De la culture québécoise
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Radio-Canada, Linda Thalie et le festival gay

 

Condoliza Rice joue du piano.

J'ai entendu, d'une oreille, des journalistes à la radio nationale canadienne se moquer d'elle parce qu'après une réunion grave et importante au Moyen-Orient où elle s'était rendue, elle s'est isolée du fracas des armes et des colères pour jouer du Chopin! Quelle hypocrisie de leur part de ces journalistes! Quel manque d'humanité! Quelle pauvre appréciation de l'art, la musique dans ce cas! Quelle misérable mentalité!
Pendant que Madame Rice, (une femme noire, devrait-on préciser, pour ceux qui critiquent le sens de l'égalité chez les américains) se rend dans la gueule du loup pour essayer de s'entendre sur un cessez-le-feu, eux commentent les terribles actualités en regardant la TV et zappant les émissions entre les cris des blessés, ce qu'ils adorent user ensuite comme témoignage, et les résultats du football dont le dernier but du match les a fait bondir de joie de leur fauteuil. Puis, ils prennent le micro et font des gorges chaudes de Condoliza Rice en train de jouer du piano!?!

En fait, c'est de Linda Thalie, cette charmante algéroise, dont je voulais vous parler, avec empressement. On verra ce que Dieu nous réserve.

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Radio-Canada en différé

Mais avant Thalie, encore un autre exemple de stupidités que l'on peut écouter à la radio. C'est ma femme qui me raconte cette anecdote.
Trois journalistes commentent une image: un père tient dans ses bras son fils mort, couvert de sang, et semble crier son indicible douleur au reste du monde. L'un des journalistes s'exclame: «Quand je vois une scène pareille, je comprends très bien ce que ressentent ces gens-là. Si j'étais à leur place, j'aurais aussi envie de me plaquer une ceinture autour de la taille et d'aller me faire sauter. . .» Les autres ont acquiescé, précise ma femme.

Je ne pourrais pas dire si ce journaliste signifiait par-là «sauter» sur une place de marché ou dans un bus bondé de civils, mais à savoir comment les kamikazes musulmans s'y prennent, on peut imaginer que c'est bien de cela qu'il parlait. Il rejoint de ce fait un penchant de la tradition sartrienne pour ce type de révolte sanglante*, ce qui, aux oreilles de beaucoup beaucoup (sic) de monde, fait mieux passer la pilule. Les autres, comme c'est la radio qui émet ces déclarations -graves et sérieuses-, et bien malgré le café fort, ils le prennent sans filtre. D'autant plus que l'auditoire adore les scénarios d'épouvante. Faite tomber des bombes sur une ville et vous êtes assurés que l'audimat monte en flèche. Quand c'est fini, ils iront louer Jack l'éventreur.

En tout cas, le Hesbolla, en déclenchant ces hostilités dont ils clamaient aux médias toujours aux aguets de nouvelles torrides, leurs intentions soigneusement planifiées, ce Hesbolla, dis-je, a réussi son pari; une grande partie des journalistes sympathisent à leur cause et les populations n'y voient que du feu -celui craché par Israël. Ce pays de juifs qui, dans l'imaginaire collectif, sont assoiffés de sang et d'argent! Tout le monde vous le dira.

Bon, c'est ce matin que j'ai entendu Linda Tali à la Radio. Elle était magnifique. Mieux que Dimanche, quand je lui ai posé quelques questions. En commençant par son prénom, Linda. Elle n'est pas bête cette jeune fille. Puis elle est jolie. Ça joue tellement, la beauté. Surtout quand elle fait pendant à l'intelligence.

Il n'y a plus d'excuses, il faudra que j'accouche à son sujet. Alors, à plus tard...

 



En effet, comme chaque année,
je participe au festival de la fierté gay.
Pas à la parade que je trouve d'un ridicule sans bornes.


 

 

Linda Thalie et le festival gay

Bon, je vous le dis tout de go, Linda Thalie est un prétexte. Non, ce n'est pas vrai. Mais ce qui aurait pu être un fait banal revêt dans la situation présente une importance significative.

