LA FORCE DU DESTIN
(Card Captor Sakura, l'origine)
DOMINIQUE
EPISODE 12
Retour vers le passé (2/2)
Dominique tournait en rond devant le temple et sous le regard calme et patient de Frédéric. Celui-ci décroisa les bras et fit quelque pas sur l’allée. Dominique, lui, ne tenait plus.
- Je sais ce que tu te dis, Dominique...
- C’est fou, non ? s’écria-t-il comme s’il avait nerveusement attendu la phrase du prêtre. C’est fou...
- Tu te rends compte de ce que tu possèdes désormais ?
- Arrêtez ! cria Dominique, perdu dans ses pensées. Arrêtez, supplia-t-il plus calmement. Vous ne voulez pas comprendre... Je hais ce don qui m’a été offert ! Je le hais. Du plus profond de moi. Vous ignorez tout ce que j’ai pu vivre à cause de lui ! A commencer par mes parents...
- Ne dis pas ça, Dominique. Il est vrai que je ne te connais pas, mais je peux ressentir en toi cette force intense.
- Je suis fatigué, avoua Dominique. Je crois que je suis las de devoir supporter toutes ses pensées et ses visions... Et désormais cette chance insolente qui s’en mêle !
- C’est un hasard !
- Heurter dans ma course un médecin ! Vous appelez ça un hasard ?! C’est un miracle !!!
Dans la chambre, un cri d’enfant résonna, déchargeant ses poumons d’une traite. Le lycéen et le prêtre en retinrent leur souffle. L’instant se suspendit et l’air se chargea de diverses sensations. Le silence qui régnait dans l’enceinte du sanctuaire amplifia encore ce sentiment nouveau qui les fit sourire de béatitude.
- Ma fille... se précipita Frédéric.
Avant de rentrer, il se tourna vers le jeune garçon et sourit, heureux.
- Dis-toi que tu as sauvé une vie, Dominique. Mais sache que je te comprends. Il m’a été assigné un rôle, aussi, dans l’écriture du destin. Je pensais que c’était de te former... Je me trompais. Cette journée en est la preuve ! Merci...
Il rentra et Dominique demeura seul un long moment sur les pavés de l’allée. Seul, balayé par le vent. Le hasard...
Les yeux fermés, Charles semblait dormir d’un sommeil paisible. La mine claire et le souffle maintenu par assistance respiratoire, le jeune homme récupérait peu à peu. Dominique s’était assis sur le bord du lit.
- Excuse-moi, Charles... J’aurais tant voulu ne pas avoir à choisir.
Le lycéen ne réagit pas.
- Il se passe de drôles de choses, dans ma vie. Je ne te l’ai jamais dit, mais je crois que mes parents ont disparu à cause de ce même don que me jalouse Rony. J’ai vraiment peur de ce qui est en moi et... Je ne peux pas accepter ton invitation. Je sais que tu voulais me parler... je sais que tu voulais me demander de prendre cette chambre d’étudiant avec toi pour l’an prochain... mais je... je préfère partir.
La tête de Charles tourna doucement sur le côté et ses lèvres se pincèrent sensiblement.
- Je vais accepter ce poste qu’on m’offre. Même si ça remet en question ma carrière de professeur. Je veux m’éloigner de vous. Je ne veux plus sentir ces choses que chacun retient en lui par pudeur, par gêne ou par respect.
Dominique marqua une pause et soupira profondément.
- J’espère qu’on pourra se voir, plus tard. Quand je reviendrai... Je vais finir mon année ici. Il ne reste plus grand chose... Et après...
On frappa. Laure entra avec un brin de menthe artificielle.
- Ah... fit-elle surprise, tu es là, Dominique.
- J’allais partir...
- Je... Je ne sais pas encore ce qu’il s’est passé.
- C’est à cause de moi, la coupa-t-il en lançant un regard vers son ami, endormi. Quoi qu’il te dira. Dis-lui que je m’excuse...
- Tu ne veux pas attendre qu’il se réveille ?
Dominique secoua la tête et lui sourit tendrement.
- Ce n’est pas la peine.
Il les quitta. Laure déposa le brin de végétal sur la table de chevet et elle vit Charles remuer l’épaule. En fait de l’épaule, c’est tout son corps qui tremblait. Elle posa une main sur sa joue, penchée vers la fenêtre et il se mordilla les lèvres, le menton hoquetant discrètement, les joues striées de larmes.
Elle ne dit rien et le serra contre elle..
- Ronaldo est toujours absent, remarqua le professeur d’Anglais.
La femme baissa ses lunettes et ouvrit leur livre de lecture.
- Quelqu’un sait ce qu’il a ? demanda-t-elle en cherchant la page de leur leçon précédente.
