Voyons maintenant si lf?me peut ?tre r?ellement le reflet de la personnalit?, du caract?re, bref de la personne elle-m?me.

Des ?tudes neuropsychologiques ont d?montr? clairement que toute forme de pens?e, df?motion, de sentiment, dfaptitude cognitive ou encore de m?morisation pouvait ?tre rapport?e ? une partie sp?cifique du cerveau et que, en cas de d?faillance dfune de ces parties, la fonction qui lui ?tait li?e pouvait soit ?tre perturb?e, soit dispara?tre. Je reprendrai ici lfexemple dfun homme qui, apr?s qu'une barre en acier lui ait transperc? le cerveau (partie pr?frontale) ne pouvait plus ressentir la moindre ?motion et ?prouvait des difficult?s ? prendre des d?cisions.

Cfest le neuropsychologue am?ricain Antonio R. Damasio qui, par des tests psychologiques mis en rapport avec des analyses physiologiques du cerveau, a, chez certains patients atteints de tumeurs ou de l?sions locales, pu montrer comme ce que nous appelons lf?me ou lfesprit pouvait, en fait, nf?tre qufune s?rie de r?actions biochimiques.

Les patients atteints de l?sions au m?me endroit du cerveau ?prouvaient les m?mes troubles psychologiques. Ainsi, nous savons que le lobe pr?frontal inf?rieur du cerveau (ce qui se situe juste au-dessus des globes oculaires) est responsable des ?motions que nous ressentons et que, sans celui-ci, nous ne pourrions avoir la moindre r?action de col?re, dfamour, de tendresse, de peur, dfenthousiasme ou toute autre ?motion que ce soit (1).

Autre exemple, sans cortex frontal lat?ral gauche, nous ne pourrions plus calculer, raisonner ou nous concentrer sur quelque chose. Les traits de la personnalit?, de la m?moire, de lfintelligence ou m?me du caract?re primaire (pulsions, instincts) ne sont en rien li?s ? une soi-disante ?me, mais bien au cerveau et au corps directement. La conscience, par opposition ? lfinconscient ou au subconscient, rel?ve ?galement dfune partie du cerveau (le fait df?tre ?veill? ou endormi est r?gl? par le thalamus, par exemple) et lfensemble de notre perception nous donnant cette impression df?tre vivant fait entrer en compte les fonctions combin?es du cerveau et de notre syst?me nerveux tout entier. Je ne puis ici expliquer tout cela en d?tail, cela prendrait trop de temps et trop de place (plusieurs livres seraient n?cessaires pour ?tre complet, de nombreuses pages pour donner un bref aper?u du fonctionnement du cerveau). Je peux juste vous renvoyer ? quelques-unes des nombreuses lectures ? ce sujet (voir bibliographie).

Ces attributs de lf?me ne peuvent donc survivre ? une mort physique, pour la simple et bonne raison que ceux-ci sont li?s au cerveau. On parle par contre de pouvoir, dans un avenir proche (quelques d?cennies ?), transformer les informations contenues par le cerveau sous forme de connexions neurales et de transmission electrique, en donn?esfinformatiques. On pourrait ainsi ? sauvegarder ? sa m?moire, son caract?re, son intelligence, etc. sur un ordinateur et, par le proc?d? inverse, partager les exp?riences dfautres personnes, se souvenir de ce qufils ont v?cu, ce qui revient ? dire en bref, (re)vivre leur vie, leurs ?motions, percevoir leur fa?on de voir les choses, disons simplement tout. Notre m?moire et nos facult?s intellectuelles seraient de la sorte sauv?es de lfoubli presque in?vitable qui sfinstalle apr?s la mort.

En outre, lfadjonction dfune puce ?lectronique ou dfun processeur informatique ? notre cerveau nous permettrait dfavoir les capacit?s de calcul du plus puissant des ordinateurs ou les connaissances dfune encyclop?die, pour ne citez que ceux-l?. Le potentiel futur et les possibilit?s actuels de la technologie peuvent nous laisser esp?rer m?me devenir ? immortel ?, non pas uniquement en rempla?ant les tissus vivants par des composants ?lectroniques, faisant de nous des hommes-robots, mais au moins en rempla?ant les parties d?g?n?r?es ou ab?m?es du corps par de nouvelles.

La m?decine progresse avec le reste de la technologie. On peut d?sormais imaginer des greffes dforganes ou de tissus humains fabriqu?s artificiellement et modifi?s ou arrang?s g?n?tiquement. De m?me, la mort nf?tant apr?s tout que lfarr?t du fonctionnement de la machine humaine, il suffirait - le terme nfest pas abusif ? de remplacer la ou les parties endommag?es, g?n?ralement du cerveau, pour ressusciter une personne. Ne riez pas, cfest possible, m?me si techniquement, il y a encore du chemin ? faire.

Lf?me nfa d?cid?ment plus beaucoup dfint?r?t en tant que concept ; je vois en effet mal comment, par une intervention chirurgicale chez la personne d?c?d?e, lf?me pourrait, surtout si elle est d?j? au ? paradis ? ou en ? enfer ?, revenir pour r?incarner la personne ramen?e ? la vie par la m?decine et la technologie. Peut-?tre faudrait-il aussi demander lfautorisation de Dieu ? ou de Saint-Pierre ? Dans ces perspectives de relations diplomatiques entre le royaume des Cieux et le royaume terrestre, il faudra  envisager dfouvrir une ambassade pour n?gocier le retour des morts parmi les vivants. Lfabsurdit? des dogmes de la religion chr?tienne, comme de toutes autres religions, se fait ressentir dfautant plus fort que nous comprenons ce que nous sommes vraiment.
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