Un flibustier nommé Laurens De Graff (1682)


Introduction

En 1682, après avoir été en France rendre compte de son administration, le sieur de Pouancey est de retour à Saint-Domingue. Dans l'une de ses dernières lettres avant sa mort, il présente le fameux Laurens De Graff qui était venu à la côte de Saint-Domingue tout récemment avec une prise espagnole transportant la solde des garnisons de San Juan de Porto Rico et de Santo Domingo (pour des détails sur cette affaire, voir la lettre du Jamaïquain Musgrave). De Graff obtiendra sa première commission de Pouancey contre le dixième du butin fait à bord de cette prise et, sur celle-ci forte de 30 canons et nommée La Françoise, il repartira bientôt en expédition (voir une relation de la prise de la Veracruz). Dans sa lettre, Pouancey mentionne aussi l'arrivée d'un nouveau gouverneur à la Jamaïque (sir Thomas Lynch), lequel, contrairement à ce que le Français croit, n'encouragera nullement les corsaires pendant les deux ans qu'il demeurera en poste. Ce sera d'ailleurs Lynch qui accusera Pouançay d'entretenir des pirates (voir la lettre du premier de novembre 1682).


contribution: Dominika Haraneder.

Le sieur de Pouancey à Monseigneur le marquis de Seigneley [extrait]

À Léogane, 25 septembre 1682.

(...) Pour les corsaires, il n'en est venu aucun d'eux dans les ports depuis que je suis de retour. Ils prennent leurs retraites à la Jamaïque, en quelques îles dépendantes de Corassau, aux Virgines, à la Nouvelle-Angleterre et à la côte de la Floride où les Anglais forment une nouvelle colonie de Français qui passent de France en Angleterre, qui sont la plupart qui ont mal gouverné leurs affaires et qui prennent le parti de la Religion pour être venu en Angleterre. Je crois que le gouverneur qui est venu depuis peu pour la Jamaïque souffre les corsaires comme ont fait ses prédécesseurs; mais ils ne reviendront pas ici quand cela arriverait. L'un d'eux, un nommé Laurens de Graffe, natif de Doort, en Hollande, et marié dans les îles des Canaries, de l'obéissance du roi d'Espagne s'est mis à naviguer et faire le corsaire ou pirate depuis cinq ou six ans n'ayant jamais voulu prendre de commission de personne mais a fait la course depuis le temps sans avoir pris port chez aucune nation. D'une petite barque qu'il avait, il prit un petit navire, de celui-là un plus grand et enfin est parvenu à en avoir un de 24 à 28 canons lequel il a fait une prise d'environ six vingts mil en argent en prennant un navire qui avait 32 canons qui passait cet argent pour les recours de Porterique et de St-Domingue. (...)


source: Archives nationales, Colonies, C9 A rec. 1.


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