Diabolo et ses amis ont créé le trimestriel Ouvrez-les-Yeux!, pour vous parler des sdf et des citoyens en situation précaire.
dernière mise à jour: 29 juillet 2006 LOGO Ouvrez les Yeux n°1   hiver 2003/2004
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 Le creux de la vague
J'étais heureux, oh combien! J'habitais un "beau" studio vraiment; pratique, avec des placards en nombre, bien conçus:,'
J'avais mon amie depuis sept ans. Cela faisait deux mois qu'elle m'avait trouvé un travail dans le Brabant wallon. Nous ne nous voyions plus que le week-end, du vendredi après-midi au lundi matin.
Elle venait chez moi me rejoindre. Toutes ses affaires étaient là, nous avions habité si longtemps ensemble, elle avait sa clé.
Quels week-ends de bonheur, de retrouvailles chaque fois.
Aimer une femme à ce point, c'est la retrouver chaque fois comme si c'était la première fois!
Que nous nous aimions alors!
Je lui téléphonais deux fois par semaine pour prendre de ses nouvelles.


C'était dans la station de métro Madou. A cette époque, au printemps 2002, je n'avais pas encore de
Gsm, encore trop cher, pas bon marché comme aujourd'hui.
Et c'est alors que le malheur arriva. Un mercredi midi, elle ne répond pas à mon appel, elle qui sautait sur le téléphone!
Intrigué, je rappelle dans l'après midi, puis le soir;  pas de réponse. Cette fois sérieusement inquiet,
j'appelle son amie Nicole qui m'apprend sa mort !
Elle était tombée évanouie au milieu de la

matin, en plein travail...
dans le coma ! Le médecin  diagnostique une rupture d'anévrisme, une sorte d'hémorragie cérébrale, elle expirait  dans l'ampulance.
N'ayant pas de téléphone, Nicole n'a pas su me joindre.
Georgina n'est plus ! Mon calvaire a alors commencé. Elle était veuve sans enfant, ses parents décédés, pas de famille, que moi! Elle n'avait que 53 ans!
 Je passe rapidement  sur l'enterrement et le crématoire d'   [...]
voilà seul ! Et toutes ses affaires qui sont chez moi, chez nous! Je contacte l'Armée du Salut à qui j'ai l'intention de tout donner.
Un rendez-vous est pris pour le lendemain, j'emballe toutes ses affaires dans des cartons pris chez l'épicier. Je note tout sur les cartons, j'emballe, en pleurant. Je ne vois plus clair, tout sent son parfum...
   Cette fois, je suis vraiment seul, qu'est ce qu'il y a comme place dans les armoires! Je ne dors plus, je ne pleure plus, je suis dans un état second! Je sors; je vais boire un pot, je ne sais pas rester seul dans le studio...

Mon médecin me donne un anti-dépresseur léger pour ne plus avoir de nuits blanches! Boris Vian a écrit : «Le souvenir des jours heureux est le cauchemar de mes nuits blanches».
Je bois de plus en plus; je suis un très bon client' dans tous les établissements du quartier!
Je dépense tout! Je m'en fous de tout! Je ne songe plus au loyer, maintenant qu'il n'y a plus qu'un revenu!
La maison où j'habite, se vend. Je savais qu'elle était mise en vente depuis un an. Je reçois un matin le nouveau propriétaire: les contrats sont reconduits. J'ai la gueule de bois et plus un balle! Je dois signer le nouveau bail avec augmentation du loyer! Je ne signe pas, je refuse de signer, je suis prié de libérer les lieux! J'ai déjà un mois de loyer de retard, alors!
Ça y est! Je suis à la rue. Mes affaires sont dans une cave de l'immeuble, le nouveau proprio est d'accord: il a déjà un nouveau locataire, un ami à lui.
    Je vais manger au Poverello, on me fait crédit pour un mois. C'est un restaurant social, à 1 euro le repas. Je me renseigne, je dormirai à l'abri de nuit.
Il est 17 heures, le Poverello est fermé... Je traîne, je ne sais que faire jusqu'à 20 heures~  jusqu'à. l'ouverture de Pierre d'Angle, pour dormir !
Ma vie de galère commence! Je suis SDF pour la première fois... à 64 ans!

CLAUDIUS
(à suivre)






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