Alix de Hesse:
Chapitre 10:
La Sibérie
Rentrer Alix de Hesse
Traduction francaise par Madelayne Robitaille
Version Anglais
English Versio
n
par Jesús Ibarra
La famille impériale: (de gauche à droite) Olga, Marie, Nicholas II, Alexandra, Anastasia, Alexei et Tatiana.
Même si le train fourni par Kerenski pour le voyage de la famille impériale n'était pas de la mëme qualité que celui auquel ils étaient habitués, c'était quand même un véhicule confortable et luxueux. Le tsar et sa famille étaient accompagnés par une nombreuse suite, par des dames et des messieurs de compagnie, des servantes et des serviteurs, des cuisiniers, une infirmière, le docteur Botkin et ses enfants: Gleb et Tatiana, le docteur Dverevenko, le tuteur Pierre Gilliard, mademoiselle Schneider et deux épagneuls, Joy et Jimmy. Le général Kobylinski, en charge de la garde à Tsarkoe Selo était aussi du voyage avec ses soldats. Alexandra et ses filles amenaient aussi avec elles des coffrets pleins de bijoux. Le 17 août, le train arriva à Tiumen, situé sur la rive du fleuve Tura. À partir de là, le voyage devait se continuer par bateau. La famille et sa suite s'embarquèrent sur le Russ, un bateau à vapeur qui allait les amener à Tobolsk à 320 kilomètres au nord-est, à l'embouchure des fleuves Tobol et Tura. Après deux jours de navigation, ils arrivèrent à destination. La famille allait être logée dans la maison du gouverneur, celle-ci était en très mauvaise condition et ne contenait pas de meubles. Le colonel Kobylinski se chargea de rendre la maison habitable, en attendant, la famille demeura à bord du Russ.Une fois les préparations terminées, la famille s'installa dans la maison. Au début, Kobylinsky ne posta aucun garde à l'intérieur, la famille put donc jouir, pour un temps, d'une certaine liberté. Les gens de Tobolsk étaient toujours dévoués au tsar et, quand ils passaient devant la maison du gouverneur, ils enlevaient leur couvre-chef. Quand Alexandra était assise à la fenêtre, les passants lui faisaient la révérence. Les marchands de la ville envoyaient à la famille de la nourriture et des cadeaux, les religieuses du couvent local leur apportaient du sucre et des gâteaux et les fermiers les approvisionnaient en beurre et en oeufs. Kobylinski demeura le seul représentant des autorités jusqu'en septembre quand deux commissaires civils, Vasili Pankratov et Alexander Nokolski, arrivèrent à Tobolsk. Pankratov était aimable et poli avec la famille au contraire de Nikolski, arrogant et sans manières. C'est quand même à Tobolsk que la famille passa les heures les moins sombres de sa captivité. Alors que Nicholas et sa famille étaient emprisonnés à Tobolsk, les bolchéviques devenaient de plus en plus forts à Petrograd. En septembre, ils remportèrent la majorité dans le Soviet et le 23 octobre, Lénine revint de Finlande. Finalement, le 6 novembre, les bolchéviques organisèrent un coup d'état contre le gouvernement provisoire, ils prirent les stations ferroviaires, les ponts, les banques, les bureaux de poste et autres édifices publics. Ils s'emparèrent également du Palais d'Hiver, résidence du gouvernement provisoire. Kerenski quitta le palais le matin du 7 novembre, en voiture décapotable, sans être inquiété. Il se dirigea vers le sud dans l'espoir d'obtenir l'aide de l'armée. Il n'allait trouver aucun appui et plus jamais il ne reviendrait à Petrograd. Ces événements se déroulèrent calmement et sans effusion de sang. Il avait était réellement facile pour Lénine de déposer Kerenski et le gouvernement provisoire. Kerenski se cacha pendant plusieurs mois, le 1er mai 1918, il retourna à Moscou où il se procura une fausse identité puis, il quitta la Russie en passant pas Murmansk et nerevint jamais plus. Quand Nicholas, de sa prison, apprit la chute de Kerenski et son remplacement, à la tête du