"Des choses qu'on considère maintenant
comme impossibles seront réalisées.
Ce qui paraît impossible deviendra vrai dans l'avenir,
et ce qui est regardé comme superstition,
dans un siècle, servira de base à la science officielle du suivant."

Paracelse

 

Selon Edouard Brasey

(extraits du livre "Enquête sur l'existence des fées et des esprits de la nature" chez Filipacchi)

 

 

"Les Eglises officielles et leurs dogmes monothéistes ont, il est vrai, beaucoup oeuvré pour évincer et diaboliser les représentants du Petit peuple. En présentant les lutins comme des démons et les fées comme des sorcières, les inquisiteurs du Moyen Age et de la Renaissance ont eu beau jeu de poursuivre, condamner et brûler les humains suspectés d'entretenir un commerce avec eux : les sorciers, les mages, les alchimistes et autres amateurs de Kabbale. La lutte acharnée qui, en Occident, proposa longtemps le christianisme naissant à l'ancien paganisme finit par rompre le lien ténu qui existait entre l'homme et les esprits de la nature."

"Lors de l'essor du christianisme, tous ces autels consacrés aux génies des lieux, aux dieux champêtres, aux elfes et aux fées, ainsi que les cultes qui s'y déroulaient, furent dans un premier temps condamnés et interdits par le clergé naissant.

C'est ainsi que le bon roi Eloi, parti convertir les Belges au christianisme, insista fermement, dans son allocution pastorale, sur le blasphème que constituaient aux yeux de Dieu les luminaires et les offrandes placés auprès des rochers, des sources, des arbres, des cavernes et des carrefours."

"Le vingt-troisième canon du concile d'Arles, tenu en 442, proscrivit à son tour le culte des arbres, des pierres et des fontaines. Ces prohibitions furent reprises par des conciles ultérieurs, tels que celui de Tours, en 567, celui de Leptines, près de Binche, en 743, qui contient un florilège des principales superstitions qui animaient les Belges au temps du paganisme, enfin celui de Nantes, en 900.

"Un capitulaire d'Aix-la-Chapelle, datant de l'an 789, taxe de sacrilèges les païens récalcitrants qui continuent à allumer des feux la nuit près des arbres, des pierres levées et des fontaines, en hommage aux entités féeriques qui y avaient élu domicile. Les lois de Luitprand renouvelèrent l'interdiction. "Mais toutes ces mesures se révélèrent totalement inefficaces. Le peuple, siècle après siècle, continuait à braver les interdits pour aller rendre ses hommages au petit peuple des fées. Aussi les gens d'Eglise en furent-ils réduits à reconvertir ces temps païens en lieux de cultes chrétiens."...

"Les hommes civilisés et urbanisés que nous prétendons être ont oublié ces temps lointains où le moindre ruisseau pouvait abriter le chant d'une ondine, et où le promeneur solitaire prenait garde, la nuit, de ne point franchir le chemin que suivaient les lutins dans la forêt. En reniant son ancestrale croyance aux fées, l'homme moderne a renié sa propre enfance, et il s'est coupé de cette grande tradition orale, source de sagesse et d'initiation, qui, à travers les contes, les légendes, les mythes et le folklore, lui a durant des siècles enseigné les origines, les moeurs et les fonctions très précises de ces êtres prétendument imaginaires que les Anglo-Saxons ont regroupés sous l'aimable vocable de "Petit Peuple".

"Mais le doute des hommes suffit-il à condamner à l'inexistence les fées et autres lutins ? L'idéal rationaliste et matérialiste des XIXe et XXe siècle aurait-il forcément raison de plusieurs millénaires de croyances ? N'est-il pas prétentieux de taxer de superstitions les convictions qui furent à la base des cultures du passé, et qui demeurent encore d'actualité aujourd'hui chez tous les peuples animistes, des Africains aux Japonais ? Au nom de quelle raison étroitement cartésienne faudrait-il nier la présence autour de nous d'entités intermédiaires assurant le relais entre l'homme, la nature et le divin ? On en connaît aujourd'hui le prix : pollution des airs et des eaux, catastrophes écologiques, épidémies."

