Cliquez
ici pour fermer la banière --->
«Destination sacrée.»
Lettre ouverte à Jean-Paul Fillion
![]() Extrait : «L'horreur, à son comble, fait
un strip-tease dégouttant. Elle a même
|
Mais avant, je vous propose la lecture d’un texte, et vous excuserez ici ma démarche pittoresque mais elle nous évitera, je l’espère, du moins, de me percevoir comme un individu mal intentionné qui cherche à tout prix à vous refiler de l'eczéma; j’essaye de ménager les effets parce que je trouve qu’il y a du bon dans votre livre, du bon sentimental, toutefois, mais qui démontre une aspiration, aussi naïve soit-elle, à une condition idéale de la nature de l’homme. Ainsi, vous réaliserez, en lisant ce texte, que ma préoccupation n'est pas nouvelle et que je fais partie d'une "race" d’individus en voie d'extinction. En effet, je considère au plus profond de moi que la perception que se font les gens de votre trempe sur ce phénomène lié à la compassion -en général- est comme un baromètre de votre état spirituelle et celle de la société, puisque vous en êtes un maître. Alors, voici le texte en question, «Ne faites pas cela à vos enfants! », puis je fais mes devoirs et je vous reviens. |
M. Fillion, ce genre de texte, auquel votre exergue fait allusion, c'est-à-dire les «conflits armés majeurs», ne m'attirent pas particulièrement. C'est que l'attitude des Français et des Québécois par rapport aux guerres est si prévisible qu’il en devient une rengaine plaintive et monotone, sans aucun traitement psychologique et réaliste de «la folie en cavale». Mais la prose aidant, car vous avez une écriture poétique agréable, votre texte répondait aussi à une interrogation que je venais de poser publiquement, sur des forums virtuels, il n'y a pas longtemps, au sujet de Katrina, l'ouragan qui a détruit la Nouvelle Orléans: pourquoi personne, entre autres parmi les poètes, n'usent de cet art, comme vous le faites si bien et à propos, pour tenter d’exorciser la confusion provoquée par cette réalité catastrophique? D'un côté la tragédie de la mort en masse et de l'autre, simultanément, les célébrations de la vie! «Le faiseur de poésie, écrivez-vous, a le pouvoir de capter des réalités et le don de les modeler pour les offrir au monde.» C'est ce que je crois aussi. Car à quoi serviraient les poètes si de telles préoccupations dramatiques n'étaient laissées qu'aux chasseurs de nouvelles vendus à l'audimat? Puisque, dorénavant, l'équation ‘‘journalisme = intérêts financiers’’ est devenue une formule univoque. Plus loin, dans votre livre, vous apostrophez vos auditeurs: «Vous tous, plus familiers que moi avec cette chose qu'on appelle essai, lorsque j'ai eu à vous quémander un peu d'éclairage, avez-vous su me donner une réponse convainquante?» Non, au contraire, répondrais-je. Tous, pratiquement tous, m'ont regardé, «en clignant de l'œil», comme si j'étais un bar-bar, pour avoir osé affirmer que le roi est nu! Et vous savez pourquoi? Lise bombardier a une partie de la réponse : «Il y a un conformisme qui ne dit pas son nom et qui est une version laïque de la société de l'unanimité du temps de l'eau bénite.» Une réalité à couper au couteau. Contrairement
à ce que l'on pourrait croire, les partenaires les plus proches des ‘‘trois
grandes’’ religions monothéistes ne sont pas les autres confessions
à visée divine, qu’ils haïssent, mais l'athéisme,
et c’est pour cela d'ailleurs que le bouddhisme fait bien l'affaire, qu’il
est si en vogue; leur concept du néant est tout à fait pour plaire
aux occidentaux de souches spirituelles judaïques, car comme pour eux la
transcendance est purement impersonnelle et nihiliste. Suite,
page 2 |