gouvernement, par Lénine et Trotsky, il regretta son abdication; il considérait que les deux leaders bolchéviques étaient des espions allemands. Même si le gouvernement russe avait changé, la vie demeura la même à Tobolsk pour la famille impériale mais, les choses allaient évoluer petit à petit. Alexei et ses soeurs prenaient des leçons tous les jours avec messieurs Gilliard et Gibbs. Les quatre grandes-duchesses, qui étaient maintenant des jeunes femmes (Olga et Tatiana entamaient la vingtaine et Marie et Anastasia sortaient de l'adolescence) s'ennuyaient parfois et, pour parer à cette vie fastidieuse, elles commençèrent à présenter des pièces de théâtre. Nicholas, Alexandra et Alexei participaient également; même Pierre Gilliard et le docteur Botkin étaient inclus dans ce divertissement. Au fur et à mesure que le mouvement bolchévique avançait vers Tobolsk, les soldats qui gardaient la famille impériale se montraient de plus en plus hostiles. Ils ne se soumettaient pas aisément à l'autorité de Kobylinski et, ils défendirent même à Nicholas de porter ses galons. Le gouvernement de Kerenski avait assigné une certaine somme d'argent aux dépenses de la famille impériale, quand cet argent était épuisé, Kobylinski en reçevait d'autre. Quand le gouvernement provisoire fut remplacé par les bolchéviques, Kobylinski ne reçut plus aucune aide financière. Plusieurs membres de la suite impériale durent être renvoyés pour réduire les dépenses. Il fallut rationner la nourriture, le café et le beurre devinrent des denrées de luxe. Lénine n'avait pas encore le plein contrôle de tout le territoire russe. Pour consolider son gouvernement, il devait faire la paix à tout prix et, les allemands imposèrent des conditions terribles: la perte de presque tout le territoire conquis pas la Russie depuis Pierre le Grand (la Pologne, la Finlande, les états de la Baltique, l'Ukraine, la Crimée et presque tout le Caucase). Comme les allemands avançaient sur Petrograd, les bolchéviques durent déménager à Moscou. Pour sauver la révolution et son gouvernement, Lénine accepta de signer cet humiliant traité de paix le 3 mars 1918 dans la ville de Bret Litvosk. Quand Nicholas apprit les conditions du traité, il dit que celui-ci représentait une disgrâce et un suicide pour la Russie. 'Je n'urais jamais crû que l'empereur Wilhelm et son gouvernement puissent serrer la main à ces misérables traîtres (les bolchéviques). En fait, l'empereur était honteux d'avoir dû se prêter à cet échange de politesses. Son intention était de demander que le tsar et sa famille lui soient confiés, sains et saufs. Les bolchéviques, craignant que l'empereur ne concrétise cette intention, renforçèrent leur surveillance de la famille impériale. Malgré les inconvénients que le printemps de 1918 lui causa, Alexandra espérait qu'un miracle allait se produire et que la Russie serait sauvée. Elle se sentait même heureuse car les soldats lui permirent d'assister à la messe. Alexei était aussi d'humeur joyeuse et enjouée. Parfois, il inventait des jeux dangereux comme ce jour où il s'amusa à dévaler les escaliers dans un traîneau à patins; il tomba et son aine commença immédiatement à saigner. Cette crise était similaire à celle qu'il avait subie à Spala. La douleur était intolérable et l'enfant criait: 'Mama, je veux mourir!'