LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
NATHALIE
EPISODE 11
Retour vers le passé (1/2)
Nathalie ralentit quelque peu son allure et contempla avec une excitation mêlée d’appréhension les hauts murs gris du Downtown College. Elle reprit le contrôle de sa respiration, qui s’était accélérée, et se retourna vers la jeune fille qui l’accompagnait.
- Ne t’inquiète pas, je suis sûre que tout va bien se passer, lui affirma celle-ci en souriant.
- Je sais Soïra. Mais un premier jour, c’est toujours une étape importante...
- Tu n’as absolument pas à t’en faire, lui assura la jeune anglaise. Tu es arrivée il y a deux jours et tu t’es parfaitement intégrée à ma famille. Il n’y a aucune raison que ce ne soit pas pareil ici !
Nathalie eut un sourire en songeant à ce premier contact avec l’Angleterre. Les Matthews étaient une famille anglo-pakistanaise charmante, et les parents de Soïra, James et Ishra, l’avaient accueillie à bras ouverts. Quant à la jeune fille, elle considérait déjà Nathalie comme faisant partie de la famille.
Nathalie chercha une dernière fois de l’assurance dans le regard pétillant de son amie à la peau sombre et aux longs cheveux bruns, puis elle se décida à traverser la rue. Elle poussa un cri de surprise quand la moto la frôla et lâcha sa mallette, qu’elle tenait pourtant fermement. Et si Soïra n’avait pas été là pour la rattraper in extremis, Nathalie se serait sûrement étalée par terre. Elle mit quelques instants à retrouver totalement ses esprits :
« La journée commence bien », songea-t-elle, ressentant soudain une terrible nostalgie du Japon.
Elle leva la tête vers le ciel qui semblait éternellement gris et les arbres dénudés de toute feuille. En ce début d’avril, le soleil radieux et les cerisiers en fleur n’étaient visiblement pas de mise... Elle secoua la tête avec force, tentant de chasser ces mornes pensées. Soïra entoura son bras autour de ses épaules, semblant avoir deviné le trouble qui l’habitait. Elle lui fit un énorme clin d’œil en lui désignant l’entrée de la bâtisse, qu’elles étaient sur le point de franchir.
-Welcome to the Downtown College, miss, dit-elle d’un ton pincé.
Et elle s’effaça dans de grandes mimiques pour la laisser passer. Nathalie éclata de rire devant son air solennel et passa le porche. La sonnerie qui retentit à ce moment-là ne leur laissa pas plus de loisir et Soïra prit Nathalie par le bras pour la conduire jusqu’à leur classe.
- Les enfants, je vous présente Nathalie Amamiya. Elle nous vient du Japon et sera votre camarade au moins jusqu’à la fin de l’année. Je compte sur vous pour lui faire un bon accueil et l’aider à trouver ses repères.
Le professeur sourit à la nouvelle venue et lui fit comprendre qu’elle pouvait prendre la parole. Nathalie tenta d’ignorer la boule qui lui coinçait la gorge.
- Je me réjouis de faire partie de votre classe, leur sourit-elle en les saluant.
Des chuchotements et des rires étouffés lui parvinrent alors aux oreilles. Nathalie ne savait comment réagir face à cette réaction inattendue et lança un regard désemparé au professeur, qui se trouvait à son côté.
- Je crois que tout ceci mérite une petite explication, sourit celui-ci. En Europe, pour dire « bonjour », nous nous serrons la main ou nous nous embrassons. Le salut n’est pas d’usage, c’est pour cela que vos camarades ont réagi de cette manière. Cela me donne d’ailleurs une idée : nous allons pour ce premier cours en compagnie de Nathalie et pour lui souhaiter la bienvenue, étudier les points communs et les différences qu’il y a entre notre pays et le Japon. Tu es d’accord ?
La jeune fille hocha la tête en souriant, soudain plus à l’aise. Le noeud d’angoisse qui la crispait depuis son réveil venait de s’évaporer comme par enchantement.
- Très bien. Mais tout d’abord, nous allons te placer. Voyons... Ah ! Il y a une place à côté de Brian. (il désigna un bureau vide au troisième rang) Tu peux t’installer là.
Nathalie se dirigea vers la place indiquée. Elle remarqua que son voisin la dévisageait avec surprise pendant qu’elle s’installait. Et un peu plus tard, alors qu’elle se penchait pour ramasser son crayon qui était tombé au sol, le jeune homme le ramassa et le lui tendit en souriant.
- Je suis désolé... lui chuchota-t-il.
