquer les exercices physiques déconseillés en ville, afin de purifier plus vite les poumons, et veiller à l'autre facteur essentiel de sa santé : l'alimentation. Bien manger et respirer avec précaution ; en attendant mieux… |
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