"Un projet pour l'aménagement des sites de Xanthos et du Letôon", Anatolia Antiqua VI, 1998, Istanbul. "La Lycie exhume son passé", A. Dugrand, Air France magazine, No. 35, mars 2000, pp. 52-64. "Le Létôon sauvé...", Eric Biegala, Le Figaro, 15 juin 2000. |
Article Un projet pour l'aménagement des sites de Xanthos et du Letôon Didier Laroche - Jean-François Bernard Article paru dans Anatolia Moderna VI, 1998 |
A l'aube de la commémoration de 50 années d'exploration scientifique, les Missions Françaises de Xanthos et du Letôon amorcent la réalisation d'un important projet de mise en valeur de ces deux sites. L'état de la cité lycienne et de son sanctuaire est aujourd'hui peu valorisant. Il témoigne mal des progrès réalisés par la recherche et rend difficile la lecture et la compréhension de ces deux ensembles architecturaux exceptionnels, de leur histoire respective, de leurs transformations successives. Notre objectif est de favoriser la transmission de cet héritage et de faire partager la connaissance accumulée à son sujet par des années de patientes recherches. Le projet se définit comme un trait d'union entre un passé redécouvert et un devenir programmé; un lien entre le monde des spécialistes et celui, toujours croissant, des visiteurs. Le caractère de ces lieux est né d'une succession de phases très diverses. D'abord espaces de vie, plongés ensuite dans un oubli prolongé, ils deviennent finalement chantiers, aires de travail, de recherches et de découvertes. Cette dernière phase exhume de l'ombre les témoins, plus ou moins intelligibles et fragmentaires, de l'histoire du site et de ses occupants. Dans son état actuel, le site présente la cohabitation de trois types d'espaces : des monuments "dégagés", des zones de stockage où reposent les blocs épars et un paysage "naturel", éventuel objet d'explorations futures. Répondant davantage à des impératifs de travail que de communication, ces ensembles s'inscrivent de manière plus ou moins heureuse dans leur environnement moderne. Le projet s'adresse en priorité aux nouveaux utilisateurs du site : des visiteurs d'un jour en quête de plaisirs esthétiques ou intellectuels, désireux de comprendre, de voir et de s'émouvoir. La prise en considération de leurs exigences particulières conduit à resituer les éléments les plus remarquables du site dans une nouvelle scénographie, mieux adaptée à l'usage moderne des monuments. L'idée de ne pas restreindre l'aménagement à des préoccupations strictement archéologiques nous amène à proposer une approche contemporaine, favorisant la présentation de l'existant mais possédant ses propres qualités architecturales. La campagne de l'été 1997 nous a donné l'occasion de dresser un état des lieux des deux sites. Ils présentent des problématiques bien distinctes. A l'issue d'un travail d'analyse et de réflexion qui a engagé les principaux acteurs de la recherche actuelle, nous pouvons d'ores et déjà proposer une série d'interventions. En ce qui concerne le site de Xanthos, un certain nombre d'opérations sont programmées. Il s'agira dans un premier temps d'intervenir sur le secteur théâtre-agora-acropole lycienne afin d'améliorer la lisibilité de cet ensemble remarquable. L'articulation entre cette zone et les autres pôles importants du site est également une priorité du projet. Le travail s'organisera alors autour du dégagement et du traitement des principaux axes de circulation et de leurs abords. Enfin, plusieurs missions ont été réalisées au British Museum afin d'enregistrer, à l'aide d'un scanner tridimensionnel, les fragments du pilier inscrit et du sarcophage de Payava qui y sont exposés. Ces moulages électroniques, utilisables à diverses fins, permettront de réaliser des facs-similés qui seront ensuite replacés in situ. Plutôt que de détailler l'ensemble des opérations programmées sur les deux sites, nous développerons dans les pages suivantes la problématique du secteur principal du Letôon. Le Letôon La présentation doit tenir compte du fait que l'exploration archéologique n'est pas terminée : les limites du sanctuaire restent à préciser et un certain nombre de monuments, révélés par l'épigraphie, ne sont pas encore localisés. Le secteur englobant les temples, le nymphée et la basilique est, à l'inverse, bien connu. Il présente dans un espace restreint et bien délimité les vestiges de dix siècles d'occupation du sanctuaire de Léto. Sa cohérence ainsi que son importance historique et architecturale en font l'objet prioritaire du projet. La mise en valeur vise à intégrer les monuments fouillés dans un système de présentation qui explicite les différentes étapes de l'organisation