Lorsque je suis arrivé en ville, la fête battait son plein. Les gays, en tant que tels, m'intéressent moindrement. Je suis un gars qui n'aime pas les environnements problématiques; celui des gays l'est. Le sexe est toujours problématique. Le festival et sa parade en sont l'expression typique. C'est l'épanchement de la culture sexuelle à gogo. Il n'y a que là où l'on voit des choses pareilles. Alors, je prends des notes, des photos, j'observe et j'interroge. Faut dire, comme me le fait remarquer souvent ma femme, qu'ils sont sympa. Toujours très respectueux envers elle. Aucune violence dans ces lieux malgré le grand nombre de participants. C'est pour cela qu'elle m'entraîne dans les discothèques du Village, le havre des homosexuels. Elle trouve cela répugnant, les hommes, lorsqu'ils ont bu et veulent faire du charme ou de l'esprit, ce qui est une constance chez les hétéros. Dans tout ça, moi, j'y trouve mon compte. Étrangement, je ne suis jamais incommodé par leur concupiscence qui n'est jamais dirigé vers moi. Par contre, qu'est-ce que j'en ai souffert de cela dans ma jeunesse, surtout en Algérie où pratiquement tous les aînés finissaient par s'y essayer. . .

Le sexe est toujours problématique. Le festival et sa parade en sont l'expression typique. C'est l'épanchement de la culture sexuelle à gogo.

ma femme en train de danser

Mais nous, ce qu'on aime, ma femme et moi,
c'est leur musique : la transe. Quoique celle-ci dégénère
à nouveau vers la techno-house, style Tiesto, pour faire court,
et nous sabote le plaisir. Mais chez eux, on n'est pas en reste:
on dance à l'envi comme des fous.


 

Arrivés en ville, donc, sur le périmètre du festival, une musique de chez moi aux sons enjoués et familiers me parvint aux oreilles. Ma femme, qui est au faîte de ces choses-là, m'expliqua que Linda Thalie était en train de se produire. «Linda? Quel prénom pour une algérienne, c'est drôle.» J'ai hâté le pas et j'ai vu cette artiste chanter et danser avec une passion féérique. Malheureusement, c'était déjà la dernière pièce. J'étais content de la voir à ce festival des homosexuels. C'est un signe. La jeunesse algérienne est prête à un changement, pensais-je; elle est prête à accepter la réalité et à cohabiter avec elle, au plus grand bonheur de ces millions d'algériens (et algériennes, s'entend), maghrébins, qui vivent dans le musulmane (lesbienne?) durant le festival gayplacard de peur de se faire insulter ou battre à mort par leurs frères et sœurs, par leur père, ou leurs employeurs s'ils venaient à découvrir leur condition.Voyez ce qu'il se passe en Iran et vous comprendrez le drame d'être gay dans ces pays! L'Algérie n'est pas l'Iran vous me direz, mais ça a failli!

Et je rajouterai qu'il faut être naïf pour croire que le danger islamiste et la corruption étatique sont des choses du passé. Comme aurait dit feu Mohamad Bourdiaf, ex-président de l'Algérie, assassiné durant ses fonctions, la démocratie n'est pas une mise en scène. Tant que les algériens (c'est moi qui parle maintenant) ne comprendront pas que la religion ne doit pas être un impératif de la société mais seulement une de ses particularités non essentielles au développements spirituel et matériel du pays, ils ne se sortiront pas du brouillard dans lequel ils vivent cahin-caha depuis des décennies. J'irai même plus loin: vu les circonstances, ils devraient s'opposaient à cette intempestive visibilité religieuse aux racines totalitaires, intolérantes, haineuses, et j'en passe.

Bien qu'en plein après-midi, la représentation de Linda Thalie avait attiré beaucoup de monde. Mais des algériens, je n'en ai pas vu beaucoup, quelques connaissances à elle peut-être, bien peu cependant pour cette prestation. Pensez-donc, une algérienne se produit à un festival à Montréal, quelle fierté pour moi, pour les algériens!

Linda Thalie, dansantL'Amérique (du Nord) se réjouissait à écouter de la musique de mon pays, par une artiste de chez moi! N'était-ce pas merveilleux! L'Amérique pouvait se rendre compte qu'il n'y avait pas seulement des gardiens de moutons et des terroristes dans mon pays.

