HombreLeather En Construction


Monsieur

Je vous soumets humblement le résumé d'une rencontre qui est survenue un matin de la Toussaint. Ne voyez pas là résumé objectif d'un parcours mais le regard très partial et partiel de votre serviteur à qui cette étrange histoire est arrivée. J'ai retrouvé et retranscris en quatre heures mon souvenir dans une sorte de fièvre et de transe.

Il n'y a rien comme la liberté. Les enfants se font dans la liberté; s'ils ont de la chance, ils grandissent dans son sillage pour et doré; ainsi deviennent-ils naturellement, le jour de leur âge adulte, les chantres d'une vie sans entraves, sans guérites, sans miradors ni clôtures, sans frontières inutiles: ainsi vivons-nous heureux.

J'ai toujours chanté ses charmes et, quotidiennement, je m'émerveillais de sa grâce et de ses mérites. Un jour, j'assistais à une conférence de presse organisée par un de mes amis dans un centre de producion artistique. Quand j'arrivai, il était dans tous ses états; surtout, il n'avait pas envie d'animer cette conférence; épuisé depuis quelque temps, il n'avait plus rien de positif à dire. La déprime l'avait gagné. Que veux-tu donc que je leur dise d'intéressant en dehors des commentaires techniques que je dois leur donner, me demanda-t-il. Sans hésiter, je lui dis: parle-leur donc de la libeté! Il me regarda du coin de l'oeil et partit d'un grand éclat de rire. Il avait compris qu'avec pareil sujet on s'entire toujours. La confèrence fut un succès. Il m'en parle encore aujourd'hui. Et son sourire me gagne à chaque fois.

Au sauna, la soirée n'avait pas décollé; c'était soir d'Halloween. On célébrait partout ailleurs dans la ville. Sauf là où j'étais. Je pris, vers les 22h, la décision de sortir, j'allai dans les bars fréquentés par les gars de cuir. J'ai la passion du cuir. Il m'habille et m'habite totalement. J'aime donc en retrouver sus mes frères.

Je retournai à ma chambre une ou deux heures plus tard. Petit à petit, les gars commencèrent à affluer au sauna et l'action commenca. Moi-même, j'en vis quelques-uns, choisis précisément pour leur beauté et un style et des manières qui faisaient que je pouvais m'épanouir de façon sûre, calement, joyeusement, silencieusement. Il y en eût qui voulaient assouvir leurs goûts particuliers : urine, fessées, poings, tout ce que la vilence du sexe inspire aux hommes. Le mouvement de va-et-vient de tous, en quête de rencontres furtives, avait commencé.

Je ne sais plus quelle heure il était; dans une pièce très sombre qui a déjà servi à des actions viriles (chaînes pour retenir un sling et éclairage tamisé) mais aujurd'hui plus ou moins désaffectée, des groupes se créaient informellement et se dissolvaient l'instant d'après, le corps ayant assez exulté pour se permettre une pause.

Quand j'y retournai vers les 4h du matin,un groupe était dans tous ses états autour d'un jeune homme blond platine portant un harnais de cuir qui m'attira au premier coup d'oeil. Le jeune homme bien bleaché était fin et élancé, tr`s sensuel dans ses mouvements et gémissements et comme j'étais, moi aussi, bardé de cuir, il avait reconnu en moi un ami, un frère, quelqu'un qui saurait peut-être lui faire connaître le paroxysme du plaisir. Le jeune homme était donc entourée d'une petite cour de 4 ou 5 personnes: dans le silence, on n'entendait que quelques soupirs, gémissements courts, reniflements de poppers. Je m'attaquai doucement à ses seins qu'il avait petits et je sonstatai qu'il ne pouvait résister à pareille toucher. Je manque d'expérience pour assurer une totale jouissance en ce domaine précis mais j'avoue que je ne luis fis pas mal; en tout cas, à chaque fois que je lui tordais les tétines, il décollait dans des gémissements quasi orgastiques. J'étais content.

