LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
 
 
 

NATHALIE

EPISODE 17
Un festival de sentiments



Nathalie patientait sur le quai, avec toute sa famille à ses côtés. Le Festival des Arts allait avoir lieu le soir même et la jeune fille sentait la pression monter. Elle allait jouer en public pour la première fois... et un morceau de sa composition, en plus ! Elle baissa les yeux sur le bitume qui recouvrait le quai. Le festival signifiait aussi son retour...
Nathalie tressaillit et releva la tête tandis que le train pénétrait la gare dans un gémissement de ferraille. Il s’immobilisa enfin et la lycéenne tenta de distinguer la silhouette si familière qu’elle attendait. Ça faisait deux mois qu’elle ne l’avait pas vue... Son visage s’éclaira et elle sourit en la voyant émerger de la masse des voyageurs, une petite valise à la main.
- Maman ! s’écria Nathalie en courant se jeter dans ses bras.
- Je suis tellement contente de te revoir, ma chérie, si tu savais... murmura Claudia en la réceptionnant.
Elles furent bientôt rejointes par le reste du clan Amamiya. Claudia embrassa Suzanne, Béatrice et Frank et salua Aymé.
- Je suis extrêmement heureux de vous voir en meilleure santé, sourit celui-ci.
- Oui, les médecins disent qu’il y a une très nette amélioration, confirma Claudia.
Aymé Amamiya hocha la tête et avisa le bagage de la jeune femme. Il se tourna vers un homme qui attendait à quelques mètres de là.
- Maxime ? lança-t-il. Pourriez-vous vous occuper des affaires de Madame ?
- Tout de suite, Monsieur, répondit l’interpellé, joignant le geste à la parole.
Alors que le petit groupe quittait la gare, Claudia se tourna vers sa fille, qui la soutenait par le bras :
- Dis-moi Nathalie, qui est cet homme ?
- Quel homme ?
- Celui qui s’est occupé de mes bagages. C’est la première fois que je le vois.
- Il s’appelle Maxime Krovis, répondit Nathalie. C’est notre nouveau jardinier. Il est très gentil. Comme Edward est malade, il a accepté de le remplacer.
- Il est donc momentanément chauffeur, déduisit Claudia. Ça fait longtemps qu’il travaille pour nous ?
Nathalie fronça les sourcils, indécise.
- Je ne sais pas... Peut-être un mois...
Elle se décala pour permettre à sa mère de monter dans la voiture, et sourit à Maxime qui leur tenait la portière.
- Si Mademoiselle veut bien se donner la peine...
Quelques minutes plus tard, la limousine démarrait et prenait la direction de la propriété des Amamiya.

Nathalie ouvrit tout grand son armoire, détaillant les tenues qui s’y trouvaient. Le spectacle devait commencer dans quelques heures mais mademoiselle Simon lui avait demandé de venir un peu plus tôt pour une dernière répétition. Après plusieurs essayages, elle se laissa tomber sur son lit. Rien ne lui convenait.
« Je vais aller chercher Suzanne et lui demander son avis » se dit-elle en se redressant.
La sensation de vertige l’assaillit si soudainement qu’elle manqua de tomber. La jeune fille se rattrapa de justesse à sa chaise de bureau et y prit place en inspirant avec lenteur. Ce serrement au cœur... Qu’est-ce qu’elle avait ?
Ses tempes lui cognaient. Une forme ailée apparut alors devant elle. La gorge sèche, elle s’appliqua pour se faire entendre. Sa voix était rauque.
- Papa ? Que... Qu’est-ce qui m’arrive ?
- Ce n’est rien, ma puce, entendit-elle répondre.
Elle sentit un contact glacé sur son front et une lumière jaillit, l’obligeant à fermer les yeux. Quand elle les rouvrit, toutes les sensations avaient disparu. Elle se sentait parfaitement bien.
- Merci Papa, dit-elle, contemplant l’être ailé qui lui faisait face.
Philippe eut un petit rire, si léger qu’il s’évapora presque aussitôt.
- Tu t’es laissée submerger, lança-t-il. Il faut faire attention...
Nathalie ne comprenait pas. De quoi son père parlait-il ? Elle allait lui poser la question, mais celui-ci posa un doigt sur ses lèvres en signe de silence.
- J’aimerais que tu graves dans ta mémoire ce que je vais te dire, annonça-t-il, la voix plus grave.
Nathalie hocha la tête et attendit en silence.
- Je veux que tu saches que je respecterai toujours tes choix. Ce ne sera peut-être pas toujours facile, mais il faut que tu crois en toi. Ne laisse pas les autres décider à ta place...
Philippe marqua une pause, observant sa fille. Elle l’écoutait, la mine sérieuse.
- Il y a autre chose, continua-t-il, un peu hésitant. Prends bien soin de ta mère... s’il te plaît. Elle en aura besoin.
- Très bien, Papa. J’ai compris.
L’ange hocha la tête avec satisfaction. Il avait fait ce qu’il devait faire.
- Bien, il faut que j’y aille, lança-t-il, tout en disparaissant doucement. Quelqu’un d’autre a besoin de mon aide... A bientôt Nathalie...
La jeune fille avait l’impression de sortir d’un rêve. Pourtant, tout avait été bien réel. Les mots qu’avaient prononcé son père résonnaient encore dans son esprit. Son regard se posa négligemment sur son réveil et elle reprit pied dans la réalité. Le festival ! Elle bondit de sa chaise et dévala les escaliers, à la recherche de sa cousine.

