En titre: « Oser penser! » C'est
rare pour des éditeurs d'afficher leur croyance en Dieu
comme l'ose Lise Ravary. (Au Québec, les femmes détestent
généralement qu'on les appelle 'madame' ou 'mademoiselle'.
Allons-y donc pour Lise.) Lise nous signalerait-t-elle une nouvelle
tendance sur fond de spiritualité? Faut croire, car en
ce moment le canadien Yann Martel, dans son best-seller international,
Histoire de Pi, et ses interviews, exprime sans complexe mais
avec une grande ouverture d'esprit son attirance pour les religions.
Et aussi avec les gais qui réclament jusque devant Dieu
la sanction de leur union!
En tout cas, je lui tire mon chapeau à Lise Ravary. En
outre, elle réitère dans le numéro suivant!
Là, elle nous colore carrément son texte des détails
d'une célébration juive et de sa symbolique. Je
n'ironise pas, car je crois aussi en Dieu et je suis heureux d'entendre
la rédactrice en chef d'un journal nous faire part de ses
convictions religieuses -du moment qu'elle ne sonne pas trop fort
les cloches de son église, car j'en ai assez de cette allégeance
à un monothéisme au relent totalitaire qui fait
son histoire et sa substance.
On a beau proclamer que Dieu n'existe pas, on s'aperçoit
néanmoins qu'il est incontournable dans la société.
Pour comprendre quelle devrait être sa position envers l'union
'conjugale' que réclament les gais, Lise se persuade "que
nous sommes tous égaux envers Dieu". . . Veuillez
m'excuser, ce n'est pas ce qu'elle écrit mais plutôt
"que nous sommes tous créés à l'image
de Dieu, tous dans notre diversité." Cela me fait
toujours tiquer ce genre d'allégation réductrice
que martèle les tenants du judaïsme ou de ses ramifications.
Comment arrive-t-on à cette conclusion? Les orangs-outans,
les dauphins et les chiens font-ils partis de son "tous"?
De cette diversité à l'image de Dieu ? Ding, ding,
dong! Ding, ding, dong!
Le thème de son billet cependant n'est pas Dieu ou la
religion mais la question du mariage gai, à ne pas confondre
avec l'union dont elle essaye d'en démêler le nœud.
En fait, elle avoue qu'elle ne sait pas quoi en penser malgré
la petite voix judaïque qui lui "chuchote dans les oreilles".
Elle part de l'idée que le mariage est "une institution
en perte de vitesse" et qu'il est donc saugrenu pour des
homosexuels de le revendiquer. Ce faisant, elle interroge ses
amis et l'un d'eux lui donne une explication qui la bouleverse
et l'illumine. Il précise: "C'est cela qui a attisé
le mouvement en faveur d'une reconnaissance officielle des unions
entre amoureux du même sexe." Or vous constaterez que
la réponse mentionne une union et non un mariage, et c'est
sur ce point crucial pourtant que fait rager la polémique.
Je suis resté sur ma faim.
Voilà, comme vous le souhaitiez à la fin de votre
papier, je ne vous ai pas laissé "toute seule dans
votre coin". J'espère que vous apprécierez.
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(La mort de la porno)
Bonjour, Madame Ravary.
J'ai lu votre éditorial dans la dernière parution
de Châtelaine* "La mort de la porno" avec un intérêt
et un étonnement rassurant. Il est encourageant de savoir
que des mentors en matière culturelle décident «
de parler contre la porno sans » craindre de « passer
pour un vieux croûton. »
Nonobstant cette dénonciation des hommes mal léchés
psychologiquement pour la porno hard, par un tour d'écriture
motivé sans doute par votre position de féministe,
et dont je n'ai rien à redire ici, vous attribuez implicitement
cette dérive sociale aux hommes. Bien que la nuance entre
attraction pour porno hard et porno tout court soit établi,
j'ai tout de même décidé de vous répondre
vu que les amateurs de gros sexe ne risquent pas de se presser
à votre porte.
« J’aimerais qu’un homme m’explique.
» avez-vous écrit, car « Il est temps de se
demander pourquoi la porno est aussi populaire (...) Autrement
dit, pourquoi certains hommes sont-ils si friands de cette pseudo-intimité
alors qu’aujourd’hui les femmes sont ouvertes à
une vie sexuelle active? J’attends. »
J’estime avoir répondu à cette question dans
ma critique à l’éditorialiste Sylvie Poirier
de Elle Québec dans son "Saines de corps et d'esprit"*.
Tout comme cette femme, vous soulignez des problèmes de
société graves et posez des questions. Je pense,
cependant, que c’est à vous, rédacteurs, chroniqueurs
et journalistes d'y répondre.
Ce n’est pas aux hommes spécifiquement qu’il
faut poser la question, mais aux femmes aussi. Vous l’avez
écrit vous-même : « La majorité n’a
pas grand-chose à dire contre la porno. » Je rajouterai
: qu’elle y contribue même! En outre, la majorité,
c'est les femmes autant que les hommes. Où vous êtes-vous
procurée ces « films dits pour adultes » que
vous avez «visionné dans une chambre d’hôtel
d’une chaîne haut de gamme. » ? Soit à
l’hôtel soit dans un club vidéo qu’on
retrouve pratiquement à chaque coin de rue.
Personnellement, je comprends très bien « ce qui
excite un homme dans une scène où une pseudo-adolescente
à lulus se fait traiter de pute, de salope, de chienne,
pendant que trois hommes pénètrent simultanément
son vagin, son anus et sa gorge, allant jusqu’à l’étouffer,
avant d’éjaculer à l’unisson dans sa
bouche », c’est sa déformation démoniaque
du désir érotique, certainement de nature congénitale.
Cet homme est malade, pour user d'un euphémisme, mais vous
en faites un bouc émissaire.
Par contre, ce que je m’explique mal, c’est la raison
pour laquelle notre société soit si « active
» dans la promulgation de ces débauches libidineuses
? Que le sexe orgiaque soit en train de devenir un phénomène
de société approuvé ? (s'il ne l'est pas
déjà!)
En deux mots, Madame Ravary, et vous me pardonnerez cette franchise,
c'est vous et tous les leaders de l'information qu'on devrait
mettre sur la sellette. C'est vous, selon mon opinion, qui portez
la responsabilité de cette décadence populaire;
vous qui éduquez la "majorité"; vous qui
ne soulevez pas les bonnes questions, par cette hantise du jugement
qu'il ne faut pas poser, du politically correct, j'imagine.
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