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Pour en venir aux clones, Dieu diviserait-il l’?me en fonction du nombre de ceux-ci ou chacun aurait-il une ?me propre ? lui-m?me, mais identique au moment de la conception ? Un embryon humain dont le cerveau n’est pas encore d?velopp?, ou pas enti?rement, ne peut m?me pas ?tre consid?r? comme un ?tre conscient ; juste une sorte de plante. C’est en pensant ? cela que l’on r?pondra sans atermoiements ? la question de l’avortement ; il n’y a d?sormais plus de crime a avorter puisque le sous-?tre vivant, celui-l? m?me qui ne peut encore vivre ind?pendamment ou agir de lui-m?me, n'est ni un etre pensant, ni vraiment deja vivant comme il ne peut survivre a l'exterieur du ventre de sa mere.

Savoir ce que vivant signifie est un autre probl?me en-soi. Tout vivant ?tant cr?? ? partir de mati?re inerte, la question est plut?t de savoir quand cette mati?re peut ?tre consid?r?e comme vivante. Il s’agit ici de remonter ? la source de la vie : la cellule de base pouvant vivre d’elle-m?me. Qu’est-ce que vivre ?

Les scientifiques ne sont d?j? pas d’accord entre eux. On admet souvent que, pour qu’un corps soit vivant, il faut que celui-ci puisse se maintenir identiquement ? lui-m?me (qu’il n’y ait pas de mutations g?n?tiques), qu’il puisse se reproduire et que sa prog?niture conserve les caract?ristiques g?n?tiques lui ?tant propre. On remarque tout de suite que tout cela a ?t? d?termin? de fa?on fort arbitraire, parce qu’il fallait bien trouver une d?finition. En fait, je peux vous montrer des exemples d’?tres vivants ne pr?sentant pas une ou aucune de ses caract?ristiques et qui pourtant sont habituellement consid?r?es comme vivants, vous en conviendrez.

Tout d’abord, la conservation g?n?tique de l’?tre tout au long de son existence. Les virus, qui savent se reproduire, et m?me ?tonnamment bien, et sachant se maintenir en vie par eux-m?mes, ne sont pas g?n?tiquement stables ? ou pas tous. C’est d’ailleurs le probl?me que les scientifiques ont actuellement ? trouver un rem?de au virus du sida. Celui-ci se modifiant en permanence et de mani?re tr?s rapide, il est tr?s difficile de trouver un ou des anticorps pouvant lutter contre lui.

Autre exemple, un ?tre vivant ayant ?t? soumis ? un rayonnement nucl?aire est, lui aussi, modifi?, du moins en partie, g?n?tiquement. C’est ? cause de cela qu'il y a des mutations chez certaines esp?ces, apr?s une explosion nucl?aire par exemple, ou des malformations appara?ssent, ce qui ne signifie pas que les ?tres contamin?s ne sont plus vivants. Concr?tement, si une plante ou une bact?rie, apr?s avoir subi des modifications g?n?tiques li?es ? la radioactivit?, se ? transforme ? en une autre esp?ce, ce n’est pas pour cela que cette plante ou cette bact?rie n’est plus vivante.

Deuxi?me crit?re, la reproduction. Je pourrais tr?s facilement, dans ce cas-ci, m’attaquer ? l’?tre humain. N’y a-t-il pas des personnes st?riles de naissance ? Si ! Ne sont-elles pas vivantes ? Si. Bon ! le probl?me n’est peut-?tre pas r?ellement de naissance. Pouvons-nous avoir des enfants avant la pubert? ? Non. Donc, le probl?me de la st?rilit? peut aussi ?tre li? ? une maladie d’enfance ou quelconque probl?me ?tant intervenu depuis la naissance ? on parle de la pollution, etc. Mais supposons que nous ayons modifi? les g?nes de notre nouveau-n?, de sorte qu’il soit r?ellement incapable de procr?er d?s la naissance. La raison est belle et bien g?n?tique, donc li? ? la race ou ? l’esp?ce en quelque sorte, mais on ne peut d?nigrer pour autant que le (ou la) pauvre bougre sera bien vivant.

Enfin, troisi?me crit?re, il faut que la descendance de l’?tre vivant garde des caract?ristiques de celui-ci et donc, par exemple, il ne faut pas que des semences de jonquilles nous donnent des tulipes (sinon retournez chez votre fleuriste). Je m’oppose d’abord en faisant remarquer qu’? long terme, s’il n’y avait de modification g?n?tique - m?me minime - il n’y aurait pas d’?volution. Darwin ne serait s?rement pas d’accord avec un crit?re de d?finition de la vie qui rejete l'evolution genetique.

Ensuite, avec l’aide de la technologie et de la science, nous pouvons modifier les g?nes de nos futures enfants, les d?barrassant d’ennuyeuses maladies h?r?ditaires, ou nous pouvons encore cr?er de nouvelles sortes de ma?s r?sistant au climat rude, aux maladies et aux insectes. Mais bien s?r et avant tout, nous pouvons cr?er de nouvelles races ? part enti?re. Ainsi, si quelqu’un, un jour, avec des connaissances en g?n?tique suffisantes, d?cidait de cr?er un dragon ou un aiglon, il y a de fortes chances que nous en croisions un un jour (quoique le dragon pourrait tr?s bien ne pas cracher de feu).

On a vu, avec le film Jurassic Park, que ces d?couvertes on d?j? incit? l’imagination de plus d’une personne. Dans le cas des dinosaures n?anmoins ce n’?tait pas possible de la mani?re o? l’auteur l’a ?voqu? dans l’histoire. Il partait de l’hypoth?se o? l’on aurait retrouv? des cellules vivantes (en l’occurrence du sang conserv? dans de l’ambre) de dinosaures et, ? partir de l?, que l’on eut recr?? ceux-ci ? partir de l’ADN. Encore faudrait-il qu’on ait retrouv? de l’ADN de chacune des esp?ces des dinosaures, dans l’histoire, hors il ne s’agissait que d’une seule, mais la raison pour laquelle c’est impossible est qu’il n’y aurait plus eu de cellules vivantes, m?me conserv? dans de l’ambre, apr?s aussi longtemps.

Nous n’en savons pas encore assez sur la g?n?tique actuellement que pour cr?er de nouvelles esp?ces, ni m?me pour savoir, pour une seule esp?ce, ce que la modification de chaque g?ne entra?nerait. Nous en connaissons quelques-uns, mais l’ADN contient des centaines de milliards d’informations et les d?couvertes ne peuvent se faire que progressivement. Lorsque nous en saurons un peu - ou beaucoup - plus, nous pourrons penser ? recr?er des dinosaures ? partir d'un modele imaginaire. Rien ne prouvera qu’ils ?taient bien les m?mes que ceux ayant v?cu jadis sur terre, mais qu’importe, nous en serons capables.

En r?sum?, ce que nous appelons ?tre vivant n’est qu’un terme arbitraire utilis? pour d?signer un agencement particulier de la mati?re, pouvant souvent se maintenir sous une m?me forme, se reproduire, etc., mais n’?tant que de la mati?re et que nous, humains, pouvons ou pourrons d?sormais modifier, am?liorer, cr?er ou ranimer gr?ce ? l’avancement de nos connaissances et de notre technologie.

1 Pour en savoir plus, je vous recommande le livre : ? L’erreur de Descartes ; la raison des ?motions ?, Antonio R. Damasio, ?d. Odile Jacob, Paris 1995.