. Alexandra se sentit alors plus impuissante que jamais. Le 12 avril, Alexandra écrivit à Anna Vyrubova: 'Hier, pour la première fois, il (Alexei) a souri et causé avec nous, il a même joué aux cartes et a dormi deux heures durant la journée. Il est affreusement maigre, ses yeux paraissent énormes comme à Spala... De nombreuses troupes viennent de partout. Un nouveau commissaire vient d'arriver de Moscou, un homme appelé Yakolev et aujourd'hui, nous allons faire sa connaissance'. Le jour suivant, Nicholas écrivit dans son journal: 'À 10:30 ce matin Kobylinski est apparu avec Yakovlev et sa suite. Je l'ai reçu dans le hall avec les filles.' Le même jour, Pierre Gilliard relata: ' Yakovlev est arrivé vers 11:00 heures. Après avoir inspecté toute la maison, il alla voir le tsar qui l'accompagna dans la chambre d'Alexei toujours alité. Il ne put voir la tsarine car elle n'était pas prête à le rencontrer; il revint donc un peu plus tard accompagné par le médecin du régiment. Il voulait s'assurer que le garçon était vraiment malade. Comme il allait partir, il demanda au commandant si nous avions beaucoup de bagages. Est-ce que celà signifie que nous allons déménager?'. Le lendemain, Gilliard écrivit: 'Nous sommes dans un état de réelle angoisse. Nous nous sentons oubliés de tous, abandonnés à nos propres ressources et, à la merci de cet homme. Est-ce possible que personne ne lève le petit doigt pour sauver la famille impériale. Où donc se trouvent ceux qui sont demeurés fidèles au tsar? Qu'est ce qui les retient?' En mars, le Soviet de l'Oural avait demandé à Moscou la permission de transférer le tsar à Ekaterinbourg. De tous les Soviets de Russie, celui-là était le plus ardemment bolchévique. Une fois à Ekaterinbourg, les membres de la famille impériale ne seraient plus que des pions sur l'échiquier de la politique internationale. Le 13 avril, un détachement en provenance d'Ekaterinbourg se présenta à Tobolsk mais, comme Moscou n'avait pas encore donné sa réponse au Soviet de l'Oural pour le transfert du tsar et de sa famille, Kobylinski refusa au détachement la permission d'amener le tsar. C'est à ce moment que Moscou dépêcha Yakovlev. D'abord, personne ne sut quelle était exactement la nature de la mission de Yakovlev mais, le 24 avril, celui-ci montra à Kobylinski un document signé de la main de Jakob Sverdlov, l'ami de Lénine et président du Comité exécutif central du Congrès des Soviets de toutes les Russies. Yakovlev avait été choisi pour amener toute la famille loin de Tobolsk. Ce même jour, à 2:00 heures de l'après-midi, Yakovlev rendit visite à Nicholas et lui expliqua quelle était sa mission mais, comme Alexei était encore malade, Nicholas allait devoir partir seul. Le tsar refusa. Yakovlev lui dit: 'Je suis forcé d'exécuter cet ordre. Si vous refusez, je devrai employer la force ou démissionner et le Comité enverra probablement un homme moins scrupuleux que moi pour me remplacer. Restez calme; je répond de votre sécurité sur ma vie. Si vous ne voulez pas partir seul, vous pouvez amener avec vous tous ceux que vous désirez. Soyez prêt car nous partirons demain matin à 4:00 heures.' Nicholas demanda à Kobylinsli où il allait être relocalisé. Le colonel lui répondit que ce serait probablement à Moscou. Nicholas pensa immédiatement que si on l'envoyait à Moscou, c'était pour le forcer à signer le traité de Brest Litvosk, ce qu'il refuserait. Alexandra décida de partir avec lui, le couple serait accompagné de leur fille Marie. Ils commençèrent à faire leurs bagages, n'apportant avec eux que le strict nécessaire. Yakovlev leur affirma qu'il reviendrait prendre Olga, Tatiana, Anastasia et Alexei dans environ trois semaines. Personne ne put dormir cette nuit-là. Le 26 avril, dans le train qui l'amenait loin de Tobolsk, Nicholas écrivit: 'À 4:00 heures ce matin, nous avons dit au revoir à nos chers enfants et sommes montés dans des calèches. J'étais avec Yakovlev, Alix était avec Marie et Valia (Dolgorouki) partageait la sienne avec Botkin. Les personnes suivantes sont également parties avec nous: Nyuta (Anna) Demidova, Chemodurov et Sednev, la température était glaciale et le vent déplaisant.' Les ordres de Yakovlev étaient d'amener le sprisonniers à Moscou. Il apprit que s'il passait par Ekaterinbourg, le train allait être arrêté et le Soviet de