Opinion : Enième tête-à-tête Kabila-Kagame
De Durban on apprend qu'un tête-à-tête est prévu en marge du sommet de l'O.U.A. entre le Congolais Joseph Kabila et le Rwandais Paul Kagame. Est-il besoin d'épiloguer sur l'objet d'un tel rendez-vous ?
Kinshasa , 08.07.2002 | Politics
Le manque de mesure de ses plénipotentiaires fait courir à la RDC le risque de consommer à jamais l'état de partition du moment. Tant ceux qui tiennent la pouvoir d'influencer sur le cours des événements s'enlisent dans les contradictions et se prélassent dans les antagonismes qu'avec un peu de volonté on peu évacuer sans peine. D'où cette lancinante question : « les antagonistes congolais vont-ils survivre à l'Organisation de l'unité africaine ? Toujours est-il qu'à la faveur de la dernière grande messe de l'Oua qui s'ouvre ce lundi à Durban, en Afrique du Sud, pour enterrer cette organisation et procéder au lancement de l'Union africaine, les Congolais, plus que tous les autres peuples du continent, sont interpellés et invités à une sorte d'introspection pour s'imposer, à tous les niveaux, une nécessaire et indispensable mutation. Tant est désolante l'image qui fuse des premières 42 années de leur accession à l'indépendance. Faut-il pour autant perdre espoir? Ce serait là une inadmissible démission, une résignation sans cause dans la mesure où l'homme ne peut jamais s'avouer vaincu. Aussi, je viens d'apprendre qu'un tête-à-tête est prévu en marge de la rencontre de Durban entre le congolais Joseph Kabila et le rwandais Paul Kagame. Est-il besoin d'épiloguer sur l'objet l'un tel rendez-vous? Ce qui est certain, ce que j'ai suivi Kikaya Bin Karubi, ministre congolais le la Communication et membre de la délégation de la Rdc au sommet des ministres de l'Oua, qui, en réponse à une question, a annoncé qu'une délégation congolaise, conduite par le ministre à la présidence, Katumba Mwanke, ainsi qu'une délégation rwandaise étaient à pied d'oeuvre pour préparer cette rencontre. Sauf un obstacle de dernière minute, les deux chefs d'Etat devraient se rencontrer en vue de la recherche d'une issue à la crise congolaise qui envenime le climat dans l'ensemble de la sous-région. Dans cette optique, un émissaire du secrétaire général de l'Onu, en la personne du Sénégalais Moustapha Niasse, vient d'effectuer une mission dans la sous-région, où ses rencontres avec les responsables congolais ont gravité autour de trois questions. A savoir ce qu'ils pensent de l'accord global et inclusif, ce qu'ils pensent de l'accord entre Kigali et Kinshasa ainsi que ce qu'ils pensent du délai pour la conclusion d'un accord global et Inclusif. Le fait que cette mission ait été bien accueillie par toutes les parties concernées est de bon augure. Sûrement que M. Moustapha Niasse a fait rapport sur ses différents contacts au secrétaire général de l'Onu qui tiendra les chefs d'Etat de l'Oua au courant de cette démarche ainsi que ses résultats et des projections pour l'avenir. De toute façon, je suis d'avis que la solution passe par Kigali. Il s'agit là de la vision qu'avait sur ce sujet le Sud-Africain Thabo Mbeki et qu'il a éloquemment exprimé dans une récente lettre au président Kabila. Le président sud-africain optait ainsi pour une solution globale et inclusive de la crise congolaise en y intégrant une dimension en rapport avec la sécurité du Rwanda ainsi que le retrait de toutes les troupes étrangères de la Rdc. Cette vision prône la résolution de l'équation posée par les Interahamwe et les autres forces dites négatives. Pour ma part, je ne peux que conseiller à la partie congolaise de mettre la rencontre entre les deux chefs d'Etat à profit pour conduire la Rdc et son peuple à la paix. On a trop tendance à l'oublier : c'est le territoire congolais qui est occupé, c'est le peuple congolais qui souffre. Et non le Rwanda et son peuple. Dans le contexte d'aujourd'hui, c'est Joseph Kabila qui est plus demandeur de la paix que Paul Kagame. C'est pourquoi il doit s'impliquer corps et âme dans la recherche de la paix. Car il y va de son fauteuil, de sa légitimité et du recouvrement de l'intégrité territoriale du pays.
Ne dit-on pas que c'est celui qui conduit l'action qui doit fixer l'horizon. S'il tient à l'aboutissement de son action, il doit être réaliste et éviter tout acte de nature à attiser des brasiers.
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