La jeune fille était interloquée : de quoi voulait-il donc parler ? Il devait la confondre avec quelqu’un d’autre... sans aucun doute. Elle essaya de dissiper le trouble que ce simple contact avait fait naître en elle. Cela ne lui était jamais arrivé avant, avec Suzanne qui veillait sur elle comme sur un trésor. Avec elle, même discuter avec un garçon semblait impossible. Elle voyait toujours le mal partout. Elle sourit en songeant à sa cousine restée à Tomoeda et sentit soudain une irrépressible sensation de liberté l’envahir. Elle adorait Suzanne mais parfois... elle lui mettait vraiment la pression. Ce côté "mère poule" l’étouffait...
La sonnerie marquant la pause déjeuner la tira de ses pensées. Soïra l’attendait à la porte. Elle s’apprêtait à la rejoindre quand Brian la retint par le poignet.
- Est-ce que... je pourrais te parler ?
Nathalie était tellement intriguée par le comportement de son nouveau camarade de classe qu’elle n’osa pas refuser. Elle informa Soïra qu’elle avait quelques problèmes administratifs à régler et qu’elle la rejoindrait. Son amie hocha la tête.
- Ne tarde pas trop, lui dit-elle, une lueur malicieuse dans les yeux. J’ai plein de monde à te présenter !
Nathalie promit et se dirigea vers le parc à vélo du lycée, où Brian lui avait demandé de le retrouver. Quand elle vit le jeune homme affairé à sa moto, elle retint une exclamation.
- Mais... C’est...
-... la moto qui a manqué de te renverser ce matin, termina Brian à sa place. Je suis affreusement désolé... J’avais l’esprit ailleurs et je ne t’ai pas vu t’engager.
Il paraissait terriblement gêné.
- Je ne me suis même pas arrêter pour m’excuser... Je suis vraiment...
- Ce n’est rien...
- Si, c’est de ma faute. Tu ne t’es pas fait mal, au moins ?
- Non, ne t’inquiète pas.
Elle lui sourit, se demandant comment elle pourrait le détendre.
- Pour te prouver que je ne t’en veux pas, je te propose de repartir à zéro.
Brian se détacha de son engin et la dévisagea, ne comprenant pas trop où elle voulait en venir.
- Bonjour, lui sourit la jeune fille. Je m’appelle Nathalie Amamiya.
Et elle lui tendit la main, pour le saluer à la mode de son pays. Brian se sentit alors tout à fait à l’aise et il lui sourit :
- Enchanté de te connaître. Je me présente : Brian Thinnis.
Et il la salua comme on le faisait habituellement au Japon. Ils éclatèrent de rire à l’unisson, sans raison. Nathalie se sentait totalement libre, comme un oiseau qui aurait quitté sa cage. Comme si, en changeant de pays, elle avait changé elle aussi. Comme si elle avait la possibilité d’être différente... Et ce sentiment la grisait. Elle en était comme ivre.
- Ça te dit, un petit tour sur mon engin ? lui demanda Brian, à brûle-pourpoint.
- Pourquoi pas ?
Nathalie ne se reconnaissait pas. Elle n’aurait jamais osé, habituellement. Mais son nouvel ami lui inspirait instinctivement confiance. Il lui tendit un casque et s’installa sur la moto. Il expliqua à Nathalie comment se tenir et lança l’engin, doucement d’abord, puis en augmentant la vitesse par pallier. Il sentait l’étreinte de la lycéenne sur sa taille. Crispée d’abord, elle se relâcha au fur et à mesure.
Nathalie regardait le paysage défiler à toute vitesse. Elle se sentait parfaitement bien, heureuse. Le vent s’enroulait autour d’elle, dans un étrange ballet et elle percevait distinctement la respiration de son compagnon sous ses doigts. Alors, prise par une sorte de folie, elle lâcha Brian et écarta les bras, offrant son corps aux éléments.
« Je suis libre ! » pensa-t-elle.
Ils furent bientôt de retour au lycée. Brian aida Nathalie à descendre de la machine. Quand elle ôta son casque, il admira sa chevelure que le vent avait emmêlé en mèches folles. Elle lui sourit.
- Je te remercie pour la ballade, mais il faut que j’y aille. Soïra doit m’attendre.
- Pas de problème. On remet ça quand tu veux.
- Bien... A cet après-midi, alors.
Brian la regarda s’éloigner en direction de la cafétéria. Cette fille était vraiment surprenante...
Lire l'EPISODE 11 vu par Dominique
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