Le magazine Châtelaine
traînait sur le lit avec en page couverture un titre qui
attira mon attention: "J'aime
un homme plus jeune". (C'est seulement au moment où
j'écris ces lignes que je me souviens de ce détail
et des suivants.) Au festival du Jazz, j'avais fait remarquer
à ma femme, avec étonnement et un certain agacement,
le nombre important d'hommes âgés qui se promenaient
en compagnie de très jeunes filles. Je croyais tout d'abord
qu'il s'agissait de sorties entre père et fille mais la
suite démontra qu'il s'agissait de relations amoureuses.
Ma femme m'avoua, comme une objection détournée,
que parmi ses clientes plusieurs entretenaient une relation sexuelle
avec des hommes également plus jeunes et espéraient
faire perdurer cette passion qui les transportait au septième
ciel.
-C'est ridicule! Regarde donc ces vieux schnocks.
-Tu n'es pas un peu jaloux mon chéri?
Elle me taquine évidemment, car jaloux de ces hommes je
ne le suis pas. Ma femme est encore très belle pour son
âge, qui est le mien d'ailleurs, et avec un beau corps.
Je fais cette précision, car les jeunes ne s'en rendent
pas toujours compte, mais c'est sur le tard qu'une des questions
sur l'égalité se joue clairement; la conjointe doit-être
plus jeune que son homme, inférieure en âge, pour
l'énoncer de façon pragmatique et mettre en perspective
le désavantage qu'impose sur elle la Nature. C'est une
patate chaude que je cuis là mais Geneviève St-Germain
la croque sans difficulté. Vétéran(e) du
féminisme ostentatoire, faisant l'apologie de l'égalitarisme
tous azimuts, elle a su très bien, par son exemple, adapter
cette réalité aux femmes; son article "J'aime
un homme plus jeune" est illustré par une photo d'une
vieille peau en compagnie de son jeune mâle (j'écris
cela car je suis persuadé que la scène est un trucage.
Et puis bon, il faut bien appeler un chat un chat.) C'est donc
un sujet qu'elle nous propose de débattre honnêtement
et sans gêne, évolution des mœurs oblige. A
vous la parole si vous vous sentez l'aplomb pour tirer les marrons
du feu.
Je n'ai pas lu l'article en question, comme je viens de l'écrire,
mais je compte le faire sur le champ maintenant que je suis conscient
de l'oubli. Ce qui m'a détourné de mon objectif,
c'est l'éditorial de Lise Ravary, dans Châtelaine,
avec en titre "Oser penser" sur lequel, en fait, je
voulais dire quelques mots gentils, du moins je crois. Je vous
reviens donc dès que possible avec mes réflexions
sur son billet.
Et voilà!
C'est d'- un nouvel ordre amoureux
- dont se fait le chantre Geneviève St-Germain qui, à
plus de quarante, vient de se dégoter un homme de 10 ans
plus jeune qu'elle. C'est la pierre d'achoppement. Sinon, on sait
bien que l'amour ne connaît pas de frontière et qu'il
serait stupide de le baliser à la manière des OGM.
Mais il l'est encore plus, à mon sens, de populariser des
conduites débridées. Qu'un homme, autrefois, et
aujourd'hui encore, mariât une fille de dix ans de moins
passait pour la chose la plus naturelle du monde et ne portait
pas à conséquence, mais que les femmes aujourd'hui
ne puissent rivaliser ouvertement avec eux, il n'en fallait pas
moins à G. St-Germain, une féministe avérée,
pour secouer la structure mentale de ces us et coutumes et rétablir,
à l'aube du 21e siècle, l'égalité
des mœurs aux dépends des réalités objectives
(mais oppressantes). Avec elle, c'est tout juste si on ne passe
pas pour ringard de ne pas fréquenter les clubs échangistes,
une pratique sexuelle dont les mérites, à lire les
magazines actuels, prétendent être la panacée
des relations amoureuses.

La tête dans le vagin!----
Plus elle est grosse...----Oh! la
banane
Tirées d'une publicité de
Diesel sur trois pages dans Elle Québec.
Le ton est donné en début d'article par un tableau
hédoniste : "mon chum se prélasse dans un bain
moussant avec un verre de vin blanc glacé. . ." Ce
garçon l'aime «parce que, dit-il, tu es la reine
des remarques caustiques, de la cuisine et de l'exfoliation des
fesses.» Mais aussi pour cette «folie qui me fait
hurler de concert avec Led Zeppelin.» On voit, on voit .
. . Si encore elle avait dit Jimy Hendrix. Question de goût
vous me direz. Non, de valeur. Je parle en connaissance de cause,
car dans mon adolescence Led Zeppelin fut une de mes idoles jusqu'au
moment où j'ai appris que le satanisme inspirait ces musiciens
dont le but était d'influencer le public, souvent à
son corps défendant. Bref, avec un tel penchant musical,
il ne faut pas s'étonner que les hommes, dont St--Germain
imagine le monde peuplé, soient diaboliquement «poqués»!
Car difficile de trouver, écrit-elle, « un homme
qui ne nourrit pas de rancœur généralisée
contre la gente féminine ».