spatiale du sanctuaire. Nous chercherons donc, en premier lieu, à souligner les compositions architecturales correspondant aux différentes périodes. Il est cependant nécessaire de ne pas considérer isolément chacune de ces différentes strates, que distingue nettement notre approche scientifique moderne : leur contemporanéité, en temps qu'éléments d'un même paysage architectural, doit également être soulignée. Etat des lieux Les relations entre les monuments Il convient de régler simultanément plusieurs problèmes: l'accès et la circulation des visiteurs, la logique du parcours, l'extension de l'aire fouillée, le stockage des blocs errants et l'aménagement d'aires de travail pour la reconstruction partielle du temple de Léto. Les relations doivent être étudiées d'un point de vue physique (déplacement) et visuel (scénographie). Le parcours actuel des visiteurs présente un inconvénient majeur, à savoir une progression à contresens du cheminement antique. On accédait alors au sanctuaire depuis les propylées ou depuis le théâtre. Toute réflexion sur l'aménagement des espaces reliant les monuments se heurte immédiatement au problème de l'eau. En effet, la nappe phréatique recouvre une partie des vestiges et des circulations antiques. D'un point de vue technique, il serait vain de vouloir faire disparaître totalement l'eau. Une telle opération aurait également des conséquences regrettables, l'élément liquide constitue une partie essentielle de l'histoire mythologique et architecturale du site et l'élévation progressive de son niveau explique une grande partie des transformations du lieu au cours de son histoire. Les monuments La phase hellénistique est entièrement organisée sur un système orthogonal, tant au niveau du remodelage du site naturel que de la conception des monuments. Le creusement du rocher et l'implantation des temples appartiennent à une même logique d'ordonnancement rigoureux, dont témoigne un système d'axialité et d'alignement, création artificielle et intellectuelle qui s'oppose à l'orographie originelle du site . Une telle conception de l'espace découle peut-être d'une organisation plus ancienne, datant de l'époque lycienne. Le dressage du rocher n'a jamais fait l'objet d'une attention particulière et son dégagement n'a été que très partiellement réalisé. Son traitement témoigne à l'évidence du caractère affirmé et systématique de l'intervention des bâtisseurs. Il convient de rendre lisible cet ouvrage qui, de lui même, restitue l'organisation que connaît alors le sanctuaire. L'ensemble des trois temples est implanté en contrebas du rocher. Les relations entretenues par ces constructions sont aujourd'hui peu lisibles. Il s'avère également nécessaire de faciliter la compréhension et de signifier l'originalité de l'organisation architecturale de chacun de ces édifices, ainsi que la présence des monuments préexistants autour desquels ils ont été conçus. Deux types de vestiges archéologiques témoignent des interventions réalisées à l'époque romaine : les réaménagements d'espaces existants et la création d'un nymphée monumental. Les premiers concernent les circulations situées à l'ouest du site, dans sa partie la plus basse. Le niveau des dallages de la voie sacrée et du portique a ainsi été systématiquement surélevé afin que l'usage puisse en être conservé malgré la montée du niveau des eaux. Dans le même temps, un programme de nymphée est réalisé au Sud-Ouest du temple de Léto. Implanté directement le long de la voie sacrée, ce vaste ensemble architectural conçu sur un plan semi-circulaire intègre un bassin hellénistique préexistant ainsi que la portion limitrophe du portique ouest. Le nymphée est formé d'un portique en demi-lune encadrant une salle dédiée au culte impérial comme en témoigne une dédicace en l'honneur d'Hadrien. Cette architecture s'oppose radicalement à la rigoureuse orthogonalité des temples grecs. En outre, contrairement à ceux-ci, le nymphée privilégie l'espace intérieur, dissimulé derrière un simple mur périphérique. L'époque byzantine se caractérise par deux opérations complémentaires : - la destruction des édifices païens; - la construction d'une basilique à l'emplacement de la terrasse des autels. Les temples d'Artémis et d'Apollon ont été réduits à leur seule krépis ; l'élévation a presque intégralement disparu dans les fours à chaux établis à proximité immédiate du temple d'Apollon. Le temple de Léto en revanche a subsisté plus longtemps : il a surtout souffert du pillage des métaux commis ultérieurement. Les pierres de son élévation ont été réutilisées dans la construction de simples enclos pour des bêtes, situés