Les autorités tunisiennes répriment violemment des manifestations de protestations
A la suite de l'appel lancé le 4 mars par les partis politiques de l'opposition à un rassemblement pacifique de protestation contre l'invitation lancée par le président tunisien Ben Ali au criminel de guerre, le général Sharon, à se rendre en Tunisie à l'occasion de la tenue du SMSI, un nombre impressionnant d'agents de police en civil et en uniforme se sont déployés au centre de la capitale dans les rues attenantes au théâtre municipal, au bloquant tous les accès pour empêcher les citoyens de rejoindre le point de rendez-vous; Ils ont violemment agressé nombre d'entre eux: Mahdi Mabrouk, Maya Jribi, Hamadi Zoghbi, Salah Hamzaoui, Hamma Hammami et sa fille Nadia Hammami; les policiers se sont particulièrement acharnés sur maître Radhia Nasraoui qui a été grièvement blessée et souffre de fracture au nez et atteinte à l'oeil droit. D'autres ont été interpellés puis relâchés comme Fathi Jerbi.
A l'université, des étudiants sont restés détenus jusqu'au matin du 5 mars comme Ghassen Amraoui et Dorsaf Bourogaa qui ont essuyé des violences et des insultes. Ont été arrêtés : Khaled Hadaji, Ali Fellah, Radhouane Najahi, Zyad Guizani, Abdelnacer Khatali et Taha Sassi, qui a été sauvagement agressé et dont tout le corps était couvert de lésions, il a été libéré le matin du 5 mars.
La faculté des sciences humaines et sociales du 9 avril avait été investie mercredi 2 mars. L'immunité de l'enceinte universitaire a été violée par les brigades d'intervention, armées de gourdins et de grenades lacrymogènes, L'étudiant Kamel Braik a eu le bras cassé. Les étudiants Amor Ghazzi, Mounir Kheireddine et Zyad Guizani ont gardé des séquelles corporelles diverses.
A l'institut supérieur des sciences humaines et sociales Ibn Charaf, les cours ont été interrompus et deux étudiants ont été arrêtés : Salaheddine Khmissi et Abdelhay Mdellel.
A la faculté de sciences de Tunis, deux étudiants ont été arrêtés : Sami Bouzazi et Houda Chahidi.
Les étudiants et étudiantes Thouraya Hidouri, Nejiba Trabelsi, Khaled Hidouri, Chawki Fourati, ont été déféré(e)s devant le tribunal de Sfax, accusés " d'agression sur les agents de police et atteinte au bien d'autrui " alors qu'ils ont été sauvagement torturés dans les locaux de la police. Le prononcé du verdict a été renvoyé au 10 mars 2005.
Vendredi 4 mars, le lycée secondaire du 18 janvier de Jebiniana a été investi par la police et nombre de lycéens ont été blessés.
A Gafsa, le campus universitaire a été le théâtre de violents affrontements face à l'institut supérieur d'études technologiques, auxquels ont pris part des lycéens. Nombre de lycéens et d'étudiants ont été interpellés puis relâchés après avoir subi des violences et été contraints de signer des engagements à ne plus participer aux manifestations.
Le 2 mars, la faculté de sciences de Bizerte a été fermée jusqu'à nouvel ordre à la suite de violents affrontements avec la police. Les facultés de Jendouba ont été fermées également.
A Monastir, les forces de police ont empêché le départ d'une marche pacifique le 5 mars. Un membre de la Ligue Tunisienne pour la Défense des Droits de l'Homme, Rachid Chemli, a été interpellé avec deux autres étudiants. Ils ont été relâchés par la suite.
Le CNLT dénonce avec vigueur l'usage systématique de la violence par les forces de police contre des manifestants pacifiques.
Il rappelle à l'Etat tunisien ses engagements de protéger les citoyens dans leur libertés fondamentales qui inclut la liberté de manifester et d'exprimer librement leur opinions
Il exige la poursuite des commanditaires de ces violences et des actes de torture perpétrés dans les locaux de la police et en dehors.
Pour le Conseil,
La porte-parole
Sihem Bensedrine
sbensedrine@cnlt98.org