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Une journée à Montréal
Éternité de l’Égypte et de l’âme. . . Homosexualité chez les animaux Aristote. « Musulmane mais libre ». L’ignorance culturelle. Qu’est-ce que la porno? |
Descendions en ville et parlais à ma femme, pendant qu’elle conduisait, d’Éros omniprésent. Arrivé à «un concept aristotélicien» sous lequel vit l’Occident, elle s’est tournée vers moi s'exclamant : «Pas tôt comme ça !» avec sa mine souriante de femme empressée à s'envoyer une belle journée en perspective. Rencontré, par hasard, à la sortie d’un ascenseur, au musée des beaux-arts, son "endoctrinologue" qui est un passionné d'art, en l'occurrence d'art égyptien, de la culture peut-être aussi, ce que je n’ai jamais réussi à déterminer. Mais passionné d’histoire, de psychologie et de littérature française. Avec lui je discute parfois d’Arthur Koestler, Stéphan Zweig, c’est un admirateur de Primo Lévi, il apprend même l’italien pour le lire dans le texte et c’est lui qui m’a recommandé son livre "Les tables périodiques" (et qu'il me plaît de mentionner spécialement et spécifiquement en ces jours de commémoration des Camps de la Mort. C’est aussi mon médecin, mais surtout celui de ma femme. C’est un juif de la diaspora (comment pourrait-il en être autrement?) Mais plutôt athée sur les bords. Un jour, ma femme est revenue de son bureau avec une boîte de chocolat. Je ne savais pas comment le prendre. Alors j’ai mangé tout le chocolat, aux cherries, pendant qu’elle conduisait. Qu’est ce qu’un juif ? Des gens compliqués, peut-être, sûr même, mais il se trouve que ceux que je connais se passionnent facilement pour les belles femmes. Ça me tape sur les nerfs par moments. Nous avons du bon temps tous les trois (mis à part la fixation qu’il faisait sur ma femme lorsqu'il répondait à mes interrogations ou qu’il expliquait ses explications.) C’est un homme cultivé et agréable. Ces forces tranquilles! Il élude soigneusement les questions dérangeantes. «L'Égypte éternelle» est une collection d'œuvres provenant du British Museum. Personnellement, l'art royal égyptien ne vient pas me chercher plus qu’il ne faut. J'attire l'attention de mon hôte sur une explication étrange peinte sur le mur et concluant ainsi: «Ces stèles étaient parfois également disposées dans les temples, afin d'assurer au défunt une éternité passée au service des dieux.» Pourquoi joue-t-on toujours ainsi sur les mots? D'abord ce titre «L'Égypte éternelle»! D'où leur est venue cette idée d'Égypte éternelle? 5000 ans, 10 000 ans, je leur accorde, c'est long, ce n'est pas éternel pour autant. Mais bon! Par contre, comment peuvent-ils entretenir l'ambiguïté sur l'éternité du défunt, à moins que ce ne soit de l'ignorance : les Égyptiens ne croyaient pas en l'âme éternelle à ce que je sache! (Outre la confusion du sujet, l'âme, par définition est éternelle.) L’explication la plus simple est qu’il s’agit de traduction, d’anglais en français. Mais ce n’est pas le cas. Le texte en anglais répète cette singularité, que l'on retrouve trop souvent ici et là au musée. Par contre, si l’on se rend dans l’ancien bâtiment du musée, dans la petite salle à gauche jouxtant l’entrée principale, il y a une belle exposition d’objets anciens, corollaire de L’Égypte Éternelle ; là, dans l’explication concernant la mosaïque sur le mur, on y lit une faute monumentale. L’œuvre en question provient d’une période datant de l’ère chrétienne, comme l’indique clairement la note en anglais, mais en français cette même date, en parenthèse, nous renvoie à une époque avant J-C ! Si l’agencement des œuvres d’art est monté de façon aussi désinvolte que cette explication, il y a matière à réflexion. Pour enfoncer le clou, dans l’ancien bâtiment du musée, de l'autre côté de la rue Sherbrooke, il y a petite salle, à gauche en entrant, où se tient une belle et récente exposition d’objets anciens, corollaire de L’Égypte Éternelle, je suppose. Dans l’explication concernant une mosaïque sur le mur, une faute monumentale est imprimée, sans déranger personne, semble-t-il, puisqu'elle s'étale-là depuis quelques temps déjà, une distraite erreur de traduction, faut croire. L’œuvre en question provient d’une période datant de l’ère chrétienne, comme l’indique clairement la note en anglais, mais en français cette même date nous renvoie à une époque avant J-C ! Si l’agencement des œuvres d’art est monté de façon aussi désinvolte que cette