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Abdallah Zouari en grève de la faim pour ses droits élémentaires

Abdallah Zouari, journaliste d'Al Fajr (interdit) a été hospitalisé le 5 février courant à son 14e jour d’une grève de la faim illimitée qu’il a entamée suite à une chute de tension et des pertes de connaissance fréquentes. Le médecin de hôpital de Zarzis qui l'a examiné avait annoncé son hospitalisation, mais un infirmier est venu lui annoncer qu'ils ne pouvaient pas le garder sans autre explication. Abdalah Zouari a constaté la présence à hôpital de nombreux agents de police dirigés par le chef du district de Zarzis en personne.

Abdallah Zouari a choisi en dernier recours la grève de la faim qui met en danger sa santé parce qu'il ne lui restait plus aucun autre moyen pour faire valoir son droit élémentaire à vivre avec sa famille.
En effet, depuis sa sortie de prison en 2002, après avoir purgé onze de prison pour appartenance à association non reconnue, Abdallah Zouari fait l'objet d'une persécution incessante et a été condamné à trois reprises à des peines de prison, dont la dernière a été en août 2003 à une peine cumulée de treize mois, qu'il a purgés pour non respect de la surveillance administrative.
Non satisfait de l’astreindre arbitrairement à une mesure de cinq ans de contrôle administratif contre laquelle Zouari a fait un recours devant le Tribunal administratif, le Ministre de l'intérieur a assorti cette mesure d’une forme de bannissement illégal qui l'oblige à vivre à Hassi Jerbi à 500 km du domicile familial sis à Tunis.Des policiers en civil postés devant sa maison le surveillent en permanence, tandis qu'une surveillance plus discrète mais non moins gênante pour les visiteurs contrôle le domicile où se trouve sa femme et ses enfants à Al Mourouj à Tunis.
Abdallah Zouari est privé de ses droits élémentaires d'être humain et de citoyen. Il est privé de son droit à vivre sous le même toit que sa femme et ses enfants et il est privé de son droit de travailler et de se reconstruire socialement. Cela en violation flagrante des lois tunisiennes et de tous les instruments internationaux relatifs au droit de l'ancien prisonnier à se reconstruire socialement et de travailler et circuler librement.
Les autorités tunisiennes sont ainsi en train de violer l'article 81 de « l’Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus » des Nations Unies qui fait obligation à l'Etat de favoriser la réinsertion sociale et professionnelle de l'ancien détenu ainsi que l'article 10 de la résolution 45/111 du 14 décembre 1990 des NU qui exige de l'Etat d' « instaurer un climat favorable à la réinsertion de l'ancien détenu dans la société dans les meilleures conditions possibles. »

Abdallah Zouari n'est pas un détenu ordinaire. Son emprisonnement était également une violation de la loi parce qu'il a été arbitrairement détenu pour le simple exercice de ses libertés fondamentales à l'expression et à l'association en tant que membre dirigeant d'Ennahdha et en tant que journaliste d'Al Fajr. Et à ce titre l'Etat lui doit réparation pour toutes ces années de privation de liberté suite à un jugement inique.

Aujourd'hui, par cette grève de la faim illimitée où il met en danger sa santé et sa vie, puisque l'éloignement le prive jusque du soutien de sa famille et de ses amis, Abdallah Zouari lance un appel pour disposer de son droit à vivre avec sa famille sous le même toit et dans le lieu qu'il choisit, de travailler et de circuler librement;

  • Le CNLT réaffirme à cette occasion son soutien indéfectible à Abdallah Zouari dans son combat pour ses droits élémentaires.
  • Il condamne avec la plus grande vigueur cette intrusion de la police dans les centres de soins et leurs interférences dans les décisions des médecins.
  • Il fait porter aux autorités tunisiennes la responsabilité de toute détérioration de l'état de santé de Abdallah Zouari qui pourrait mettre sa vie en danger?
  • Il exige des autorités le respect du droit fondamental de Abdallah Zouari à la libre circulation, à élire son domicile là où il le désire, à former un parti et à publier un journal.

Pour le Conseil,
La porte-parole
Sihem Bensedrine
sbensedrine@cnlt98.org