entre la basilique et les temples. La basilique est en très grande partie constituée de remplois provenant des nombreuses bases honorifiques qui ornaient alors l'esplanade des temples. Propositions La reconversion de l'espace de travail en espace d'accueil du public nécessite une triple intervention, correspondant à trois échelles de travail : l'une concerne les abords du site, l'autre les espaces reliant les différents monuments, enfin la troisième se concentre sur chacune des constructions. La fermeture du lieu La présence d'un espace historique désaffecté constitue un anachronisme dont le caractère peut être souligné de différentes manières. Il peut faire l'objet d'une intégration à son environnement bâti et participer à la lisibilité d'une stratigraphie historique reliant le passé du lieu à son actualité. Il peut également être traité comme une unité autonome, un ensemble isolé visuellement de son contexte moderne. La position du Letôon, son caractère d'enceinte et la faible qualité des constructions qui le jouxtent nous poussent vers cette seconde solution. Contrairement à d'autres sites, dont l'impact est lié à un contexte naturel remarquable (Pergame, Delphes...), le Letôon est davantage un espace introverti dont les qualités sont celles des différents monuments et de leurs correspondances. Une première intervention doit donc viser à la fermeture du lieu sur lui même, ce qui n'est pas en contradictionavec l'aspect originel du sanctuaire, également bien délimité par son portique périphérique. Afin d'aboutir à ce résultat, nous envisageons la mise en place d'un écran végétal sur toute la périphérie du site. Le parcours En rétablissant un circuit de visite menant du portique d'accueil des pèlerins antiques vers les parties surélevées du site (terrasses et théâtre), on favorise la compréhension du fonctionnement du sanctuaire. On libère également la vaste esplanade située à l'arrière des temples. Cet espace sera particulièrement utile pour le rangement des blocs et surtout l'installation du chantier de reconstruction du temple de Léto. Dans l'attente du dégagement complet du portique périphérique, l'aménagement du parcours nécessite la réalisation d'une rampe d'accès destinée à rattraper les différences de niveau. Après avoir franchi les propylées, le visiteur retrouvera, en gravissant la "voie sacrée", les différentes séquences de la scénographie monumentale mises successivement en place par les constructeurs grecs et romains: découverte en contre-plongée du temple de Léto, accès latéral au bassin hellénistique et au nymphée impérial, passage entre les temples et la basilique, progression vers la terrasse supérieure, dégagée de la terre qui y est actuellement accumulée. Ce point offre une vue remaquable sur l'ensemble du centre monumental et permet d'accéder, après avoir longé le portique Nord, d'accéder à la très belle porte dorique menant au diazoma du théâtre, L'ensemble du circuit sera jalonné d'une série de panneaux explicatifs auxquels le visiteur pourra se référer tout au long du parcours. Les espaces de circulation Alors que la plupart des sites classiques sont souvent réduits à des vestiges minéralisés, le charme et le caractère qui distinguent certains d'entre eux proviennent précisément de la présence de l'eau (Villa Hadriana, site de Bath, Yerebatan Sarayi...). Son existence et celle de la faune particulière qui y trouve refuge ne doivent pas être considérés comme des handicaps mais comme des atouts dans la perspective d'un projet de mise en valeur du site. D'une manière générale, l'eau sera utilisée pour isoler les espaces et ménager des séquences paysagées. Celles ci donneront au lieu un caractère de "jardin archéologique", rythmant la promenade et amplifiant par le jeu des reflets certains effets architecturaux. L'eau conservée dans la partie basse de la voie sacrée renforcera ainsi le jeu de contrastes entretenus par la souplesse des formes du nymphée romain et la rigoureuse orthogonalité des temples hellénistiques. L'articulation de ces trois monuments est aujourd'hui peu lisible. L'esplanade située en avant des temples est indissociable des bâtiments eux-mêmes. Il est ici nécessaire de rétablir la circulation antique. Après avoir enlevé les blocs épars et les structures tardives ne présentant aucun intérêt architectural, on pourra ainsi parcourir l'espace qui s'étend des propylées jusqu'à l'exèdre des Arruntii , marquant l'extrémité opposée de cet axe monumental. Sur une partie de l'esplanade, le pavement antique sera reconstruit d'après les indications révélées par le rocher. En contrebas, les sols du portique périphérique et de la voie