<H1>Un château mystérieux.</H1>

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Une visite de courtoisie.

Boudedieu fut accueilli par le lieutenant-colonel Arthur Buisson, à l'entrée de la citadelle, qui, après un accueil chaleureux, lui fit les honneurs d'une visite du régiment en devoir. Les hommes en étaient au changement de tour de garde et, à l'occasion de la visite de Boudedieu, la cérémonie se déroulait à l'entrée de la citadelle, sortie Chemin-St-Louis. Le spectacle était étonnamment coloré et vivant.Plus loin,la Gendarmerie Royale du Canada était elle-même présente, sur les plaines d'Abraham, derrière le manège militaire.

Le lieutenant l'invita ensuite à le suivre à l'intérieur de la citadelle pour lui faire visiter les appartements du gouverneur général et de sa suite. Le lieu était particulièrement agréable, à la fois pour la sobriété du décor intérieur et sérénité du paysage qui englobait l'horizon au delà des ponts, à l'ouest, au-delà de Lévis au sud, au-delà de la pointe de l'Ile d'Orléans, à l'est. "Un vrai rocher de Gibraltar", pensa Boudedieu.

Quand la visite fut terminée, le lieutenant Buisson l'invita à le suivre. La pièce où il fut introduit était spacieuse, un salon aménagé en bureau où, des murs, on apercevait des photographies de militaires dont Boudedieu ignorait l'existence, à l'exception, peut-être, des quelques premiers ministres du Canada qui avaient,d'une manière ou de l'autre, participé activement aux activités de l'armée.Les deux hommes s'assirent l'un vis-à-vis de l'autre et engagèrent la conversation.

Ce fut le lieutenant Buisson qui précisa la situation de la rencontre.

- Il existe, vous le savez, une faction révolutionnaire au Québec qu'on appelle le FLQ, Front de Libération du Québec, si vous voulez.

Boudedieu était au courant.

- Ce que vous ne savez peut-être pas, c'est un peu ce dont je vais vous entretenir maintenant... Je vous demanderai de garder nos propos confidentiels...Vous n'êtes pas sans ignorer qu'une sérieuse menace à la sécurité nationle se présenta en 1970, quand ce groupe terroriste, kidnappa un diplomate britannique, mister Cross... Sur demande du premier ministre Robert Bourassa, Trudeau imposa la Loi des mesures de guerre. Ce qui amena rapidement la fin de la crise car les terroristes furent appréhendés... Malheureusement, pas assez tôt pour empêcher l'enlèvement du ministre Pierre Laporte qui fut tué avant la fin de la révolte... Vous savez sans doute que des milliers de gens furent arrêtés et tenus en prison sans charges contre eux...Pour contrer le FLQ, un groupement s'est créé dans l'armée... Il a nom de Canadian Liberation Front. Son objectif est d'éradiquer le mouvement FLQ qui a, encore aujourd'hui des racines dans le sol québecquois...

- Le domaine civil n'est pas aussi vaste que le vôtre. Notre enquête se limite à établir les circonstances d'un décès, qu'il soit naturel, accidentel ou criminel...

- Notre domaine se limite aux devoirs de l'armée... Les forces armées canadiennes ont été modelées par la culture,par l'histoire et par l'idéologie politique particulières du Canada. L'appui des Canadiens à leur égard varie dans le temps, souvent en fonction de la perception d'une menace. La population canadienne a toujours tenu les forces armées en haute estime et célébré leurs exploits. Il existe en effet dans la population une perception des forces armées et de la place qu'elles occupent dans la société. Cette perception dépend du degré de sensibilisation de la population, qui est lui-même déterminé par les médias. Les chefs militaires doivent être attentifs à cette perception et s'efforcer sans cesse d'évoluer au même rythme que les attitudes sociales. Lorsqu'ils ne tiennent pas compte de leurs rapports avec la société, ils compromettent la relation qui existe entre elle et les forces armées. Les Canadiens, comme vous le savez ont toujours attaché de l'importance à la paix, à l'ordre... En plus de vouloir être préservés des menaces extérieures, ils tiennent à leur sécurité intérieure... D'où le formation du Canadian Liberation Front... Celui-ci est une faction de l'armée orientée vers la préservation de la paix intérieure. Et cela pour tout le Canada, ajouta le lieutenant Buisson en se levant pour montrer à Boudedieu une carte stylisée du pays.

- C'est là qu'intervient Biel... Mais à quel titre ?

Des boissons fraiches furent apportées aux deux hommes qui suspendirent momentanément leur conversation.

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