l'Oural prendrait en charge le tsar et sa famille. Mais, le Soviet de l'Oural réalisa que Yakovlev empruntait une autre route, on s'empressa de l'accuser de trahir la révolution. Le train devait traverser Omsk et le Soviet de l'Oural pria le Soviet d'Omsk de retenir le train quand celui-ci traverserait la ville. Le Soviet d'Omsk obéit et envoya des troupes pour encercler le train avant même qu'il ne penètre dans la ville. On informa Yakovlev de son statut de traître et il se rendit à Omsk pour en débattre avec le Soviet, il ne parvint pas à les convaincre de sa loyauté. Il communiqua avec Moscou et parla à Sverdlov qui lui ordonna d'amener les prisonniers à Ekaterinbourg. Selon l'auteur Edvard Radzinski, Yakovlev agit selon les ordres de Sverdlov et ces ordres étaient de transférer le tsar à Moscou en passant par la route d'Omsk. Sverdlov s'entendit ensuite avec le Soviet de l'Oural et modifia ses ordres en demandant à Yakovlev de retourner prendre le tsar pour l'amener à Ekaterinbourg. Yakovlev prit soin d'aviser Sverdlov que si un Romanov tombait dans les mains du Soviet de l'Oural, Moscou ne pourrait jamais le récupérer. Mais, les ordres étaient définitifs cette fois. L'auteur Robert K. Massie prétend que Yakovlev tentait d'aider le tsar à s'échapper; il savait qu'à partir de Omsk il existait une route permettant de rejoindre le Pacifique sans encombres. Cette hypothèse est peut-être bien juste car peu de temps après, Yakovlev abandonna les rangs des bolchéviques pour se joindre à l'Armée Blanche. Le but réel recherché par Sverdlov était d'éloigner Nicholas le plus possible des allemands et celà ne pouvait être possible qu'à Ekaterinbourg grâce à la vigilance rigoureuse du Soviet de l'Oural. Les prisonniers impériaux arrivèrent à Ekaterinbourg le 30 avril à 8:40 du matin. Ils furent logés dans une maison réquisitionnée à un riche marchand: la maison Ipatiev. Nicholas décrivit la maison ainsi: 'et c'est comme celà que nous nous sommes installés, Alix, Marie et moi dans la chambre, partageant aussi le garde-robe. Demidova dans la salle à manger, Botkin, Cherodurov et Sednev dans le hall. La chambre des officiers est située près de l'entrée. Pour aller à la salle de bain ou aux toilettes, il faut passer devant une sentinelle de garde devant la porte de l'officier de service. Il y a une palissade de bois très haute érigée autour de la maison et située près des fenêtres, les sentinelles sont dispersées tout le long de la palissade ainsi que dans le petit jardin.' Pendant ce temps, à Tobolsk, les autres enfants étaient impatients de recevoir des nouvelles de leurs parents et de leur soeur. Demidova leur écrit une lettre, dictée par Alexandra, leur donnant des instructions sur les 'médicaments', mot qui dans le code secret employé par le famille signifiait 'bijoux'. Les trois grandes-duchesses passèrent les jours suivants à coudre ces bijoux dans leurs sous-vêtements. Kobylinski fut remplacé par une jeune brute appelée Rodionov, celui-ci reçut l'ordre de transférer les enfants à Ekaterinbourg aussitôt qu'Alexei serait en état de voyager. Rodionov interdit aux grandes-duchesses de vérouiller leur porte de chambre pendant la nuit et il ordonna que la porte d'Alexei soit toujours fermée à clé la nuit. Nagorny protesta, le docteur devait en tout temps avoir la possibilité d'approcher l'enfant surtout, si une urgence se déclarait mais, ses protestations ne furent pas entendues. Le 19 mars, Alexei se sentit assez bien pour voyager. Nagorny l'amena dans ses bras jusqu'au Russ, le même bateau à vapeur à bord duquel la famille avait navigué pour se rendre à Tobolsk. Alexis et ses soeurs, accompagnés par leur suite, prirent la direction de Tiumen. De Tiumen, il prirent le train jusqu'à Ekaterinbourg où ils arrivèrent à minuit. Dès qu'ils débarquèrent du train, les