LE 24 AOUT DERNIER, 424 citoyens de la commune de Ngor (ville de Dakar) recevaient
du maire de la commune d’arrondissement des titres de bail leur octroyant autant
de parcelles à usage d’habitation. Cette action entre dans le cadre de la mise
en œuvre du projet d’extension de la localité, en gestation depuis 41 ans.
En effet c’est en 1960 que les pouvoirs publics avaient décidé d’affecter des
terrains au village, afin de le désengorger et de permettre à la population
de sortir de la promiscuité liée à la forte croissance démographique. Situation
dont la conséquence est des conditions de vie difficiles des populations, une
violence qui gagne de plus en plus les quartiers, la dégradation des mœurs,
etc. Aujourd’hui le nombre d’âmes qui vivent à Ngor, autochtones comme ressortissants
des autres localités du pays, est estimé à plus de 10.000 personnes. En conséquence
le problème d’une vie décente dans de bonnes conditions d’hygiène, de santé,
etc. . se pose avec plus d’acuité. Malgré cela des divergences n’ont pas tardé
à apparaître avant, pendant et après la distribution des titres de parcelles.
En effet, les membres d’un mouvement associatif dénommé Collectif pour la Promotion Economique, Culturelle et Sociale de Ngor (COPECS) ont relevé des griefs sur la démarche. Ce qui le sa mis a créé un antagonisme avéré entre le maire et le COPECS. Mais grâce à une médiation menée par de bonnes volontés autour du Grand Serigne de Dakar El hadj Ibrahma Diop Momar Marème, un consensus a été trouvé. C’est ainsi qu’il sera créé un comité ad hoc pour corriger éventuellement les impairs. LES GRIEFS DU COMITE DE GESTION
Car, dans une déclaration publiée au lendemain de la cérémonie de remise des baux, le COPECS a dénoncé plusieurs faits. Ce sont : son “exclusion du processus, l’irrégularité de la commission de distribution du fait que les populations n’y ont pas été représentées comme le veut l’article 8 du décret 97/1130, la non-validation du plan de morcellement des terrains, l’inadéquation entre le nombre de parcelles attribuées (424) et le nombre total de l’assiette (634) la non-diffusion de la liste des attributaires et le projet de vente dune centaine de parcelles pour la viabilisation du site”.
Ce document parvenu à notre rédaction par les soins d’une délégation conduite par Antou Samba Chargé des relations extérieures du CPECS, a été adopté au cours d’une assemblée générale des habitants de Ngor. Réagissant à cela le maire de la commune d’arrondissement de Ngor Mamadou Diaw balaie tout d’un revers de la main.
Mais auparavant, il nous a fait l’historique de ce projet qui date du 28 septembre 1960, quand l’état a cédé son terrain de 96,413 hectares, objet du titre foncier N° 5757/DG, aux populations de Ngor. Pourtant l’expropriation des occupants n’interviendra qu’en 1991
Cependant M. Diaw a précisé qu’il a fallu attendre la création de la commune d’arrondissement pour voir le projet mis en œuvre effectivement. Car “dés son installation en Janvier 1997, le premier acte du conseil municipal a été de délibérer sur la réactivation du projet d’extension du village.
Et mandat fut donné au maire pour engager les démarches y afférentes”. Celles-ci ont abouti en Février 2000 avec la décision n° 0036/DG/IDDD portant affectation définitive du terrain à la commune de Ngor.
C’est fort de cet acte que “le conseil municipal a convoqué la commission d’attribution conformément aux dispositions de l’article 8 du décret 97/1130”, a expliqué le maire de Ngor. Et contrairement à ce qu’affirment certains, le chef de village a été convoqué au nom des populations.
Mais ses deux fils ayant voulu siéger en même temps que lui, les membres de la commission ont refusé et il a boudé. Selon le maire, “ la structure a statué sur la base des demandes qui ont été adressées au maire, tel que stipulé par la loi.
Les listes des bénéficiaires étaient envoyées à tous les membres du comité de gestion du lotissement que j’avais mis en place par arrêté et qui a fait beaucoup de dilatoire dans le travail qui lui était assigné. À telle enseigne que, nous (conseil municipal) l’avons dessaisi du dossier”, a-t-il ajouté. CONSENSUS EN TROIS POINTS
M. Diaw a en outre indiqué que “les dignitaires (Imam, chef de village, président des FREYS) ont tous reçu la liste des attributaires pour avis. Elle a été confectionnée sur la base d’un recensement des 29 carrés que compte le village, sans distinction aucune.
L’un des critères retenus pour déterminer le nombre de parcelles à octroyer a été la taille de chaque famille”. Il a fait noter qu’à la fin, “qu’aucune famille n’a été omise dans la distribution”. Et qu’en ce qui concerne la viabilisation et du fait de son coût qui sera difficilement supportable par les propriétaires, le conseil municipal a retenu de mettre en vente cent parcelles. Le produit sera utilisé à cette fin
Afin de dénouer cette crise les parties se sont retrouvées autour d’El hadj Ibrahima Diop Grand Serigne de Dakar le 13 Septembre dernier. Dans le procès verbal que ce dernier nous a transmis par lettre en date du 18 Septembre, il est indiqué qu’un consensus en trois points a été réalisé.
D’abord “un comité ad hoc dénommé Comité de Travail sera créé. Sa composition sera la suivante : Trois membres désignés par le maire, trois issus du comité de gestion du lotissement, un membre désigné par le COPECS), et un par l’association des attributaires ”.
Le deuxième point de l’accord concerne “ la liste des attributaires”. “Un arbitrage sera fait par le comité de travail sur la base des deux listes (celle du conseil municipal et l’autre confectionnée par l’ancien comité de gestion). Le principe retenu est : “sont éligibles tous les originaires du village et les “étrangers” reconnus par toutes les parties comme ayant vécu pendant longtemps à Ngor. Le troisième point a trait à la VIABILISATION. Il y est recommandé de : “Discuter au sein du comité de travail des modalités de viabilisation”.
Ce document a été signé par le Grand Serigne Ibrahima Diop, le maire Mamadou Diaw, Samba Kâ Samb président du comité de gestion, Saliou Samb représentant du chef de village, Mamadou Ndao président du COPECS et Babacar Ndiaye représentant de l’association des attributaires. Cette entité créée au lendemain de la réception des titres, entend faire préserver les acquis.
UNE VILLE TAMPON
Car selon son président Babou Samb “l’impact de cette opération sur le développement de Ngor est indéniable”. Mieux le maire Diaw a fait remarquer que “Ngor est un village traditionnel qui jouxte des quartiers résidentiels. Par conséquent il est nécessaire de créer une ville-tampon moderne entre le village et ces cités, afin d’éviter un développement à deux vitesses donc la bidonvilisation avec ses conséquences que sont la violence, la toxicomanie, la prostitution, etc.”.
Il y a aussi que le déficit en équipements collectifs accusé par le village sera comblé avec la réalisation des tous les services sociaux de base. En tout “ c’est un nouveau pôle économique qui naîtra. Car un central commercial très moderne dont le coût est estimé à 550 millions de nos francs sera implanté sur le site de la nouvelle ville. Il en est de même d’une mosquée et une voirie performante ”, a précisé Mamadou Diaw.