- Je crois qu’il vaudrait mieux ne pas en parler à Nathalie.
La voix de Grand-père était tombée, tranchante. Nathalie s’immobilisa devant la porte du salon, qu’elle s’apprêtait à ouvrir.
- Mais c’est de sa mère qu’il s’agit ! objecta Béatrice, une pointe de colère dans la voix.
- Je sais. Mais je ne veux pas qu’elle souffre encore. Et puis, il y a encore de l’espoir...
- Oui, et Claudia a demandé que l’on en parle pas aux filles, intervint Frank. Il faut respecter son choix...
- Mais... elle semble si résignée, reprit Béatrice. Je ne comprends pas...
- Les circonstances, murmura Aymé. Il n’y avait que Philippe et moi qui étions au courant...
- Mais enfin de quoi parles-tu ? ! explosa Frank.
Le patriarche prit une profonde inspiration et dévisagea les deux adultes qui se trouvaient en face de lui. Sur son visage se peignit une expression douloureuse.
- La mère de Claudia a subi la même chose... Bien sûr, ce n’est pas automatique mais le risque était là... Claudia le savait. Cette discussion, je l’ai eue avec elle il y a longtemps...
Nathalie n’en écouta pas davantage et retourna à l’étage, en direction de la chambre de ses parents. Elle entrouvrit la porte avec précaution et glissa un œil à l’intérieur. Sa mère se tenait face à la fenêtre, qui était grande ouverte, laissant entrer l’air frais. Le regard perdu, la jeune femme semblait regarder bien au-delà du paysage.
« Est-elle seulement là ? se surprit à songer Nathalie. Elle semble si... loin de nous par moments... »
Les paroles de son père lui revinrent dans un écho nouveau et elle se promit de prendre soin de sa mère. La sonnerie de la porte d’entrée la sortit de ses pensées. Elle referma la porte de la chambre et descendit.
- Bonjour niña ! l’accueillit-on.
- Antonio ? Mais... que faites-vous ici ?
- Zé souis désolé dé té déranger, quérida mia, commença le couturier espagnol. Mais tou prima...
Il désigna Suzanne, qui sembla soudain vouloir rapetisser. Antonio poursuivit :
- Ellé m’a parrrlé dou festivalé y dé tou grandé performance en piano. Alors yé mé souis dit...
Il s’interrompit et entreprit d’ouvrir la boîte qu’il tenait sous le bras depuis son entrée dans la maison. Il en sortit une longue robe bleu nuit, sans manches. Le vêtement était très léger, semblant fait de voiles successifs. Nathalie était sans voix et ne savait pas quoi dire. Elle sourit.
- Mer... Merci, articula-t-elle, finalement.
- Mais dé nada, répliqua Antonio, un immense sourire aux lèvres. Con esta, tou séra la plou belle de todas las niñas del festivalé... Et yé serais au prrremier rang por voir tou triomphe ! ajouta-t-il, accompagnant sa déclaration d’un grand geste théâtral.
Nathalie, Suzanne et tous ceux qui se trouvaient là éclatèrent de rire. Les artistes étaient vraiment des numéros !
« Le festival sera sûrement une réussite ! » s’enthousiasma Nathalie, quelques temps plus tard, en contemplant la robe étalée sur son lit.

