LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
DOMINIQUE
EPISODE 17
Un festival de sentiments
Tout se précipita autour du professeur, des mains contre lui, des lumières vives, des éclats de voix, de la précipitation, la vitesse, le bruit, une sirène. Il venait de rouvrir les paupières sur celle qui le massait énergiquement.
- On va le perdre, souffla-t-elle à celui qui l’accompagnait.
Il se retourna et s’empara des deux plaques électriques qu’on badigeonna de gel.
- Pas encore... Pas encore... Il est encore avec nous.
- Chargé, lança une voix.
- Pas encore je vous dis...
Dominique sentit son pouls, comme unique rempart. Une chose simple, persistante, personnelle, l’accompagnant depuis toujours. Son cœur. Le rythme de ses battements cardiaques ralentissait. Il esquissa un sourire qui ne transparut même pas sur ses lèvres. Les sons s’amenuisaient, les visage s’éloignaient. Le calme l’envahissait. Le silence était devenu son seul compagnon. Un silence opaque.
- Alors, c’est comme ça que tu pensais terminer ?
Il tourna la tête vers celui qui lui avait adressé la parole dans l’ancre de la nuit.
- Qui est là ?
- Je ne peux y croire. Tu as réussi en quelques jours ce que j’ai mis des centaines d’années à mettre sur pieds.
- Qui êtes-vous ?
- Et tu en souffres...
Dominique baissa les yeux, pour mieux percevoir la voix et donc son emplacement dans l’espace opaque.
- Me serais-je... trompé ?
Alors que le silence s’emparait à nouveau de Dominique, celui-ci fit un pas dans le vide :
- Je souffre ! Oui, je soufre.
- A cause de moi...
- A cause de moi, reprit Dominique. A cause d’une foule de souvenirs que je hais.
Le silence encore.
- Je suis en toi, souffla la voix tout près de son oreille. Je suis en toi depuis toujours et pour toujours. Je suis encore en toi.
- Qui... êtes-vous ?
- Mais toi, voyons ! s’exclama subitement la voix, dans un élan d’enthousiasme. Je suis toi, ton pouvoir, ton esprit ! Je suis là ! lança la voix en le frappant au cœur du bout du doigt. Je suis enfermé en toi, Dominique. Serais-tu à ce point inconscient de ce que tu possèdes ?
- Ce que ... je...
- Il est temps, désormais, non ? sourit une personnage au-dessus de lui. Tu as assez discuté ?
Dominique aperçut un visage se dessiner dans la lumière éblouissante qui l’immobilisait, sur son lit, dans l’agitation presque invisible, lui désignant une lumière de plus en plus puissante, bien au-delà d’un horizon illusoire qui se dessinait derrière l’être ailé:
- Vous êtes...
- Je suis venu pour te ramener, voyons, je te le devais ! Merci pour ce que tu fais... confia l’homme en le saluant. Votre avenir ne sera pas simple, « professeur » !
- On l’a récupéré ! s’écria une voix.
- Il se stabilise. Le pouls est... il est constant.
Dominique sentit ses poumons se remplir d’un coup et il en hurla de douleur, à la grande surprise des médecins et infirmiers qui l’entouraient. Ses yeux s’ouvrirent sur les spots de la salle d’hôpital et dans la lueur puissante qui l’aveuglait, il retrouva cette apparition angélique qui lui souffla ces derniers mots :
- Tu l’as dompté une fois. Tu le dompteras encore si tu le veux et si tu sais à quoi ou... à qui... te raccrocher...
Dominique se redressa d’un coup, attiré par la lumière et la voix s’évanouit dans le néant de ses pensées.
- Monsieur...
- Que s’est-il passé ?
- Vous... vous êtes à l’hôpital... répondit bêtement l’infirmière abasourdie par le réveil de l’homme à l’article de la mort un instant auparavant.
« Bon week-end, Sophie, entendit-il au creux de son esprit... le distributeur ne fonctionne pas ?... excusez-moi madame... Sophie ! tes clefs !... »
- Le week-end ? Quel week-end ?!!
