East Sea
(EPA)
Les 912 réfugiés, essentiellement kurdes, hébergés depuis samedi dans un camp militaire de Fréjus commencent à s'inquiéter du sort que leur réservera la France. Plusieurs centaines d'entre eux ont fait un sit-in, lundi matin, dans la cour de l'établissement pour se plaindre du froid, réclamer des couvertures et appuyer leur demande d'asile politique.Ce mouvement de protestation silencieux, qui a duré deux heures, a coïncidé avec l'arrivée d'une vingtaine d'interprètes kurdes.
Un responsable de la Croix-Rouge a reconnu que les nuits étaient fraîches. "Ils se plaignent effectivement du froid et nous faisons ce que nous pouvons. On va leur apporter des vêtements chauds et un système de chauffage mais chauffer un hangar de 800 mètres carrés, c'est difficile», a-t-il déclaré.Des associations comme la Cimade et le Mrap se sont vu interdire l'accès du camp et ont dénoncé "l'omerta" des autorités, qu'elles soupçonnent de vouloir préparer le refoulement hors du pays d'une grande partie des naufragés de l'East Sea, le cargo qui s'est échoué dans la nuit de vendredi à samedi sur la côte varoise, au terme d'un périple de plusieurs semaines entre les mains de passeurs turcs, auxquels a été versé un pactole de 2.000 à 4.000 dollars.
En revanche, le Haut commissariat aux réfugiés de l'Onu a jugé que les conditions d'accueil des réfugiés étaient satisfaisantes.
"Nous sommes venus en Europe pour être libres, pas pour être enfermés. On voudrait sortir", a dit l'un des réfugiés. Le Premier ministre, Lionel Jospin, a déclaré lundi que la France souhaitait accueillir "humainement" ces réfugiés mais qu'elle se refusait à donner "une prime à ces entreprises criminelles de transfort d'hommes et de femmes".
Le ministre de l'Intérieur, Daniel Vaillant, a indiqué, lui, que le gouvernement n'entendait pas donner une réponse globale aux demandeurs d'asile et que leur statut serait étudié «au cas par cas» par l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA), puis par la justice.Sur le plan judiciaire, une instruction a été ouverte pour aide à l'entrée et au séjour irrégulier d'étrangers et pour mise en danger d'autrui. L'instruction a été confiée au juge Michel Dautin. Les enquêteurs français recherchent toujours le capitaine et l'équipage du navire qui ont abandonné les Kurdes sur la côte varoise.
DUQUESNE
Par ailleurs, le ministre belge de l'Intérieur, Antoine Duquesne, a répété lundi qu'il comptait organiser une conférence européenne sur les migrations. M. Duquesne est parti pour Genève où il doit rencontrer des responsables de l'Organisation internationale des migrations (OIM), du Haut commissariat pour les réfugiés (HCR) dépendant de l'ONU et de la Conférence intergouvernementale. Le conseil européen sera présidé par la Belgique au second semestre.
M. Duquesne souhaite une politique
globale et équilibrée des flux migratoires en Europe.
Il souhaite que les Etats-membres harmonisent leurs politiques
d'asile, d'obligation de visa, d'immigration clandestine et d'éloignement.
(D'APRES AFP)
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