Ce n'est pourtant pas un problème unique à la gent
féminine devrait-on mentionner ici. Les hommes ont autant
de mal à trouver des femmes qui ressemblent à des
femmes. (Ai-je dit une connerie là?) Et je ne parle même
pas de filles vierges, un concept devenu primitif par la force
du "progrès". L'âme sœur, qui a remplacé
le prince et la princesse, est un idéal lui aussi rendu
ridicule parce que trop classique pour les esprits affranchis,
surtout lorsque les élus s'imaginent vivre selon la conception
du couple idéal, dénigrée textuellement par
G. St-Germain (désolé, je n'ai pas l'article sous
la main, mais je suis certain que c'est ce qu'elle écrit).
Pourtant ces couples existent et en beaucoup plus grand nombre
qu'on le croit. Mais c'est souvent des mauvais qu'on parle. De
ceux qui font des vagues et les modes, avec sexe en effet zoom.
Je disais donc qu'elle cherche à créer un nouvel
ordre amoureux, et plus particulièrement un nouveau type
d'hommes. Ceux-ci désireront enfin une femme non pas pour
des motifs bassement matériels mais par amour, sans pour
autant qu'elle nous en donne sa définition. Elle ferait
des gorges chaudes de la mienne: le bonheur d'élever des
enfants et des petits enfants, le service, le renoncement à
ce qui entrave la fidélité et le bien de la famille
en général, l'attachement, le don de soi, à
savoir que le conjoint s'approprie une bonne partie du contrôle
de l'autre, et l'immense joie de retrouver chaque matin ces visages
chéris que l'on aime tant, presque comme une faute. Est-ce
de l'Ordre Ancien ?
L'obnubilation par le sexe est une pauvreté de l'esprit
qui ne conduit pas à l'amour à proprement parlé
mais au plaisir de l'amour, c'est le derrière de la poule
sans la tête. Quand on a l'argent pour payer les œufs,
on n'a pas à se soucier de nourrir la poule. Un commerce
en fin de compte. L'aiguille de la balance règle l'égalité
des échanges.
En général, les "vieux" qui se permettent
le luxe d'avoir un ou une jeune sont des nantis, c'est une ancienne
coutume de bourgeois qui se démocratise avec l'éclatement
des valeurs traditionnelles et du néo-libéralisme.
Dans les pays musulmans, d'où je proviens, c'était
le privilège des hommes et la religion n'y trouvait rien
d'immoral. En Asie aussi c'est fréquent. Je n'appelle d'ailleurs
pas cela une relation amoureuse, les jeunes filles étant
forcées, ce qui n'est pas le cas, j'en conviens, dans le
Nouvel Ordre. Juste pour préciser d'où je tiens
mon dédain envers ce genre d'union. Car si, à mon
grand malheur, j'étais à la place de G. St-Germain,
je ferais certainement la même chose. Ne soyons pas hypocrite!
Une des difficultés de G. St-Germain, selon ses dires,
c'est qu'elle ne se complaît pas dans la minorité,
elle ne supporte pas d'être différente, que l'on
parle d'elle à travers les rideaux. Elle doit donc normaliser
son complexe. Je la comparerais à une designer de vêtements
de luxe qui rêve que le style que l'on voit durant les parades
de mode, et nul part ailleurs, sauf dans des soirées huppées
et privées, parades excentriques et sexy à outrance,
que ce style donc soit porté dans la rue par monsieur et
madame tout le monde. Jusqu'aux petites filles de huit à
quinze ans qui ne veulent pas être laissées pour
compte. Les jeunes garçons vont suivre, à mon avis;
attendez qu'on découvre leur potenciel sexy et l'on pourra
certainement justifier une autre façon d'alimenter la concupiscence
des "vieux" au nom de la liberté et du profit.
Du nouvel ordre. J'en conclue que, pour bien faire, c'est toute
la «société encore réticente»
qui devrait participer aux fantasmes de Madame qui souhaiterait
ne pas « devoir se justifier ».
Tout cela ficelé au nom de "l'amour". Le plaisir
sexuel est devenu synonyme d'amour. Peu importe le contexte; "on
va faire l'amour." Cela rentre dans le moule de la modernité:
on construit avec du substitut et on dédaigne quand on
a tiré tout le plaisir. Et puisque le mariage traditionnel
a prouvé son haut taux de faillibilité, donnons
libre cours à nos lubies, de toute façon la société
de consommation approuve et en redemande. Quoi de plus profitable!
C'est peut-être mal vieillir qui est en jeu chez ceux qui
dépassent la quarantaine ou qui s'extasient à l'arrivée
du démon du midi. En l'occurrence, c'est à cet âge
que G. St-Germain réalise que les hommes « de 30
ans ont parfois des qualités rares et une maturité
affective qui méritent bien plus qu'une aventure. »
Les questions qui viennent à l'esprit sont: comment se
fait-il que c'est seulement maintenant qu'elle prend conscience
de cette réalité et que deviennent ces mêmes
hommes à 40 ou 50 ans? Poqués?
Je pense, à lire son essai, qu'au contraire de ce qu'elle
affirme en conclusion, G. St-Germain n' «est pas convaincue
du beau risque d'aimer et de vivre. » J'anticipe sur sa
vie par l'image qui suit : elle me fait penser à ce vieillard
grabataire sur son lit d'hôpital ne pouvant s'empêcher
de lorgner l'infirmière de 18 ans, à la peau toute
fraîche, qui vient d'entrer dans la pièce. Lui aussi
prendrait le « beau risque d'aimer et de vivre ».
Y a-t-il vraiment autre chose dans la vie que le sexe, dites-moi
!??
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