Personne ne sut répondre. Ronaldo n’était pas exactement le portrait robot de l’ami irremplaçable. Souvent absent, traînant avec une bande de voyous du lycée du quartier voisin, il ne laissait à personne le soin de le connaître.
- Il ne reviendra pas, je crois, se leva Laure.
Dominique tourna la tête vers l’extérieur, les coudes sur le bureau. Des murmures s’élevèrent de la masse des lycéens et Laure se rassit.
- Ah... soupira la femme. Bien... Let’s talk about our two nice dolphins, now, please.
Rony partait lui aussi.
Peut-être était-ce mieux ainsi.
Peut-être.
Naomi courait derrière Laure et Charles.
- Vous êtes sûrs que c’est ce qu’il est parti faire ? A quelques jours des examens ?
- Oui... Je crois que c’est le prêtre du Sanctuaire qui le lui a proposé.
- Il est fou, murmura Naomi. Il est fou... !!
- Quel est ce don, dont vous parlez depuis tout à l’heure ? demanda Laure.
Il bifurquèrent à l’angle et aperçurent le porche du Sanctuaire Tsukimine.
- Dominiiiique !!! cria Naomi, ne fais pas ça !
Près du cerisier sacré, Frédéric observait. Malgré les appels de ses amis, Dominique inspira profondément et posa une main sur le tronc.
- Concentre-toi, Dominique, lui conseilla le prêtre. Si tu le veux vraiment, tu peux sceller ce don. L’oublier. Les ondes de cet arbre t’aideront...
Une langue de lumière émana d’un coup de son bras, rampant à la surface de l’arbre et une vague d’énergie déferla tout autour. Frédérique fit un pas en arrière et ses amis furent retenus à l’entrée. Une décharge électrique puissante craqua dans le tronc et le ciel se couvrit, les nuages filant dans le ciel et zébrant l’air de puissants éclairs.
- Qu’arrive-t-il ? demanda Dominique, la main crispée sur l’écorce.
- Concentre-toi, lui lança Frédérique en reculant encore, repoussé par les vagues de pouvoir.
- Arbre sacré, murmura Dominique. Scelle ce don tout au fond de mon être. Que tout en moi disparaisse à jamais.
Le tonnerre explosa au-dessus d’eux et la pluie se mit à tomber.
Le lycéen posa finalement un genou au sol, le souffle court. Sa main glissa sur le tronc où la pluie commençait à raviner. Le vide s’était emparé de lui. L’air était vierge. Vierge de toute pensée, de toute sensation. Tout était calme, serein. Pur. L’eau glissait sur sa peau, la pluie l’avait trempé jusqu’à l’os. Pourtant, dans le froid et l’humidité qui le dévoraient, il sourit et finit même par rire nerveusement en fixant ses paumes.
- Je... Je n’ai plus le don. Je ne l’ai plus !!
Frédéric ausculta le ciel d’un oeil et secoua la tête :
- Tu as simplement endormi ton pouvoir. Ta concentration était telle que tu t’es convaincu de te priver de ce don. Mais sois conscient qu’un jour, il se réveillera. Un jour, le ciel s’obscurcira de nouveau. Et le sceau de l’arbre sacré sera rompu. Et alors...
- Oui... Je sais...
Ses amis le rejoignirent alors que Frédéric s’éloignait sous la pluie, battant lourdement les pavés.
« Et ce jour n’est pas si éloigné, Dominique. Pour que la nature réagisse ainsi, c’est que les pouvoirs en jeu sont phénoménaux... Gagne en maturité, et apprends alors à dompter ce don qui te sera peut-être utile... Au revoir, Dominique »
« Oui, je pars, se vit-il répéter à Naomi, de sa cabine de train, Charles l’écoutant de loin, sur le quai. Je pars pour faire table rase sur toutes ses années ici. Je vais revivre, fonder quelque chose de nouveau et me redécouvrir. C’est une vie nouvelle qui commence. Je reviendrai.
Je reviendrai un jour.
Un jour !!
Et j’espère tous vous retrouver !!!
Bon courage à touuuus !!!»
Désormais la rame qui l’emmenait filait vers l’inconnu. Il savait qu’il renonçait par là à un cursus normal et que revenir enseigner à Tokyo serait une utopie. A moins de poursuivre des études par correspondance. Mais c’était le meilleur choix.
Il le sentait. Ce ne serait pas facile. Il était encore jeune. Mais qu’importe...
Qu’importe !!
A SUIVRE...
Lire l'EPISODE 12 vu par Nathalie
Lire l'EPISODE 13 vu par Nathalie ou vu par Dominique.
Sur ce fanfic, tu peux aussi voir les personnages et le géné-book.
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