enfants furent séparés de presque tous les gens de leur suite. Le général Tatischev, la comtesse Hendrikov et Mademoiselle Schneider furent envoyés rejoindre le prince Dolgorouki en prison où il croupissait depuis son arrivée à Ekaterinbourg avec le tsar. Le docteur Derevenko, la baronne Buxhoeveden, Sidney Gibbs et Pierre Gilliard furent étonnament relâchés. Le cuisinier Kharitonov, le valet de pied Trupp et le garçon de cuisine Leonid Sednev furent envoyés rejoindre la famille dans la maison Ipatiev. La famille impériale fut ravie d'être enfin réunie. Mais, les choses à Ekaterinbourg étaient différentes de ce qu'elles avaient été à Tobolsk. Ici, ils étaient vraiment emprisonnés, gardés par des soldats bolchéviques insolents et rudes. Le tsar, sa famille et quelques membres de la suite impériale étaient confinés dans les 5 pièces de l'étage. Nicholas et Alexandra occupaient la chambre du coin, les grandes-duchesses se partageaient une autre chambre, Alexei et Nagorky résidaient dans une autre (plus tard, l'enfant déménagerait avec ses parents). Anna Demidova dormait dans la salle à manger, Botkin dans le hall et Trupp, Kharitonov et Sednev dans un long couloir. La vie à Ipatiev n'était qu'une monotone routine. Chaque matin, les prisonniers se levaient à 8:00 heures et priaient; ils prenaient ensuite un petit déjeuner composé de pain noir et de thé. Ils déjeunaient à 2:00 heures, un repas comprenant généralement de la soupe et des côtelettes. Ils avaient la permission de sortir marcher dans le jardin deux fois par jour, 30 minutes le matin et 30 minutes l'après-midi. Ils prenaient le thé vers 5:00 heures et dînaient à 8:00 heures. Nicholas avait l'habitude de lire à haute voix pour sa famille. Quand l'électricité était coupée le soir, ils lisaient ou jouaient aux cartes éclairés par des bougies. Alexei était malade depuis son arrivée; lui et sa mère prenaient presque tous leurs repas dans leur chambre. Le docteur Derevenko était autorisé à examiner le garçon régulièrement mais seulement en présence d'Alexander Dimitrievitch Avdeev, le commandant de la garde à Ipatiev. Alexandra se sentait presque toujours mal; elle souffrait de maux de tête tenaces et d'étourdissements. Elle s'occupait en lisant la Bible et son livre de prières. Sa soeur, la grande-duchesse Elizabeth lui envoyait parfois du café et du chocolat. Le 26 mai, un des gardes tenta de voler une chaîne en or à Alexei. Nagorny était résolu à empêcher le larcin mais il fut immédiatement arrêté. Le marin fut emprisonné et fusillé quelques jours plus tard. Nagorny n'étant plus là, c'est à Nicholas qu'échut la tâche d'amener Alexis au jardin en le portant dans ses bras. Le docteur Botkin, Trupp, Kharitonov et même Marie partagèrent cette besogne. Le 4 juillet, Avdeev fut congédié par le Soviet de l'Oural et un nouveau commandant pris le contrôle d'Ipatiev: Yakov Mijhailovitch Yurovski. Dès son arrivée, il fit une liste et collecta tous les bijoux et les ornements en or portés par la famille. La venue de Yurovski affecta grandement le moral de la famille. Avant qu'il ne soit là, même si Alexandra était constamment malade, Nicholas, les jeunes filles et Alexei se montraient en général d'humeur joyeuse. Mais, la présence de Yurovski les rendit tous angoissés et déprimés. Le 11 juillet, Nicholas entra dans son journal: 'À 10:30 du matin, trois ouvriers s'approchèrent de la fenêtre ouverte, levèrent une lourde grille et la fixèrent au cadre de la fenêtre et celà sans aucune sommation de la part de Yurovski. Nous aimons cet homme de moins en moins.' Le 13 juillet, il écrivit: 'Alexei a pris son premier bain depuis son départ de Tobolsk, son genou va mieux mais il ne peut encore le redresser complètement. La température est chaude et plaisante. Nous n'avons absolument aucune nouvelle de l'extérieur.'