explication, il y a matière à réflexion et l'on me pardonnera ces commentaires. Qu’est ce qu’un juif ? disais-je. C’est avant tout quelqu’un qui a de l’esprit juif. Par conséquent, l’Égypte compte beaucoup pour eux (Moïse et toute l’histoire.) Même s'ils n'ont rien à voir, pour la majorité, avec des origines sémites mais plutôt européennes, les Ashkénazes ; ils sont venus à la religion juive par conversion et forment la véritable masse de la réalité ‘juive’. C’est dans l’après-midi que nous nous sommes rendus à la bibliothèque du Plateau-Mont-Royal et que nous avons vu l’exposition d’une lesbienne, Rebecca Anweiler de Kingston, tout à fait par hasard aussi ; (comme disait l'autre: « pas de bol A... pour toujours tomber, littéralement, sur des trous de cul!») Non, j’ai eu de la chance, j’ai parlé à cette artiste. Elle était joyeusement étonnée en apprenant que nous étions arrivés là sans être au courant du vernissage. Un vernissage consistant en éléments ostentatoirement pornographiques. Elle a dit, dans son accent anglais : «synchronicité.» Mais au départ, alors que je m’engagais dans la salle, suivi de ma femme, réalisant aussitôt de quoi il s'agissait, je me plaçai devant une œuvre au mur et contemplai. Puis je jetai furtivement un oeil sur les autres murs et pris acte de la formation et de la disposition de l'exposition. Je revins ensuite aux tableaux devant moi. Ma femme : «C’est ce que tu disais ce matin.»
«C’est vrai, lui dis-je, face aux peintures, l’érotisme est partout. » Devant nous, il y a un ensemble de cinq ou six toiles au milieu desquelles la centrale est toute recouverte d’un rouge sang. Sous le rouge on voit, en gros plan, un vagin de femme, ouvert comme un fruit mur. En relation avec la nature, les autres toiles. Mon intérêt s’éveille. Je fais le tour de la salle, pas très grande, pour constater le même pattern avec, au centre, une scène allant jusqu’à la porno. (D’ailleurs, l’artiste confirmera qu’elle a bien pris les modèles dans des magazines pornos underground ou hard mais qu’elle en a choisi parmi les exemples les moins extrêmes.) Et je reviens me placer de nouveau au premier endroit. Reste à trouver qui est l’auteur de l’exposition. Sur le côté, je remarque une table avec des bougies et du vin, du monde, un peu partout. C’est un vernissage. J’aperçois un enfant de douze ans environ, assis là, bien sagement, et qui nous observe, ma femme et moi. Je me dirige vers l‘accueil repérant ce dont j’ai besoin, le curriculum de l’artiste. Peintre à plein temps, ses œuvres font partie de nombreuses collections privées et publiques. Elle écrit : «En tant que lesbienne, je suis intéressée par l’introspection entre l’étude du monde naturel et le développement des connaissances relatives à la sexualité. Des recherches récentes mettent en cause la théorie de l’évolution en démontrant que la sexualité animale n’est pas toujours reliée à des stratégies de reproduction hétérosexuelles. Les comportements homosexuels font partie du répertoire des activités sexuelles de nombreuses espèces parfois motivées uniquement par la recherche du plaisir. [---] L’exclusion de toute référence à l’homosexualité pendant les années où furent appliquées le code Hayes à Hollywood au cours des années 30 jusqu’à la fin des années 60 peut être mise en relation avec la suppression des recherches qui auraient révélé la diversité de la sexualité animale.» Ça alors ! Je regarde ma femme qui est toute ravie de si merveilleuses découvertes baignant dans une féerie de couleurs et de formes organiques et sensuelles. J’ai envie de m’exclamer : c’est ta vie ! (C’est la vie de chacun.) Maintenant je cherche un contact personnel. Et pourquoi pas l’artiste lui-même, puisque c’est un vernissage. Après un instant, elle se libère et je peux lui parler : Est-ce que dans la nature l’homosexualité est très présente et comment précisément se manifeste-t-elle ? Sur les tableaux on voit des dauphins, des girafes, un oiseau-mouche inspectant une fleur tout épanouie. Je lui mentionne Irshad Manji, qu’elle ne connaît pas (je suis étonné). De souche indienne, Manji vit à présent à Toronto et a publié un livre «Musulmane mais libre?» devenu best-seller et traduit en quinze langues. On parle encore de religion musulmane, brièvement. De la violence des moyens pour empêcher l’autre de s’exprimer. Que dire de s’affirmer? Elle est inculte en ce domaine, musulman, évidemment, comme le sont la plupart de ses