Bref, les maghrébins ne se pressaient pas au portail. Puis, juste avant de partir, je l'ai aperçue et j'ai pu lui poser vite-fait mes questions. «Pourquoi ce nom: Linda?» Là, elle est à l'aise, ça se voit. Elle m'explique que c'est un nom d'origine espagnol qui signifie "belle", ce qui lui va à merveille. Je suis rassuré sur l'intégrité de sa personnalité. Je passe aux questions plus "hard". «Linda, tu comprends bien l'implication que représente un spectacle pour un événement promouvant l'homosexualité?» J'avais remarqué, auparavant, une femme qui lui parlait, une marocaine, à qui j'ai aussi posé ce genre de question, mais elle avait évité obstinément d'y répondre.

"Mais, visiblement, elle ne voulait pas s'exprimer sur la question homosexuelle, même en plein festival gay".

 

Je n'ai pas insisté. Je sens qu'elle ne veut pas s'engager non plus sur cette voie; elle me lâche tout de même, avec une conviction certaine, que c'est pour une bonne cause: «La diversité et la compréhension». Et pour ce qui est des algériens qui se distinguaient par leur absence, elle s'exclama souriante et coquine: «Mais il y en avait quelques-uns!»

J'aurais beaucoup aimé qu'elle s'exprime sur le sujet de l'homosexualité par rapport à l'esprit algérien. Elle venait d'y faire une tournée "succesfool" et elle jurait que la société, à Alger du moins, commençait à se remettre de la torpeur où la guerre civile l'avait plongée. Mais, visiblement, elle ne voulait pas s'exprimer sur la question homosexuelle, même en plein festival gay. Sujet trop brûlant encore. On risque, comme Icare, d'y laisser ses plumes. Au début d'une carrière qui s'annoncent -selon certains critique du bled- à l'égale des Top-vedettes, au pays on l'a classe troisième après Madona et U2, c'est quelque chose, tout de même! Elle ne va pas gâcher son glorieux futur en faisant du zèle pour une minorité à la visibilité aussi vulgaire. . .

Le soir même, un DJ venu d'Israël, gay, lui, et tout jeune, a fait danser la foule sous des mélodies transe-house. Very good!

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Quand la vérité devient
Un point de vue
Un parti pris
Ou le revers de la médaille

Quand la beauté se mesure
À l’aune de la raison
Et à l’esthétique de la courbe

Quand l’amour se fourvoie
Dans le flux d’émotions débridées

Quand les explications ne servent à rien
Ou se ponctuent d’interrogations

Et que même l’extase
Se dérobe sous la confusion

L’heure est à la musique.

Alors que j’écrivais ces lignes, je suis tombé, tout à fait par hasard, sur un site d’homosexuels d’Afrique du Nord !?! Inutile de vous dire que j’en ai été étonné. La première des choses qui m’a frappé, c’est le caractère sexuel qui ressort des images que j’ai vues. Sinon, je ne me suis pas attardé sur le site. Je trouve tout de même que cette fenêtre virtuelle sur le monde maghrébin des homosexuels est une grande première, en tout cas pour moi, et d’un intérêt sociologique et humain capital. Voici donc les premières lignes de la page d’accueil que je vous recopie ainsi que le url de leur site:

KELMAGHREB est fait par des gays Maghrébins, pour les gays du Maghreb ou ceux qui s'intéressent à la vie gay de l'autre coté de la Méditerranée. Du côté où selon nos officiels, l'homosexualité n'est pas censée exister. Faisant ainsi abstraction de toute notre histoire, notre culture et notre passé.

Qu'on l'admette ou pas, aujourd'hui, il existe une vie gay un peu partout au Maghreb. Avec ses codes, ses rites, ses habitudes, ses endroits, ses craintes, ses interrogations et ses revendications.

La situation aujourd'hui dans le Maghreb, le statut de l'homosexualité ici, font qu'il est quasiment impossible qu'un journal ou un magazine gay y voit le jour.

KELMAGHREB se propose de combler ce vide. Un magazine gay maghrébin online.

Gays maghrébins, ces pages sont les vôtres. Faites les vivres!
Vos remarques, vos suggestions, vos contributions sont plus que les bienvenues.

http://www.kelma.org/PAGES/KELMAGHREB/KELMAGHREB.html

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