Les autres autour de lui n'étaient pas en reste; mais l'action était vraiment contrée sur le jeune homme très attirant et qui était l'àme de ce congrès nocturne.

J'appercus au fond de la pièce, un autre homme, un jeune homme lui aussi; comme il faisait sombre, je ne vis pas ses traits tout de suite. Mais petit à petit, je m'habituai à la lueur blafarde.

Par quelque maléfice, je sus - ou nous sûmes - nous reconnaître et nous devînmes, lui et moi, les deux piliers qui attiraient le jeune homme blond et qui étaient aussi attirés par lui, ses manières douces et ses caresses.

A un moment donné, nous nous tenions tous les trois par les épaules. Un peu comme les joueurs de football américain en plein caucus. Nous entourions mutuellement, nous nous flattions, nous nous émerveillions de la découvete de nos corps respectifs. Nous nous parcourions des lèvres de façon anarchique et ordonnée. ET je l'embrassai.

Car, petit`à petit, le second jeune homme était devenu caressant avec moi et je le fus pour lui à mon tour. Il faut dire que je ne pouvais plus lui résister. Entretemps, je m'étais apercu qu'il avait un regard de feu, une peau très sensuelle, des mains qui savaient caresser et une bouche irrésistible. Une bouche que je vous raconterai un jour. Tellement que moi qui embrasse rarement, je fus subjugué, émerveillé, abasourdi. En tout cas, je résistai difficilement à ses caresses. Et à ses baisers.

Le groupe se disloque. Je retourne à ma chambre. Je recommencai à circuler autour. Quelque temps plus tard, je me retrouvai dans mon cubicule, d'abord avec le jeune homme blond qui demanda que j'urine sur lui et qu'il en fasse autant sur moi. Puis, par après avec un autre amateur d'eau. Nous nous amusions à porte ouverte. Tout à coup, j'apercus, dans l'entrebaillement, le jeune homme qui m'avait tant attiré. Je signale qu'il ne portait pas de cuir sur lui. Je l'invitai à se mêler à nous. Il entra dans la chambre, m'indiqua de monter avec lui debout sur le lit. NOus échangeâmes nos regards, nous nous prîmes dans les bras l'un l'autre. Je voulus en savoir plus sur ce qu'il était car je n'avais pas coutume de voir pareil faciès, très typé. À tel point que je pensai assez rapidement qu'il venait de l'Amérique du sud. Je poussai l'impolitesse qusqu'à lui demander d'où il venait. Il marmonna. Au fond, il refusait de répondre à mes questions, quand j'y repense maintenant. J'en vins à lui demander de rendre service à mon invité qui était à nos pieds. Comment dit-on urine dans sa langue, me demandai-je. Il resta silencieux. Je revins à la charge. Je voulus connaître son lieu d'origine. Je nommai toute une série de pays d'amérique. Il garda son secret. Bref, ce silence m'intrigua. Il me dit son nom: il s'appelait... Je crus qu'il devait venir des USA (Mdr!! quand j'ai lu ça). Comme nous n'avions plus maintenant beaucoup d'égards pour mon premier visiteur à nos pieds, ce dernier décida de lever le camp peu après. Il partit avec son reste.

Je ne sais plus trop ce qui arrriva dans ces minutes-là. Je m'amusai bien avec les seins de mon visiteur. Je tentai de lui rendre mes hommages de tous côtés. J'essayai d'être à la hauteur. Il n'y eut rien de particulier, que je me souvienne. Finalement, il partit lui aussi.

Les corridors se faissaient de plus en plus vides, les clients de moins en moins nombreux. Une sorte de torpeur, de silence, s'installa rapidement tout autour. La nuit avait fui.

Cette heure tardive allait alors me faire vivre l'aventure la plus énorme, la plus fascinante de toutes celles que j'avais vécues jusque-là.

