Le Burundi, c'est comme une belle femme et jusque la, seul le Tutsi a su l'aimer et le cherir et non pas ces milliers des mercenaires sans dignite qui vont, apres le meurtre de leurs voisins, croupir volontairement dans les camps des refugies en Tanzanie juste pour une poignee de haricot que le HCR ne peut garantir... le Burundais, le vrai, c'est celui-la qui garde un peu de dignite et qui parle pour le Burundais et non pas des milliers d'asilants en Europe comme Laurent Nyiongeko qui pensent que les sanctions economiques extermineront les Tutsis du Burundi et edifieront tous les mendiants comme lui-meme et les siens. |
Les 40 ans d'un pays exsangue mais digne
Pour son anniversaire, le Burundi a tenu à montrer l'essentiel : la nation existe, l'Etat n'est pas prêt à se laisser abattre. Il reste toutefois la proie de la violence et traverse une crise économique sans précédent.
COLETTE BRAECKMAN,
envoyée spéciale
BUJUMBURA
Des parachutistes atterrissent souplement devant la tribune d'honneur et arrachent à la foule des cris d'admiration ; la fougue des danseurs ceints de paille fait fondre l'asphalte du boulevard ; les unités d'élite défilent dans un ordre impeccable, avec des soldats hauts de deux mètres suivis par les unités féminines, tout aussi martiales dans leurs uniformes bleus de la gendarmerie.
Auparavant, c'est le peuple entier qui a défilé : boulangers, mécaniciens qui exhibaient une vieille carcasse en train d'être réparée, la Régie des eaux à bord d'un camion chargé de pompes et tuyaux, des associations de quartier, les vieux sages qui n'ont rien perdu de leur autorité et furent longuement applaudis. Il y eut aussi les mouvements de jeunesse, enfants des écoles catholiques et privées... Pour le 40e anniversaire de son indépendance, le Burundi, affaibli par la guerre, exsangue sur le plan économique, a tenu à démontrer l'essentiel : la nation existe, l'État n'est pas prêt à se laisser abattre, démanteler.
D'ailleurs, la tribune d'honneur offrait, au-delà des arrière-pensées, un exemple de cette aspiration à l'unité, puisque s'y retrouvaient, aux côtés du président Buyoya, les présidents (hutus) du Sénat et de l'Assemblée, Domitien Ndayizeye et Jean Minani. Quant à la foule, malgré quelques manifestations d'hostilité à l'accord d'Arusha patronné par Nelson Mandela, elle était plus nombreuse, plus enthousiaste que d'ordinaire. Le Burundi se souvient lui aussi de son histoire et ce n'est pas un hasard si, dans le cortège, le premier groupe évoquait la mémoire du prince Rwagasore, ami de Lumumba, vainqueur des élections et Premier ministre, assassiné en 1961 par un tueur grec proche d'un parti « modéré » financé par la Belgique.
Dans son discours, désireux peut-être de ressouder son peuple autour du passé, le président Buyoya devait évoquer la mémoire du héros national et rappeler que tout fils de roi qu'il était, il a accepté d'être persécuté, emprisonné et même exécuté à cause de sa détermination à libérer ses compatriotes du joug colonial. D'ici peu d'ailleurs, la Belgique risque d'être confrontée à l'exigence de citoyens burundais, qui demanderont officiellement qu'une commission d'enquête parlementaire se penche sur les responsabilités du pouvoir belge dans l'assassinat de Rwagasore, qui détruisit le seul symbole à l'époque de l'unité entre Hutus et Tutsis...
Cependant, c'est moins le passé qui a hanté les orateurs que les hypothèques pesant sur le présent : malgré la signature d'un accord de paix et de partage du pouvoir, la constitution d'une unité militaire de protection des institutions et la présence de 600 soldats sud-africains chargés de protéger les personnalités hutues rentrées d'exil, le Burundi reste la proie de la violence. Chaque semaine des rebelles hutus s'infiltrent depuis la Tanzanie et attaquent les localités du Bujumbura rural où les routes sont toujours aussi dangereuses. Ces groupes sont appuyés par des Hutus rwandais désireux de se servir du Burundi comme d'une plateforme pour attaquer Kigali. L'insécurité, la violence démontrent, si besoin en était, l'inanité d'un accord de paix qui n'est pas accompagné d'un cessez-le-feu, et aussi l'urgence d'une solution régionale, impliquant le Congo mais aussi la Tanzanie, jalouse de la prééminence sud-africaine incarnée par Mandela.
L'insécurité décourage également les éventuels investisseurs et les bailleurs de fonds, et le Burundi traverse une crise économique sans précédent : les enseignants en grève réclament une hausse de salaire de 400 % (un instituteur a 20 dollars par mois), que le gouvernement, privé d'aide étrangère, est incapable de payer.
Les efforts déployés, la solitude, la pauvreté mais aussi la
dignité du Burundi, ignoré de la communauté internationale, ont touché
Louis Michel qui, dans son discours, a tenu des propos simples et
forts : il a blâmé l'absence de cessez-le-feu, condamné la logique de
la guerre (sans toutefois nommer les groupes hutus responsables de la
violence) et ceux qui continuent à hypothéquer les chances de la paix.
Michel, qui estime que le Burundi est mal compris et mal-aimé, s'est
engagé à plaider, auprès de l'Union européenne, pour que l'assistance
internationale puisse enfin atteindre le même niveau que celle
apportée à son « faux jumeau », le Rwanda.
Lire aussi J. Chretien surLes Hutu (pas tous!) vont-ils faire du Burundi le Rwanda de 1994? parceque ces gens n'ont rien dans l'esprit sauf "tuer et saccager"...