 

Selon Jacques Brosse

(dans son livre : "Mythologie des arbres" chez Plon)

 

"Si les précédents celtiques ont été, autant que possible, effacés dans les vies de ces saints rapportées par des hommes d'Eglise, il n'en va pas de même de leur contemporain, l'Irlandais saint Columba ou Columcille (521-597) dont on est sûr qu'il était un ancien file, c'est-à-dire un druide et un barde. Bien que de sang royal, il choisit la prêtrise. Ayant fondé son premier monastère dans la clairière d'un bois sacré sur la péninsule de Derry, au nord de l'Irlande, il refusa, à la différence de tant de missionnaires, d'abattre les vieux chênes vénérés par les païens. Columba tenta par tous les moyens de conserver les anciennes traditions des druides, allant jusqu'à en incorporer les mystères dans le système monacal qu'il fonda. "Ses efforts pour modifier la religion chrétienne officielle suscitèrent d'ailleurs de tels conflits qu'il fut excommunié et chassé d'Irlande." Avec douze compagnons, il se retira en 563 dans l'île d'Iona, sur la côte sud-ouest de l'Ecosse ; or, Iona était un très ancien centre sacré païen. Columba revint pourtant en Irlande en 574 pour le synode de Drumceatt, mais afin de s'y opposer à l'abolition de l'ordre des bardes que le clergé voulait expulser comme fauteurs de troubles. On sait par ailleurs qu'il eut des conférences avec des druides pictes en Ecosse. Il est probable qu'une telle tolérance, sinon cette obstination à conserver des traditions païennes celles qui pouvaient fusionner avec le christianisme, fut plus courante que ne le laissent supposer les récits censurés qui nous ont été conservés."

(Extrait de John Sharkey, "Mystères celtes", Paris 1985, pp. 23-24 / Dictionnaire des saints, Paris, 1975 article "Columba ou Columcelle")

 

"Finalement, c'est moins la religion que le rationalisme militant qui fit disparaître les fées et autres créatures sylvestres. L'Eglise avait seulement mis en garde les fidèles contre des esprits qui pouvaient bien être d'obédience satanique, le rationalisme nia leur existence, comme il niait celle du diable. A l'école, on apprit qu'il s'agissait là de superstition d'un autre âge. La forêt étant enfin désenchantée, on pouvait désormais l'exploiter selon les nouvelles techniques, souvent destructrices du milieu, des routes la sillonnèrent, des laies pénétrèrent jusqu'au plus profond du taillis. La forêt fut violée..."

"Afin de remédier à la mauvaise conscience qu'elle pourrait éprouver en détruisant les équilibres naturels, celle-ci a trouvé une sorte de palliatif rassurant, la création de "réserves naturelles" qui, au cours des dernières décennies, se sont multipliées de par le monde. Profanant d'une main, la société technocratique resacralise de l'autre - en anglais ces parcs nationaux sont appelés de manière significative des sanctuaries -, elle recrée le bois sacré, la forêt vierge, elle prétend même "protéger" la nature, contre qui, sinon elle-même ? Mais, évidemment, les parts ne sont pas égales. Il s'agit bien de "réserves" au sens où l'on parle de réserves d'Indiens, espaces restreints concédés aux anciens propriétaires du pays afin qu'ils puissent s'y éteindre en paix. Lorsque l'on a mis de tels territoires entre parenthèses, on a toute licence pour piller et détruire au-dehors. Enfin, ces réserves sont elles-mêmes récupérées par la société si bien nommée de consommation qui compte les exploiter grâce au tourisme."

  

Selon Alfred Maury

(Les fées du Moyen Âge. Editions Savoir pour Être, Belgique)

 

"Ces forêts sacrées que les Celtes avaient si longtemps honorées comme la demeure des divinités, dans lesquelles ils n'entraient que comme dans un sanctuaire, l'âme saisie d'une crainte religieuse, ces forêts, dis-je, continuèrent à inspirer le même respect, la même vénération. Des images pieuses furent placées sur les arbres jusqu'alors adorés, sur le chêne, le hêtre, le tilleul et l'aubépine ; et le peuple, en venant, selon son antique coutume, se prosterner sous leur ombre, honora presque à son insu un nouveau lieu."Le mont Tombe, ancien lieu de pèlerinage celte, fut transformé en Mont-Saint-Michel. La cathédrale de Paris fut édifiée sur l'emplacement d'un ancien temple gaulois consacré à Lug, le dieu de la Lumière. Et les autels champêtres, les arbres sacrés et les grottes habitées par les fées furent reconvertis en lieux d'adoration de la Vierge Marie qui, de mère du Christ, fut transformée en outre patronne des fées !