Je décidai d'aller faire un tour et quittai ma chambre, par la gauche. Je fis le tour du bloc, comme on dit. Je fus quelque peu surpris de retrouver... Juste au coin d'un petit corridor. L'avais-je séduit? En tout cas, je m'arrêtai. Nous nous observâmes, puis nous commencâmes à nous pincer les seins. Il le fit avec grâce d'abord. Aux caresses et aux courts bavardages succédèrent alors des torsions plus fortes qui eurent soin de me désarçonner, de me toucher au tréfonds de moi. Quand il prit mes seins, il sut alors y mettre toute la force voulue pour m'atteindre en plein coeur. J'étais sonné. C'était cela que je voulais. Il faut dire que lui=même avait les seins les plus beaux que je connaisse; ils auraient pu être effilés, avoir servi de nombreuses fois, avoir supporté des poids, très fermes. Denses. J'appris qu'ils avaient déjà été ornés tous deux par de beaux anneaux aujourd'hui disparus.

Puis advint ce qui m'ébranla le plus. Je portais une casquette de cuir. Qu'est-ce qui lui a pris tout à coup de me la rabaisser sur le nez, de m'aveugler, de me neutraliser ainsi, je me le demande encore. Son geste fut brusque, tout cela dans le silence le plus total. Quelques personnes circulèrent à droite. Il m'empêcha de me tourner vers elles. Je voulus le regarder en pleine face, il me stoppait net. Désormais, j'étais piégé. Je compris qu'il se passait quelque chose. De plus grave que je m'imaginai alors. Or, ce quelque chose ne me déplaisait pas. Je vivais une nouveauté dont la nature m'était totalement inconnue. Et ses conséquensces aussi, comme vous le verrez.

Un lourd silence commenca à régner autour de nous. J'avais la tête penchée. Regardant le sol dans le noir, je fus retourné sans façon contre le mur, tout à fait comme un élève en punition. Dans ces moments-là, à mon âge et loin du temps béni de l'école, on se dit qu'on est en train de vivre un épisode de sa vie sans commune mesure avec ce qui a précédé, sans lien aucun avec la vie d'adulte que j'avais menée jusque-là. J'avais bien vu des gars se faire mener par le bout du nez par leur ami. Mais c'était leur fait. Pas le mien. Je n'avais rien à voir avec la soumission.

Il me quitta. Lentement, il gagna le bout du corridor. Il s'y installa sans doute; je n'y voyais rien, n'ayant plus la permission de regarder ailleurs. Je ne voyais qu'un plancher sombre et sans intérêt. Il me forcait à en faire désormais mon univers.

Tout à coup se fit entendre ce que je considère comme le bruit le plus énorme, le plus gros, le plus hautain à exister dans nos conventions. J'entendis le claquement sec de ses doigts. C'était sans appel. j'allais perdre mon âme. Et l'enfance qui m'habitait encore.

C'est vrai. A ce moment-là, J'aurais pu dire que le petit jeu avait assez duré. Que la blague était bonne. J'aurais regagné ma chambre.

MAIS JE NE LE VOULAIS PLUS!!!

Submergé par Lui, j'obéis à son ordre de le joindre à l'autre bout. Là, je SENTIS plus que je ne le vis qu'il indiquait la petit pièce n'étiat plus cet homme doux et vraiment tr`s tendre, caressant, aux mains de velours. Il était devenu un homme d'ordre, d'ordres aussi. Qui ne faisait plus de quartiers pour celui qu'il avait rencontré et peut-être apprécié. Je ne le connaisais pas ainsi. Or, il était ainsi.

Commencèrent à ce moment-là tout une série de gestes qui n'avaient plus rien de demandes polies. Tout était devenu de pures exigences ui exclurent totalement sinon totalitairement toute discussion ou une quelconque contestation. Le refus de liberté fut total de sa part. Et mon engagement dans son stratagène fut entir de mon côté. J'en étais arrivé là.