Le cœur de la jeune fille battait la chamade. Elle se força à respirer calmement. Pendant le noir qui inonda la scène, elle courut sans bruit prendre place au piano.
« Tout va bien se passer. » se répéta-t-elle, malgré le trac qui lui nouait l’estomac.
Tout le spectacle s’était déroulé parfaitement. Il n’y avait aucune raison pour que ça change... Alors que la lumière revenait doucement, elle se mit à jouer. C’était quelque chose de très doux, d’aérien. Le silence régnait dans la salle. Nathalie ne pouvait pas voir les spectateurs, plongés dans le noir. Elle espérait que Dominique se trouvait parmi eux...
Le rythme de la mélodie s’accéléra un peu et les voix du chœur s’élevèrent. La jeune fille ressentit soudain une intense douleur, accompagnée d’une profonde certitude : Dominique... Il n’était pas là... Et il était en danger... Elle avait conscience des forces qui s’affrontaient... Dominique n’y arriverait pas tout seul... Il était prisonnier...de quelque chose. Pendant cette prise de conscience, ses doigts n’avaient pas cessé de courir sur le clavier. La musique prit peu à peu de l’ampleur, portant les voix de ses camarades, tandis qu’elle concentrait toutes ses sensations sur ce qui se passait au-dehors. Tout à coup, elle se sentit "happée". Elle ressentait tout se que ressentait Dominique, c’était comme... s’ils partageaient le même cœur. Elle jouait toujours, sans en avoir réellement conscience, la musique lui parvenant à travers un épais brouillard de sensations. Nathalie s’accrochait à la musique, sa musique, comme si elle pouvait être une arme qui les aiderait à vaincre. Elle sentit la force que Dominique affrontait s’éteindre d’un coup et elle relâcha sa concentration, alors qu’elle jouait les dernières notes.
Des applaudissements crépitèrent tandis que la lumière venait éclairer la scène. Nathalie était encore assise au piano, le souffle court. Elle avait l’impression d’avoir fourni un immense effort au cours des dernières minutes. Suzanne vint la chercher et la mena sur le devant de la scène, comme les applaudissements redoublaient. La lycéenne ne s’en rendit même pas compte et salua mécaniquement le public. Après quelques rappels, elle put rejoindre les coulisses.
Nathalie eut un mouvement de surprise et dévisagea Dominique. Il se trouvait à quelques mètres d’elle et ne bougeait plus. La foule des lycéens les frôla en quittant la scène, amplement ovationnée. Mais eux deux demeurèrent là, les yeux dans les yeux.
Elle fit quelques pas dans sa direction alors que sa cousine les évitaient en courant vers les vestiaires. Lorsqu’elle aperçut le professeur, elle ne put rien dire, poussée par Sandra et Christelle vers les loges où elles se congratuleraient encore et encore.
- Nathalie !! cria-t-elle pourtant avant de disparaître avec le reste des lycéens.
Tout se bousculait dans l’esprit de Nathalie. Que devait-elle faire ? Tout lui avouer... Ou ne rien dire ? Elle sentait une force en lui. Une force bienfaisante et irradiante. Son aura. Mais ne parvenait pas à sortir, retenue par ce qui entourait le jeune professeur... La jeune fille se décida alors, faisant un dernier pas hésitant vers lui.
- Tu n’es pas pareil, dit-elle.
Elle passa la main le long du col de sa veste et sentit quelque chose changer en lui. La carapace magique se brisa et elle ressentit toute la puissance de Dominique, dans une sorte de communion. Elle le vit sourire et poser ses mains sur ses joues. Elle ferma les yeux et...

Suzanne contemplait la scène, impuissante. Quelque chose qu’elle ne comprenait pas était en train de se produire entre sa cousine et le professeur. Elle ne pouvait le supporter.
- Nathalie ! Je... Je t’ai dit de venir ! hurla-t-elle de plus belle en la tirant vers les loges. Vous, pointa-t-elle un doigt vers l’homme, ébahi, heureux. Je ne vous ferais plus confiance, professeur !
Nathalie se détacha avec vigueur de l’étreinte de Suzanne, se retournant pour lui faire face. La phrase de son père était gravée en elle : « Ne laisse pas les autres décider à ta place »
- Tu n’as pas à me dicter mes actes, lâcha-t-elle avec une dureté qu’elle ne se connaissait pas. Je suis assez grande pour décider moi-même.
Elle lui tourna le dos et rejoignit Dominique. Suzanne n’en revenait pas. Jamais Nathalie ne s’était conduite ainsi avec elle !
- C’est à cause de vous, professeur Gauthier, murmura-t-elle tandis que Sandra la tirait vers les vestiaires. C’est votre faute !


Lire l'EPISODE 17 vu par Dominique
 
 


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