sacrée seront localement rehaussés par un comblement de galets afin de pouvoir retrouver leurs fonctions de circulations. L'architecture Le travail du rocher Aussi bien autour des bâtiments que dans les terrasses qui les surplombent à l'Est, le décapage du rocher révélera l'ampleur des terrassements réalisés et permettra de rétablir les différents paliers antiques. Une fois dégagée et étudiée, la terrasse qui surplombe immédiatement à l'Est les temples constituera par ailleurs un excellent point de vue sur le site. Les temples E et B Dans le cas des temples E (Artémis) et B (Apollon), une anastylose importante n'étant pas envisageable en raison du faible nombre de fragments conservés, on se contentera de remettre en place tous les éléments dont la position théorique peut être assurée. Le temple B possède une mosaïque originale par son décor (arc, étoile et lyre) qui concourt à son identification comme temple d'Apollon. Afin d'en préserver l'excellent état de conservation, nous avons programmé la réalisation d'une copie fidèle destinée à remplacer l'original. Déposé au musée , celui-ci sera ainsi à l'abri d'une possible dégradation. Cette solution a été préférée à la réalisation d'une structure de protection qui, malgrè le soin que l'on pourrait apporter à son dessin et à sa réalisation, dérogera à la qualité actuelle de la fondation. Le temple A Le cas du temple A, particulièrement bien conservé, fait l'objet d'un projet d'anastylose indépendant. Cette opération doit selon nous s'inscrire dans la continuité du programme d'aménagement global de ce secteur, c'est à dire après réalisation du traitement des abords. La proposition s'appuie sur l'étude archéologique préalable des vestiges et la restitution effectuée par Erik Hansen depuis 1965 avec le professeur Christain Le Roy. Le temple de Letô, périptère ionique (6X11 colonnes) orienté Nord-Sud, est bâti avec grand soin dans un calcaire local. Son plan comprend une cella pourvue intérieurement de colonnes corinthiennes semi-engagées et un pronaos avec deux colonnes in-antis. Les fondations ne présentent aucun affaissement ni aucune dislocation visibles. Le bâtiment est - avec de faibles lacunes - conservé jusqu'à la face supérieure du stylobate. L'état de celui-ci rendrait nécessaire le remplacement de certains blocs portant les colonnes. Une moulure court de façon continue autour de la cella, et les murs se limitent au niveau de l'assise d'orthostates. Ceux-ci se trouvent en position légèrement déplacée suite à la récupération des goujons en métal. Les sols du péristyle et du pronaos , ainsi que le seuil de la cella , sont intégralement conservés. En revanche, le sol de la cella a disparu. Une fondation plus ancienne, qui correspond sans doute au temple primitif, en occupe l'espace intérieur. Les colonnes et l'entablement du côté Ouest sont renversées dans une situation résultant de l'écroulement volontaire du temple par les pillards de métal. Les fouilleurs ont eu l'heureuse idée de maintenir les colonnes écroulées au flanc ouest, et de conserver ainsi la trace d'un événement marquant de la fin du site. Les nombreux éléments de l'édifice trouvés lors de la fouille sont aujourd'hui soigneusement rangés selon leur type, dans les dépôts de plein air, au Nord et au Nord Ouest du temple. Ils ont fait l'objet d'un catalogage systématique. Les pièces les plus précieuses, et notamment les chapiteaux corinthiens, sont entreposés dans le dépôt-musée construit à l'Est du site. Les principes de l'anastylose L'étude scrupuleuse et minutieuse du temple de Léto effectuée par Erik Hansen permet, grâce à la grande proportion de pièces conservées, une reconstitution graphique complète. Même si la fouille de la ruine et le transport des blocs dans les dépôts extérieurs ont modifié partiellement l'état originel correspondant à la phase de destruction, l'étude attentive des fragments d'architecture a résolu quasiment tous les problèmes de restitution. Notre projet de reconstruction du temple vise deux objectifs prioritaires : - rendre lisible le volume et l'aspect initial du bâtiment. Pour cela, il est nécessaire de reconstruire les deux façades avant et arrière qui donnent le gabarit général temple, fronton compris. - intégrer la reconstruction dans son contexte, à savoir un site en grande partie ruiné, sans créer de distorsion entre l'édifice restauré et son environnement. Il convient en particulier d'apprécier la perception relative des trois temples. On veillera donc à conserver pour ce temple le caractère de ruine, au moins partielle. La solution retenue consiste à laisser les portions médianes des façades latérales