..."C'était ordinairement une image de la Vierge que les prêtres plaçaient au-dessus des arbres sacrés. Le vieux chêne de la Loupe paraît avoir été un de ces anciens monuments du culte druidique ainsi métamorphosés en relique chrétienne ; on l'appelle aujourd'hui le chêne de la bonne Vierge."

"Les dolmens furent transformés en calvaire ; les fontaines magiques et les grands chênes des druides furent consacrés à la Vierge, et les plantes et herbes médicinales aux vertus merveilleuses, que les sorcières allaient ramasser au clair de lune, furent placées sous le patronage des saints du calendrier. Mais, sous le masque de la religion, les fées continuaient à assurer leur fonction de marraines des hommes."

 

Selon Paul Sebillot

(dans "Folklore de France" de 1905)

 

"On n'a pas dressé, comme on l'a fait pour les fontaines, la liste des arbres qui, dans une région déterminée, sont l'objet d'un culte plus ou moins apparent. Il est probable qu'elle surprendrait beaucoup de gens, si elle donnait des chiffres analogues à ceux qui ont été relevés dans un département peu éloigné de Paris. D'après la Notice archéologique de l'Oise, écrite par Graves en 1854, il y avait alors dans ce département 253 arbres vénérés, qui se répartissaient ainsi : ormes 74, chênes 27, épines 24, noyers 15, hêtres 14, tilleuls 14, etc."

 

Selon Maurice Magre

(dans "La Clé des choses cachées", Ed. Fasquelle)

"La chasse aux sorcières" fut une guerre contre les arbres et contre leurs habitants : les esprits de la Nature.

 

"Les druides surent que, derrière les manifestations de la Nature, se cachaient des présences ; et que, derrière ces présences, étaient les essences du Monde (...).

"Les druides avaient fait un pacte d'alliance avec les forêts. Cela correspondait alors à une réalité, parce que les forêts étaient vivantes. Ce qui, chez nous, est superstition et légende, était une vérité il y a trois mille ans. Les esprits des arbres, les génies de la Nature existaient, quand leur corps terrestres n'avaient pas été mutilés (...).

"Autrefois, cette existence ("des esprits de la Nature") ne faisait de doute pour personne. L'Eglise chrétienne dans son effort pour convertir le monde, se heurta aux divinités de la Nature qui étaient partout, sous les arbres de tous les bois, dans le bleu de toutes les sources. Elle ne songea pas, alors, à nier leur existence, parce que c'était une impossibilité. S'il y avait eu des gens cultivés pour ne pas croire aux esprits de la Nature, elle se serait appuyée sur leur opinion. Mais il n'y en avait pas, et elle fut obligée de déclarer que toutes les divinités des arbres et des eaux étaient des démons, animés de la force diabolique (...)."

"La Gaule était le royaume des végétaux, et la race des hommes était sujette des arbres (...). C'est avec l'invasion romaine que commença en Gaule la guerre des hommes contre les arbres (...). Au temps des druides, les forêts se prolongeaient sans interruption de l'Irlande à la Méditerranée (...). Les côtes de la Méditerranée, de Nice à Saint-Raphaël, étaient recouvertes d'une impénétrable forêt de frênes. Cette forêt subsista encore quelques siècles, puisqu'on la voit, au Xè siècle, servir de rempart, par sa densité, contre les invasions des Maures (...)."

 

Ces témoignages montrent combien au cours des temps,
nous sommes arrivés à ce point limite de non respect et d'appropriation destructrice
et sans scrupule des éléments vitaux de la planète qui nous a été confiée.
Mais il existe de REELLES SOLUTIONS !!!
Dans la mesure où s'opère un réveil de conscience chez chacun.