- Vous ne vous êtes pas réveillé depuis ces quelques derniers jours mais votre... état... a empiré, expliqua le médecin en le dévisageant curieusement, sans se rendre compte que ses paroles perdaient dans l’instant tout leur sens... vous avez failli... mourir.
- Le festival !
Il bondit de son lit et attrapa ses affaires dans l’armoire prévue à cet effet. L’équipe de soin demeura sous le choc et le regarda courir dans les couloirs, ses vêtements sous le bras.
Dominique courait à perdre haleine. Le clocher de Tomoeda lui apparut par-dessus les résidences et il ne fit pas le crochet qu’il avait prévu par le parc du sanctuaire, le temps pressait. Le temps... et cette menace portée contre lui... Qui ? Qui était-ce ?
« Krovis ? Impossible.. »
Il pénétra l’enceinte du lycée et se dirigea vers la salle de conférence où devait avoir lieu le festival des arts, cette année, comme les précédentes. Où en était-ce ? Il tenta d’ouvrir une porte, close de l’intérieur, et contourna le bâtiment.
- Te voilà ! lui cria Krovis, appuyé à un arbre non loin. Tu es venu... ?
- Tu.. Krovis ? Tu savais que je viendrais...
- Je me demande tout de même si c’est pour moi que tu es venu, ou pour « elle »... Qu’importe, ta fin est proche !
- Ronaldo... Je ne comprends pas très bien, avoua Dominique en abandonnant dans un regard contrarié son objectif premier. Que me veux-tu, à la fin ?! Je ne suis pas devenu le prêtre que tu voulais être... Comme tu l’avais voulu !
- Ne me ment pas, ce n’est pas pour moi que tu l’as fait ! C’est pour toi ! Sur les conseils du prêtre Tsukimine...
- Et désormais, que veux-tu ? Faut-il encore que j’abandonne quelque chose ? s’exclama Dominique, agacé et amer, les bras ouverts en faisant un pas vers lui. Que je perde quelqu’un ? lança-t-il en avançant encore un peu. Que je meure ?! Que veux-tu à la fin ?!!
Krovis baissa les yeux, la rage aux lèvres.
- Le sais-tu, seulement... ? murmura Dominique.
- Ta gueule ! hurla l’homme en repositionnant une mèche rebelle. Tu es en tout supérieur à moi ! Partout ou tu passes, on te remarque, partout où tu passes on garde un souvenir de toi. Tu as toujours eu cette aura qui m’a totalement mis en retrait de ce que tu vivais. Tu m’as ignoré toute ta vie !
« Tu ne pensais qu’à toi, entendit Dominique. Jamais à moi... »
- Tu ne pensais qu’à toi, lui hurla Krovis en courant vers lui pour le prendre par le col. Jamais... aux autres ! Tu étais trop fier ! C’était ta petite personne qui t’importait plus que tout... Ton don par-ci, ton don par-là... Même ça nous différencie, confia-t-il, les dents serrées. Même ça ! La nature m’a fait complètement inférieur !!!
- Rony...
Une silhouette s’éleva au-dessus du bâtiment et contempla la scène avec un sourire de délectation.
- L’avenir me sourit enfin... murmura la puissante voix. Et peut-être l’un d’eux pourra me libérer ! A jamais...
- Que veux-tu que je dise ? souffla Dominique. Quels que seront mes mots, tu les prendras mal... Comme tout ce que j’ai pu faire.
- Tu me dégoûtes, lui cracha Krovis en le frappant au visage.
Dominique tomba sur le côté et releva la tête, pris entre l’inquiétude et la compassion. Ronaldo leva un bras et prononça quelques paroles à mi-voix en lançant vers le professeur une incantation. Le sol se mit à trembler autour de lui et Dominique posa une main au sol pour garder son équilibre.
- Tu... tu parviens à lancer des sorts ?!
Tandis qu’une salve d’applaudissements remplissait la salle de concert, le feu éclata sur sa gauche et l’encercla presque aussitôt. Un tremblement plus sourd prit Dominique au cœur et il se mit à grelotter, sentant ses forces le quitter.
- Que se passe-t-il... ?