contemporains. Si le 11 septembre n’avait pas eu lieu, je crois que l’Occident en serait encore à la vision des croisades du Moyen-âge, fausse par ailleurs. «Mais pourquoi ce besoin d’exprimer la violence du sexe, la pornographie, qu’est-ce donc qui motive ainsi votre besoin de toujours exalter le sexe et ses parties génitales par la transgression d’images aussi crues? Regardez !» Je lui désigne l’objet : «Ce rouge, au centre ! Cette passion du sexe qui s’extériorise sans limite. . . Cette trituration obsédante des glandes, de la glaire et du sperme. . . » Elle sourie en me regardant dans les yeux et en mimant de son corps de femme au physique masculin le mouvement de mes paroles suggestives. Tout est Éros, non? Particulièrement quand on est homosexuel. Mais elle me répond : « Moi-même j’ai été surprise du résultat.» Elle ne pensait pas que cela sortirait si rouge ! Elle n’en revient pas qu’on soit là, ma femme et moi, par hasard : mais vous ne saviez pas ? Comment êtes-vous arrivés ? La bibliothèque, madame ! Dès l’entrée, la Maison de la culture, nous fait face avec ses grandes portes ouvertes. De là, avec de bons yeux, on aperçoit la nouvelle exposition, toute illuminée. Je parlais, plus haut, de cet ado, presque enfant encore, qui m’observait pendant que moi-aussi j’observais les visiteurs. Les gens trouvent tout cela tout à fait normal, alors qu’il y a dix ans encore, on ne voyait rien de tel en public. A un couple nonchalant d’âge mûr présent, je demandai si c’était de la porno? L’homme hésita puis répondit que non. Je lui signalai un tableau où une femme passait son doigt dans le vagin d’une autre : «Ce n’est pas de la porno pour vous ça?» Effectivement, reconnut-il. Sa femme intervint: «Mais qu’est-ce que la porno?» et répondit à sa propre question, comme si cela lui avait échappé : «Ce qui est cochon.» Heu . . . Oui, cochon et violent ! C’est le cas de le dire, en plus d’être une agression, de ce qui devrait se limiter à une intimité sexuelle, tabou nécessaire des passions débridées ou anormales, en démonstration publique, pornographique. Parenthèse : Quand j’écris ‘anormales’, je devrais aussi mentionner cette hantise qu’ont les gens anormaux de se sentir perçus comme différents au lieu d’assumer leur différence pour une harmonie de la diversité qui se trouve être le juste reflet de la vie variée et infinie, que dire d’humaine. Mais ils préfèrent unifier, égaliser, normaliser! C’est comme ça qu’ils se sentent bien. -Vous avez l’esprit grégaire, ai-je écrit dans Heavy metal**. Mais pour ce couple, cela semblait ‘normal’. Ca rentrait dans l’ordre des choses. Il n’y avait la rien de fâcheux ni qui portât à des conséquences néfastes. Ne sommes-nous pas assez grands et civilisés pour gérer ces conflits? Ne soyons donc pas naïf ! Mme Anweiller, vous avez atteint l’art de choquer en apprivoisant les regards. Les artistes comme vous sont les grands gagnants de cette mutation tous azimuts de la culture. Mais au-delà de ces considérations négatives, je vous ai trouvé sympathique. «Ma femme et moi avons eu le plaisir de vous connaître Mme Rebecca Anweiller.» C’est elle qui se sent reconnaissante d’avoir reçu nos impressions, tient-elle à souligner. *C'est de cette date de 50 ans avant notre ère qu'existe le mot «métaphysique», qui vient simplement de ce qu'Andronicos a placé les écrits qu'Aristote appelle «sur la physique première» à la suite des écrits sur la physique («ta physica»), ce qui donne en grec «méta ta physica» («après les écrits de physique»). J.F. Revel, Histoire de la philosophie occidentale. Mais ce que je voulais souligner surtout c’est que dans la « Métaphysique » d’Aristote, il est dit que toute connaissance doit partir de l’expérience sensible. |
" C'est un bel exemple des décorations |
Figurine d'une déesse nue, les jambes écartées.
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Heavy metal Moi, je suis un Terrien La Terre vous exècre ! Conquistadors ! Vous tous ici Vous haïssez l’amour
! Un homme qui aime les prostitués Vous vivez à l’image
de vos origines Égorgez les vaches ! Sauvages que vous êtes Peuple du mensonge |
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*«Et je trouve qu’il faut aussi rendre grâce à l’ésotérisme
en général d’avoir apporté un élément
de féminisation du divin. Car les idées ésotériques
de l’âme du monde, de l’immanence du divin ou de ses émanations
sont des archétypes typiquement féminins.» Frédéric
Lenoir