À demi aveuglé par ma casquette, il m'ordonna donc de gagner le mur de la backroom. Mais je ne m'en approchais pas assez. Il n'était pas content. Je l'entendais par ses silences. Cela h'allait plus. (Il faut dire que mes gestes, mes mouvements, toute mon attitude jusques-là, avaient la dégaine de l'homme libre que j'avais toujours été. L'embrigadement n'avait toujours pué au nez). Il devait bouillir de rage devant pareil délinquant. Je sentis alors quelque chose de militaire dans ses gestes. Il passa sa main entre le mur et mon corps pour bien me faire croire qu'il fallait que je me colle au mur. Et pas seulement le bout de mes bottes. Tel le condamné à mort ou ce nouveau condamné à vivre que j'étais maintenant devenu, je dus obéir.

C'est à partir du coup de mur - quand tu te retrouves face à toi-même - que je me suis posé la question de la formation de cet inconnu. De quelle école policière était-il sorti, quelle forte formation psychologique intensive, il avait pu acquérir d'une école spécialisée dans ce genre d'exercices. Je me sus posé réellement ces questions car je n'étais plus moi-même. J'étais devenu un autre, un HOMME NOUVEAU. Et j'étais devenu aveugle, sous son regard.

De claquements de doigts en claquements de doigts, je me suis soumis à ses désirs. À tous. À un cetain moment, il me tendit une chaîne qui avait servi aupraravant à tenir le sling et qui en avait sûrement vu d'autres. Je dus en prendre le bout entre mes dents, tels unmors de cheval. Au fond de moi, j'étais consterné de mon geste. Pourtant, je voulais maintenant me coller à cet homme. Je ne contestai plus ce qu'il m'ordonnait, Il me fit répéter ce geste d'humiliation une autre fois.

Ses terribles silences succédaient aux silences. Il gagnait souvent l'autre bout de la pièce où il m'avait relégué. Sans doute pour mieux observer l'état d'esclave où il m'avait réduit. Et, J'ose le dire, en savourer tout le parfum vénéneux. Il m'entraîna alors, du bout des ordres de ses doigts, hors de la chambre vers le long corridor. Arrivé au bout, je tournai naturellement à gauche. J'appris alors qu'il n'y avait pas de virage "naturel" à gauche et que l'ordre devait m'en être donné : Celui-là ou un autre.

Je le sentais bouillir d'une colère noire.

Je dus ainsi exécuter ses commandements de minute en minute. Cela dura je ne sais plus combien de temp. Au fonds de moi, je vivais l'aventure certes. La découverte aussi. Mais c'était devenu plus qu'un jeu. Et je m'interrogeais désormais sur l'être raisonnable que je pensais avoir toujours été. Je ne me reconnaissais plus. L'homme de la libeté s'était évanoui.

Mon nouveau maître ne me donna plus grand chance de m'en tirer aussi facilement. Revenu dans la petite pièce noire de tous les plaisirs, il me dit de me coucher par terre. Clac sur le ventre. Clac sur le dos.

C'est à ce moment-là que quelqu'un qui me connaissait, un de ces retardataires de la nuit, me vit allongé, soumis, tel un pauvre esclave. Ou ces nouveaux prêtres qui font voeu d'obéissance à leur ordination. Il me reconnut. Qu'en a-t-il pensé? Sur le coup, je me suis senti tout chose. Maintenant je m'en fous totalement. D'autres gars ont apercu notre manège, ce soir-là.

Je me disais aussi tout au long de ce parcours initiatique que je sentais que j'avais pu déplaire à mon maître. Le contrarier. Le rendre fou de rage. Je sais que les erreurs ont succédé aux erreurs. Il ne fut pas cruel. Ainsi va l'apprentissage. Ainsi va la découverte. Je sus sûr qu'un jour je serai un bon slave.

À la fin, il m'ordonna de gagner la section des casiers. Je dus m'étendre sur la banquette, puis me rasseoir près de lui. Il m'ordonna d'aller lui trouver des allumettes. Revenu et me voyant les mains bouger en tous sens, il m'interrogea sur mes gestes qui me trahissaient maintenant. J'étais nerveux. C'est que j'ai toujours voulu plaire. Et je le faisais en parlant. Il me fallait maintenant me taire.

Mon Maître fuma une cigarette, il me libéra de mon statut. Mais tel un maître du contrespionnage, il m'avait retourné. J'étais perdu.

Paco Aguirre