- J’ai abattu le dernier rempart qui te protégeait, dominique. Ton don envolé, tu n’es rien... Tu vas goutter au destin de quelqu’un qui n’est rien... Tu vas savoir...
Dominique commençait à manquer d’air et il tenta de se relever... Mais une chose le retenait à terre... quelque chose qui provenait de... Il inclina la tête pour pouvoir regarder vers le ciel.
Sur le toit, la silhouette translucide se sentit visée et mit fin à son propre sort d’emprisonnement. « A présent je sais... je sais lequel de vous saura m’aider... »
Tandis que le feu se rapprochait, Dominique se mit à tousser perdant ses forces au fur et à mesure. Krovis le regardait s’effondrer lentement. Il retint un instant sa respiration, calmant du coup la force qu’il mettait en jeu. Dominique le ressentit et ce simple sursaut d’attention de la part du professeur convainquit l’apprenti sorcier de renforcer sa prise.
Derrière les murs, les applaudissement se terminaient. Une longue ovation prenait fin sur quelques douces notes de piano. Et dans le flot léger, une voix. Une image... Son visage... Dominique toussa une dernière fois et sentit l’air parcourir de nouveau pleinement ses poumons.
- Nooon ! s’écria Ronaldo en se concentrant un peu plus.
Dominique baissa la tête et balaya le feu d’un mouvement bref du bras. Il tendit la main vers le sort et celui-ci se calcina d’un coup. Rony recula, surpris.
- Ronaldo... puisque tu veux voir en moi un ennemi, soit ! Alors, affrontons-nous à la loyale !
Dominique se releva, mû par une force nouvelle. La mélodie qui l’accompagnait éveillait toute sortes d’émotions en lui. La douceur de Sa joue, de Ses lèvres, la chaleur de Son regard, la lumière de Ses sourires. Son amour battait dans son cœur, le sien s’éteignant peu à peu. Elle vivait pour deux en cette seconde.
Il sourit et balaya son ami d’un seul geste. Rony glissa sur le sol, les bras tendus en avant, en rempart contre le don de Dominique.
« Tu m’avais parlé d’un don, répéta une voix que perçut Dominique en Rony, c’est un véritable pouvoir »
Dominique s’arrêta net quand l’homme atterrit à une quinzaine de mètres plus loin, dans le bosquet d’une propriété. Le professeur sentait une telle plénitude en lui... Alors qu’il venait de frapper quelqu’un. D’où lui venait ce calme inviolable ? De cette mélodie qui prenait fin sous un nouveau tonnerre d’applaudissements ?
Il tourna la tête vers la salle de concert. Etait-il capable de plus... mais son don... il l’avait perdu !
« Excuse-moi... mon ami, baissa-t-il les yeux en voyant Rony s’éloigner, les nerfs à vif. Excuse-moi vraiment...»
Nathalie le dévisagea alors qu’elle regagnait les coulisses. Elle s’était figée à quelques mètres de lui et ne bougeait plus. La foule des lycéens les frôla en quittant la scène, amplement ovationnée. Mais eux deux demeurèrent là, les yeux dans les yeux.
Nathalie fit quelques pas dans sa direction alors que Suzanne les évitaient en courant vers les vestiaires. Lorsqu’elle aperçut le professeur, elle ne put rien dire, poussée par ses amies vers les loges où elles se congratuleraient encore et encore.
- Nathalie !! cria-t-elle pourtant avant de disparaître avec le reste des lycéens.
- Tu n’es pas pareil, dit-elle en faisant encore un dernier pas hésitant vers lui.
Elle passa la main le long du col de sa veste et il sentit un craquement se répandre sur lui. Une vague de sentiments flous et confus l’envahit alors, provenant des spectateurs, les lycéens et de toute la ville en arrière plan. Il sourit en sentant ses émotions renaître à fleur de peau et posa ses mains sur les joues de son adolescente. Elle ferma les yeux et...
- Nathalie ! hurla Suzanne. Je... Je t’ai dit de venir ! hurla-t-elle de plus belle en la tirant vers les loges. Vous, pointa-t-elle un doigt vers l’homme, ébahi, heureux. Je ne vous ferez plus confiance, professeur !
Lire l'EPISODE 17 vu par Nathalie
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