Entre-temps, le contrôle exercé par les bolchéviques commençait à décroître dans certaines parties du territoire russe. En Ukraine, les généraux Kornilov, Alexeiev et Denken avaient organisé l'Armée Blanche des Volontaires qui était anti-bolchévique. En Sibérie, la légion tchèque, aussi anti-bolchévique et composée de 45, 000 hommes, avançait vers l'ouest. Ils avaient pris Omsk et marchaient rapidement sur Ekaterinbourg. Le Soviet de l'Oural, qui avait toujours souhaité juger le tsar et le condamner à mort, délégua un de ses membres, Filipp Goloshchekin, à Moscou pour y négocier le sort de la famille impériale. Goloshchekin revint le 12 juillet et fut informé que Moscou avait abandonné le destin de la famille au Soviet. En apprenant que les tchèques et l'Armée Blanche encerclaient la ville, le Soviet ordonna à Yurovsky de tuer le tsar et sa famille. Lors de son inspection de routine, Yurovski apporta exceptionnellement du lait et des oeufs pour Alexei. Quand il se retira, il amena le garçon de cuisine, Leonid Sednev, avec lui. Nicholas, Olga, Marie et Anastasia sortirent pour prendre l'air pendant une demi-heure. Tatiana demeura avec sa mère et elles lirent le livre des prophètes Amos et Obadiah. À 4:00 heures, Nicholas et ses filles sortirent de nouveau. À 8:00 heures, toute la famille se rassembla pour le dîner, les enfants se mirent ensuite au lit. Nicholas et Alexandra jouèrent aux cartes jusqu'à 10:30 heures alors qu'Alexandra écrivit pour la dernière fois dans on journal: '15 degrés'. Elle alla ensuite se coucher.