incomplètes. La proposition présentée ici s'appuie donc sur les principes suivants : - A l'Est, seules la partie inférieure des colonnes sera restaurées, suivant un profil gradué, afin de permettre la lecture du plan et du rythme de la colonnade. - A l'Ouest, les colonnes écroulées seront maintenues en l'état, ainsi que le sol d'alluvion qui s'était accumulé au pied du temple. L'expressivité de cette destruction se trouvera alors renforcée par le relèvement , aux deux extrémités, de l'ordre depuis les tambours inférieurs jusqu'à l'entablement. - La cella serait restaurée au maximum des possibilités offertes (environ 75%), en ayant soin de remettre tous les blocs à leurs place originelle exacte, et en ayant recours à la plus petite quantité possible de compléments modernes. Cette reconstruction permettrait d'apprécier l'originalité du dispositif intérieur de la cella : ses colonnes corinthiennes semi- engagées. Le temple ainsi remonté offrirait un caractère double : - perçu frontalement, il restituerait le volume originel de l'édifice; - vu depuis les côtés il conserverait une transparence en rapport avec l'état lacunaire du sanctuaire d'époque hellénistique, et n'écraserait pas de sa masse nouvelle les fondations soignées des temples d'Artémis et d'Apollon. Les nouvelles technologies nous permettront de réaliser une série de relevés complémentaires et de proposer une maquette du monument restauré, indispensable outil de décision et de validation du projet. Nous utiliserons les possibilités offertes par par le scanner tridimensionnel, outil dont nous avons pu apprécier tout l'intérêt lors de l'étude du sanctuaire de Marmaria à Delphes, en 1996-1997. Une commission d'experts (cinq à huit personnes de compétence reconnue) devra avaliser les propositions, ainsi que les techniques de mise en uvre proposées). Le nymphée Un simple travail de déblaiement ferait apparaître de façon spectaculaire le portique semi circulaire, dont le plan est actuellement totalement occulté par les masses de terres laissées lors de la fouille. Des reconstructions partielles peuvent également être envisagées à l'issue de ces opérations indispensables. Elles concernerons notamment l'ordre du portique semi-circulaire, dont plusieurs fragments d'élévation sont conservés. L'étanchéification du mur du portique, actuellement grevée par la brèche existant au niveau des propylées, pourrait permettre de retrouver dans l'ensemble du sanctuaire un niveau uniforme. Il est également nécessaire de rétablir la continuité du mur de fond du nymphée, qui a souffert lors de l'installation à l'époque byzantine d'un collecteur le long de la terrasse d'accès à la basilique. La basilique En raison de sa qualité architecturale et de son importance historique, il ne saurait être question de démanteler cet édifice. En revanche, le grand mur de terrasse établi au travers du nymphée pour soutenir la terrasse d'accès à la basilique est une piètre construction, dont le démontage permettrait à la fois de rétablir le nymphée dans son intégrité et de récupérer de nombreux blocs provenant pour la plupart de la terrasse hellénistique située devant le temple de Léto. La réalisation même du chantier constituera un des points forts du projet. Il sera extrêmement intéressant de mettre en uvre, pour la première fois, des techniques semblables à celles utilisées durant l'antiquité. Le chantier offrira ainsi le cadre d'une expérience de validation en vraie grandeur des théories publiées sur les techniques de levage et de mise en place des blocs. Le temple de Letô, par la qualité de sa finition et la multiplicité des systèmes de scellement qu'il présente, se prête particulièrement bien à une reconstruction de ce type. Outre son intérêt scientifique, cette opération permettra de retrouver les gestes et les techniques antiques du travail de la pierre. La redécouverte de ce savoir-faire fournira matière à l'organisation d'un véritable chantier-école, destiné à compléter par la pratique la formation des futurs acteurs de la sauvegarde du patrimoine classique. Il paraît raisonnable de prévoir une reconstruction étalée sur six années (études et travaux), soit une trentaine de mois. Ces différentes interventions, ainsi que les opérations de communication dont elles feront l'objet, participeront, nous l'espérons, à la reconquête d'un espace aujourd'hui mal adapté à ses nouvelles vocations. Les sites de Xanthos et du Letôon, qui comptent parmi les plus extraordinaires ensembles d'architecture antique, pourront ainsi jouer pleinement leur rôle de conservatoire, mais surtout de lieu de vie et d'espaces actifs de transmission culturelle. |