Pour ceux qui arrivent aux réceptions Mon amie que j'aime Même si je sais que je ne te manque pas Comme ce serait facile pour cette mouche
pour ceux qui savent avec amertume
que de la femme qu'ils aiment il ne leur reste
qu'un clou planté au milieu du dos
et quelque chose de mince et d'âcre, comme l'odeur
qui reste sur l'envers d'un gant oublié;
pour ceux qui ont été invités
une fois; ceux qui ont enfilé
le moins usé de leurs deux costumes
et sont arrivés à temps; et face à
une porte,
longtemps aprés que tout le monde eut pénétré,
ont su qu'il n'aurait pas lieu,
le rendez-vous, et sont rentrés en se méprisant;
pour ceux qui regardent depuis l'extérieur,
la nuit tombée, les maisons éclairées,
et voudraient parfois être à l'intérieur
:
partager avec quelqu'un la table et le lit
ou vivre avec des enfants heureux;
et puis ils comprennent qu'il faut
faire autre chose, et qu'il vaut
bien mieux souffir que d'être vaincu;
pour ceux qui veulent déplacer le monde
avec leur coeur solitaire,
ceux qui dans les rues s'épuisent
à marcher, vides de pensées;
pour ceux qui écrasent leurs échecs et
continuent;
pour ceux qui souffrent consciemment
parce qu'ils ne connaîtront pas la consolation,
ceux qui n'auront pas, ceux qui peuvent m'écouter;
pour ceux qui sont armés, j'écris.
Si ta beauté a été
la clé de l'amour, si ta beauté
avec l'amour m'a donné
la certitude du bonheur,
m'a permis ta présence sans douleur, et les envolées,
reste belle, jeune toujours.
Je ne veux même pas penser
à la solitude de mon coeur mendiant,
si la pernicieuse, la néfaste vieillesse
s'acharnait sur toi,
mordait ta peau, déchaussait
tes dents, et défaisait
la musique que tu fais en bougeant,
Maintiens-moi toujours dans la félicité
des tes dents égales, de tes yeux,
de tes parfums,
des étreintes que tu m'accordes
quand tu es restée seule avec moi
toute nue, dans les ombres,
sans autre lumiére que la tienne,
parce que ton corps éclaire quand tu aimes,
toi qui es plus tendre que les petites fleurs
avec lesquelles il m'arrive de te décorer.
Garde-moi dans la joie de regarder
le rythme de tes allées et venues quand tu marches
et, quand tu marches, à te bercer
comme si tu revenais de la fontaine
avec une jarre d'eau sur l'épaule.
Et quand je deviendrai vieux,
et gras, et chauve, ne t'apitoie pas
devant mes yeux enflés, devant mes fausses
dents, des poils blancs qui me sortiront
du nez. Éloigne-moi,
ne prends pas pitié, envoie-moi en exil, je t'en
supplie;
belle alors, jeune comme maintenant,
ne m'aime pas; souviens-toi de moi
comme j'étais quand je te chantais, quand j'étais
ta voix et ton bouclier,
et que tu étais seule, et ma main t'a servie.
J'ai déjà été malheureux quand
tu étais ici, et au moment
où tu t'en vas, je deviens malheureux.
Le seul avantage qu'il pourrait y avoir à être
aveugle
est peut-être de ne pas pouvoir te regarder.
J'ai déjà l'espérance
de mourir sans remords, et je te le dis
puisqu'enfin je te connais;
car si j'ai beaucoup demandé,
j'ai pu amplement payer
le peu de choses qui m'ont été données.
Plus tu te comportes mal,
plus je suis amoureux de toi, et parce que je m'attends
à moins, je me lance des injures et tu en profites.
Il fallait qu'il en soit ainsi : je t'ai tellement
poursuivie que tu m'as détesté;
je ne t'ai laissé que des peines.
Des raclures de jalousie, des doutes
qui n'ont pas caché la certitude
de tout ce qui me désolait en toi.
Toi, comme si de rien n'était, tu te divertis;
mais il faut que tu t'attristes :
si tout le monde doit savoir que je brûle,
personne ne saura que c'est de tes flammes.
Pars pour de vrai; oublie
l'affreux numéro de ce téléphone,
l'adresse que tu n'as jamais apprise,
ce coeur si égaré.
Tout reste semblable; il n'y a personne
comme toi, heureusement;
mais je ne me suis donné à personne comme
à toi.
Écrit dans l'eau, écrit dans le vent
est resté l'amour éternel. Des ombres.
Je me brûle, et d'une violence encore plus grande
— oh ma mére! — je t'éclaire en m'éteignant.
Je te connais déjà, je suis déjà
obligé
de bien t'aimer et de me mépriser.
Non, ce n'est pas parce que j'ai honte;
oui, c'est parce que je me meurs
sans volonté et sans pénitence.
Et pour toutes les raisons : parce que tu n'as pas voulu
rester, parce que tu m'oublies,
parce que je plonge dans la tristesse, je te
remercie. Et parce que tu marches dans la nuit.
Je l'ai remarquée il y a un bon moment,
quand m'a distrait le bourdonnement
de son vol malhabile.
Depuis ce moment-là que je la regarde,
et tout ce qu'elle fait, c'est s'écraser
les yeux de toutes ses forces
contre la vitre dure qui ne comprend pas.
En vain, je lui ai ouvert la fenêtre
et j'ai tenté de la guider avec ma main:
elle ne sait pas, elle continue de se battre
contre l'air immobile, impossible à traverser.
C'est presqu'avec plaisir que j'ai senti
que je vais mourir; que mes affaires
ne vont pas très bien, mais elles vont ;
et puisque finalement je les oublierai.
Mais ensuite, j'ai tenté de sortir de tout,
me retirer de tout, voir, me connaître,
et je n'y suis pas arrivé; et j'ai appuyé
le front contre la vitre de ma fenêtre.
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