Yurovski
  À minuit, Yurovski réveilla la famille et leur ordonna de se vêtir rapidement.Il leur expliqua que le Soviet avait décidé de les transférer en raison de la proximité de l'Armée Blanche et des tchèques. La famille obéit. Nicholas fut le premier à descendre, il portait Alexei dans ses bras. Le reste de la famille, le docteur et les serviteurs le suivirent. Anastasia tenait son épagneul Jimmy dans ses bras. Yurovsky les amena dans la cave et leur ordonna d'attendre là en attendant que les voitures arrivent. Nicholas demanda qu'on veuille bien leur apporter des chaises, on leur en donna trois. Alexandra s'assied sur une, Nicholas sur une autre et, on étendit Alexei sur la trosième. Les grandes-duchesses se tenaient derrière leur mère avec à leurs côtés Botkin, Demidova, Kharitonov et Trupp. Demidova transportait un oreiller dans lequel se trouvait un coffret qui contenait les bijoux impériaux. Soudain, Yurovski fit irruption dans la pièce accompagné par un escadron de la Cheka, tous portaient des revolvers, Yurovski déclara brusquement: 'Vos parents ont tenté de vous sauver. Ils ont échoué et nous devons vous abattre'. Nicholas tenta de se lever pour protéger Alexandra et Alexei mais Yurovski lui tira une balle dans la tête; il fut tué sur le coup. Les autres hommes commençèrent à tirer. Alexandra fit le signe de la croix et s'écroula, abattue par une seule balle. Olga, Tatiana, Marie, Botkin, Kharitonov et Trupp tombèrent sous les balles à leur tour. Demidova survécut à la première rafale; elle courait dans la pièce comme un animal traqué, les soldats la poursuivirent et la poignardèrent avec leurs bayonettes. Alexei, étendu sur le sol dans les bras de son père s'agita alors légèrement. Un des assassins le frappa sauvagement à la tête avec sa botte. Yurovski abattit ensuite l'enfant d'une balle dans l'oreille. Anastasia reprit conscience et cria, tous les hommes se précipitèrent vers elle et la massacrèrent à coups de bottes et de bayonettes. Et tout fut terminé. Yurovski et ses hommes chargèrent les cadavres dans un camion et les amenèrent dans la forêt. Ils se rendirent à un endroit appelé 'Les Quatre Frères' et Yurovski ordonna qu'on étende les corps par terre et qu'on les dénude. Les hommes découvrirent, cousus dans les corsets des jeunes filles, des rangs de diamants. Les corps nus aux visages terriblement défigurés furent jetés dans un puits de mine. Apparemment, deux des corps furent brûlés, on croit qu'il s'agit de ceux d'Alexei et d'Anastasia. Le gouvernement bolchévique garda le silence sur le sort de la famille impériale. Quand l'Armée Blanche et les tchèques prirent Ekaterinbourg, les bolchéviques s'enfuirent en abandonnant partout des preuves de leurs crimes. Les officiers de l'Armée Blanche découvrirent Joy, l'épagneul d'Alexei errant à la recherche de son maître. La cave, même si elle avait été nettoyée, montrait des traces de balles partout sur ses murs. Un an plus tard, les bolchéviquees admirent la mort de la famille impériale mais nièrent toute responsabilité dans ce crime. Plusieurs théories et enquêtes de toutes sortes ont pris naissance autour du meurtre du tsar et de sa famille. En juillet 1991, neuf squelettes furent exhumés d'une fosse commune située près d'Ekaterinbourg. Après plusiers tests d'ADN, les corps furent identifiés comme étant ceux de Nicholas, Alexandra, Botkin, Kharitonov, Trupp, Demidova et trois des grandes-duchesses. Deux corps sont toujours manquants (présumément brûlés). Un d'entre eux est sans doute celui d'Alexei, l'autre appartiendrait soit à Anastasia, soit à Marie. Pendant les années qui suivirent cette tragédie, de nombreux imposteurs ont prétendu être un membre ou un autre de la famille impériale, généralement Anastasia ou Alexei. Le cas le plus célèbre est celui d'une femme appelée Anna Anderson qui, en 1920 apparut à Berlin et soutint qu'elle était en réalite la grande-duchesse Anastasia, toute sa vie elle combattit pour être reconnue comme la fille du tsar. Les tantes d'Anastasia, la princesse Irene de Prusse et la grande-duchesse Olga ne reconnurent jamais Anna comme étant leur nièce. Finalement, quelques années après la mort d'Anna, les tests effectués sur les squelettes exhumés à Ekaterinbourg révélèrent hors de tout doute qu'Anna Anderson n'était pas la grande-duchesse Anastasia. Le 17 juilley 1998, les ossements de la famille impériale furent enterrés dans la cathédrale St-Pierre et St-Paul à St-Petersburg. Quatre-vingt ans après avoir été assassinés, ils sont maintenant considérés comme des martyrs par l'Église russe orthodoxe.
Tsar Nicholas II
Chapitre 9